1-Tomorrow Is The Song I Sing
(Main Title) 4.01*
2-The Water Hole 1.16
3-New Lodgings 0.49
4-The Preacher 0.47**
5-Hasty Exit 3.05
6-Wait For Me, Sunrise 1.09***
7-A Soothing Hand 2.34
8-A Death In The Family 0.51
9-The Rattlesnakes 2.18
10-The Flag 1.22
11-The Guest 2.59
12-Butterfly Mornin's 2.32***/+
13-Three Hours Early 0.41
14-Hogue and Hildy 0.47**
15-Hildy Leaves 2.08
16-Waiting 1.36*
17-Hildy Returns 1.04**
18-The Eulogy 1.41
19-Wait for Me, Sunrise
(End Title) 2.10***
20-Tomorrow Is The Song I Sing
(Alternate End Title) 1.54*

*Interprété par Richard Gillis
Musique de Jerry Goldsmith
Paroles de Richard Gillis.
**Composé par Richard Gillis
Arrangé par Jerry Goldsmith
***Ecrit et interprété par
Richard Gillis
Arrangé par Jerry Goldsmith
+Ecrit par Richard Gillis
Interprété par Jason Robards
et Stella Stevens
Arrangé par Jerry Goldsmith.

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande CD Club
VCL 0502.1007

Album produit par:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 1970 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***
THE BALLAD OF CABLE HOGUE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Célèbre réalisateur du western mythique 'The Wild Bunch' (La horde sauvage), l'un des premiers westerns sanguinaire de l'histoire du cinéma américain de la fin des années 60, Sam Peckinpah enchaîna immédiatement après 'The Wild Bunch' le tournage de 'The Ballad of Cable Hogue' (Un nommé Cable Hogue), dans lequel le réalisateur nous propose une vision plus légère et humoristique de l'univers des westerns mélangé à de la comédie. C'est en tout cas un film tout à fait inattendu de la part d'un réalisateur généralement plus axé sur le drame et la violence. Cable Hogue (Jason Robards) est abandonné dans le désert par ses deux équipiers, sans équipement, sans nourriture et sans eau. Après avoir erré pendant des jours dans le désert où il agonise, Cable Hogue finit par découvrir une source d'eau qui lui sauve la vie. Hogue décide d'utiliser cette source d'eau à son avantage et se lance dans un projet ambitieux: construire une sorte de relais pour les diligences qui traversent cette partie du désert pour rejoindre la ville, où les passants pourront y faire une pause pour se reposer et se désaltérer avant de reprendre leur voyage. Hogue doit dans un premier temps imposer par la force le paiement de chaque centilitre d'eau consommé dans son puits. Plus tard, il rencontrera le révérend Joshua Douglas Sloan (David Warner), un mystérieux prédicateur malicieux qui traverse le désert et répand la bonne parole. Le révérend deviendra le nouvel ami de Hogue. Quelques temps après, Cable Hogue se rend en ville pour acheter une partie du terrain et officialiser son aire de repos. C'est là qu'il fait la rencontre de Hildy (Stella Stevens), une jolie prostituée au grand coeur qui décide de l'accompagner dans son aventure, mais seulement pour quelques jours (elle projette de partir à Los Angeles pour y faire fortune). Hogue tombe amoureux d'Hildy, mais il sait que leur relation ne tiendra pas très longtemps. L'aventure de Cable Hogue touchera alors à sa fin lorsque commencera l'ère des automobiles, entraînant la disparition des diligences, au même moment où il retrouve ses deux anciens équipiers qui l'abandonnèrent dans le désert et de qui il jura de se venger depuis tout ce temps.

Avec 'The Ballad of Cable Hogue', on est très loin ici de l'esthétique sanguinolente et brutale de 'The Wild Bunch'. Le film est entièrement porté par l'interprétation remarquable de Jason Robards dans le rôle de ce héros qui construit une aire de repos à partir d'une source d'eau trouvée dans le désert. Très vite, Peckinpah développe le côté comédie du film avec quelques gags comme ces plans en accéléré tendance 'touche d'humour à l'ancienne' ou ces situations cocasses comme le coup où le révérend séduit une femme désespérée par la mort d'un proche dans l'espoir de coucher avec elle, prétextant qu'il compte bien alléger ses souffrances au nom de Dieu. Même la relation entre Hogue et Hildy tourne parfois à la comédie pure et dure, comme dans cette scène où Hildy se dispute avec Hogue et lui balance des assiettes par le balcon jusque dans la rue. Si vous vous attendiez à voir dans ce film des fusillades, des grandes chevauchées et des grands moments de bravoure, vous risquez fort d'être déçu, car 'The Ballad of Cable Hogue' est un western très particulier, une sorte de pastiche humoristique du monde du far-west débarrassé de toute violence (en dehors de deux scènes de fusillade très brèves), traité avec un ton plutôt léger, nostalgique, optimiste, parfois naïf et quasi bon-enfant (c'est là tout le résumé du personnage de Jason Robards). Reste que le film a totalement sombré dans l'oubli, probablement écrasé par la célébrité de l'incontournable 'The Wild Bunch', véritable électrochoc cinématographique de la fin des années 60.

La musique de 'The Ballad of Cable Hogue' est importante pour la simple raison qu'elle sert de véritable commentaire musical du film. Effectivement, la partition de Jerry Goldsmith pour le film de Sam Peckinpah (c'est la seule participation du maestro californien à un film du réalisateur de 'The Wild Bunch') s'articule autour de quelques chansons dont la fameuse 'ballade' de Cable Hogue -d'où le titre du film- intitulée 'Tomorrow Is The Song I Sing', écrite par Jerry Goldsmith et interprétée par Richard Gillis. C'est cette ballade folk typiquement western qui introduit le film, le chanteur s'accompagnant à la guitare avec flûtes et cordes pour décrire le caractère du héros du film tout en apportant à l'introduction une certaine nostalgie qui contraste ironiquement avec le générique de début où l'on voit Cable Hogue errer dans le désert (à noter que dans la version française du film, la chanson est interprétée en français avec une voix honteusement assez fausse!). En fait, 'Tomorrow Is The Song I Sing' deviendra le thème principal du score, un thème assez inspiré et tout à fait typique des thèmes western du Jerry Goldsmith des années 60/70. Le score du film de Sam Peckinpah fait appel à une formation instrumentale typiquement western, incluant guitares, banjos, harmonica, accordéon, guimbarde, harpe, cordes et flûtes.

Le début du score, plutôt léger, fait la part belle aux guitares, cordes, harmonica, accordéon et banjos. Goldsmith décrit l'énergie de Cable Hogue et développe au passage ce côté nostalgique annoncé par la chanson-clé du 'Main Titles'. Goldsmith utilise aussi les autres chansons du film, composées cette fois-ci par Richard Gillis lui-même, comme c'est le cas pour 'Wait For Me, Sunrise', 'Waiting' ou 'Butterfly Mornins'. Ainsi, 'The Preacher' décrit la rencontre entre Hogue et le prédicateur, où Goldsmith développe l'une des chansons de Gillis pour cordes et guitare avec ce côté toujours contemplatif et très nostalgique, presque doux et serein. L'humour est aussi présent avec l'hilarant 'Hasty Exit' pour la scène de la dispute entre Hogue et Hildy, lorsque cette dernière lui jette de son balcon toute sorte d'objets dans la rue. Le morceau est écrit sous la forme d'une pièce de cow-boy/musique de saloon avec fiddle virtuose très 'americana', guitares, banjos, harmonica, clavecin (on notera ces étranges effets de clusters de clavecin que l'on retrouvera plus tard dans le score de 'Wild Rovers'), guimbarde, piano, cordes et tambourin. 'Hasty Exit' possède ce côté musique de saloon dansante typiquement far-west qui apporte une bonne dose d'humour à la scène, le morceau nous rappelant au passage à quel point le maestro californien ne manquait décidément pas d'humour.

Concernant l'humour de la partition de Goldsmith, on ne pourra pas passer à côté de 'A Soothing Hand', pièce composée sous la forme d'un choral religieux dans la lignée des célèbres chorals protestants de J.S. Bach. Le morceau accompagne bien évidemment l'astuce du révérend pervers qui consiste à séduire la femme en larme au nom de la consolation divine. Une fois encore, la musique fonctionne bien à l'écran en apportant ces touches d'humour qui contribuent à renforcer la trame comédie du film sur un ton toujours assez léger. 'The Rattlesnakes' reste dans la lignée du début, avec harmonica, guitare et flûte pour accompagner l'aventure de Cable Hogue dans son désert. 'The Flag' et 'The Guest' développent le thème de 'Tomorrow Is The Song I Sing', confié ici à un très bel arrangement pour cordes et accordéon. 'The Guest' apporte une énième touche nostalgique au film pour la séquence où Hildy vient s'installer avec Hogue dans son relais du désert, le morceau pouvant presque faire office de 'Love Theme' rêveur et doux. Goldsmith conserve cette touche nostalgique jusqu'à la fin du film, et jusqu'à la conclusion plus émouvante de 'The Eulogy' pour la mort de Cable Hogue et l'hommage que lui rend le révérend sur sa tombe.

Vous l'aurez donc compris, 'The Ballad of Cable Hogue' est un score western assez particulier de la part de Jerry Goldsmith, loin du style des partitions western plus sérieuses qu'a pu écrire Jerry Goldsmith auparavant ('Lonely are The Brave', 'Rio Conchos', '100 Rifles', 'Bandolero!', 'Rio Lobo', 'Stagecoach', etc.). Il y a assez peu de musique dans le film (moins d'une demi-heure) mais le peu que Goldsmith nous donne à entendre reste néanmoins très agréable bien que pas franchement grandement mémorable. La musique repose essentiellement autour des chansons-clés de Goldsmith et Richard Gillis, s'imposant en tant que véritables commentateurs de l'action et des personnages du film, une idée excellente malheureusement défigurée en V.F. par une interprétation assez médiocre. Reste que, comparé à des partitions westerns plus mémorables telles que les excellents '100 Rifles' ou 'Lonely are The Brave', 'The Ballad of Cable Hogue' paraît faire office d'amuse-gueule, même pour les fans du compositeur californien. Pas franchement indispensable, le score de 'The Ballad of Cable Hogue' possède malgré tout l'avantage de montrer une facette humoristique plus étonnante de la part de Jerry Goldsmith sur un western de ce genre.


---Quentin Billard