1-Thème de Béryl
(Générique de fin) 4.03*

Orfalaise

2-Introduction 1.04
3-Ouverture
(Générique de début) 0.47
4-Orfalaise 0.59
5-Djuba et les Klütz 0.49
6-Skän et Béryl 0.58
7-Le retour des chevaliers 1.41
8-L'accueil des chevaliers
par Razza 0.54
9-La révolte de Béryl 1.42
10-Le Souk d'Orfalaise 0.29
11-Skän et Djuba en prison 1.01
12-Béryl et Skän en prison 1.31
13-L'arrivée de la pluie 1.21
14-La préparation de la saison
des pluies à Orfalaise 0.54
15-Béryl soigne un prisonnier 0.41
16-L'entraînement des
chevaliers (part 1) 1.20
17-Skän découvre la crypte 1.23
18-Le transfert de Béryl 0.38
19-Le sacrifice de Béryl 1.55
20-L'entraînement des
chevaliers (part 2) 0.49
21-Le dîner d'adieu 1.21
22-Le discours de Razza 0.55

La traversée du désert

23-Le départ des chevaliers 1.00
24-La pyramide en ruine 0.27
25-L'attaque des renégats 1.14
26-Sous la lune 0.43
27-Le pompage de l'eau 0.42

Amphibiole

28-Arrivée à Amphibiole 0.35
29-La traversée d'Amphibiole 1.22
30-La pose des boules
de plasma 1.11
31-L'attaque des Gulines 0.30
32-L'évasion de Skän 0.47
33-La découverte de Kallisto 1.25
34-Skän et Akkar s'affrontent 1.36
35-Skän porte Kallisto 0.33
36-Thème de Kallisto 1.32
37-Thème de Djuba 2.07
38-Le réveil des Hydross 1.23
39-Skän dans la bouche
du dragon 0.27
40-Amphibole reprend vie 0.44
41-Skän sous le réflecteur 1.30
42-La fête des Hydross

Retour à Orfalaise

43-Skän et Kallisto
se séparent 1.46
44-Duo 1.27
45-Le récit d'Othar 0.47
46-Skän attaque Orfalaise 0.52
47-La salle du Conseil 1.30
48-Présentation des Hydross
aux Pyross 0.40
49-L'ultime affrontement 2.55
50-Final 2.54**

*Soliste: Caroline Casadesus
**Contient un bonus caché
(non crédité)

Musique  composée par:

Didier Lockwood

Editeur:

MK2 Music
8345106072

Edition Ciné Nada Music
En hommage au jeune
compositeur disparu
Jimmy Dubrulle
Manager du
Bulgarian Symphony Orchestra:
Elena Chouchkova
Organisation:
SIF 309
Programmation synthétiseur:
Igor Bolender
Coordination:
Bureau de Concerts Isoard-Sola
Production exécutive/
Direction artistique:
Charles Gillibert

(p) et (c) 2003 MK2 Music. All rights reserved.

Note: ****1/2
LES ENFANTS DE LA PLUIE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Didier Lockwood
Librement adapté du roman 'A l'image du dragon' de l'écrivain français Serge Brussolo, 'Les enfants de la pluie' est à un projet d'animation colossal qui voit le jour à l'origine en 1982, sous la plume de René Laloux, plus connu pour 'La planète sauvage', l'un des plus célèbres films d'animation français aux côtés des références que sont 'Le roi et l'oiseau' de Paul Grimault et 'Gandahar' de René Laloux. Ce dernier commence à rédiger un scénario intitulé 'Le monde des dieux-nains', mais, faute de moyens, le script est laissé au placard, jusqu'à ce que Philippe Leclerc (premier assistant de Laloux à l'époque) se décide à reprendre le projet et à le mener à terme 20 ans plus tard. Grande production franco-coréenne, 'Les enfants de la pluie' est aussi l'un des premiers films d'animation a avoir été distribué en France par MK2, célèbre société de Marin Karmitz, qui a aussi distribué 'Le château des singes' de Jean-François Laguionie, devenu à son tour un autre grand classique de l'animation française. C'est Philippe Caza, co-scénariste et designer de l'animation du 'Gandahar' de Laloux qui signe ici le script du film, réadapté des précédents écrits de René Laloux et toujours librement inspiré du roman de Brussolo. 'Les enfants de la pluie' raconte ainsi la séparation du monde en deux blocs, avec d'un côté les Pyross, un peuple qui vénère le soleil et le feu, et de l'autre côté, les Hydross une population pacifique venue de la pluie et de l'eau. Les Pyross font ainsi la guerre depuis toujours aux Hydross, une guerre qui semble s'éterniser, sans issue possible. Les Pyross sont dirigés par le cruel Razza, un fanatique qui prône la guerre contre les Hydross et recrute tous les jeunes gens de la population pour en faire de futurs soldats et constituer ainsi son armée de fanatiques prêts à tout pour vaincre leurs ennemis. C'est alors que se dresse Béryl, l'une des femmes d'Orfalaise, la citée brûlante des Pyross. Béryl est la seule à être convaincue que Razza est un monstre et que quelqu'un doit mettre fin à son règne de guerre et de fanatisme. Peu de temps après, Béryl est emprisonnée et livrée à un dragon qui attaque la citée et dévore la pauvre femme avant de repartir dans le désert. A ce sujet, Razza prétend d'ailleurs que ce sont les Hydross qui envoient régulièrement ces dragons pour venir attaquer Orfalaise et dévorer sa population, ce qui lui donne un bon prétexte pour entretenir l'éternelle lutte contre les Hydross. Bien disposé à découvrir la vérité, Skän, le fils de Béryl, est recruté en tant qu'écuyer pour servir Akkar, le fils de Razza, dans sa croisade vers Amphibole, la citée des Hydross. Là-bas, ils devront affronter leurs ennemis de toujours. Pourtant, Skän ne va pas tarder à comprendre que les Hydross sont des êtres pacifiques, qui vivent sous la forme de statue lorsque le temps devient sec, Akkar en profitant pour les tuer lâchement à coup d'explosif pendant qu'ils sommeillent sous leur forme statuaire. C'est là que Skän rencontre la belle Kallisto et tombe amoureux d'elle. Après avoir affronté et tué Akkar au cours d'un combat, Skän reste quelque temps avec Kallisto, mais il sait qu'ils viennent de deux peuples totalement opposés et que leur amour ne pourra jamais se concrétiser. A Orfalaise, Razza, rendu fou à l'annonce de la mort de son fils, fait régner un véritable règne de terreur et impose la solution finale.

'Les enfants de la pluie' est un film d'animation d'une beauté indiscutable. L'animation, parfaitement soignée, profite pleinement de toutes les technologies numériques d'aujourd'hui, incorporant ainsi de nombreuses séquences en image de synthèse, mélangées à de l'animation traditionnelle. Le seul reproche que l'on pourrait formuler à l'égard du film reste le côté un peu simplet et manichéen du scénario. En gros, on nous montre un peuple méchant, affrontant un peuple gentil, l'un représentant le feu, l'autre l'eau. Voilà donc un schéma scénaristique parfaitement manichéen et basique au possible, et pourtant, ce qui fait le petit plus des 'enfants de la pluie', c'est le sérieux avec lequel le réalisateur traite des sujets aussi graves que le fanatisme, l'extrémisme, la peur de l'autre, l'intolérance, etc. En ce sens, le message d'espoir apporté par la suite par les Hydross est universel: ils incitent tous les peuples du monde à se réunir et à célébrer leur union dans la paix et le respect de l'autre. A une époque où le fanatisme religieux et l'intolérance des groupes extrémistes islamiques sont devenus les sujets à la mode dans les médias d'aujourd'hui, 'Les enfants de la pluie' pourrait presque paraître tendancieux si le réalisateur n'avait pas autant soigné l'animation et la beauté graphique de son film, car ne nous y trompons pas, 'Les enfants de la pluie' est un splendide film d'animation qui nous prouve que les français possède un talent certain dans le domaine de l'animation, à condition qu'ils y mettent les moyens nécessaires. Ensuite, libre à chacun de voir ou pas le message politique et social du film de Philippe Leclerc (Razza serait donc une projection de Ben Laden voire d'Hitler, avec sa tristement célèbre 'solution finale', terme clairement évoqué vers la fin du film!). Ironiquement, l'un des plus célèbres films d'animation français, 'Le roi et l'oiseau' de Paul Grimault, traitait déjà aussi de la lutte pour la liberté et de la guerre contre la tyrannie - les grands dessins animés français seraient-ils des prétextes pour véhiculer des messages politiques et sociaux?- L'amour qui unit Skän et Kallisto rappelle beaucoup par moment la trame du célèbre 'Roméo et Juliette' de Shakespeare, celle d'un amour entre deux êtres issus de deux clans qui s'affrontent et se haïssent sans relâche. Au final, voilà un superbe dessin animé français que vous ne devez surtout pas manquer. Des oeuvres d'une telle qualité sont hélas bien trop rares en France de nos jours.

Cela faisait déjà depuis plusieurs années que le Didier Lockwood espérait un jour pouvoir collaborer sur un projet de son ami Philippe Leclerc. Lockwood, célèbre violoniste de jazz, n'avait encore pratiquement jamais composé pour le cinéma, en dehors de deux partitions oubliées pour 'Jour après jour' d'Alain Attal (1989) et 'Lune froide' (1991) de Patrick Bouchitey. C'est finalement 'Les enfants de la pluie' qui permet enfin à Didier Lockwood de concrétiser une collaboration tant espérée avec Philippe Leclerc sur ce magnifique film d'animation. Le résultat dépasse toutes nos espérances et s'affirme haut et fort comme l'une des plus belles surprises en matière de musique de film française de ces 5 dernières années. On connaissait le Didier Lockwood pour ses excellents solos de violon jazz (à l'instar de son collègue Stéphane Grappelli), mais on ne connaissait que peu le Lockwood compositeur de musique opératique grandiose et ambitieuse. Effectivement, la partition des 'Enfants de la pluie' est une sorte de grand opéra pour orchestre, choeur, soliste, synthétiseurs et même instruments ethniques, autant d'éléments qui font de cette musique une oeuvre difficilement oubliable. Afin de caractériser les deux peuples des Pyross et des Hydross, Lockwood a décidé d'attribuer à chacun d'entre eux une identité musicale forte. Ainsi, la musique associée aux Pyross se distingue de par son caractère guerrier, son utilisation de cuivres, de percussions et de choeurs d'hommes aux proportions épiques et martiales. Elle évoque bien évidemment l'aspect belliqueux de Razza et de ses troupes. Quant aux Hydross, ces derniers sont représentés par une musique plus fluide, plus axé sur des sonorités plus douces telles que les vents, les cordes, le synthétiseur et les voix féminines (Lockwood compare lui-même cette section des Hydross à la musique impressioniste française de Ravel ou Debussy). Evidemment, les deux illustrations musicales sont totalement antagonistes et évoquent le conflit entre les deux peuples sur un ton aussi manichéen que le film lui-même.

Mais l'aspect le plus intéressant provient des thèmes composés par Lockwood pour les principaux protagonistes du film. Etrangement, ce n'est pas Skän qui possède le thème principal mais sa mère, Béryl. Ce choix s'explique tout simplement par le fait que la révolte chez les Pyross commence avec la mère de Skän, ce dernier ne faisant que reprendre le flambeau. Le thème de Béryl est grandement mémorable, poignant, lyrique et inspiré. Confié à des vents et des cordes quasiment élégiaques qui rappellent George Delerue, ce thème possède un côté dramatique et mélancolique qui annonce un destin funèbre pour Béryl mais aussi l'idée de la lutte désespérée contre la dictature et la folie de Razza. Didier Lockwood avoue avoir une certaine affection pour ce thème, ce qui explique donc qu'il ait choisi de l'utiliser pour le générique de fin, dans une magnifique version opératique avec la soprano lyrique Caroline Casadesus (la fille de célèbre chef-d'orchestre Jean-Claude Casadesus) qui se trouve être la femme de Didier Lockwood. La soliste, accompagnée par des cordes d'un lyrisme poignant, apporte la beauté éthérée de sa voix à la mélodie du thème de Béryl, avant d'être rejointe au final par le choeur, le morceau se rapprochant du lyrisme des grands musiciens d'opéras du 19ème siècle tels que Verdi ou Puccini. Ce 'Thème de Béryl' semble déjà en dire long sur la qualité de la partition des 'Enfants de la pluie', et pourtant, nous ne sommes pas au bout de nos surprises!

'Introduction' accompagne le prologue sur la séparation du monde en deux blocs sur un ton plutôt sombre, utilisant cordes, cuivres, percussions et éléments électroniques dans un style qui annonce la guerre entre les deux peuples. L'ouverture (générique de début) change radicalement de style en imposant un style ethnique plus oriental avec tambourins, tambours et instruments aux sonorités arabisantes, un élément que l'on retrouvera surtout dans les scènes de traversée du désert. C'est finalement 'Orfalaise' qui décrit le caractère guerrier de la musique associée aux Pyross avec percussions martiales, cuivres dissonants et choeur d'hommes dont le chant évoque une sorte d'hymne de guerre assez sombre, comme dans 'Skän et Béryl' où les cors dissonants annoncent le retour des troupes à la citée. On notera ici ces traits de cordes énergiques qui font presque parfois penser à des stéréotypes de musiques d'action hollywoodiennes. 'Le retour des chevaliers' est aussi très représentatif de l'univers guerrier des Pyross avec ce rythme de marche martelé par les timbales et la caisse claire, renforcé par un choeur d'hommes de plus en plus imposant, des cuivres omniprésents et des cordes agitées. 'L'accueil des chevaliers par Razza' prend des proportions épiques dans un style quasi cérémonial lorsque Razza accueille ses troupes et fait son discours belliqueux devant la population entière, le choeur étant ici encore plus présent, dans un style encore plus opératique. On ne pourra qu'apprécier ici l'excellente qualité d'écriture du compositeur, un trait fort du score des 'Enfants de la pluie' qui peut aisément supporter la comparaison avec bon nombre d'oeuvres épiques hollywoodiennes. C'est l'importance accordée ici à la partie vocale qui surprend, car, comme annoncé en introduction, la partition des 'Enfants de la pluie' pourrait presque être considérée comme une sorte d'opéra en 4 actes ('Orfalaise', 'La traversée du désert', 'Amphibole' et 'Retour à Orfalaise/Final').

Lockwood continue de développer cette ambiance guerrière/opératique pour la première partie à Orfalaise, la musique apportant une énergique considérable au film, surtout lorsque interviennent ces choeurs grandioses. Le compositeur n'en oublie pas pour autant la thématique et utilise le magnifique thème de Béryl dans 'Béryl et Skän en prison' lorsque Skän retrouve sa mère emprisonnée. Poignant, le morceau annonce déjà le triste sort et le futur sacrifice de Béryl (on ne pourra d'ailleurs pas passer à côté de l'émouvant 'Le sacrifice de Béryl' où le thème est rejoint ici par un choeur d'homme élégiaque pour la mort de la mère de Skän). Très sombre, cette première partie passe ainsi de moments forts comme 'L'accueil des chevaliers par Razza', des pièces dissonantes et quasiment effrayantes comme 'La révolte de Béryl', des pièces dominées par le choeur d'hommes en unisson comme l'excellent 'La préparation de la saison des pluies à Orfalaise' (le titre résume bien la scène du film) ou le thème vocal/martial des troupes de Razza dans le musclé 'L'entraînement des chevaliers', sans oublier l'impressionnant 'Le discours de Razza' concluant cette première partie à Orfalaise avant le départ de Skän et Akkar pour la citée d'Amphibole.

C'est la traversée du désert qui permet à Lockwood de développer ses touches ethniques annoncées dans l'ouverture avec tambourin, tambours, petites percussions légères et sonorités arabisantes avec choeur et cordes pour 'Le départ des chevaliers' qui conserve le ton sombre de la première partie (idem pour le sombre et martial 'La pyramide en ruine'). Phase de transition vers la longue partie à Amphibole, 'la traversée du désert' vaut surtout pour le côté sombre (l'attaque des renégats permet ainsi à Lockwood de nous offrir un morceau d'action assez énergique) et les quelques touches ethniques de la musique, qui apporte une fois de plus une quantité d'énergie considérable à l'écran, renforçant le côté grandiose du film de Philippe Leclerc. L'arrivée à Amphibole nous permet de retrouver les sonorités arabisantes de l'ouverture, Lockwood conservant un certain sentiment d'appréhension lié à la découverte de la citée des Hydross, avant même que le compositeur n'ait choisi de nous introduire à la musique de ce peuple de l'eau et de la pluie. On notera la très belle utilisation du choeur mixte dans 'La traversée d'Amphibole' qui semble décrire la stupéfaction de Skän lorsqu'il découvre la splendide citée des Hydross. La musique ne cesse de s'assombrir avec la scène où Akkar pose les boules de plasma explosives ou lors de sa confrontation contre Skän. Même la scène où le jeune héros découvre la statue de Kallisto se veut relativement sombre, malgré l'utilisation de quelques brèves touches cristallines rassurantes. C'est alors qu'intervient le non moins magnifique thème de Kallisto, qui peut aisément rivaliser avec la beauté du thème de Béryl. Didier Lockwood associe ainsi au personnage de Kallisto une mélodie rêveuse dominée par les cordes, le choeur et les quelques sonorités électroniques cristallines. Magnifique, le thème de Kallisto ferait presque parfois penser à la veine mélodique d'Ennio Morricone. Le thème fait d'ailleurs office de 'Love Theme' décrivant l'amour entre Skän et Kallisto, tout en soulignant au passage le côté pacifique et serein des Hydross. Lockwood réserve aussi un thème à Djuba, l'une des amies de Skän qui se trouve en bien mauvaise posture sous la dictature de Razza. Moins mémorable, le thème de Djuba est souvent développé sous la forme d'une petite cellule de quelques notes que Lockwood adapte en fonction des circonstances.

C'est avec la scène du réveil des Hydross que le compositeur développe enfin le style plus serein et fluide associé au peuple de l'eau avec choeur féminin, clarinettes et cordes. C'est 'Skän sous le réflecteur' qui attire ici notre attention avec son motif vocal mystérieux et envoûtant entendu dans la scène où Skän est placé sous le réflecteur de pierres de lumière. Finalement, la dernière partie voit le retour des héros à Orfalaise, annoncé par le mélancolique 'Skän et Kallisto se séparent' qui soulignent l'amour impossible des deux êtres au détour d'un superbe rappel du thème de Kallisto interprété par Didier Lockwood lui-même au violon électrique. 'Duo' évoque d'ailleurs les deux amants, séparés l'un de l'autre, alors qu'on les voit à l'écran jouer respectivement d'un instrument de musique, la harpe pour Kallisto et la flûte pour Skän (flûte électronique, ici). C'est avec l'agité 'Le récit d'Othar' que le compositeur évoque la dictature de Razza, débouchant sur quelques passages d'action comme 'Skän attaque Orfalaise' ou 'La salle du Conseil' et ses choeurs d'hommes guerriers et épiques (si l'on tend correctement l'oreil, on pourra très nettement entendre le nom 'Razza' prononcé par les voix d'hommes). 'L'ultime affrontement' accompagne la confrontation finale entre Skän et Razza. Plutôt que de sombrer dans la cacophonie de certaines musiques d'action massives hollywoodiennes, Lockwood a préféré privilégier ici une certaine retenue minimaliste à partir de traits de cordes virtuoses qui évoquent l'affrontement mouvementé. Cette superbe partition symphonique/chorale se conclut sur l'incontournable 'Final', pièce grandiose dans laquelle Didier Lockwood réutilise le mystérieux motif vocal de 'Skän sous le réflecteur' pour la réunification des Hydross et des Pyross et la victoire finale de la paix et la liberté. Grandiose, ce 'Final' a des allures de célébration et débouche sur une coda orchestrale/chorale triomphante et émouvante, avec une reprise grandiose du thème de Kallisto en guise de conclusion à cette grande oeuvre musicale (à noter qu'il y a un passage bonus 'caché' à la fin de la piste 50, passé les 3 minutes 30 - bien que le track list indique 2.54 pour la piste 50, cette dernière dure en réalité un peu plus de 5 minutes).

Pour conclure cette revue, il serait bon d'évoquer les paroles du compositeur au sujet de son expérience sur l'excellent film d'animation de Philippe Leclerc, des paroles qui en disent long sur la qualité et la démarche de Didier Lockwood sur ce film: "Avec les enfants de la pluie, j'ai eu le sentiment grisant d'entrer dans la peau des compositeurs du siècle dernier, à l'époque où l'image n'existait pas encore. J'ai compris qu'ils devaient 'donner de l'image', ce qui fait que leur musique était très descriptive et que tous leurs mouvements musicaux, leurs harmonies, leurs orchestrations étaient basées sur un contexte onirique. Pour moi, la musique de film représente aujourd'hui l'espace musical le plus créatif. C'est le véritable patrimoine de la musique classique de demain car les compositeurs de talent y inscrivent des oeuvres durables, qui traverseront certainement plus facilement le temps que ce que l'on entend de nos jours dans la musique contemporaine...". Voilà donc des paroles qui méritent d'être méditées et qui en disent long sur l'avenir de la musique de film, si de grands artistes comme Didier Lockwood continuent d'apporter leur contribution à l'univers incomparable de la musique de film. Au final, 'Les enfants de la pluie' reste un petit trésor de richesse et d'envoûtement, une sorte d'opéra classico-moderne à découvrir absolument, les chef-d'oeuvres étant devenus très rares de nos jours!


---Quentin Billard