1-Flowers in The Attic 6.05
2-The Grandmonther's House 3.13
3-Up On The Rooftop 3.08
4-Seventeen Lashes 3.11
5-Bathing 1.10
6-Children of The Devil 2.07
7-Goodbye, Daddy 2.33
8-One Flower Dies 3.32
9-Sleeping Witch 1.21
10-The Attic 4.19
11-God Sees Everything 4.17
12-The VCA Waltz 2.49
13-May Flowers 2.01
14-End Title 4.44

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Intrada Records
MAF 7009D

Producteur de l'album:
Christopher Young
Producteur exécutif:
Douglass Fake

Artwork and pictures (c) 1990 Trans Atlantic Distributors, L.P. All rights reserved.

Note: ***1/2
FLOWERS IN THE ATTIC
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Adapté du célèbre roman de l'écrivaine américaine Virginia C. Andrews, 'Flowers in The Attic' évoque le drame terrifiant de quatre enfants séquestrés par une grand-mère tyrannique dans l'immense demeure familiale. A la suite de la mort accidentelle de leur père bien aimé, Cathy (Kristy Swanson), Chris (Jeb Stuart Adams), Cory (Ben Ryan Ganger) et Carrie (Lindsay Parker) partent avec leur mère (Victoria Tennant) pour venir s'installer chez sa grand-mère (Louise Fletcher), que les enfants n'ont encore jamais vu de leur vie. Le séjour qu'ils appréhendaient tant va hélas se transformer en cauchemar. Très vite, la grand-mère leur fait clairement comprendre qu'ils doivent respecter de très sévères règles de conduite et qu'ils ne doivent absolument jamais quitter leur chambre, et ce sous aucun prétexte. Afin de s'assurer que les enfants restent tranquilles, la cruelle grand-mère poste son domestique John à proximité de l'entrée de la chambre. Elle ne les autorise uniquement qu'à monter au grenier qui se trouve juxtaposé à leur chambre. C'est là que les enfants vont se rendre la plupart du temps, découvrant toutes les anciennes affaires poussiéreuses ayant appartenues à la famille, tentant de s'évader à travers ces objets afin d'oublier l'horreur de la situation. Pendant ce temps, la grand-mère fait subir à la mère des enfants de terribles séances de punition où elle la fouette violemment. La terrifiante et glaciale grand-mère est en réalité une chrétienne extrémiste qui punit sa fille qui, selon elle, aurait pêché en épousant un homme jugé impur, puisqu'il s'agissait en réalité du propre oncle de la mère. Cette dernière est donc revenue afin d'expier ses pêchés et de trouver la rédemption en implorant le pardon auprès de son grand-père agonisant (Nathan Davis), à qui la grand-mère a toujours tout fait pour lui cacher l'existence des enfants, considérés comme des créatures du diable répugnantes. La mère passe de temps à autre rendre visite à ses enfants séquestrés dans leur chambre, puis, le temps passant, fini par ne plus donner signe de vie. Les quatre enfants, qui se sentent abandonnés par leur mère, vont tout faire pour tenter de s'échapper, mais en vain. C'est alors que ressurgit la mère au bout de plusieurs mois, complètement changé, rendue heureuse par l'amour de son père qu'elle a enfin reconquit en expiant tous ses pêchés aux yeux de Dieu. Les enfants ne comprennent pas son enthousiasme devenu insupportable, et ils continuent de se sentir trahis par leur propre mère. Cette dernière, qui ne comprend pas leur comportement hostile, conspire finalement contre eux et projette de les tuer en empoisonnant leur nourriture, afin d'éliminer définitivement toute trace de ses pêchés avant d'entamer son mariage avec un nouvel homme.

Drame sombre qui bascule par moment dans l'épouvante, 'Flowers in The Attic' est une bien lugubre histoire, que le réalisateur Jeffrey Bloom n'a malheureusement adaptée qu'en partie pour les besoins du film, renonçant au côté trop inceste du roman de V.C. Andrews, et ce même s'il y fait brièvement allusion dans son film. Pour beaucoup, le film est très décevant, ayant été réalisé à une époque où les producteurs pensaient pouvoir attirer le public qui avait lu et dévoré le roman avec grand enthousiasme (par la suite, l'écrivaine a écrit plusieurs ouvrages basés sur cette histoire). Mais ils se sont apparemment trompés, la faute à une adaptation pas vraiment fidèle à l'ouvrage d'origine. Ceci étant dit, il serait particulièrement injuste de fustiger un tel film qui recèle pourtant de nombreuses qualités dont l'une d'entre elle reste l'atmosphère glauque très forte que le réalisateur installe très vite dans son film et ce jusqu'au dénouement final. Contrairement à ce qu'on pu dire certaines critiques, les acteurs sont très bons dans leurs rôles respectifs, à commencer par l'excellente Louise Fletcher dans le rôle de la grand-mère cruelle et tyrannique dans un numéro d'acteur assez saisissant (on ne lit à aucun moment du film le moindre signe d'humanité sur son visage, et encore moins dans son regard). On regrettera simplement le fait que le réalisateur ait gommé la partie d'inceste entre Cathy et Chris, car, dans le roman, les deux adolescents font l'amour afin d'oublier leurs tourments et parce qu'ils commencent à découvrir ensemble la sexualité. Evidemment, les producteurs voulaient éviter de choquer le public, les concepteurs du film n'ayant finalement pas pleinement assumé l'adaptation cinématographique du roman de V.C. Andrews. Néanmoins, la tension monte tout au long du film, passant par des moments particulièrement forts et parfois difficiles (la mort du petit Cory qui décède dès suite d'un empoisonnement). Au final, un film particulièrement sombre, qui ne mérite pas toutes les mauvaises critiques qu'il a pu recevoir dès sa sortie en salle en 1987 aux USA. Certainement un bon film à réhabiliter!

En 1987, Christopher Young en était encore à l'aube de ses premières grandes partitions pour le cinéma, lui qui débuta sa carrière avec la partitions horrifique pour 'The Dorm That Dripped Blood' (1981), qui l'amena plus tard à creuser ce style en nous offrant en 1985 un premier grand score d'horreur mémorable, 'A Nightmare on Elm Street 2: Freddy's Revenge'. Après quelques partitions plus mineures telles que 'Barbarian Queen', 'Torment' ou 'Getting Even', Christopher Young composa un premier score majeur dans sa carrière, 'Flowers in The Attic', superbe partition orchestrale glauque et particulièrement envoûtante. Lorsqu'on écoute 'Flowers in The Attic', on comprend aisément où le compositeur a pu trouver son inspiration plus tard pour des scores tels que 'The Dark Half' ou 'Jennifer 8'. On reconnaît ainsi aisément la patte orchestrale du compositeur et ce dès les premières minutes du film (et du score). L'ouverture du film, déjà très captivante et envoûtante, annonce clairement le ton sombre, sinistre et profondément mystérieux du score. Young utilise des tenues de cordes avec la voix de la soprano Evalon Witt qui résonne de manière lointaine et mystérieuse. La voix féminine, omniprésente tout au long du score, évoque l'innocence perdue des enfants, ce qui expliquerait alors son côté lointain. La voix résonne de manière fantomatique, entonnant pour la première fois la mélodie mystérieuse du thème principal alors que l'on voit au cours du générique de début les premières images de la luxueuse demeure de la grand-mère. Plus mélancolique, la seconde partie se concentre autour d'une très belle écriture pour cordes et flûte qui développent à leur tour l'excellent thème principal, thème qui évoque réellement l'innocence des enfants, personnifié ici par la fragilité de la flûte soliste sur fond de cordes tristes et chaleureuses. Christopher Young installe en l'espace de 6 minutes une atmosphère à la fois mystérieuse et éthérée, une ambiance dont la mélancolie profonde et rêveuse nous renvoie clairement au triste sort qui attend les enfants, dont l'innocence va s'opposer à la cruauté de leur grand-mère et du sort qu'elle et leur propre mère leur réservent.

'The Grandmonther's House' décrit la découverte de l'immense demeure de la grand-mère, le morceau s'assombrissant considérablement par rapport à l'ouverture éthérée et doucement mélancolique. Young met ici l'accent sur des tenues de cordes inquiétantes, des accords de piano menaçants et une sonorité métallique tout aussi inquiétante, par-dessus laquelle la voix féminine continue d'entonner le thème principal pour personnifier les enfants. Le message semble être clair dans cette scène: la musique nous fait comprendre qu'il va réellement se passer quelque chose de sombre dans cette maison, même si Young conserve encore ici la mélancolique de l'ouverture avec un nouveau rappel du thème principal. Les frissons commencent avec 'Upon The Rooftop' pour la scène tendue où Chris tente de s'échapper par le toit de la maison. C'est une fois encore le genre de morceau de suspense qui influencera plus tard le compositeur pour des scores comme 'Hider in The House', 'The Dark Half' ou 'Jennifer 8'. Young fait brillamment monter la tension durant près de 3 minutes, avec des cordes de plus en plus pesantes et le thème mélancolique de la soprano qui reste toujours présent, comme une véritable présence fantomatique, comme si le thème, se faisant de plus en plus distant sous le flot des cordes et des différentes orchestrations, évoquaient l'innocence des enfants qui commence à disparaître. Malgré tout, 'Upon The Rooftop' reste encore retenu d'un point de vue du suspense, car il faut réellement attendre 'Children of The Devil' pour entendre Young développer une pesante ambiance de suspense envoûtante avec des cordes tendues, alors que la grand-mère commence à se montrer de plus en plus cruelle avec les enfants.

On appréciera le côté envoûtant et toujours très mélancolique de 'Seventeen Lashes' (les enfants découvrent les traces de coups de fouet sur le dos de leur mère) et 'Bathing' (scène où Cathy prend sa douche, parfois presque devant son frère). Dans 'Bathing', la froideur des cordes nous renvoie clairement à l'idée des rêves perdus de Cathy, qui songe à devenir danseuse plus tard, si elle arrive à sortir vivante de cet enfer. Plus sombre, 'Goodbye, Daddy' continue de développer le thème de manière de plus en plus lointaine, avec des cordes sinistres qui renforcent l'atmosphère pesante du film, et l'intrusion d'un motif de boîte à musique (que Cathy a reçu autrefois en cadeau de son propre père) qui finit par se détraquer et sonner faux, comme si quelque chose clochait - une idée typique du compositeur, qui expérimentera ce genre de chose dans 'Hellraiser II' et ses fameuses musiques de manège sur fond de sonorités macabres et dissonantes. On notera ici l'impression de plus en plus menaçante de la voix féminine qui hante véritablement le morceau, comme si l'innocence des enfants étaient déjà bien lointaine (on retrouve cette ambiance dans le sombre 'One Flower Dies'). La tension se veut plus palpable dans 'Sleeping Witch', illustrant une énième tentative d'évasion sur fond d'un développement plus sombre et inquiétant du thème aux cordes, devenant de plus en plus obsédant au fil de l'écoute de la musique dans le film.

'God Sees Everything' développe de manière encore plus marquante l'ambiance fantomatique des précédentes pièces, la voix hantant dorénavant la totalité de la musique de Young, qui véhicule alors une impressionnante sensation de malaise tout au long du film, qui en disait déjà long sur le talent du compositeur dès cette époque. 'May Flowers' met finalement un point final à cette atmosphère glauque et fantomatique avant de se conclure sur le traditionnel 'End Title' qui développe une dernière fois le thème hantant. Bref, voilà donc un score envoûtant et profondément mystérieux qui accompagne à merveille le film de Jeffrey Bloom et qui finit par plonger le spectateur dans une atmosphère psychologique réellement pesante et éprouvante. Sans tomber dans le style horrifique de 'Hellraiser' ni même dans les sursauts frissonnants d'un 'The Fly II' ou d'un 'The Dark Half', le score de 'Flowers in The Attic' est une habile partition teintée de mystère et de suspense, jouant sur une certaine retenue éprouvante et pesante, le compositeur maîtrisant pleinement son sujet grâce à un superbe thème principal inspiré qui hante toute la partition du début jusqu'à la fin du film. Première partition majeure du compositeur avec 'A Nightmare on Elm Street 2' et 'Hellraiser', 'Flowers in The Attic' dévoilait déjà à l'époque tout le talent d'un compositeur passé maître dans l'élaboration d'ambiances psychologiques sinistres et pesantes, la musique frôlant par moment le style thriller pour épouser celui du drame psychologique le plus noir. Un score de Christopher Young à découvrir, assurément!


---Quentin Billard