1-Love Theme from
"In Harm's Way" 2.30
2-Liz In Harm's Way 2.03
3-The Rock 1.35
4-Native Quarter 2.01
5-Goodbye 2.45
6-Positive Identification 1.33
7-Battle Theme
From "In Harm's Way" 2.28
8-Night on the Beach 2.08
9-Attack 2.05
10-The Rock and His Lady 2.50
11-Hawaiian Mood 2.00
12-Change of Command 3.28
13-Medley from "In Harm's Way":
Try Again/Mooburn 2.47
14-One-Way Ticket 1.49
15-First Victory 2.44

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 100

Produit par:
Douglass Fake

Artwork and pictures (c) 1965 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
IN HARM'S WAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Otto Preminger, célèbre réalisateur des anthologiques 'The Man with the Golden Arm', 'Exodus' et 'Anatomy of a Murder', toucha à tous les genres cinématographiques au cours de sa carrière. Son intrusion dans le genre du film de guerre lui permit de nous offrir 'In Harm's Way', autre film assez célèbre du réalisateur de 'Laura'. 'In Harm's Way' s'intéresse à l'après Pearl Harbor aux Etats-Unis, en 1941. Le capitaine Rockewell Torrey (John Wayne) est en mer du côté de Pearl Harbor avec son second, le capitaine Paul Eddington (Kirk Douglas), un officier fidèle mais dont l'unique défaut est d'être très impulsif et un peu trop porté sur l'alcool. C'est alors que surgissent les avions japonais qui attaquent par surprise et bombardent la flotte américaine à Pearl Harbor. Pour avoir effectué une manoeuvre contraire au règlement au cours de cette attaque surprise, Torrey est sur le point d'être réprimandé par une commission militaire jusqu'à ce que son supérieur décide de lui offrir une seconde chance pour lui et Eddington en le promouvant amiral. Torrey dirige alors la flotte américaine qui doit partir en mission du côté des îles du pacifique afin de stopper l'avancée des troupes japonaises. Le film s'attache en même temps à décrire la liaison amoureuse entre Torrey et l'infirmière militaire Maggie Haynes (Patricia Neal) ainsi que les retrouvailles entre Torrey et son fils Jeremiah (Brandon De Wilde) qu'il n'a jamais revu depuis sa séparation avec sa mère il y a plus d'une quinzaine d'années.

'In Harm's Way' est un film de guerre assez conventionnel de la part d'un Otto Preminger que l'on a connu plus audacieux. Ceci étant dit, le film possède néanmoins ses bons points. Il faut d'abord noter que le film ne se veut en rien une reconstitution de l'attaque japonaise sur Pearl Harbor en 1941 (il faudra attendre pour cela le superbe 'Tora! Tora! Tora!' en 1970). A vrai dire, la séquence du début sur l'attaque de Pearl Harbor est raccourcie et traitée à son strict minimum. L'intérêt du film se situe ainsi sur la description de la première victoire américaine après l'attaque de Pearl Harbor, lorsque la flotte U.S. a réussi à repousser celle des japonais à proximité des îles du pacifique, l'histoire étant ainsi vécue à travers les yeux du capitaine/amiral Rockwell Torrey, brillamment interprété par le grand John Wayne. Le casting est aussi l'atout majeur du film, réunissant quelques stars de l'époque telles que John Wayne, Kirk Douglas, Patricia Neal, Burgess Meredith, Slim Pickens, George Kennedy, Henry Fonda, James Mitchum, etc. Pas totalement un film de guerre à proprement parler, 'In Harm's Way' est aussi un drame intimiste qui évoque la romance entre Torrey et une infirmière militaire, romance sans cesse contrariée par la guerre. Torrey apprend en même temps à découvrir et apprécier son fils qu'il n'a jamais connu, et qui s'est engagé lui aussi dans la marine. On appréciera ce relief émotionnel apporté au film, même si cela s'avère parfois légèrement fastidieux. Néanmoins, Preminger a tenu à apporter une personnalité forte pour les principaux protagonistes du film. Ainsi, l'amiral Torrey est le vieux loup de mer, l'homme inflexible et sûr de lui qui reste un tacticien de génie et qui n'hésite pas à employer la manière forte lorsque cela s'avère nécessaire - d'où le titre du film. Son second, le capitaine Eddington, est brillamment interprété par un Kirk Douglas tout en nuance, à la fois attachant et repoussant par son côté d'alcoolique brutal et pète-sec. Pour l'acteur, jouer ce rôle était une bonne expérience, lui qui avait surtout l'habitude de jouer des héros aux valeurs toujours positives. En ce sens, la scène où Eddington viole la jeune fille sur la plage est hautement mémorable, sublimée par un gros plan inquiétant du visage assombri d'Eddington au moment où la jeune fille refuse ses avances. Très impressionnant pour l'époque (1965), le film a été rendu possible grâce à la participation de la marine américaine qui prêta quelques-uns uns de ses navires de guerre pour les besoins du film, le tournage s'étant réellement déroulé en pleine mer afin de renforcer le réalisme des scènes de bataille. Certes, certains effets spéciaux peuvent paraître bien 'cheap' pour aujourd'hui, mais replacé dans son époque, le film reste visuellement et techniquement assez réussi, sans être LE grand chef-d'oeuvre d'Otto Preminger.

Pour Jerry Goldsmith, il s'agit de la seule et unique participation à la musique d'un film d'Otto Preminger (à noter que le compositeur fait une brève apparition en pianiste vers le début du film). Le score de 'In Harm's Way', s'il ne paie pas de mine à première vue (il y a assez peu de musique durant les quelques 165 minutes de métrage), surprend de par son impressionnante variété de style et la qualité de ses thèmes. Ainsi, 'Liz in Harm's Way', le premier élément du score qui apparaît au début du film s'apparente à une pièce jazzy évoquant les frivolités de Liz (Barbara Bouchet), la femme d'Eddington qui passe la nuit avec un major de l'Air Corps au bord d'une plage. Le jazz de type big-band (la musique de cette époque) est ici associé à l'insouciance de la femme, une idée que l'on retrouve aussi dans le non moins jazzy 'Night on The Beach' pour la séduction sur la plage au début du film. On trouve aussi d'autres moments surprenants de par leur légèreté comme 'Hawaii Mood' et ses rythmes tropicaux de marimba, décrivant de manière très typée la musique locale Hawaïenne pour une scène festive à Honolulu, une idée que l'on retrouve dans 'Native Quarter' lorsque Eddington accueille les infirmières sur un ton très festif. Mais ces moments de légèreté et d'insouciance contrastent alors violemment dans le film avec la partie plus sombre et dramatique du score, comme 'Positive Identification' (scène où Eddington se rend à la morgue et voit le cadavre de sa femme) et ses cordes plaintives. On regrettera néanmoins que la partie plus dramatique soit très nettement moins inspirée que la partie action/guerrière du score.

Le score possède deux thèmes majeurs, le premier étant le joli 'Love Theme' associé à Torrey et Maggie, le second étant le 'Battle Theme', thème de bataille particulièrement entraînant et martial qui sera aussi associé au capitaine Rockwell Torrey. A ce sujet, la première apparition du thème dans le film ('The Rock') se fait lors de la scène où Torrey emmène ses troupes vers les îles du pacifique, avec un rythme martial entraînant et une importante section de cuivres quasi héroïques. Superbe thème guerrier entraînant, le 'Battle Theme' prend ici une connotation plus positive, plus déterminée avant le début des combats. Il évoque non seulement la détermination de Torrey et de ses troupes mais aussi l'espoir d'une future première victoire après la déroute de l'attaque surprise sur Pearl Harbor. C'est toute la partie action du score qui attire particulièrement notre attention dans le film. Ainsi, 'One-Way Ticket' et son atmosphère plus pesante lorsque Eddington se lance seul contre les troupes japonaises dans un véritable raid-suicide en solo est un solide exemple du style action de Goldsmith dans les années 60/70. 'Attack' est quand à lui le morceau d'action majeur du score, avec ses rythmes martiaux martelés et entraînants, ses cuivres guerriers et ses orchestrations cuivrées typiques du compositeur (les orchestrations étant déjà assurées à l'époque par Arthur Morton). Aucun doute possible, Goldsmith annonce déjà ici le style du fameux 'The Sand Pebbles' et du futur 'MacArthur', autre film de guerre que le maestro composera vers la fin des années 70. Le thème guerrier de trompette de 'The Rock' subit ici une multitude de variations alors que les navires américains se rapprochent des troupes japonaises pour l'ultime bataille navale, le morceau alternant entre rythmes martiaux frénétiques dans un style action du plus bel effet (on sent déjà le style des futures grandes partitions d'action de Jerry Goldsmith!) et passages plus menaçants évoquant le rapprochement des navires japonais.

C'est d'ailleurs toute la section consacrée à l'arrivée des navires japonais qui attire notre attention avec son matériel 'suspense' utilisant une instrumentation inventive comme ces effets électroniques lointains, ces cuivres dans le grave ou ces glissendi de marimba plutôt étonnants et synonymes de menace. En tout cas, l'effet à l'écran est très réussi, le maestro en profitant pour nous prouver dès 1965 qu'il était déjà un maître des musiques d'action et des instrumentations inventives qui culmineront en 1968 avec son véritable tour de force orchestral, 'Planet of The Apes'. On regrettera le fait que ces passages d'action/suspense soient absents de l'enregistrement japonais de ce score qui omet ainsi beaucoup de grands moments de la partition de 'In Harm's Way' (à quand une réédition intégrale de ce score?). En dehors de ces passages d'action qui évoquent les combats féroces que se livrent les américains et les japonais, la partition fait aussi appel au sympathique 'Love Theme' de Maggie et Rockwell, écrit pour piano, cordes et vents, tout à fait typique des thèmes romantiques que composait Goldsmith dans les années 60/70. Mineur, ce thème apporte néanmoins un relief émotionnel au score, qui, comme annoncé précédemment, alterne les ambiances d'une manière éclectique tout à fait étonnante pour un film de guerre de ce genre - la trame dramatique et humaine du film étant ainsi pleinement représentée par le score de Goldsmith. A noter que le film se conclut sur un 'First Victory' particulièrement sombre, car, même si le film finit sur la victoire des américains, l'amiral Torrey est l'un des rares survivants de l'attaque finale qui lui a coûté ses jambes. C'est sur cette note amère que le compositeur a décidé de finir le film, utilisant un orchestre sombre et agité (cuivres et cordes à l'appui) alors que l'on voit au cours du générique de fin des plans d'une mer déchaînée évoquant métaphoriquement le chaos de la guerre.

Si le score n'a rien de bien original en soi, il prouve déjà que le maestro était un musicien talentueux et inspiré malgré le fait qu'il débutait encore dans le milieu hollywoodien à cette époque. Loin d'être complètement datée, cette sympathique partition orchestrale pour 'In Harm's Way' évoque déjà le style futur des scores d'action qu'écrira Goldsmith par la suite, un score qui, sans être un premier grand chef-d'oeuvre du compositeur, pose déjà les bases d'un style personnel qui aboutira pleinement dans les années 70 lorsque le compositeur aura à son actif quelques premiers grands chef-d'oeuvres tels que 'Planet of The Apes', 'Alien', 'Patton', 'The Omen' ou 'Papillon'. Voilà en tout cas un score prometteur et éclectique qui en dit déjà long sur le talent du maestro californien!


---Quentin Billard