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1-Carlito's Way 5.17
2-Carlito and Gail 4.05 3-The Cafe 1.59 4-Laline 2.36 5-You're Over, Man 2.09 6-Where's My Cheesecake? 2.12 7-The Buoy 4.04 8-The Elevator 1.45 9-There's An Angle Here 2.18 10-Grand Central 10.08 11-Remember Me 4.52 Musique composée par: Patrick Doyle Editeur: Varèse Sarabande VSD-5463 Album produit par: Patrick Doyle, Maggie Rodford Producteur exécutif de l'album: Robert Townson Chargé de la musique pour Universal Pictures: Burt Beman Monteur de la musique: Roy Prendergast Dédié à Maggie Rodford. Artwork and pictures (c) 1993 Universal Pictures. All rights reserved. Note: ***1/2 |
CARLITO'S WAY
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Patrick Doyle
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Après 'Bonfire of The Vanities' et 'Raising Cain', Brian De Palma nous offrait l'excellent 'Carlito's Way' (L'impasse), film noir classique dans lequel le réalisateur reprenait de manière assez troublante le style de son célèbre 'Scarface', ce qui explique sans aucun doute la présence d'Al Pacino dans le rôle du porto-ricain Carlito Brigante, protagoniste principal de cette histoire d'ancien trafiquant de drogue en quête de rédemption. Grâce à l'aide de son ami et avocat David Kleinfeld (Sean Penn), Carlito est relâché de prison au bout de 5 ans et retourne dans son quartier favori de New York, en 1975. Mais depuis sa sortie de prison, tout a changé dans la ville. Les gangs de l'ancienne époque ont été remplacés par des jeunes sans foi ni loi. Carlito est bel et bien décidé à changer de vie et rêve désormais de se payer un séjour au Bahamas pour quitter définitivement New York. Pour cela, il obtient par le biais d'un ami la direction d'un night-club et commence à accumuler pour la première fois de sa vie des bénéfices obtenus de manière honnête et légale. Carlito espère ainsi économiser assez d'argent pour pouvoir se payer son séjour de rêve et partir loin d'ici avec Gail (Penelope Ann Miller), sa compagne danseuse qui travaille dans une boîte de strip-tease et qu'il a enfin retrouvé à sa sortie de prison. Pour lui, la vie de violence et de drogue est belle et bien terminée. C'est alors que ressurgit son meilleur ami, David Kleinfeld, qui lui demande de lui rendre un service en souvenir de leur grande amitié: Kleinfeld a volé l'argent d'un sinistre criminel enfermé en prison, et ce dernier a juré de lui faire la peau s'il ne l'aidait pas à s'évader de la prison. L'avocat sait qu'il ne pourra pas réussir sans le concours d'une autre personne, et c'est pour cette raison qu'il s'adresse à Carlito, mais ce dernier sait que ce genre de service peut lui coûter très cher. Néanmoins, Carlito se croit débiteur de Kleinfeld et ne peut qu'accepter de lui rendre ce service extrêmement dangereux. Pour Carlito, ce sera une longue descente aux enfers dont l'issue s'annonce déjà tragique dès l'introduction du film.
Il est plus qu'évident que 'Carlito's Way' doit beaucoup à 'Scarface', à tel point que pour beaucoup, le film est une sorte de 'Scarface II', avec un Al Pacino reprenant un rôle similaire et un Brian De Palma qui surfe sur les formules de son grand classique du film noir. Le scénario joue ici sur la touche dramatico-tragique car, à l'inverse de 'Scarface', le Al Pacino de 'Carlito's Way' est un ancien criminel en quête de rédemption et d'une vie meilleure. Il a arrêté le trafic de drogue et la prison l'a totalement transformé. C'est là qu'intervient le personnage de l'avocat interprété par un Sean Penn toujours aussi excellent, un personnage plus ambigu et complexe qui, s'il s'avère être dans un premier temps le meilleur ami de Carlito, deviendra très vite son Nemesis alors qu'il entraîne son ami dans une impasse sans issue, où la seule échappatoire semble être la mort. Dès lors, De Palma met en place l'engrenage machiavélique et prépare une coda quasi Shakespearienne, comme dans le final de 'Scarface'. Reste que le personnage de Penelope Ann Miller paraît plus terne dans le rôle de la femme amoureuse d'un homme dont le destin s'annonce tragique, rôle qui rappelle aussi celui de Michelle Pfeiffer dans 'Scarface'. Le tout constitue donc une suite de réactions en chaîne incontrôlables et inexorablement dramatiques. On ne sait pas si De Palma veut vraiment que l'on s'apitoie sur le sort de cet ancien trafiquant de drogue en quête de rédemption qui choisi néanmoins les mauvais choix au cours de son existence (il refuse de tuer Bennito Blanco alors qu'il sait que ce dernier reviendra lui faire la peau un jour ou l'autre), mais l'on ne peut néanmoins que ressentir ce côté injuste et tragique d'un être qui choisissait enfin la lumière et n'obtint que l'obscurité. A noter que les dernières quinze minutes du film sont typiques des climax de De Palma et de son sens personnel de la mise en scène, une longue séquence au suspense inoubliable se déroulant entièrement dans une gare, une scène qui n'est pas sans rappeler une autre séquence célèbre assez similaire dans 'The Untouchables' du même réalisateur. Brian De Palma a fait appel à divers grands compositeurs au cours de sa carrière, dont Bernard Herrmann qui a écrit les scores de 'Sisters' et 'Obsession', Pino Donaggio pour 'Carrie', 'Home Movies', 'Dressed To Kill', 'Blow Out' ou 'Raising Cain', Ennio Morricone dans 'The Untouchables', 'Casualties of War' et 'Mission to Mars', Danny Elfman dans 'Mission: Impossible' ou bien encore Ryuichi Sakamoto dans 'Snake Eyes' ou 'Femme Fatale'. Pour 'Carlito's Way', De Palma a fait appel à Patrick Doyle, un compositeur totalement inattendu sur ce genre de projet, mais qui s'est néanmoins totalement dépassé et nous a offert une excellente partition orchestrale à la fois dramatique et sombre. Dans une interview, Patrick Doyle avait confié avoir adoré collaborer avec Brian De Palma sur 'Carlito's Way', précisant au passage que le réalisateur est un véritable mélomane qui sait toujours ce qu'il veut pour la musique de ses films. Visiblement, étant donné la qualité du résultat final, le réalisateur semble avoir particulièrement inspiré Patrick Doyle. Fidèle à son style empreint d'un classicisme à la fois raffiné, académique et personnel à la fois, Doyle a construit une partition qui s'axe autour du caractère tragique de l'histoire et du côté plus thriller/suspense du film. L'ouverture du score met ainsi en place le thème principal confié à des cordes plaintives, dont le caractère élégiaque et les harmonies tourmentées évoquent irrémédiablement les grands adagios postromantiques allemands du 19ème siècle (la ressemblance avec l'adagio de Samuel Barber est aussi assez évidente). Ce grand classicisme d'écriture apporte une émotion particulière au film, dont seul Doyle possède le secret. L'ouverture du score annonce déjà d'entrée le final tragique de l'histoire avec une tristesse profonde et poignante. Le second thème du score est introduit dans 'Carlito and Gail', 'Love Theme' confié à un piano solitaire et des cordes et qui évite le sempiternel caractère niais et sirupeux en misant sur une écriture de cordes toujours aussi raffinée et proche de certaines partitions romantiques du 'Golden Age' hollywoodien. 'Carlito and Gail' évoque la romance entre les deux protagonistes principaux, tout en annonçant par son caractère légèrement mélancolique que cet amour est voué à l'échec avec la mort 'programmée' de Carlito. 'The Cafe' décrit la scène des retrouvailles entre Carlito et Gail dans le café, le morceau étant toujours dominé par ce piano raffiné et ces cordes romantiques dans un style plus apaisé, plus rêveur, plus romantique. Doyle s'offre même une petite incursion dans le jazz avec 'Laline' et son saxophone sensuel. On passe alors assez rapidement à un côté suspense que l'on connaissait moins chez Patrick Doyle dans l'excellent 'You're over, man'. Le morceau rompt alors brutalement avec le début plus mélancolique et dramatique du début en affirmant une atmosphère de suspense et d'action assez inventive pour la scène de la fusillade dans le bar où se fait tuer le cousin de Carlito au début du film. Doyle utilise alors le piano et les percussions avec des orchestrations plus inventives et plus éloignées des partitions d'action conventionnelle d'Hollywood, et ce même si le compositeur fait ici quelques concessions à ce style orchestral plus rythmé et massif. En tout cas, Doyle accentue à merveille la violence de la scène et ce même si ce morceau inattendu paraît quelque peu redondant avec la scène (mais cela reste un choix esthétique tout à fait acceptable). Dès alors, Doyle installe une ambiance de suspense cohabitant avec des moments plus dramatiques. 'The Buoy' est orienté quant à lui vers cette ambiance plus sombre avec cordes, cuivres, vents et percussions évoquant les péripéties de Kleinfeld qui se met dans les ennuis jusqu'au cou, entraînant avec lui son meilleur ami, Carlito. Dans 'The Elevator', De Palma évoque la scène où Kleinfeld se fait poignarder près d'un ascenseur. Le compositeur fait alors brillamment monter la tension en ayant recours à des formules rythmiques de piano/marimba/pizzicato, un peu comme dans 'You're over, man' mais plus centré ici sur le suspense. La tension ne se relâche pas comme pour suggérer le fait que les deux protagonistes se retrouvent piégés dans cette 'impasse' sans issue. 'There's an angle here' prolonge le travail de suspense de 'The Elevator' avec ses formules d'ostinatos rythmiques de piano/cordes dans un style un peu rétro, évoquant parfois les musiques de suspense des films noirs du 'Golden Age' hollywoodien. 'There's an angle here' se veut déjà plus excitant, Doyle créant une ambiance plus urgente, plus agitée, alors que Kleinfeld est sur le point de se faire assassiner dans l'hôpital où il se trouve. La qualité de ces morceaux de suspense nous renvoie clairement à la brillance de la mise en scène de De Palma, l'un épousant habilement l'autre dans le film. La tension atteint son apogée avec l'anthologique et incontournable 'Grand Central', superbe pièce d'action/suspense de 10 minutes illustrant le climax final dans la séquence de la gare, dans une atmosphère de course poursuite intense et de jeu du chat et de la souris. Doyle, qui développait pendant près de 3 morceaux l'ostinato rythmique de piano, lui fait atteindre ici son apogée d'une manière plus violente et explosive. La formule rythmique synonyme de tension et de danger devient brutale et frénétique une fois confiée aux cordes, cuivres, vents et percussions. Pour Doyle, la séquence du 'Grand Central' a été très complexe à mettre en musique. A ce sujet, le compositeur expliquait que la scène était tellement longue et intense qu'il fallait trouver le moyen de conserver cette tension tout au long des 10 minutes sans jamais se relâcher une seule fois. En ce sens, 'Grand Central' reste un vrai tour de force orchestral de la part du compositeur qui n'avait encore jamais vraiment écrit ce genre de musique d'action/suspense pour un film. Mais son inexpérience dans ce genre cinématographique n'a jamais influé une seule fois sur la qualité de sa musique, bien au contraire. Le compositeur maîtrise pleinement son sujet et nous offre un pur moment d'action de 10 minutes inoubliables, un grand moment de musique de film tout court et de mariage entre musique et image, débouchant sur le tragique 'Remember Me' qui rejoint l'ouverture avec son adagio poignant pour cordes élégiaques et funèbres illustrant la mort annoncée de Carlito Brigante. Sans être l'une des oeuvres majeures de Patrick Doyle, 'Carlito's Way' dévoilait dès 1993 une facette méconnue du compositeur, celle des musiques d'action et de suspense que le compositeur développera pleinement plus tard dans des scores tels que 'Frankenstein' ou 'Donnie Brasco'. La musique épouse à merveille l'atmosphère tragique et sombre du film, baignant dans un classicisme d'écriture typique du compositeur écossais. Sans être d'une folle originalité, le score de 'Carlito's Way' dévoile néanmoins un certain talent du compositeur dans l'écriture des musiques d'action dans un style à la fois rétro et très personnel. En ce sens, la musique rejoint les meilleures collaborations de Pino Donaggio à des films de Brian De Palma sans pour autant réussir à les égaler. Un score recommandé, à découvrir pour tout ceux qui s'intéressent aux travaux de Patrick Doyle et son unique collaboration à un film de De Palma! ---Quentin Billard |