1-Dredd Song-The Cure 4.21
2-Darkness Falls-The The 3.45
3-Super Charger Heaven
-White Zombie 3.37
4-Need Fire-Cocteau Twins 4.21
5-Release The Pressure
-Letfield 7.41
6-Time-Ryo Aska 4.42
7-You Come Closer-Worldbeaters
with Youssoun N'Dour 4.37
8-Judge Dredd Main Theme 4.56
9-Judgement Day 5.55
10-Block War 4.39
11-We Created You 3.47
12-Council Chaos 5.44
13-Angel Family 5.37
14-New World 9.14

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Epic 480855 2

Album produit par:
Alan Silvestri
Monteur de la musique:
Kenneth Wannberg
Assistant montage:
Jacqueline Tager
Producteur exécutif:
Steven Machat
Superviseur de la musique:
Barry Levin, Eric Harryman

"Dredd Song"

performed by The Cure
Written by Smith/Collup/
Barmonte/Cooper/
O'Donnell.
Produced by Robert Smith,
Steven Lion

"Darkness Falls"
music and words by
Matt Johnson
Produced by Math Johnson,
Bruce Lampcov

"Super Charger Heaven"
performed by White Zombie
Written by White Zombie,
Lyrics by Red Zombie
Produced by Terry Date,
White Zombie

"Need Fire"
performed by
Cocteau Twins
Produced and written by
Cocteau Twins

"Release the Pressure"
performed by Letfield
Written by N.Borns/P.Daley/E.Daley.
Produced by Letfield

"Time"
performed by Ryo Aska
Produced by George Acogny
Lyrics: Erwin Bedward.
music: Ryo Aska

"You Come Closer"
performed by Worldbeaters
with Youssou N'Dour
Written and produced by
George Acogny

Artwork and pictures (c) 1995 Cinergi Pictures Entertainment inc. All rights reserved.

Note: ****
JUDGE DREDD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
'Judge Dredd' est encore une énième adaptation cinématographique d'un comics américain à succès, réalisé par le britannique Danny Cannon, réalisateur du remarqué 'The Young Americans' (1993). A la vision de cette grosse machine hollywoodienne, on ressent immédiatement dès les premières minutes du métrage le but clairement avoué de l'entreprise: divertir sans se prendre la tête, et à ce sujet, 'Judge Dredd' atteint pleinement ses objectifs (reste à savoir si cela en fait pour autant un bon film). Le film nous transporte dans le monde futuriste de 2139. La terre ayant été ravagée par des guerres nucléaires, les survivants se sont regroupés dans des cités multiples dominées par la capitale Mega City One, une gigantesque mégapole complexe dans laquelle sévit la violence et l'anarchie. Afin de mettre fin à ce chaos, les nouveaux dirigeants de cette société du futur ont décidé de créer les juges, qui sont à la fois juges et bourreaux. Crée à partir d'expériences sur l'ADN, ces juges sont censés être la solution miracle au problème de la violence. Le plus célèbre d'entre eux, le juge Dredd (Sylvester Stallone) sème la terreur parmi les criminels de Mega City One, qu'il exécute avec une efficacité infernale. Quelques temps après, le sinistre Rico (Armand Assante), qui s'est échappé de sa prison, commet un assassinat en se faisant passer pour Dredd. Ce dernier, sur le point d'être condamné, est sauvé par son mentor et ami, Fargo (Max Von Sydow) qui prend la grave décision de s'exiler à sa place afin de lui sauver la peau. Envoyé en prison, Dredd va réussir à s'échapper et va retrouver la trace de Rico. Il devra alors faire face à un terrible secret entourant son passé et ses origines.

Voilà donc un énième film de super-héros comme on en voit régulièrement à Hollywood, surtout depuis le succès du 'X-Men' de Bryan Singer en 2000, qui a remis ce genre au goût du jour. Pour le film de Danny Cannon, Sylvester Stallone s'est prêté au jeu et semble s'auto pasticher lui-même, le film mélangeant ainsi action, violence et humour d'une manière qui est tout sauf subtile, ce qui nous donne droit à des répliques clichés stupides et bébêtes dont on se serait dispensé volontiers, et qui semblent échappées d'une mauvaise série-B (genre "la loi, c'est moi!"), avec quelques effets spéciaux un peu datés (le film ne date pourtant que de 1995) comme la séquence de la course en vaisseaux à travers la mégapole futuriste. Stallone semble malgré tout s'être bien amusé à interprété le rôle de ce super juge dénué d'émotion, mais qui se découvre malgré tout une certaine humanité (thème archi usé au cinéma). Reste que le film s'est considérablement éloigné du script d'origine de Danny Cannon qui aurait eu apparemment quelques divergences artistiques avec Sylvester Stallone tout au long de la production, le réalisateur en étant arrivé à la conclusion évidente qu'il ne retravaillerait plus jamais avec une grosse star hollywoodienne. Film pop-corn sans un gramme d'originalité et encore moins de subtilité, 'Judge Dredd' est le film d'action lambda hollywoodien à réserver essentiellement aux fans de Sylvester Stallone et de spectacles pour public décérébré adepte des dimanches soirs devant la télévision.

A l'origine, la production souhaitait faire appel à Jerry Goldsmith pour écrire la musique de 'Judge Dredd'. Mais un désaccord constant entre les producteurs qui souhaitaient d'une part Goldsmith et de l'autre Elliot Goldenthal mit fin à la participation de Goldsmith au projet, qui fut très vite remplacé par Alan Silvestri. A noter que Goldsmith a tout de même conservé une trace de son travail sur 'Judge Dredd' avec l'excellent morceau d'action écrit pour la bande-annonce du film et réutilisé depuis fréquemment dans diverses bande-annonces de film. Alan Silvestri s'est largement montré à la hauteur de l'ampleur de la tâche. Le score a été écrit pour le Sinfonia of London réunissant une somme spectaculaire de 99 musiciens avec 35 choristes, ce qui nous donne évidemment une musique puissante parfaitement ancrée dans l'esprit du film. Partition d'action teintée d'aventure, de thème héroïque, de touches martiales, 'Judge Dredd' nous rappelle à quel point Alan Silvestri sait donner le meilleur de lui-même lorsqu'on lui en donne les moyens. Avec le 'Judge Dredd Main Theme', accompagnant le générique de début du film, Silvestri nous dévoile progressivement son excellent thème principal associé au juge Dredd, grand héros du film. Après un début mystérieux où les choeurs résonnent de manière lointaine, l'orchestre installe lentement une ambiance orchestrale assez sombre qui rappelle par moment certains passages du score inédit de 'Super Mario Bros', jusqu'à ce que des cordes aux accents postromantiques amènent le thème principal exposé aux cuivres et aux cordes dans un style héroïque du plus bel effet. Aucun doute possible, Silvestri réouvre ici les portes du Golden Age Hollywoodien pour l'occasion et renoue avec un style symphonique d'un classicisme d'écriture qui sent une certaine maturité (Silvestri a avoué avoir sacrément progressé du point de vue de l'écriture et des orchestrations sur cette partition). Véritable pivot de la partition de 'Judge Dredd', le thème héroïque restera très présent tout au long du score, symbolisant les exploits du personnage de Sylvester Stallone.

'Judgement Day' reste incontestablement l'un des plus puissants et des plus spectaculaires morceaux de toute la partition, accompagnant la séquence de l'exil du juge suprême Fargo. Silvestri installe ici une nouvelle ambiance mystérieuse avec des cordes et des cuivres sombres jusqu'à l'apparition grandiose des choeurs lors de la scène de l'exil. On ne pourra qu'apprécier ici la qualité de l'écriture des cordes (cela faisait longtemps que Silvestri ne nous avait pas donné à entendre une musique symphonique d'une telle qualité) et du reste des instruments, Silvestri se rapprochant beaucoup par moment du postromantisme allemand d'un Wagner ou d'un Strauss, toutes proportions gardées. Le compositeur en profite aussi pour développer au passage le motif sombre associé à Rico et qui évoque toute la menace et le danger que représente ce sinistre personnage. A noter que le thème est ici développé dans la dernière partie du morceau par les cuivres (avant un final puissant absolument grandiose avec l'orchestre et les choeurs aux proportions wagnériennes).

Evidemment, un film d'une telle ampleur ne pouvait que permettre au compositeur de nous délivrer quelques morceaux d'action particulièrement mémorables. C'est ainsi qu'arrive 'Block War' ou 'Council Chaos'. Le premier illustre la scène du début où le juge Dredd vient régler son compte aux anarchistes. Silvestri met ici l'accent sur les percussions martiales et le pupitre des cuivres, sous la forme d'une marche entonnant aux cuivres (trompettes, cors, trombones, etc.) le superbe thème du juge Dredd. A travers cette marche implacable et rigide, Silvestri évoque magnifiquement l'avancée de la justice inexorable que rien ne semble pouvoir arrêter. Plus agité, 'Council Chaos' accompagne la scène de la poursuite en vaisseaux au-dessus de la ville. Après une introduction sombre où résonne une fois encore le sombre motif de Rico, 'Council Chaos' s'avère être un nouveau tour de force orchestral signé Alan Silvestri, où le thème de Dredd subit une série de variations orchestrales héroïques et excitantes, un grand moment de bravoure apportant un certain punch à cette scène de poursuite sur fond de percussions martiales endiablées, de cuivres agressifs et de cordes agitées. Superbe morceau d'action frénétique à souhait, 'Council Chaos' nous rappelle à quel point Alan Silvestri n'est jamais été aussi bon que lorsqu'il sort l'artillerie lourde (est-ce un hasard si deux de ses meilleurs scores, 'Back To The Future' et 'Predator', sont orientés vers l'action?).

Deux morceaux sortent un peu du lot en adoptant une ambiance plus particulière, avec tout d'abord 'We Created You', qui s'impose par un style plus sombre avec un motif mystérieux de cordes déjà entendu au début du 'Judge Dredd Main Theme'. Sombre et lent, 'We Created You' plonge alors le spectateur dans les sentiments de Dredd lorsqu'il découvre le secret entourant ses origines. Pour se faire, Silvestri utilise un thème de cordes plus mélancolique qui se trouve être aussi lié à son amitié avec Fargo, qui est presque un père pour lui. On retrouve ici une certaine qualité d'écriture des cordes que l'on appréciera une fois encore, preuve du talent de compositeur d'Alan Silvestri. L'autre morceau, plus particulier, est 'Angel Family', qui n'est rien d'autre qu'un simple calque du score de 'Predator 2'. Effectivement, le compositeur reprend ici ses percussions tribales et ses synthétiseurs macabres héritées de 'Predator 2' pour la scène où Dredd et son compagnon d'aventure, Fergie (Rob Schneider), sont capturés par une famille de cannibales totalement déjantés, ce qui explique finalement l'utilisation des percussions à la 'Predator 2' qui créent une ambiance tribale/sauvage tout à fait adéquate pour cette scène (même si l'on sent ici la facilité des temp-tracks). Finalement, c'est le massif 'New World' qui illustrera la confrontation finale climatique contre Rico, superbe morceau d'action qui permet au compositeur de renouer avec le tour de force orchestral de 'Council Chaos', débouchant sur un final triomphant et grandiose à souhait, où le thème de Dredd est repris dans sa version finale la plus glorieuse, évoquant le triomphe de la justice.

Score symphonique massif et spectaculaire, 'Judge Dredd' est un véritable cadeau qu'a offert Alan Silvestri a tous ses fans qui ne l'attendaient plus sur ce style de film, après une série de scores plus modestes écrits dans les années 90 ('Father of The Bride', 'Grumpy Old Men', 'Richie Rich', etc.). Ainsi, en 1995, Alan Silvestri revenait en pleine forme et en grande pompe sur 'Judge Dredd', accompagnant à merveille les aventures cinématographiques du plus célèbre juge de l'univers des comics américains. De par son côté orchestral à l'ancienne et la puissance de ses orchestrations, le score annonçait déjà dès 1995 le style du futur 'The Mummy Returns' que composera Alan Silvestri en 2001 pour le film de Stephen Sommers. Comme dit précédemment, force est donc de constater que le compositeur n'est jamais autant inspiré que lorsqu'il compose pour ce style de gros film d'action/aventure hollywoodien. Un score incontournable du compositeur, en somme!


---Quentin Billard