1-Opening Titles 0.33
2-Theme From Jurassic Park 3.27
3-Incident At Isla Nublar 5.20
4-Journey To The Island 8.51
5-The Raptor Attack 2.49
6-Hatching Baby Raptor 3.21
7-Welcome To Jurassic Park 7.55
8-My Friend, The
Brachiosaurus 4.16
9-Dennis Steals The Embryo 4.56
10-A Tree For My Bed 2.12
11-High-Wire Stunts 2.12
12-Remembering
Petticoat Lane 2.48
13-Jurassic Park Gate 2.04
14-Eye To Eye 6.32
15-T-Rex Rescue & Finale 7.40
16-End Credits 3.25

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

MCA Records
MCAD-10859

Album produit par:
John Williams
Chargé de la musique pour Universal Pictures:
Burt Berman
Monteur de la musique:
Ken Wannberg

Artwork and pictures (c) 1992 Universal City Studios, Inc./Amblin entertainment inc. All rights reserved

Note: *****
JURASSIC PARK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
'Jurassic Park' fait désormais partie de ces grands classiques du cinéma hollywoodien que l'on ne présente plus. Très grand succès de l'année 1992, 'Jurassic Park' nous proposait une vision grandiose et inédite à l'époque de la résurrection des dinosaures sur terre, réalisé par un Steven Spielberg à une époque où il ne faisait pas encore dans le mou du genou ('Catch Me If You Can', 'The Terminal', etc.). Trois oscars, un succès mondial colossal (63 millions de dollars de budget, le film ayant rapporté plus de 915 millions de dollars!) et deux suites à son actif, 'Jurassic Park' est sans aucun doute la concrétisation de tout un art dédié au cinéma pop-corn spectaculaire hollywoodien. Mais si le film est devenu culte pour certains, il ne reste pour d'autres qu'une énième grosse machine hollywoodienne de plus, qui a inondé le marché d'un merchandising colossal pour l'époque. Adapté du roman homonyme de Michael Crichton, l'histoire de 'Jurassic Park' se centre autour d'une théorie scientifique toujours discutée encore aujourd'hui: la science serait-elle capable de faire ressusciter les dinosaures si l'on était en mesure de récupérer de l'ADN ayant appartenu à l'une de ces bêtes? Evidemment, Spielberg répond par l'affirmative et place l'acteur/réalisateur Richard Attenborough dans la peau de John Hammond, le milliardaire britannique qui a réussi à récupérer de l'ADN de dinosaure dans un moustique fossilisé dans de l'ambre. Le paléontologue Alan Grant (Sam Neill) et sa compagne Ellie Sattler (Laura Dern) reçoivent alors une invitation de la part de Hammond. Ce dernier a crée un gigantesque parc d'attraction à la végétation luxuriante qui contient de vrais dinosaures, ressuscités grâce aux miracles de la science et un peu d'ADN. Alan et Ellie sont accompagnés par l'avocat des investisseurs du parc, Donald Gennaro (Martin Ferrero), les deux petits-fils d'Hammond, Tim (Joseph Mazzello) et Lex (Ariana Richards), ainsi que le mathématicien Ian Malcolm (Jeff Goldblum), qui ne partage pas l'enthousiasme émerveillé des deux paléontologues et d'Hammond. Pour Malcolm, avoir ramené à la vie une espèce éteinte depuis plus de 65 millions d'années est un acte d'orgueil parfaitement dangereux. Malcolm était aussi le seul à avoir senti les dangers d'une telle aventure, et il ne faudra qu'un sabotage de la part d'un des membres de l'équipe technique du parc pour que l'aventure vire au cauchemar pour Grant et ses amis, coincés en pleine exploration du parc jurassique et attaqué par un T-Rex et des vélociraptors furieux. Pour John Hammond, c'est la fin de son rêve d'enfant, perdu à jamais. Désormais, l'émerveillement cède à la terreur. Commence alors une longue lutte acharnée pour la survie.

'Jurassic Park' est donc une sorte de parabole sur les dangers du clonage et de la science moderne. La morale semble même être évidente ici: l'homme ne devrait jamais essayer de se prendre pour Dieu! Evidemment, ce grand thème de science-fiction paraît aujourd'hui un peu usé, mais à l'époque, le concept paraissait tout à fait étonnant et quasiment inédit. Accompagné d'une solide équipe, Spielberg a su réunir les meilleurs éléments pour concrétiser un film d'aventure grandiose et terrifiant à la fois, et l'on pense plus particulièrement aux artisans des effets spéciaux signés ILM, des effets visuels qui, même encore aujourd'hui, continuent d'époustoufler par leur qualité rare pour l'époque (il faut se souvenir que le film date quand même de 1992, à l'ère des premiers balbutiements des effets numériques des 'nineties'), car 'Jurassic Park', c'est aussi un véritable tour de force de la part de Steven Spielberg. Qui a réussi à oublier des scènes anthologiques comme l'incroyable poursuite en voiture avec le T-Rex? Seule ombre au tableau, il est dommage que le film, qui s'annonçait comme une brillante parabole sur la nature et les excès de la science moderne, tourne très vite au simple divertissement de terreur plutôt brutal et vide de sens, qui mise à fond sur l'aspect spectaculaire tout en mettant de côté la brillante réflexion de la première partie du film. Néanmoins, nul ne peut réfuter que Spielberg est un cinéaste honnête, qui promet quelque chose à son public et ne déçoit jamais, et ce quelque soit le sujet. Evidemment, les dinosaures sont ici des monstres issus de l'imagination de Michael Crichton et de Steven Spielberg, allégories de la perversion d'une science qui sombre dans le pêché d'Ubris et que le destin condamnera forcément par la mort et le chaos. On se laisse donc prendre par les images grandioses de 'Jurassic Park', par son atmosphère de terreur pure, par son suspense redoutable, par le sens du spectacle cher à Steven Spielberg. Dans ce film, on passe ainsi très vite de l'émerveillement à la terreur, avec des scènes d'action d'une efficacité rarement atteinte à l'époque. Alors que l'on n'aime ou que l'on n'aime pas cette grosse machine hollywoodienne, difficile de ne pas admettre que 'Jurassic Park' est un grand classique impérissable du cinéma américain des années 90, qui aura visiblement marqué toute une décennie en réinstaurant le goût pour les spectacles démesurés, un peu comme l'avait fait George Lucas en 1977 avec son légendaire 'Star Wars'!

Pour John Williams, 'Jurassic Park' représente la 12ème collaboration entre Williams et Spielberg, une collaboration légendaire à laquelle l'on doit quelques trésors de la musique de film tels que 'Raiders of The Lost Ark', 'E.T.', 'Hook' ou 'Jaws'. D'ailleurs, pour certains, la partition symphonique de John Williams pour 'Jurassic Park' se rapproche de 'Jaws', mais en nettement plus colossal et démesuré. Pour le compositeur, ce film lui a donné l'occasion de renouer avec le style terrifiant de 'Jaws' en mettant en avant le côté spectaculaire et grandiose de ce parc jurassique. Pour cela, Williams nous ressert les recettes habituelles du genre: des thèmes mémorables, des morceaux d'action d'une puissance redoutables, le tout enveloppé dans le savoir-faire orchestral typique du célèbre compositeur. Williams nous dévoile ainsi progressivement ses éléments thématiques en préférant maintenir le suspense au cours d'un très bref 'Opening Titles' d'une trentaine de secondes qui annonce une aventure bien sombre. Un choeur avec quelques synthétiseurs sombres et une flûte exotique semblent annoncer quelque chose de menaçant, une idée qui se concrétise dans l'introduction, 'Incident At Isla Nublar', dominé par un ton sombre où cordes, vents, choeurs et cuivres s'unissent pour installer cette atmosphère de menace typique de la facette plus sombre du score de 'Jurassic Park', alors que l'on voit à l'écran une équipe transporter l'un des dinosaures du parc dans un immense container, peu avant que le transport se solde par un accident, la musique nous faisant entendre l'un des premiers grands morceaux d'action tonitruant et virtuose du score, avec des orchestrations de qualité comme d'habitude.

Puis, très vite, la noirceur de l'introduction cède à la joie du départ à l'aventure dans l'incontournable 'Journey To The Island' lorsque Hammond emmène toute son équipe sur le parc jurassique. La première partie du morceau se distingue par son caractère enjoué où les orchestrations se veulent plus lumineuses et pleines d'entrain. Puis, le compositeur dévoile son premier thème principal, fameux thème de cuivres majestueux associé au parc et à son aspect massif et grandiose. On retrouve ici le grand John Williams des fanfares héroïques cuivrées avec un thème qui, soyons-en sûr, marquera indubitablement votre esprit même après une seule écoute. Si le dépaysement de la découverte du parc est totale pour Alan Grant et ses compagnons, il n'en est pas de même pour le spectateur qui retrouve au contraire un John Williams très familier à l'écoute de ce thème grandiose et parfaitement ancré dans l'univers musical des 'Jurassic Park'. Enfin, la dernière partie de ce voyage musical aboutit au second thème principal du score, magnifique thème de cordes qui évoque l'émerveillement des personnages lorsqu'ils découvrent pour la première fois les dinosaures. Pour les deux paléontologues, cette scène fait presque partie d'un rêve éveillé. Les créatures qu'ils ont étudié pendant des années sous forme de fossiles leur apparaissent alors sous leurs yeux en chair et en os. C'est ce sentiment d'émerveillement total et rêveur que nous transmet Williams à travers son inoubliable thème poignant et son célèbre motif de 3 notes majestueuses et entêtantes, renforcées par une magnifique chorale angélique. L'émotion est totale dans 'Journey To The Island', puisque l'on passe de l'aventure et l'appréhension à l'émerveillement avec une fluidité exemplaire et un savoir-faire orchestral à toute épreuve.

Dès lors, la base de la partition est installée, et Williams, faisant usage de son génie et son immense talent, variera autour de ce matériau, alternant passages plus intimistes et émouvants et morceaux d'action/suspense de terreur pure. Ainsi, puisque l'on parle de terreur, difficile de passer à côté du terrible 'The Raptor Attack', sans aucun doute LE morceau le plus sinistre de 'Jurassic Park', à vous glacer le sang. En l'espace de près de 3 minutes, Williams instaure une atmosphère de frisson lourde avec une brève allusion introductive au motif de 4 notes associé aux sinistres raptors. Atonal, le morceau met en avant ici les trompettes en sourdine, les trombones en sourdine, les trombones agressifs, le tuba, les cuivres graves, les cordes stridentes, les gargouillis de pizzicati et même une utilisation remarquable de voix d'hommes dans un registre grave extrême accentuant la sensation de menace absolue qui plane sur les deux enfants dans la scène où ils se font traquer par les raptors dans la cuisine (autre scène d'anthologie). Si vous adorez la facette plus chaotique/atonale/dissonante de John Williams, il ne faut nul doute qu'avec ce terrifiant et glacial 'The Raptor Attack', vous allez vous régaler. Comme d'habitude, le résultat à l'écran est parfait, véhiculant toute cette sensation de danger, de menace pesante et de frisson. A côté de cela, une pièce comme 'Hatching Baby Raptor' vient calmer le jeu en instaurant une ambiance plus éthérée, plus légère avec une très belle chorale d'enfants et un mélange cordes/vents/célesta plus doux lorsque Hammond et ses amis assistent à la naissance d'un bébé raptor. On retrouve ici un côté émerveillé, plus doux et plus intimiste, évoquant le miracle de cette naissance.

Dans un registre similaire, 'My Friend, The Brachiosaurus' se veut plus chaleureux pour la scène où Grant, Tim et Lex se retrouvent coincés dans un arbre, approchant de très près un majestueux Brachiosaure inoffensif (le morceau est aussi entendu la première fois dans le film lors de la découverte d'un Tricératops blessé). Emouvant, le morceau évoque une fois encore cette sensation d'émerveillement rêveur avec une très belle écriture de cordes quasiment nostalgiques et romantiques, apportant une lumière particulière à cette scène, comme s'il s'agissait d'un doux rêve. Comme Spielberg, John Williams aime retrouver son âme d'enfant à travers le cinéma spectaculaire de son complice de toujours, et lorsqu'on écoute un passage comme le tendre 'My Friend, The Brachiosaurus', on ne peut que difficilement ressentir autre chose que cette douce sensation de rêve, tout comme dans 'A Tree For My Bed' et la reprise du thème par un célesta qui imite ici une boîte à musique enfantine, lorsque Grant s'endort dans l'arbre avec les deux enfants. Impossible aussi de ne pas être ému par le triste et amer 'Remembering Petticoat Lane', lorsqu'Hammond échange avec Ellie ses souvenirs de l'époque où il travaillait autrefois dans un cirque. Williams nous propose ici un mélange cordes/vents/célesta plus intimiste et mélancolique, marquant une pause plus humaine et émouvante entre deux gros morceaux d'action et de suspense.

Mais c'est évidemment l'action et l'aventure qui dominent ici. On notera ainsi le 'Jurassic Park Gate' pour l'arrivée dans le parc, soutenu ici par des percussion exotiques qui évoquent la végétation luxuriante du parc jurassique. 'High-Wire Stunts' accompagne ainsi la scène de la voiture suspendue dans l'arbre avec une efficacité orchestrale redoutable et un sentiment d'action et de danger toujours omniprésent. Idem pour le tendu et atmosphérique 'Eye To Eye', accompagnant la scène où Ellie va rallumer l'électricité dans le parc tout en évitant les attaques des raptors, qui traînent dans les parages, sans oublier le massif 'T-Rex Rescue & Finale', sans aucun doute le plus énorme morceau d'action du score, 7 minutes 38 de pur déchaînement orchestral pour la traque finale avec les raptors et le T-Rex (on retrouve ici le motif de 4 notes des raptors), apportant à la scène tout le frisson, l'excitation et le danger nécessaire à l'élaboration de ce véritable spectacle de terreur. On pourra aussi noter le sombre 'Dennis Steals The Embryo', un morceau de suspense tout à fait à part pusiqu'il repose essentiellement sur un petit ostinato de synthétiseur, un élément généralement plus rare dans les musiques de Williams pour les films de Spielberg, mais qui semble s'inspirer ici de l'incontournable 'The Conspirators' du 'JFK' de Williams, puisqu'on y retrouve les mêmes sonorités électroniques, le même type d'ostinato de claves, etc. Le morceau accompagne la séquence où Dennis (Wayne Knight) s'emparer d'un oeuf de dinosaure et pirate le système de sécurité du parc avant de s'enfuir avec l'embryon. Cet excellent morceau de suspense maintient une certaine tension tout au long de la séquence, laissant présager une avenir bien sombre pour le parc de John Hammond. On appréciera en tout cas la variété des morceaux que nous offre John Williams tout au long de sa partition, apportant un certain relief à chacune de ses interventions musicales, même si la disposition de la musique dans le film paraît nettement moins évidente au sujet de ce relief (qui transparaît surtout dans l'album). L'aventure touche alors à sa fin dans 'End Credits', nous permettant de réentendre une dernière fois les deux célèbres thèmes du score dans toute leur splendeur.

Difficile de trouver une conclusion simple et efficace au sujet d'une partition symphonique aussi monumentale qu'est 'Jurassic Park', représentant tout ce que la collaboration Spielberg/Williams a pu nous offrir de meilleur jusqu'à présent: un spectacle grandiose, des effets spéciaux toujours aussi impressionnants même encore aujourd'hui, une musique d'une qualité rare, qui, comme le dit si bien Spielberg, raconte toujours aussi bien chacune de ses histoires avec une maestria rare. Pour beaucoup, 'Jurassic Park' est l'une des partitions-clé de la collaboration Spielberg/Williams, une réussite totale qui prouve que le tandem a encore de beaux jours devant lui. D'un point de vue association image/musique, 'Jurassic Park' est un véritable trésor d'émotion, d'action, de frisson et de thèmes grandioses, autant d'éléments qui font de 'Jurassic Park' le chef-d'oeuvre tant acclamé par tous les béophiles du monde entier, même encore aujourd'hui. Alors, si vous ne connaissez pas encore ce bijou de la musique de film (est-ce possible?), courez découvrir d'urgence l'une des meilleures partitions qu'ait pu écrire John Williams pour un film de Steven Spielberg!


---Quentin Billard