Les films sur le sport sont légions à Hollywood. David Anspaugh est sans aucun doute l'un des plus fidèles représentants de ce genre cinématographique souvent un peu édulcoré et plein de bons sentiments. 'Hoosiers' ('Le grand défi') est l'un de ces films, qui met en scène une jeune équipe de basket-ball d'une petite ville de l'Indiana entraînée par un coach déterminé. Norman Dale (Gene Hackman) a un passé plutôt sombre. Il fut autrefois entraîneur de basket-ball mais dut abandonner son métier après avoir frappé un joueur sous le coup de la colère, ce qui lui valut de rentrer par la suite dans la marine. De nombreuses années plus tard, Norman Dale se rend dans une petite ville d'Hickory dans l'Indiana, où un de ses vieux amis a fait appel à lui pour devenir le nouveau coach de l'équipe de basket du lycée. A son arrivée à Hickory, Dale reçoit un accueil plutôt mitigé et doit même subir l'hostilité de Myra Fleener (Barbara Hershey), l'une des responsables du lycée. Rejeté par la population d'Hickory, Dale doit se battre pour réussir à se faire accepter et à imposer ses nouvelles règles de coach. Après quelques séances difficiles d'entraînement et un premier match mitigé, Norman Dale décide de faire appel à Shooter (Dennis Hopper), le père alcoolique de l'un des joueurs de l'équipe qui fut lui-même autrefois une vedette du basket-ball. Dale lui demande alors de devenir son assistant, l'obligeant ainsi à lutter contre ses problèmes d'alcool. Après des efforts colossaux, la petite équipe du lycée finira par triompher au championnat de l'Indiana. 'Hoosiers' s'inspire ainsi de l'histoire vraie d'une jeune équipe de l'Indiana qui remporta la coupe en 1954. Gene Hackman est excellent dans le rôle de ce coach colérique qui n'a qu'une seule idée en tête: faire gagner son équipe à tout prix. En ce sens, le message du film est fort: il ne faut jamais baisser les bras et toujours continuer à se battre pour gagner, même dans l'adversité.

Le score de 'Hoosiers' (aussi appelé 'Best Shot' aux USA) est signé Jerry Goldsmith, qui nous offre ici une partition tout à fait typique de ses scores orchestraux des années 80. Le maestro californien utilise ainsi l'orchestre traditionnel avec une bonne partie de synthétiseurs aux sonorités très 'eighties'. Le but de Goldsmith était simple: il s'agissait de retranscrire à travers sa musique toutes les émotions du film, que ce soit l'appréhension, l'enthousiasme de la victoire ou le dépassement de soi. Pour se faire, le compositeur utilise deux thèmes majeurs omniprésents tout au long du film. Ainsi, le film s'ouvre au son de l'excellent thème principal, un thème qui se distingue par son caractère nostalgique, intimiste et émouvant. Le thème principal est alors associé au personnage de Norman Dale et à sa quête de rédemption à travers son nouveau poste de coach de l'équipe d'Hickory (Dale tente d'oublier les erreurs de son passé). Mais le thème majeur qui domine la partition est évidemment le thème sportif entraînant, celui de 'Best Shot - Theme From Hoosiers', qui se distingue de par son côté déterminé et quasi héroïque, avec une rythmique pop électronique très années 80. C'est l'utilisation de ces rythmiques de synthé 'pop' qui apportent une certaine personnalité à la partition de Goldsmith (on reconnaît ici le goût du compositeur pour ses synthétiseurs 'eighties' un peu démodés) et insufflent une énergie considérable à la musique dans le film. Les rythmiques accentuent ainsi l'idée de l'effort et du dépassement de soi, une idée grandement personnifiée dans l'enthousiasmant 'Theme From Hoosiers', une sorte d'hymne au sport agréable et entraînant.

'You Did Good' développe ainsi le thème intimiste/nostalgique dès le générique de début, introduit par une première allusion au thème sportif aux synthétiseurs, et développé ensuite par une trompette, quelques vents et quelques cordes. On ne pourra d'ailleurs qu'apprécier ce côté nostalgique qui apporte un relief considérable à la musique dans le film. 'The Coach Stays' développe à son tour le thème sportif lorsque Dale reste à Hickory après avoir été menacé d'être renvoyé. Le morceau oscille entre la détermination (celle de Norman Dale et de son équipe) et l'appréhension (un avenir incertain pour le coach et ses joueurs de basket). On retrouve une idée similaire dans 'The Pivot', où Goldsmith continue d'utiliser les rythmiques pop électroniques (l'utilisation de ces percussions synthétiques action annonçant par moment le score de 'Extreme Prejudice') tandis que résonne le thème sportif aux cordes, encourageant quelque part les joueurs à donner le meilleur d'eux-mêmes. Cette approche musicale peut paraître quelque peu simplette voire artificielle dans 'Hoosiers', elle fonctionne pourtant à merveille et apporte un excellent complément émotionnel au film de David Anspaugh.

'Get The Ball' est sans aucun doute l'un des meilleurs passages du score, imposant son entrain, son enthousiasme et sa détermination à tel point qu'il nous communiquerait presque une sorte d'envie irrésistible de jouer au basket et de triompher dans un match, à l'instar de l'équipe de Norman Dale. Après un détour dans le registre intime dans 'Town Meeting', 'The Finals' vient finalement conclure cette jolie aventure pour la séquence du match final pour le championnat de l'Indiana. Le thème sportif devient ici plus puissant, alternant avec des passages d'action plus sombres, accompagnés par ces percussions électroniques à la 'Extreme Prejudice' et ces sonorités plus sombres du synthé qui évoquent l'appréhension durant le match final, opposant l'équipe du lycée d'Hickory à des géants de plus de deux mètres qui semblent inquiéter les joueurs de Dale. Finalement, la victoire finale est illustrée en grande pompe par la musique de Jerry Goldsmith, qui se conclut ainsi sur une touche positive et heureuse.

La musique de Jerry Goldsmith pour 'Hoosiers' fait partie des scores mineurs écrit par le compositeur durant les années 80, mais même si ce petit score ne peut prétendre rivaliser avec les grandes partitions mémorables qu'a écrit le maestro à la même époque, il n'en demeure pas moins un score entraînant et touchant qui s'apprécie aussi pour son entrain et sa passion communicative. Moins émouvant que 'Rudy' (autre film sur le sport de David Anspaugh pour lequel Goldsmith écrira la musique), le score de 'Hoosiers' se veut néanmoins comme le parfait reflet des différentes émotions du film, un excellent hymne musical au sport et au dépassement de soi!


---Quentin Billard