1-Main Titles 1.33
2-Searching For Clues 1.52
3-Bobby Earl In The Elevator 1.17
4-That's Laurie's Car 2.20
5-Finding The Scimitar 2.23
6-Bobby's Confession 3.00
7-Ida Remembers 3.02
8-Read The Signs 2.47
9-Sullivan Phones 2.07
10-The Execution 3.41
11-Conviction Overtuned 1.37
12-Phony Message 1.55
13-Case Closed 2.47

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5596

Co-Producteur de l'album:
Michael Mason
Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur en charge de la musique pour Warner Bros:
Gary LeMel
Monteur de la musique:
Tom Dresher

Artwork and pictures (c) 1995 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
JUST CAUSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Dans ce thriller tout à fait quelconque, réalisé par Arne Glimcher, Sean Connery interprète le rôle de Paul Armstrong, un professeur de droit qui fut autrefois un grand avocat réputé. Tout commence le jour où la grand-mère (Ruby Dee) d'un certain Bobby Earl (Blair Underwood) vient voir Armstrong à la sortie d'un débat sur la peine capitale dans un campus universitaire. La vieille femme lui remet alors une lettre écrite par Bobby Earl, précisant qu'il réclame son aide alors que la police locale des Everglades l'accuse à tort d'un crime qu'il n'a pas commis. Après s'être laissé convaincre, Armstrong accepte de reprendre du service et va mener sa propre enquête pour tâcher de comprendre ce qui a poussé le shérif Tanny Brown (Laurence Fishburne) et son équipier à s'en prendre à ce noir à l'apparence sympathique. Il va très vite découvrir que les aveux de Bobby Earl ont été faits sous la contrainte, et qu'ils n'ont donc aucune crédibilité. C'est en tout cas ce que Armstrong va tenter de prouver. Puis, il va s'intéresser au cas qui l'a conduit jusqu'ici: le meurtre d'une petite fille de 10 ans, violée et assassinée il y a plus de 8 ans. A l'époque, Bobby Earl avait été accusé du meurtre de cette fillette, et il y avait eu un procès. Bobby Earl avait été libéré malgré tout, mais dans l'esprit du shérif Tanny Brown, il est le véritable coupable, et ce malgré le fait que le jeune noir clame partout son innocence. C'est pour cela qu'il a fait appel à Paul Armstrong, car il sait qu'il est le seul à pouvoir enfin prouver son innocence. Armstrong doit donc faire face à un dilemme: va t'il réussir à prouver l'innocence de cet homme ou libérer un dangereux tueur qui se prétend innocent?

En menant son enquête, Armstrong va être amené à croiser le chemin du sinistre Blair Sullivan (Ed Harris), psychopathe incarcéré et condamné à la chaise électrique. Sullivan va le conduire tout droit à l'arme du crime, un couteau caché dans le marais où la police a retrouvé le corps atrocement mutilé de la fillette, 8 ans auparavant. Pour Armstrong, aucun doute possible: le véritable coupable, c'est Blair Sullivan. La justice va enfin triompher: à la suite d'un nouveau procès et d'une lettre d'aveu de Sullivan, Bobby Earl sera définitivement lavé de tout soupçon. Mais pour Tanny Brown, la partie est loin d'être terminée. Effectivement, le shérif reste fermement persuadé que Bobby Earl est le véritable meurtrier de la fille, et que tout ceci n'est que de la poudre aux yeux. Qui a tort? Armstrong ou Brown?

'Just Cause' est un thriller tout à fait conventionnel dans lequel le spectateur assiste à la lente reconstitution d'une sordide affaire criminelle où il est question du meurtre sauvage d'une fillette et d'un jeune noir clamant haut et fort son innocence. 'Just Cause' est encore un de ces films qui aborde le problème des dysfonctionnements de la justice américaine, en posant le problème de manière très manichéenne: Bobby Earl est-il le véritable coupable ou la victime innocente d'une justice aveugle? Sean Connery reste égal à lui-même, dans le rôle de ce vieux professeur de droit qui décide de redevenir avocat pour un temps en plaidant une dernière cause. Son personnage manque malheureusement de profondeur. Il est comme la plupart de ces personnages hollywoodiens, fabriqués sur-mesure pour traverser toutes les séquences du film, qu'elles soient paisibles ou tendues à l'extrême. C'est la même chose pour les autres personnages du film. On retiendra ici le numéro d'acteur du génial Ed Harris dans le rôle du gros psychopathe de service. On ne peut s'empêcher, d'ailleurs, de faire la comparaison entre Blair Sullivan et Hannibal Lecter, Ed Harris ayant tendance à en faire des caisses pour tenter d'imiter l'un des plus célèbres psychopathes de toute l'histoire du cinéma américain. Reste que le film est sans surprise, et la fin est extrêmement prévisible (si vous n'avez pas compris qui est le coupable à la moitié du film, c'est que vous n'avez pas suivi le film!), ceci étant du à un scénario assez pauvre et plein de défauts. Dans le même genre, on préfèrera sans hésiter le 'Cape Fear' de Martin Scorsese.

Le score de 'Just Cause' permet à James Newton Howard de creuser son style musique thriller, dans la lignée de ce qu'il fera par la suite sur 'The Juror', 'Eye for an Eye', 'Stir of Echoes' ou 'A Perfect Murder'. La partition orchestrale de 'Just Cause' débute par un 'Main Titles' annonçant un thème principal assez sympa, exposé par des cordes amples, vaguement mélancolique et sombre à la fois, mais encore suffisamment neutre par rapport à ce qui suit. Ne vous attendez pas à entendre ici un score particulièrement ajusté. La partition de James Newton Howard est essentiellement atmosphérique, avec deux ou trois passages d'action particulièrement excitants. L'essentiel du score repose donc sur de longues plages d'ambiance assez noires, évoquant l'enquête difficile de Armstrong, qui débute avec le mystérieux 'Looking for Clues', exposé par un petit motif d'accompagnement au piano et un bref rappel du thème principal sur des cordes plus sombres et tendues. Armstrong est en train de rechercher des pistes concernant le cas de Bobby Earl pour essayer de prouver son innocence. On ressent déjà ici toute l'étendue du mystère entourant cette sombre affaire, une idée que le compositeur a parfaitement développé dans sa musique.

'Finding The Scimitar' nous permet d'entendre quelques flûtes exotiques décrivant l'ambiance des marais (le marais est apparenté à une jungle sauvage avec sa faune et son lot de psychopathe en cavale), là où la police a retrouvé le corps mutilé de la jeune fillette. On ressent toujours ici une certaine tension. L'orchestre est encore assez calme mais ménage déjà un certain suspense qui s'apparente à l'avancée d'Armstrong en 'eau trouble'. Ce sont les cordes qui dominent le morceau pour la séquence de la découverte du couteau dans les marais, l'élément décisif dans l'enquête d'Armstrong. 'Bobby's Confession' évoque quant à lui la séquence où Bobby Earl raconte à Armstrong ce que Tanny Brown et son collègue Wilcox lui ont fait subir au cours d'un long interrogatoire violent. Cette séquence de flash-back est illustrée par l'un des plus sinistres passages du score, où les cordes dissonantes dominent une fois de plus le morceau. La musique de James Newton Howard est à l'image de l'auditeur du film: elle semble avancer dans l'incertitude et le mystère le plus total, si bien que l'on ne sait jamais ce qui nous attend par la suite.

La séquence des souvenirs de l'institutrice dans 'Ida Remembers' se fait plus intime et sombre à la fois. On sent dans 'Ida Remembers' le choc des personnes de la région qui n'arrivent toujours pas à oublier la mort affreuse de la jeune fillette. Au passage, le compositeur refait brièvement allusion à la tête du thème principal, toujours confié à des cordes sombres. L'enquête dans le marais se poursuit avec 'Read The Signs', nouveau morceau atmosphérique au climat lent, pesant, et de plus en plus tendu. L'enquête avance pas à pas, et l'on s'enfonce de plus en plus dans le mystère, vers l'inconnu. Le thème refait une brève apparition dans le sombre 'Sullivan Phones', lorsqu'Armstrong reçoit un coup de fil intriguant de la part de Sullivan, juste après que Bobby Earl ait gagné son procès. La musique fait monter la tension d'un cran, nous procurant un dernier morceau du puzzle jusqu'à la révélation finale.

'The Execution' est l'un des passages atmosphériques les plus noirs du score, évoquant la séquence de l'exécution de Sullivan. Le morceau s'apparente à une longue montée de tension allant crescendo jusqu'à l'exécution de Sullivan. Howard est particulièrement à l'aise dans ce genre de pièce atmosphérique sombre. Au passage, il confère presque une dimension tragique à la mort de Sullivan, comme pour rappeler l'horreur de la peine de mort, et ce quels que soient les crimes commis par l'individu, un parti pris qui rejoindrait peut-être celui du héros du film. On respire un temps avec la paisible 'Conviction Overturned' pour la victoire du procès de Bobby Earl et c'est avec le sombre 'Phony Message' que l'on part enfin dans l'action pour la dernière partie du film et la confrontation avec le tueur fou.

'Phony Message' installe un climat d'action très rythmé, pour la séquence où Armstrong découvre enfin la vérité, après le coup de fil de Sullivan. C'est là qu'interviennent les deux morceaux phares du score, les excitants 'Bobby Earl In The Elevator' et 'That's Lauries Car'. 'Bobby Earl In The Elevator' débute sur un terrifiant sursaut orchestral où les cuivres chaotiques se confrontent à des cordes tendues et de plus en plus dissonantes. Excitant, ce morceau distille un sentiment de terreur de plus en plus oppressant, lorsque le tueur kidnappe Laurie Armstrong et sa fille dans l'ascenseur d'un hôtel. En grand maître de l'écriture orchestrale action, Howard prépare le terrain pour un final particulièrement agité qui débute avec le superbe 'That's Lauries Car' et qui se prolongera avec la confrontation finale, morceau honteusement absent de l'album. A ce sujet, on aurait aussi aimé entendre le superbe sursaut orchestral pour la séquence où Armstrong découvre les cadavres des parents de Sullivan, chez eux. Mais il s'agit une fois de plus d'un Varèse Sarabande contenant le minimum syndical, c'est-à-dire 30 minutes, et sachant que le score a probablement été interprété par des musiciens syndiqués AFM, on devine aisément la raison pour laquelle il manque tout ces morceaux, qui s'avéraient pourtant essentiels à l'écoute du score sur l'album.

'That's Lauries Car' évoque donc la poursuite finale en voiture. Howard installe un rythme action très prenant et l'agrémente ensuite d'un piano électrique qui sonne un peu musique de série-B, soutenu par des percussions qui ne sont pas sans rappeler son travail effectué sur 'The Fugitive'. On pourra peut-être trouver illogique le fait d'avoir placé ces deux morceaux d'action en 3ème et 4è me position de l'album, alors qu'ils n'apparaissent qu'à la fin du film. A ce sujet, la disposition des morceaux sur le CD est assez étrange, car elle ne respecte nullement l'ordre chronologique de la musique dans le film. Le film se conclura sur 'Case Closed', reprenant le thème de cordes mélancolique du 'Main Titles', suivi d'une reprise finale du passage d'action de 'Phony Message', un peu d'énergie pour conclure un score atmosphérique essentiellement dominé par de longues plages de suspense lentes et moroses.

Certes, 'Just Cause' n'a rien d'un grand chef-d'oeuvre et ne pourra certainement pas être considéré comme l'une des partitions incontournables du compositeur. Néanmoins, il serait particulièrement dommage d'ignorer ce score, car il est la preuve exemplaire du talent du compositeur dans le domaine des musiques de suspense/action, parfaitement ancré dans l'esprit du film. En plus des problèmes liés au CD en lui-même (absence de morceaux clés du score, ordre mal foutu des morceaux par rapport à l'ordre chronologique du film, etc.), on pourra peut-être reprocher le manque d'action d'un score atmosphérique finalement assez lent et pas très rythmé. Néanmoins, on ne pourra pas non plus reprocher à James Newton Howard d'avoir parfaitement adopté le point de vue du film en privilégiant le mystère et la tension au détriment de l'action, plutôt représenté dans 'Phony Message', 'Bobby Earl In The Elevator' et 'That's Lauries Car'. Un score thriller finalement assez sympathique, à défaut d'être vraiment indispensable.


---Quentin Billard