1-Overture/
And All That Jazz 6.04*
2-Funny Honey 3.39**
3-When You're Good
to Mama 3.19***
4-Cell Block Tango 7.22+
5-All I Care About 3.48++
6-We Both Reached
for the Gun 3.59+++
7-Roxie 3.22#
8-I Can't Do It Alone 3.51##
9-Mister Cellophane 3.57###
10-Razzle Dazzle 3.47"
11-Class 2.54""
12-Nowadays (Roxie) 2.14"""
13-Nowadays/Hot Honey
Rag Medley Title 3.28°
14-I Move One 4.00°°
15-After Midnight (score) 3.24
16-Roxie's Suite (score) 3.58
17-Cell Block Tango/
He Had It Comin' 3.40°°°
18-Love Is a Crime 3.20¨

*Catherine Zeta-Jones,
Renée Zellweger, Taye Diggs
**Renée Zellweger, John C. Reilly,
Colm Feore, Taye Diggs
***Queen Latifah, Taye Diggs
+Catherine Zeta-Jones,
Susan Misner, Deidre Goodwin,
Denise Faye
++Richard Gere, Taye Diggs
+++Richard Gere,
Christine Baranski,
Cleve Asbury, Shaun Amyot
#Renée Zellweger
##Catherine Zeta-Jones,
Taye Diggs
###John C. Reilly
"Richard Gere
""Catherine Zeta-Jones,
Queen Latifah
"""Renée Zellweger, Taye Diggs
°Renée Zellweger,
Catherine Zeta-Jones,
Taye Diggs
°°Catherine Zeta-Jones,
Renée Zellweger
°°°Queen Latifah, Lil' Kim,
Macy Gray
¨Interprété par Anastacia.

Musique  composée par:

Danny Elfman/John Kander/Fred Ebb

Editeur:

Epic/Sony Music Soundtrax
EK 87018

Chansons de:
John Kander
Paroles de:
Fred Edd
Score produit par:
Danny Elfman
Album produit par:
Ric Wake, Randy Spendlove

Artwork and pictures (c) 2002 Miramax Films. All rights reserved.

Note: **1/2
CHICAGO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman/John Kander/Fred Ebb
Pour son premier long-métrage, Rob Marshall adapte 'Chicago', fameuse comédie musicale de Bob Fosse (1975), elle-même adaptée d'une pièce de théâtre de Maurine Dallas Watkins écrite en 1926. Le film nous plonge dans le Chicago des années 20, dans un univers dominé par l'argent, les stars, le jazz et l'alcool. Chanteuse-star de l'Onyx Club, Velma Kelly (Catherine Zeta-Jones) est arrêtée par la police et envoyée en prison pour le meurtre de sa soeur et de son mari, pris en flagrant délit d'adultère. Peu de temps après, la jeune Roxie Hart (Renée Zellweger), qui rêve de monter à son tour sur les planches, assassine un amant menteur et trompeur. Elle se retrouve à son tour en prison, aux côtés de Velma Kelly, la star qu'elle admire. Grâce à ses relations et son argent, Velma arrive à contacter Billy Flynn (Richard Gere), l'un des plus célèbres avocats de la ville. Puis, peu de temps après, l'avocat rusé se laisse convaincre par le mari de Roxie Hart, et il décide de défendre la jeune femme et d'en faire une star dans tous les médias. Du jour au lendemain, Roxie devient la nouvelle figure emblématique de la jeune femme naïve et abusée, adorée et plébiscitée par la foule. Elle s'imagine déjà sur les planches, en train d'exécuter de superbes spectacles de jazz flamboyants.

'Chicago' est fait avant tout pour les amoureux et les nostalgiques des comédies musicales à l'ancienne, dans la lignée des grandes productions du Broadway des années 20. Pour les autres, il ne fait nul doute que 'Chicago' pourra autant apparaître comme une bonne surprise que comme un film plombé par une mise en scène lourde, monotone et gonflante. L'idée de base était donc de dévoiler une société sans morale pourrie par les artifices du show-biz et la futilité du succès et des stars. Derrière ce postulat guère réjouissant, Rob Marshall nous offre une série de spectacles musicaux non-stop durant 1h55, mais attention à l'overdose! Soyez donc avertis que si vous n'aimez pas les comédies musicales jazzy ambiance music-hall, 'Chicago' risque fort de se révéler particulièrement indigeste et un tantinet longuet, d'autant que le réalisateur n'est pas toujours très subtil lorsqu'il s'agit de montrer avec cynisme la corruption et la fausseté de ce monde d'amusements artificiels et sans avenir (avec un côté caricatural assez agaçant, surtout dans les paroles des chansons). Reste la qualité des chorégraphies et des spectacles interprétés par les trois grandes stars du film: Richard Gere (enfin de retour après une série de bides monumentaux) en avocat véreux et malin, Catherine Zeta-Jones et la mignonnette Renée Zellweger dans le rôle des deux stars prête à tout pour connaître gloire et fortune. A noter que ce sont les acteurs eux-mêmes qui ont interprété leurs propres numéros, ce qui nécessita de très nombreuses heures de cours et de répétitions. Mais une qualité technique irréprochable ne peut sauver le film d'un certain ennui, plombé par une mise en scène lourde, monotone et répétitive (une action - un spectacle, une action - un spectacle, etc.). Pour les amateurs du genre, seulement!

Les chansons du film ont été écrites par John Kander, plus connu pour avoir écrit de nombreuses musiques pour des productions de Broadway et des comédies musicales en tout genre aux côtés de Fred Ebb (parolier), dont on retiendra de leur collaboration la musique pour les comédies musicales 'Cabaret' (1966) et 'New York New York' (1977). Rob Marshall a donc décidé de reprendre les chansons de la comédie musicale d'origine et de les confier à ses nouveaux interprètes, tout en conservant l'authenticité des spectacles de jazz des années 20, avec, pour le générique de fin, une nouvelle composition du duo Kander/Ebb, la chanson 'I Move On' interprétée en duo dans le final du film par les sexy Velma Kelly et Roxie Hart. A cela s'ajoute la participation inattendue de Danny Elfman, qui signe le score du film, un score qui a bien du mal à se faire une petite place entre deux numéros de swing dans le film. Pourtant, la musique originale de Elfman est bien là et dévoile une facette moins connue du compositeur, celle du jazz. Rappelons que le compositeur attitré de Tim Burton avait déjà écrit une excellente pièce de swing rétro pour le 'Dick Tracy' de Warren Beatty.

Le problème vient ici du fait qu'il est difficile de reconnaître le score des numéros de jazz inspirés de la comédie musicale de 1975. Le score de Danny Elfman est noyé dans une mer de jazz agitée qui domine tout au long du film jusqu'à l'overdose. Dès lors, difficile de savoir où commence le score et où commencent les musiques non-originales, d'autant que la partition jazzy de Elfman n'a guère d'autre but que celui de remplir les trous entre deux chorégraphies. Ajoutons à cela le fait qu'Elfman n'a écrit qu'une quinzaine de minutes originales pour 'Chicago', et l'on comprendra aisément en quoi sa participation au premier long-métrage de Rob Marshall est purement et simplement anodine et sans grand intérêt. Parmi les quatre scènes illustrées en musique par Elfman, on pourra citer la scène où Roxie Hart arrive en prison ou celle où elle prépare son procès en prison, sans oublier une 'source music' écrite lors d'une scène de meurtre au début du film ou une dernière pièce jazzy vers la fin du film. Pour l'anecdote, les producteurs de 'Chicago' auraient contacté un Danny Elfman surpris qui ne s'attendait pas à atterrir sur ce film pour la simple et bonne raison qu'ils connaissaient son penchant pour le jazz rétro tendance années 20/30.

L'album n'inclut que deux pistes du score de Elfman, 'After Midnight' et 'Roxie's Suite'. Le premier, faisant office de 'source music', est dominé par son orchestre de jazz années 20 très rétro, incluant section rythmique, trompette de jazz, trombone, clarinette, etc. Le second est plus rythmé, plus agité, accompagnant l'arrivée de Roxie Hart en prison, avec l'orchestre jazzy survolté et un côté légèrement excentrique qui fait immédiatement penser à la pièce swing de 'Dick Tracy', typique de Danny Elfman. Les quelques minutes restantes du score restent dans le même ordre d'idée, comblant simplement les trous entre deux spectacles musicaux signés Kander/Ebb. Concernant les chansons du duo précédemment nommé, il n'y a pas grand chose à en retenir: si vous aimez le ton tra-la-la-bim-boum de la comédie musicale de 1975, vous retrouverez un univers identique dans le film de Rob Marshall. Au final, que conclure d'autre au sujet de la participation de Danny Elfman à 'Chicago' si ce n'est qu'on pourra très aisément passer notre tour pour écouter des choses bien plus intéressantes, excitantes et personnelles de la part du compositeur, qui s'est quand même livré à un petit exercice de style concluant, agréable mais aussitôt oublié.


---Quentin Billard