1-Dragon's Theme/
A Father's Nightmare 3.33
2-Yip Man's Kwoon 2.26
3-Lee Hoi Chuen's Love 2.09
4-Bruce and Linda 2.43
5-The Challenge Fight
Warm-Up 2.13
6-Sailing On The
South China Sea 2.12
7-Fist of Fury 1.16
8-Brandon 2.15
9-Victory at Ed Parker's 1.32
10-Chopsaki 1.11
11-The Tao of Jeet Kune Do 2.04
12-The Mountain of Gold 0.44
13-The Premiere of
The Big Boss 1.44
14-Fighting Demons 2.36
15-The Dragon's Heartbeat 5.08
16-First Date 2.15
17-The Hong Kong Cha-Cha 3.43*

*Interprété par Lyn Ray et
Xiao Fen Min
Paroles de Rob Cohen
Musique de Robert Randles
Produit par Robert Randles.

Musique  composée par:

Randy Edelman

Editeur:

MCA Records MCD10827

Album produit par:
Randy Edelman
Producteur exécutif album:
Rob Cohen
Chargé de la musique pour
Universal Pictures:
Burt Berman
Préparation de la musique:
Julian Bratolyubov

Artwork and pictures (c) 1993 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
DRAGON: THE BRUCE LEE STORY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Randy Edelman
Bruce Lee est certainement resté à ce jour le plus célèbre représentant des arts martiaux dans le cinéma d'action des années 60/70, considéré aujourd'hui comme une véritable légende. A l'origine du film, il y a le roman biographique écrit par sa veuve, Linda Lee Cadwell, intitulé 'Bruce Lee: The Man Only I Knew'. C'est en 1989 que Universal racheta les droits du livre ainsi que ceux de 'Bruce Lee: The Biography' écrit par Robert Clouse (réalisateur de 'Enter The Dragon', l'un des derniers films de Bruce Lee). Mais après plusieurs remaniements de scénario, le film fut enfin tourné par Rob Cohen en 1993. Avec 'Dragon: The Bruce Lee Story', ce fut l'occasion pour le réalisateur de rendre un brillant et émouvant hommage à cet homme d'exception que fut Bruce Lee, allant bien au-delà de l'image traditionnelle de l'acteur spécialiste des arts martiaux que l'on a de lui. Rob Cohen nous propose ainsi de découvrir le véritable portrait de cet homme qui se battit tout au long de sa courte vie (il est décédé mystérieusement dès suite d'un coma à l'âge de 33 ans) pour faire triompher ses idéaux dans l'Amérique raciste des années 60/70. Le film se propose ainsi de retracer tout le parcours du célèbre acteur (incarné à l'écran par Jason Scott Lee - aucun lien de parenté), de son arrivée aux Etats-Unis à son mariage avec Linda (Lauren Holly) en passant par la création de sa toute première école américaine de Jeet Kune Do et son arrivée dans le cinéma hollywoodien. Le film ne se veut en aucune façon comme un documentaire sur la vie de Bruce Lee mais comme une sorte d'hommage légèrement romancée afin de rendre le mythe encore plus passionnant et réaliste à la fois. Jason Scott Lee interprète à merveille le célèbre acteur, à tel point que l'on a parfois l'impression de voir le vrai Bruce Lee à l'écran, retranscrivant tout le côté passionné, rebelle, déterminé, tourmenté et profondément humain du personnage. Malgré quelques défauts (les scènes pseudo-terrifiantes avec le démon, un peu grotesques dans le contexte du film), le film de Rob Cohen reste sans aucun doute un film de référence sur la vie de Bruce Lee, à compléter bien évidemment avec les ouvrages biographiques desquels le réalisateur s'est inspiré.

Randy Edelman rencontrait pour la première fois Rob Cohen sur 'Dragon', qui allait devenir le point de départ à une sympathique collaboration entre les deux hommes qui aboutit à quelques partitions mémorables telles que 'Dragonheart' ou 'Daylight' (on ne peut pas en dire autant des films eux-mêmes). Pour sa première collaboration avec Rob Cohen, Randy Edelman nous ressort ses formules habituelles: grands thèmes simples et faciles à mémoriser, orchestre doublé par des synthétiseurs, etc. Autant dire immédiatement que l'on nage en territoire connu lorsque l'on écoute le score de 'Dragon', le score possédant les qualités de ses défauts: une tendance (habituelle chez Edelman) à refuser la sophistication (peu de contrepoint, des mélodies simplistes, des harmonies pas toujours très recherchées), mais une manière très personnelle d'écrire des grands thèmes qui marquent immédiatement l'esprit à défaut de faire de la partition un chef-d'oeuvre impérissable. Visiblement, Randy Edelman a quand même été inspiré par son sujet puisqu'il nous offre une partition remplie de thèmes représentant toute la vie de Bruce Lee, un mélange d'honneur, de romance, de mystère, de combats, de détermination, d'émotion, d'inquiétude, etc. Le personnage est parfaitement représenté dans le thème du Dragon, entendu dès l'ouverture traditionnelle, 'Dragon Theme/A Father's Nightmare'. Mélodiquement très simple, le thème du dragon est introduit par des cordes doublées par du synthé et une flûte aux sonorités asiatiques rappelant les origines de Bruce Lee. Très vite, Edelman met en place une rythmique électronique évoquant la force du célèbre acteur avec un thème principal fort difficilement dissociable du personnage. Plus sombre et atmosphérique, la seconde partie hésite entre motif asiatique et nappes de synthétiseur plus inquiétantes lors de la scène introductive du cauchemar du père (nous introduisant à l'occasion la figure allégorique du démon).

Après cette excellente introduction qui n'annonce que du bon, Randy Edelman poursuit son travail thématique en dévoilant un premier motif plus serein lié au jeune Bruce Lee dans 'Yip Man's Kwoon'. Le thème est entendu dans la scène où l'on voit le jeune Lee Jun Fan (le vrai nom de l'acteur) s'entraîner avec son maître, Yip Man. Le thème est typique des mélodies charmantes et chantantes que le compositeur affectionne tant, ajoutant pour l'occasion quelques sonorités asiatiques conventionnelles. La seconde partie accompagne la scène de l'entraînement sur un motif ambiance 'combats d'arts martiaux' (cf. 'Chopsaki') rythmé par quelques percussions électroniques (l'occasion aussi pour Randy Edelman de rendre hommage au style de certaines musiques accompagnant d'anciens films asiatiques de Bruce Lee). Dans 'Lee Hoi Chuen's Love', Edelman dévoile un troisième thème plus intime et nostalgique qui deviendra par la suite le 'Love Theme' évoquant la romance entre Bruce et Linda, et que l'on apprécie par son côté tendre avec son mélange cordes/vents/piano (et les synthés chers à Edelman en arrière-fond sonore). Mais c'est évidemment le fameux thème solennel et triomphant de 'Bruce and Linda' qui domine ici l'ensemble de la partition, le thème ayant d'ailleurs été réutilisé à plusieurs reprises dans certaines bande-annonces de film (on pourra par exemple citer celle de 'Forrest Gump' de Robert Zemeckis). A travers le thème mémorable de 'Bruce and Linda', Edelman évoque la détermination et le triomphe des idéaux d'un homme qui souhaitait accomplir ses rêves dans un pays où il eut bien du mal à se faire accepter.

Les parties illustrant les combats sont sans aucun doute les points faibles du score, car sans grand relief et sans grande efficacité. 'The Challenge Fight Warm-Up' accompagne ainsi la violente scène du duel avec quelques percussions électroniques et des synthés un peu 'cheap' et fort regrettable. On aurait par exemple préféré que le compositeur mise plus sur une écriture orchestrale plus soutenue et plus approfondie au lieu d'user ainsi des synthétiseurs brouillons qui plombent un peu la scène avec un côté 'musique de série-B à petit budget' pas vraiment intéressant dans la scène. Heureusement, le brutal et sombre 'Fighting Demons' se veut déjà plus efficace, accompagnant la séquence où Bruce Lee affronte le démon qui le persécute vers la fin du film. En dehors de ces passages atmosphériques plus sombres et électroniques, l'essentiel de la partition de 'Dragon: The Bruce Lee Story' s'oriente bien évidemment autour des thèmes majeurs de la partition, que ce soit le triomphant thème solennel du grandiose 'The Premiere of The Big Boss' (scène du triomphe public lors de la première mondiale de 'The Big Boss', l'un des films-clé de Bruce Lee tourné à Hong-Kong) ou l'excellent thème du Dragon dans la conclusion grandiose de 'The Dragon's Heartbeat', véritable hommage de plus de 5 minutes rendu au célèbre acteur. On appréciera aussi les passages plus intimistes liés à la vie de famille de Lee comme la jolie reprise du 'Love Theme' dans 'Brandon' (naissance de Brandon Lee, fameux fils de Bruce Lee, qui décédera à son tour de manière accidentelle lors du tournage du film 'The Crow' en 1994, ce qui donna naissance à une théorie au sujet d'une certaine malédiction sur la famille Lee) ou le sympathique slow jazzy de 'First Date'.

La musique de 'Dragon: The Bruce Lee Story' est, à l'instar du film de Rob Cohen (qu'elle accompagne à merveille), un bien bel hommage rendu au légendaire Bruce Lee, écrite par un compositeur qui nourrit un goût sûr pour les thèmes simples et mémorables, à l'émotion souvent facile mais toujours très efficace à l'écran. A l'écoute de 'The Dragon's Heartbeat', difficile de ne pas ressentir toute la passion et la force qui anima Bruce Lee durant toute sa vie. La partition dans sa globalité évoque bien ce mélange d'émotion, de passion, de romance et d'inquiétude suggérée par le film de Rob Cohen et que le compositeur a su retranscrire dans sa globalité. Reste qu'Edelman utilise de manière un peu trop répétitive les mêmes thèmes et finit par rendre sa musique lassante à l'écoute, faute d'une alternative musicale plus solide (harmonies simplistes, contrepoint souvent inexistant, etc.). Vous l'aurez donc compris, 'Dragon' est une partition parfaitement adaptée au sujet mais qui pêche par les limites du style musical de Randy Edelman, un score mémorable à réserver néanmoins en priorité aux fans du compositeur. Reste que, pour beaucoup de béophiles, 'Dragon: The Bruce Lee Story' fait partie des meilleurs scores du compositeur, sans pour autant pouvoir prétendre au statut de chef-d'oeuvre impérissable!


---Quentin Billard