1-Main Title 4.54
2-First Lesson 3.15
3-Losing Virgil 4.10
4-Learning To Fly 3.02
5-The Plea 1.03
6-New Friends 5.48
7-Student Pilots 5.00
8-Bluebeard's Flight 6.13
9-Ghost Call 4.09
10-The Rescue 6.00
11-The Tower 6.02
12-Chimp Rumble 5.48
13-Chain Reaction 4.36
14-The Escape 4.12
15-Flying 4.28
16-End Credits 6.09

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Varèse Sarabande CD Club
VCL 1101 1002

Edition limitée à
3000 exemplaires
Album produit par:
Nick Redman
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteurs de la musique:
Kenneth Wannberg,
Tom Carlson

Directeur du soundtrack pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh

Artwork and pictures (c) 2001 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
PROJECT X
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Petit film sans surprise signé Jonathan Kaplan, 'Project X' évoque le parcours du jeune Jimmy Garrett (Matthew Broderick), fils d'aviateur qui rêve de faire carrière dans l'U.S. Air Force mais qui, après avoir volé un avion en compagnie d'une jeune femme, se retrouve démobilisé et affecté au centre expérimental de Lockridge en Floride. Là-bas, des scientifiques mènent différents tests sur des animaux afin d'aider à améliorer la condition des aviateurs de l'U.S. Air Force au cours des combats, classé sous le nom de Projet X. Le nouveau job de Garrett est simple: il doit s'occuper de garder des singes qui sont formés aux techniques de pilotage. A première vue, le boulot peut paraître étrange, mais pourtant, Jimmy va très vite s'y faire et va s'attacher à Virgil, le petit singe qui est vite devenu son nouvel ami, et qui se montre particulièrement doué pour le langage des signes, ce qui lui permet de communiquer aisément avec Jimmy. Arrive alors le jour où Garrett découvre enfin ce que l'armée fait lorsque les singes passent au niveau supérieur des tests: une simulation de pilotage durant laquelle le singe reçoit une radiation mortelle afin de pouvoir tester la capacité d'un être vivant à continuer à voler en cas d'irradiation ou d'attaque nucléaire. Tôt ou tard, les singes sont condamnés à mourir dès suite de leur exposition aux radiations. Ecoeuré, Jimmy ne peut se résoudre à laisser faire ça et va très vite réagir. En lisant dans le dossier de Virgil, il découvre que le singe appartenait auparavant à une chercheuse nommée Teresa McDonald (Helen Hunt) et prend contact avec la jeune femme pour lui exposer brièvement le problème de Virgil. Bien décidé à sauver les singes, Jimmy va risquer sa carrière et ses futures chances de redevenir aviateur en faisant s'échapper le singe et ses compagnons.

'Project X' est un énième film sur l'amitié entre un homme et un animal, doublé ici d'un thème écologique sur la protection des animaux condamnés à servir de cobaye dans des laboratoires. Matthew Broderick est le héros de ce petit film sans prétention, un Broderick encore bien jeune à l'époque (25 ans), qui se retrouve rejoint plus tard par une Helen Hunt elle aussi jeunette à l'époque du film (24 ans) et encore peu connue à l'époque. 'Project X' s'inspire donc d'une réalité - celle des animaux servant de cobayes pour la recherche scientifique - et aboutit à un mélange comédie dramatique limite film familial, entre sourire et larme. On ne peut par exemple s'empêcher d'être ému par les scènes où Jimmy comprend quel avenir attend les singes. Sans originalité particulière et malgré une fin plutôt nunuche et guère crédible (le coup du type qui s'enfuit avec l'animal qu'il veut sauver, pourchassé par l'armée est assez similaire au 'E.T.' de Spielberg), 'Project X' est un petit film modeste et sans prétention qui se laisse apprécier sans grande difficulté.

A l'époque où il compose la musique de 'Project X', James Horner s'était déjà largement fait connaître grâce à ses travaux pour 'Star Trek II', 'Krull', 'Aliens' ou bien encore 'An American Tail'. Son travail sur 'Project X' fait partie de ses scores de la fin des années 80 généralement assez appréciés, même si aujourd'hui le public béophile semble avoir oublié ce petit score composé par Horner en 1987 pour le film de Jonathan Kaplan. Le score de 'Project X' nous permet de retrouver toutes les recettes habituelles du compositeur à cette époque: thème lyrique émouvant, percussions et flûtes exotiques, synthétiseur, rythmiques électroniques héritées de 'Commando' et '48 Hours', morceaux d'action à la 'Aliens', rien n'y manque, si ce n'est un soupçon d'originalité, car si la musique est parfaite dans le film, le contenu musical n'est guère du même ordre, le principal problème venant du fait qu'Horner continue de recycler comme à l'accoutumée. On retrouve plus particulièrement dans 'Project X' de nombreux emprunts à 'Aliens', et plus particulièrement au thème du 'Main Titles', très présent vers le milieu du film, alors que le thème en question était déjà pourtant emprunté à l'origine à l'Adagio du ballet 'Gayaneh' de Katchaturian. Une fois encore, on est en droit de s'interroger sur la réelle honnêteté du discours musical de James Horner. Toujours est-il que le résultat est tout à fait satisfaisant à l'écran.

Le principal défi du compositeur était de réussir à capturer dans sa musique le côté à la fois comédie et drame du film, mélangeant ainsi des éléments intimistes et légers avec des passages plus sombres et massifs, le tout enveloppé dans une unité stylistique et thématique forte. Comme d'habitude, le compositeur s'en tire haut la main. Ainsi, le 'Main Titles' introduit les sonorités exotiques du score à l'aide d'une flûte de pan et d'une shakuhachi japonaise (une marque de fabrique du compositeur) avec quelques percussions exotiques, quelques rythmiques électroniques et le reste de l'orchestre traditionnel (à noter l'importance des cors dans la partie mélodique) avec une guitare. 'First Lesson' illustre alors les scènes où Virgil reçoit ses premières leçons de la jeune Teresa, ce qui permet à Horner de dévoiler lentement mais sûrement le très joli thème principal joué ici par une flûte avec cordes, vents et guitare, thème qui sera associé par la suite à l'amitié entre Jimmy et Virgil. D'une ambiance totalement différente, 'Losing Virgil' nous permet de retrouver le Horner des synthés très années 80 hérités de '48 Hours', 'Gorky Park' et 'Commando'. C'est d'ailleurs ici très clairement 'Commando' qui a servi de source d'inspiration au compositeur puisqu'il reprend dans 'Losing Virgil' les mêmes rythmiques électroniques modernes (avec la batterie à la 'Gorky Park'), accompagné de la shakuhachi et de l'orchestre. Difficile alors de croire que le morceau n'est pas repiqué de 'Commando' tant la ressemblance est frappante. Le morceau accompagne sur un ton plus sombre la scène où Virgil est amené au centre expérimental de Lockridge.

'Learning To Fly' illustre les premières scènes de test de pilotage pour Virgil, Horner s'amusant au passage à dévoiler la scène du test de pilotage sur un ton plutôt léger et sautillant (vents, pizzicati et même utilisation d'une sorte de son d'accordéon synthétique un peu bizarre, etc.) avant que le morceau ne vire dans un style plus majestueux (très proche de 'Cocoon'), qui évoque l'intelligence du singe et son désir de liberté, d'évasion à travers le vol. Horner s'amuse même à écrire quelques passages plus enjoués et dynamiques comme 'New Friends' ou 'Student Pilots', évoquant la malice et la fougue des singes, avec percussions exotiques, flûtes et l'orchestre dans un style plus exubérant et parfois même assez inventif, Horner retranscrivant alors toute la première partie 'comédie' du film, peu avant que les choses commencent à se gâter. Entre temps, le compositeur aura commencé à entamer un excellent travail de développement du thème principal qui deviendra omniprésent. A noter l'utilisation d'un motif plus rythmique et mystérieux du piano, que l'on entend lorsqu'il est question des tests et du centre expérimental de Lockridge (le genre de motif passe-partout que l'on a déjà l'impression d'avoir entendu des centaines de fois), tout en continuant à développer l'utilisation des flûtes exotiques toujours associées aux singes et leurs origines africaines - ce qui n'est qu'un prétexte facile pour Horner de nous ressortir ses flûtes ethniques dont il raffole tant à l'accoutumée.

C'est avec 'Bluebeard's Flight' que l'on entre dans la seconde partie du film avec une partie musicale nettement plus sombre et agitée. C'est durant la scène du vol du singe Bluebeard (irradié à la fin du test) qu'Horner nous dévoile de manière tout à fait inattendue le thème de 'Aliens' repiqué de Katchaturian, exposé ici par un contrepoint de cordes tourmentées reproduit à l'identique sur le 'Main Titles' de 'Aliens'. On peut ainsi douter de la réelle utilité de cet emprunt pas franchement indispensable, d'autant que, comme si cela ne suffisait pas, Horner nous refait entendre son bon vieux motif de 4 notes (repiqué du tout début de la première symphonie de Rachmaninov) indissociable de nombreuses oeuvres d'Horner telles que 'Willow', 'Brainstorm', 'Star Trek II', 'The Mask of Zorro', 'Enemy at The Gates', etc. Le motif de trompettes de 4 notes est ici associé au danger qui pèse sur les singes et qui suggère un avenir bien sombre pour ces animaux. Dans 'Ghost Call', Horner nous propose une brève reprise du thème aux cordes avec les flûtes exotiques liées aux singes, mais l'on repart très vite vers un style plus sombre pour 'Rescue' lors de la scène où Jimmy et Teresa aident Virgil et ses compagnons à s'échapper du complexe scientifique. Ce long morceau d'action de plus de 6 minutes permet ainsi au compositeur de développer son thème et son matériau d'action à l'aide de percussions solides incluant les tambours africains et les percussions métalliques à la 'Aliens' avec un solide travail autour des rythmes évoquant la vivacité et la détermination des singes. La scène où les singes saccagent le laboratoire est ainsi accompagnée par le frénétique 'Chimp Rumble' dominé par les percussions africaines sur un rythme dansant avec cors à la 'Willow', trombones frénétiques, trompettes dissonantes, shakuhachi électrisantes et cordes survoltées (sans oublier un retour du motif de piano lié au complexe scientifique), le tout illustrant le chaos de la séquence sur un ton fantaisiste du plus bel effet. A noter que 'Chimp Rumble' servira plus tard de source d'inspiration pour Horner dans 'Honey I Shrunk The Kids'. On appréciera en tant que la spontanéité et la qualité de ces morceaux d'action parfait dans l'atmosphère du film de Jonathan Kaplan, preuve que malgré ses nombreux défauts, Horner sait toujours mener à bien son travail et offrir de bons résultats pour les films qu'il met en musique.

Horner s'autorise même un bref passage du côté du célèbre 'Bishop's Countdown' de 'Aliens' dans 'The Escape', où le compositeur n'hésite pas à reprendre des segments des cuivres rythmiques entiers du morceau-clé d'Aliens pour la scène où Virgil et Teresa s'échappent du complexe avec les singes, ce morceau d'action installant un certain climat d'urgence dans la séquence, Horner nous réservant un happy-end plus heureux dans le majestueux 'Flying' pour une superbe envolée aérienne du thème principal lorsque les singes s'envolent à bord de l'avion, aboutissant à l'excellent 'End Credits' reprenant les sonorités électroniques fantaisistes de la scène des premiers tests de pilotage (avec un son proche du 'Planet of The Apes' de Jerry Goldsmith - on sait tous à quel point Horner s'est souvent inspiré de Goldsmith à ses débuts - cf. son score pour 'Deadly Blessing' de Wes Craven!) et une dernière reprise de l'excellent thème principal, concluant en beauté ce très sympathique score de Horner. La conclusion vient donc d'elle-même: si vous êtes fans du James Horner des années 80, il ne fait nul doute que 'Project X' fera partie de vos scores de référence aux côtés de 'An American Tail', 'Willow' ou 'The Land Before Time'. En revanche, si vous avez du mal avec les emprunts habituels et pas très sincères d'Horner, 'Project X' s'avèrera être une déception supplémentaire qui montrait déjà les limites que s'était déjà fixé le compositeur à la fin des années 80, toujours obsédé par son envie de recycler ses matériaux préexistants jusqu'à obtenir une version condensée parfaite (jusqu'à épuisement du filon en somme). Chacun pourra ainsi trancher sur la question. Reste que 'Project X' est un très sympathique score d'aventure/comédie de James Horner, une partition orchestrale entraînante, fraîche et émouvante, qui contient des moments de fantaisie très inventifs et un excellent thème principal comme Horner les affectionne tant.


---Quentin Billard