1-Main Title 2.16
2-Teaching Montage 2.38
3-Hundert Remembers 2.39
4-Quiz Montage 2.20
5-The Big Test 1.24
6-Hundert Quits 2.56
7-25 Years Later 2.29
8-Elizabeth 1.29
9-Sedgewick's Father 1.20
10-Confronting Sedgewick 2.08
11-Hundert Comes Clean 2.41
12-The Toast 2.36
13-Young Martin Blythe 2.16

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6424

Produit par:
James Newton Howard,
Jim Weidman

Producteur exécutif:
Robert Townson
Chargés de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield
Music Business Affairs
pour Universal Pictures:
Philip Cohen
Score électronique produit par:
James T. Hill
Supervision du montage:
Jim Weidman
Montage de la musique:
David Olson

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2002 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***
THE EMPEROR'S CLUB
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Dans un style proche du célèbre 'Dead Poets Society' (Le cercle des poètes disparus), film référence de Peter Weir, 'The Emperor's Club' (Le club des empereurs) raconte l'histoire d'un professeur dans un prestigieux lycée pour jeunes garçons qui tente d'éduquer des valeurs à ses jeunes étudiants aisés, tout en essayant de former leur caractère. William Hundert (Kevin Kline) croit dur comme ferme aux enjeux de son cours sur la civilisation antique grecque et romaine, qu'il enseigne au lycée St Benedict où il occupe aussi le poste de Proviseur adjoint. Dans sa classe se trouvent des jeunes gens destinés pour la plupart à devenir de futurs sénateurs et hommes politiques de premier plan. C'est pour quoi le professeur met un point d'honneur à sensibiliser ses élèves aux notions d'honneur, de moralité, de sagesse, d'éthique, etc. Ainsi, en chaque début d'année, il pose sa traditionnelle question d'usage: "qu'allez vous faire de vos vies?", obligeant ses élèves à s'interroger sur la voie qu'ils vont suivre dans le futur. Toujours selon Hundert, avoir l'ambition du pouvoir ou commander sans contribuer à l'humanité n'amène à rien. Pour lui, il est impératif de réagir contre le fait qui veut que l'époque moderne rejette toutes les valeurs qu'il défend encore fièrement, prenant l'exemple des grands grecs qui ont laissés leur trace dans l'Histoire en contribuant d'une manière ou d'une autre à faire évoluer l'humanité (Socrate, Platon, Aristote, etc.). C'est alors qu'arrive un jour dans sa classe Sedgewick Bell (Emile Hirsch), le fils d'un sénateur américain particulièrement influent. Sedgewick s'impose très vite comme un jeune garçon rebelle défiant l'autorité d'Hundert et bafouant les règles du prestigieux établissement. Avec son charisme et son charme naturel, Sedgewick devient très vite l'idole des élèves. Pourtan, Hundert est persuadé qu'il y a un véritable potentiel en lui qu'il peut exploiter à condition que le jeune garçon accepte de s'en donner les moyens. Mais le professeur se heurte très rapidement à l'incompréhension de son père, qui refuse que l'enseignant forme le caractère de son fils. Las de devoir sans cesse affronter le jeune garçon, Hundert va dorénavant devoir faire des compromis, remettant pour la première fois de sa vie en cause certains de ses principes.

'The Emperor's Club' aurait pu être une pale copie de 'Dead Poets Society' si le réalisateur Michael Hoffman n'avait pas apporté une dimension sociale et morale intéressante et complexe dans ce film. Inspiré d'un roman de l'écrivain Ethan Canin, 'The Emperor's Club' tourne autour du personnage interprété par Kevin Kline, superbe dans la peau de ce professeur idéaliste persuadé qu'il peut façonner le caractère de tous ses élèves et faire d'eux de futurs citoyens/hommes politiques responsables et attentif aux notions d'éthique et de morale. A travers ses réflexions, William Hundert pose ainsi la sempiternelle question qui nous concerne tous à un moment donné de notre vie: est-il préférable de réussir notre vie ou de réussir dans notre vie? La question peut paraître anodine, mais elle s'avère pourtant être lourde de sens et pas forcément aisée à répondre. Mais l'intrigue liée à la confrontation entre Hundert et Sedgewick nous rappelle avec une certaine facilité que notre époque d'aujourd'hui n'est plus aux idéaux stéréotypés et quasiment obsolètes que défend Hundert dans ses cours, trop souvent jugés passéistes. Pour Hundert, le fait de n'avoir jamais réussi à faire de Sedgewick un homme juste et soucieux d'une certaine éthique de vie est un cuisant constat d'échec, un échec auquel tout enseignant à du un jour ou l'autre faire face dans sa carrière. Ainsi, 'The Emperor's Club' est aussi une réflexion sur l'enseignement et ses enjeux dans la formation de futurs citoyens, une dimension civique à laquelle participent toutes les disciplines du second degrés et même bien après (ici, il s'agit d'un lycée pour jeunes garçons aisés). On appréciera le fait que le film de Michael Hoffman joue entre deux tableaux et évite les happy-ends conventionnels - Hundert aura fait des choix qui le hanteront toute sa vie, considérant qu'il aura ainsi échoué dans sa mission d'enseignant - nous rappelant au passage qu'enseigner n'est décidément pas un métier facile. Un très bon film, en somme!

Pour James Newton Howard, 'The Emperor's Club' représente sa cinquième collaboration à un film de Michael Hoffman après 'Promised Land' (1987), 'Some Girls' (1988), 'Restoration' (1995) et 'One Fine Day' (1996). Pour 'The Emperor's Club', JNH nous ressort son style comédie habituel pour une partition orchestrale sans surprise et qui n'attirera certainement pas les foules. La musique de JNH évoque ici le parcours du professeur au sein du lycée St Benedict, tout en illustrant avec un côté souvent majestueux et solennel ses enseignements et l'évolution de ses élèves, le tout alternante avec une autre facette plus légère et intimiste typique du James Newton Howard des comédies. Dès le traditionnel 'Main Title', on navigue ainsi en terrain connu. A la fois majestueuse et légère, l'introduction nous renvoie très clairement au début de 'Dave', autre score comédie incontournable du compositeur, duquel on retrouve le même genre d'orchestration (parties mélodiques aux cors, vents légers et aériens, cordes souvent mélodiques, etc.) et les harmonies typiques du compositeur, fruit d'une certaine expérience dans la musique de comédie. Cordes, vents et cors créent une ambiance plutôt paisible et majestueuse pour introduire cette énième variante sur le thème de la relation enseignant/élève. JNH en profite par la même occasion pour nous dévoiler le côté plus solennel associé au prestigieux lycée St Benedict, un axe majeur du score de 'The Emperor's Club', et qui sera véhiculé par la suite par un thème majestueux tout à fait reconnaissable et agréable dans le film.

'Teaching Montage' illustre les scènes de cours d'Hundert avec un certain entrain orchestral basé ici sur un petit ostinato mélodique de piano accompagnant le montage des premières scènes de cours. Vents légers, cordes souples, cors majestueux, petites rythmiques légères, ostinato mélodique déterminé, tout est fait ici pour nous faire ressentir la conviction d'Hundert et l'impact positif de son enseignement sur ses élèves. On alterne ainsi ce genre de passages enjoués avec des morceaux plus intimistes comme le nostalgique 'Hundert Remembers' qui semble lui aussi sortie tout droit de 'Dave' voire 'Junior', où l'on retrouve une même douceur orchestrale jouant ici la carte de la nostalgie (Hundert se souvient de son passé au lycée), le morceau dévoilant au passage le thème de Hundert. Puis, très vite, on retrouve le style plus rythmé et dynamique du début dans 'Quiz Montage' qui réutilise le style de 'Teaching Montage' avec un côté très solennel pour la scène du prestigieux concours de Mr. Jules César. On notera l'utilisation de la guitare utilisée principalement comme instrument accompagnateur dans les passages plus enjoués et majestueux. 'The Big Test' est lui aussi typique du côté plus intimiste et introspectif de la partition de 'The Emperor's Club' avec ses vents plus nuancés et sa guitare discrète (scène où Hundert comprend que Sedgewick triche durant le concours de Mr. Jules César).

Le transitionnel et nostalgique 'Hundert Quits' nous permet de retrouver un style plus solennel et majestueux dans '25 Years Later' qui, comme son titre l'indique, nous propulse dans l'histoire, 25 ans plus tard, lorsque Hundert retrouve tous ses anciens élèves. Le thème du professeur est ici réexposé majestueusement aux cordes et aux vents, avec une guitare en accompagnement (on notera d'abord une brève et jolie introduction du thème au violon, censé évoquer le raffinement de la pensée du personnage - à noter que le violon est interprété ici par Stuart Canin, qui se trouve être le père d'Ethan Canin, l'auteur du livre dont est adapté le film de Michael Hoffman). Une fois encore, on ressent toute la détermination et le côté idéaliste du personnage à travers ce thème majestueux guère original mais tout à fait appréciable, et que JNH se plaît à développer durant certaines scènes-clé du film. S'il s'autorise des aller-retours permanent entre passages rythmés/majestueux/solennels et pièces intimistes et douces comme 'Elizabeth' (compagne d'Hundert, interprétée dans le film par Embeth Davidtz), c'est pour mieux retranscrire le côté à la fois léger et sérieux du film qui, malgré son aspect comédie très hollywoodienne, cache quelques éléments de réflexion fondamentaux sur la pensée, l'éthique, les idéaux, etc. 'Hundert Comes Clean' paraît plus apaisé, lorsque le professeur a retrouvé ses anciens élèves. On notera ici le mélange cordes/vents/guitare/violon qui contribue à créer une atmosphère plus sereine mais jamais dénuée d'une certaine nostalgie qui pourrait ainsi évoquer à la fois les souvenirs de l'enseignant et ses regrets par rapport à certains mauvais choix fait dans le passé. On notera une très belle reprise du thème d'Hundert au piano dans 'The Toast' pour la scène du toast avec tous les anciens élèves de l'enseignant, un moment plus émouvant parfaitement mis en musique par James Newton Howard avec une certaine retenue intimiste typique du compositeur, qui conclut la partition sur une touche plus majestueuse et optimiste dans 'Young Martin Blythe' où revient une dernière fois le sympathique thème de William Hundert.

Score de comédie sans originalité particulière, 'The Emperor's Club' accompagne à merveille le film de Michael Hoffman à défaut de lui apporter un petit plus particulier. Salué récemment pour quelques partitions majeures qui ont prouvé à tous l'immensité de son talent de compositeur, James Newton Howard n'a pas débordé d'imagination sur 'The Emperor's Club'. Qu'à cela ne tienne, le compositeur nous livre néanmoins un sympathique produit fini où se reflète tout le professionnalisme du compositeur et son talent pour écrire des musiques de comédies à la fois légères, belles, sérieuses et entraînantes. Sans être une des meilleures partitions comédie de James Newton Howard, 'The Emperor's Club' confirme malgré tout que James Newton Howard est toujours dans la course et qu'il reste une valeur sure à Hollywood, même sur des projets moins ambitieux qui nécessitent une partition nettement plus conventionnelle et moins inspirée. Mais ne crachons pas dans la soupe, car ce serait certainement un tort de rabaisser le sympathique score de 'The Emperor's Club' au rang des partitions sans intérêt de JNH. Comme chez tous les compositeurs, il y a simplement des hauts et des bas, et des partitions mineures souvent écrites après une série de scores grandement mémorables, mais force est de constater que James Newton Howard continue toujours de se maintenir avec une rigueur et une ambition qui incite le respect.


---Quentin Billard