1-An Older Life 1.54
2-The Waves of
The Caspian Sea 4.00
3-Old Photos,
New Memories 3.23
4-"This Is No Longer
Your House" 3.34
5-Two People 3.49
6-Kathy's Night 2.18
7-Parallel Lives,
Parallel Loves 5.22
8-Behrani's Thoughts
-Long Ago 4.49
9-Break-In 2.34
10-The Dreams of Kings 6.58
11-The Shooting, A Payment
For Our Sins 15.18
12-"We Have Travelled So Far,
It Is Time To Return To
Our Path 9.05
13-A Return To The
Caspian, And To Iran of Gold 6.37

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6532

Album produit par:
Simon Rhodes, James Horner
Supervision montage:
Jim Henrikson
Monteur de la musique:
Ramiro Belgardt
Programmation synthétiseur:
Ian Underwood, Randy Kerber
Directeur pour
Varèse Sarabande Records:
Robert Townson
Chargé de la musique pour
Dreamworks Pictures:
Todd Homme

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2003 DreamWorks L.L.C. All rights reserved.

Note: ***
HOUSE OF SAND AND FOG
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
'House of Sand and Fog' est un drame déchirant particulièrement sombre et poignant, adapté du roman homonyme d'Andre Dubus III. Il faut savoir qu'à l'origine, le romancier a reçu près d'une centaine de proposition d'Hollywood en vue d'une adaptation de son oeuvre au cinéma. C'est finalement Vadim Perelman, réalisateur ukrainien, qui signe ici son tout premier long-métrage pour le cinéma américain en adaptant à l'écran le sombre et très attendu 'House of Sand and Fog'. Tout commence lorsque Kathy Nicolo (Jennifer Connelly), une jeune femme de ménage divorcée et solitaire, se retrouve expulsée de chez elle à la suite d'une série d'erreurs administratives. Menacée par de graves difficultés financières, Kathy n'a plus aucun toit où s'abriter, obligée de quitter la maison que lui a léguée son père il y a bien longtemps. Peu de temps après, la maison est rachetée à un prix ridicule par l'ex-colonel Massoud Amir Behrani (Ben Kingsley), un émigré iranien venu s'installer avec sa femme et son jeune fils aux Etats-Unis pour vivre le rêve américain. Excédée, Kathy va devoir affronter Behrani pour réclamer qu'on lui rende sa maison, mais l'ancien colonel à la retraite refuse catégoriquement en précisant qu'il a acqui tout à fait légalement la maison de Kathy. Cette dernière, commençant à sombrer dangereusement dans l'alcool, s'obstine, avec l'aide de Lester (Ron Eldard), un policier qui s'est pris de pitié pour elle et son histoire tragique. Mais cette obstination fera basculer les deux antagonistes et leurs proches dans le drame.

Si vous aimez les histoires légères et les scénarios plein d'humour et d'entrain, passez votre chemin, car 'House of Sand and Fog' est tout l'inverse de cela! Drame particulièrement sombre et poignant, 'House of Sand and Fog' est un film pessimiste, un film noir qui s'interroge au passage sur les méfaits engendrés par les illusions du rêve américain incarnés par Massoud et sa famille et l'incompréhension parfois très difficile qui existe entre des américains de cultures différentes dans le pays de l'oncle Sam. Ici, il n'y a ni bon ni mauvais, et le réalisateur se refuse à juste titre de prendre parti pour l'un ou pour l'autre. C'est ce qui fait la grande force de ce film hors des sentiers battus et très éloigné des conventions hollywoodiennes, car ni Kathy ni Massoud ne possèdent la vérité. Pas de bon, pas de méchant, juste des êtres humains qui revendiquent leur droit de vivre, symbolisé ici par la maison, source d'un conflit dramatique entre les deux individus. En ce sens, la charmante maison de Kathy pourrait même se voir comme une sorte d'allégorie de ce rêve américain qu'est venu chercher Massoud et sa famille en s'exilant d'Iran pour s'installer aux USA. Vadim Perelman en profite ainsi pour montrer les difficultés que vivent parfois certains émigrés pour s'intégrer dans la communauté américaine. C'est pour cette raison que, même si Behrani a récupéré la maison de Kathy, il ne peut en aucun être vu comme le grand méchant de l'histoire, car en plus d'avoir acquis légalement la maison, il cherche lui aussi à avoir une meilleure vie, comme Kathy. A noter pour finir que Jennifer Connelly et Ben Kingsley forment un duo émotionnellement fort dans le film, la craquante Jennifer Connelly en profitant au passage pour confirmer son goût pour les rôles tragiques et difficiles tandis que le charismatique Ben Kingsley continue de surprendre par la qualité exceptionnel de son jeu d'acteur. Pour le reste, Vadim Perelman signe un film inspiré et spontané, pas du tout hollywoodien pour un sou, un drame tragique (trop peut-être, à en croire la réaction de certains spectateurs qui reprochent parfois le côté 'gratuit' de toute cette tragédie) qui évoque des sujets graves sur fond d'affrontement dramatique et sans merci autour d'une maison. Un film rare et poignant salué par trois nominations aux oscars 2004, à découvrir absolument!

'House of Sand and Fog' est le genre de projet sur lequel on ne pouvait qu'attendre James Horner, éternel habitué des drames et des films guère enclins à la plaisanterie et à la légèreté. La musique de Horner sur 'House of Sand and Fog' surprend à la première écoute par une recherche d'harmonies plutôt intéressante et un ton résolument froid renforcé par le fait qu'Horner a décidé d'utiliser en grande partie des synthétiseurs qui constituent au moins 80% de la musique. La musique adopte un ton psychologique empreint d'une certaine morosité et une amertume qui sied à merveille à l'ambiance sombre du film de Perelman. Pour se faire, le compositeur utilise essentiellement le piano et les cordes du synthé, et ce dès l'introduction du score et du film dans 'An Older Life' (souvenirs de Behrani lorsqu'il était en Iran). On notera ici le caractère atmosphérique et lent de cette introduction, qui représente très bien l'ambiance musicale de 'House of Sand and Fog'. Si vous appréhendez le fait qu'Horner risque une fois encore de se laisser aller à ses habituels pêchés mignons (reprendre des motifs ou des passages de certains de ses scores préexistants), soyez immédiatement rassuré: 'House of Sand and Fog' est un score totalement dénué de toute imitation ou de copie d'éléments préexistants, Horner ayant adopté pour un ton plus froid et plus nuancé que ce qu'il fait habituellement pour ce type de film. En ce sens, c'est là l'un des premiers atouts de ce score, qui possède une certaine personnalité et évite les habituelles redites du compositeur, au grand soulagement d'un public béophile qui commençait à ne plus trop croire au talent du compositeur (surtout après quelques faux-pas comme 'Enemy at The Gates' ou 'Windtalkers').

'Old Photos, New Memories' permet à Horner d'introduire et de développer un thème de piano empreint d'une certaine tristesse, avec, au passage, quelques harmonies intéressantes qui dégagent un certain parfum de mystère, le thème étant ici associé à Behrani et les difficultés de sa famille. Pour les besoins du film, le compositeur a volontairement restreint ses orchestrations, n'utilisant que les cordes et le piano (le tout très souvent au synthé) avec une partie plus orchestrale et élégiaque pour la fin du film. On notera un petit motif de synthé plus sombre dans 'This Is No Longer Your House', qui est clairement associé ici à la confrontation entre Massoud et Kathy autour de la maison de cette dernière. Une fois encore, le piano et les cordes restent très présent, créant un certain climat sonore toujours assez froid et statique durant une bonne partie du film. Plus intéressant, 'Two People' est confié à un piano solitaire qui impose ici un climat à la fois triste et introspectif pour évoquer le désespoir grandissant de Kathy et les problèmes de Massoud, le tout illustré avec une certaine retenue minimaliste et émouvante (point d'envolée orchestrale lyrique ici, on est loin de tout cela!). Dans 'Kathy's Night', Horner prolonge cette ambiance retenue avec cordes/synthé/piano basé ici sur des accords de synthé qui ne changent pratiquement pas et imposent un statisme jusqu'au bout des 2 minutes 18 de la pièce. C'est cette atmosphère musicale statique récurrente dans la première partie du film qui attire ici notre attention, preuve qu'Horner ait encore capable d'avoir des idées intéressantes et éloignées de ce qu'il a pu faire auparavant.

'Behrani's Thoughts - Long Ago' continue de développer l'ambiance toute en retenue de 'Kathy's Night' avec ces sonorités électroniques atmosphériques et ces accords de piano qui impose une certaine tristesse subtile et statique, sans aucun effet larmoyant facile. Ceci pourrait ainsi s'expliquer par le simple fait que cette musique, qui accompagne alors les pensées moroses de Behrani, est censée illustrer le personnage de Ben Kingsley, qui cache ici ses tourments derrière une apparence plutôt fière et stoïque, d'où le côté à la fois triste et statique de la musique. Plus tendu, 'The Break-In' commence à nous rapprocher du drame final avec des cordes agitées et du synthé lorsque Lester s'introduit chez Behrani et force ce dernier à revendre la maison à Kathy, comme dans le sombre et dramatique 'The Shooting, A Payment For Our Sins' qui dévoile la partie orchestrale pour une longue montée dramatique typique de Horner, aboutissant à la mort de l'un des personnages du film (voyez le film, vous comprendrez). Idem pour 'We Have Travelled So Far, It Is Time To Return To Our Path' et sa mélodie de piano empreinte d'une certaine mélancolie et de quelques cordes pour un final tragique, jouant une fois de plus sur une certaine retenue même si l'orchestre se veut ici plus présent et plus affirmé (il s'agit aussi d'accentuer le caractère tragique de cette fin), comme dans 'A Return To The Caspian, and To The Iran of Gold' qui déçoit un peu plus par son caractère tout à fait quelconque, retombant dans du Horner dramatique basique que l'on a déjà entendu des centaines de fois (cf. utilisation des cloches et des basses du piano pour les montées de cordes, etc.).

James Horner a ainsi voulu évoquer à la fois les tourments et les souffrances de Kathy et Massoud, sans jamais prendre parti musicalement l'un pour l'autre, comme l'a fait Vadim Perelman dans son très beau film. La musique de 'House of Sand and Fog' joue donc sur une certaine retenue et une froideur qui impose un climat psychologique assez pesant tout au long du film. Evidemment, le caractère retenu de la musique pourra parfois donner l'impression que le score d'Horner manque un peu d'ambition et de relief, mais c'est pour mieux surprendre par d'autres éléments comme l'utilisation assez originale du synthé ici (qui reste discret tout en étant très présent, parmi le son des cordes notamment) et une certaine recherche d'harmonie intéressante dans la première partie du score, la seconde partie étant déjà nettement moins intéressante mais plus orchestrale et un peu moins statique. Sorti hors du contexte du film, la musique de Horner survit difficilement (comme la plupart des musiques de film, même si, contrairement à ce que certains croient, c'est loin d'être une généralité!) tant le compositeur a cherché à accentuer ici le caractère lent, psychologique et atmosphérique de sa musique. Du coup, ne vous attendez pas à retrouver ici un 'Beautiful Mind' ou un 'Bicentennial Man', car on est très loin de ce genre d'ambiances dans 'House of Sand and Fog'. Même si ce score ne marquera certainement pas les annales, on ne peut néanmoins qu'apprécier l'effort sincère du compositeur pour avoir suivi une démarche plus honnête, totalement assainie de ses repiquages habituels d'éléments de ses anciens scores. Si le compositeur continue de suivre cette voie-là, il se pourrait bien qu'il retrouve la côte auprès du public béophile et que le fossé qui sépare ses fans de ses (très nombreux) détracteurs commence enfin à rétrécir. Il ne reste plus qu'à croiser les doigts et à patienter pour de futures oeuvres du compositeur!


---Quentin Billard