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1-Overture 2.09
2-Tabla 3.00 3-Punch-Drunk Melody 1.43 4-Hands and Feet 3.43 5-Le Petit Chateau 1.36 6-Alleyway 0.56 7-Punchy Tack Piano 1.25 8-He Needs Me 3.31* 9-Waikiki 3.57** 10-Moana Chimes 3.03*** 11-Hospital 1.21 12-Danny (Lonely Blue Boy) 2.13+ 13-Healthy Choice 2.11 14-Third Floor Hallway 3.24 15-Blossoms and Blood 2.05 16-Here We Go 4.47 17-He Really Needs Me 3.10 *Ecrit par Harry Nilsson Interprété par Shelley Duvall **Ecrit par Andy Cummings Interprété par Ladies K ***Ecrit par Johnny Noble et M.K. Moke +Ecrit par Ben Weisman et Fred Wise Interprété par Conway Twitty. Musique composée par: Jon Brion Editeur: Elektra/Nonesuch Records 79813 Produit par: Jon Brion Artwork and pictures (c) 2002 New Line Cinema/Revolution Studios. All rights reserved. Note: *** |
PUNCH-DRUNK LOVE
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Jon Brion
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Après 'Magnolia', Paul Thomas Anderson rempile pour un nouveau film typique de ce cinéaste particulier, 'Punch-Drunk Love', ou l'histoire de Barry Egan (Adam Sandler) un modeste trentenaire timide, complexé, étrange et impulsif qui se voit embarqué dans une histoire d'amour qui va redonner un second souffle à sa médiocre vie. Barry mène sa petite entreprise avec routine. Timide, il n'a jamais eu le temps de faire sa vie ou d'avoir une vie privée, lui qui s'est tout le temps fait marcher sur les pieds par ses sept soeurs qui n'ont cessé de l'accaparer et de le dévaloriser depuis son enfance. Un jour, Barry récupère un harmonium abandonné au coin d'une rue et décide de le ramener dans son bureau. Peu de temps après, il commence à collectionner les boîtes de pudding sur lesquelles se trouvent des offres promotionnelles qui, accumulées à la longue, lui permettront de s'offrir plus d'un millier de miles de voyage (véridique!). Deux évènements viennent alors changer sa vie. Tout d'abord, un appel sur un service de téléphone rose qui vire au cauchemar pour Barry, alors que les escrocs qui ont récupéré son adresse et son numéro de carte bleue en profitent pour lui voler de l'argent. Mais l'évènement décisif restera le moment où l'une de ses frangines organise une soirée et lui propose de rencontrer à l'occasion une jeune femme nommée Lena Leonard (Emily Watson). Pour la première fois de sa vie, Barry tombe amoureux d'une femme et se sent enfin pousser des ailes, prêt à aller jusqu'au bout pour elle.
'Punch-Drunk Love' est une comédie romantique un peu particulière, un film au parti pris esthétique typique de Paul Thomas Anderson, avec une photographie de qualité, des mouvements de caméra inspirés et révélateurs du savoir-faire de l'un des meilleurs cinéastes indépendants américains, sans oublier le jeu d'Adam Sandler qui nous livre ici un véritable numéro d'acteur en se glissant dans la peau de ce jeune homme complexé, imprévisible et à moitié fou (et qui porte imperturbablement un costume bleu dans sa vie de tous les jours), une sorte d'anti-héros pour lequel on ressent une certaine sympathie à la limite de la pitié et du pathétique. Entre jeune homme à la timidité maladive et psychopathe impulsif et violent, le personnage d'Adam Sandler assure à plus de 50% l'intérêt du film, donnant la réplique à la charmante Emily Watson. Mais les bons points du nouveau film d'Anderson (à ne surtout pas confondre avec le tâcheron Paul W.S. Anderson!) ne nous empêchent quand même pas de constater que le film reste très lourd, plombé par un humour décalé un peu trop excentrique par moment et une atmosphère oppressante à laquelle contribue largement le montage sonore/musical (au moins dans la première partie du film). C'est ce ton décalé et excentrique qui risque fort de paraître indigeste pour certain spectateur - par exemple, la scène du début avec le mystérieux accident de voiture qui semble disparaître aussi rapidement qu'il est apparu. Paul Thomas Anderson apporte une certaine étrangeté au ton et à l'esthétique de son film (le jeu sur les bandes de couleurs qui servent de transition un peu bizarre dans certains passages du film), étrangeté qui évoque le côté imprévisible de la vie. En ce sens, il vaut mieux ne pas chercher à se poser dix mille questions concernant l'énigmatique harmonium que récupère Barry au début du film et voir cela comme une sorte de métaphore sur le renouveau dans la vie du jeune héros, métaphore qui tourne aussi autour des imprévus de la vie - tout comme l'amour, personnifié dans le film par le personnage d'Emily Watson. Décalé et imprévisible, le film montre une histoire d'amour d'une manière plus personnelle et originale, bien loin des conventions et de la mièvrerie habituelle des productions hollywoodiennes. Du coup, le film manque de repère, de balise, et tente de perdre son spectateur dans une certaine confusion à la limite de la folie, tout à l'image du personnage d'Adam Sandler, tellement fêlé qu'on a souvent envie de le secouer et de le faire réagir. A force d'être trop décalé, le film finit par tomber dans une certaine lourdeur excentrique qui, bien que révélatrice d'un talent de metteur en scène personnel et audacieux (car de l'audace, 'Punch-Drunk Love' n'en manque pas!), empêche d'apprécier ce film à sa juste valeur. On nage donc ici en plein excès typique de ce genre d'exercice de style bien souvent fastidieux. Malgré tout, 'Punch-Drunk Love' reste sans aucun doute l'un des meilleurs films américains de l'année 2002, récompensé la même année au Festival de Cannes dans la catégorie meilleur réalisateur pour Paul Thomas Anderson. Le compositeur Jon Brion collabore pour la seconde fois à un film de Paul Thomas Anderson après avoir écrit les scores de 'Sydney' (1996) et du trop-causant 'Magnolia' (1999), resté à ce jour comme le film le plus connu et le plus apprécié du réalisateur. La nouvelle partition de Jon Brion pour 'Punch-Drunk Love' est toute à l'image du film: décalée, imprévisible, inventive, surprenante, poétique, parfois même oppressante, etc. Si on est loin ici de la qualité de 'Magnolia', on reste néanmoins dans un terrain familier pour tout ceux qui sont coutumiers des expérimentations et du style plutôt original du compositeur (qui a décidément trouvé un alter ego artistique étonnant en la personne de Paul Thomas Anderson!). Afin d'atteindre ses objectifs, Brion a choisi d'articuler sa partition autour de deux thèmes principaux. Le premier est introduit dès l'ouverture du film et prend les traits d'une petite valse douce confiée à des vents, des cordes et une harpe. Le second apparaîtra dans 'He Needs Me', gentillette et niaise chanson d'amour emprunté à Harry Nilsson dans son score pour 'Popeye' de Robert Altman. A la valse initiale s'ajoute un petit motif romantique de cordes qui fait office de 'Love Theme' composé dans un style très rétro (genre musique de comédie romantique américaine des années 50) et non dénué d'une certaine forme d'humour. Evidemment, cette valse et ce 'Love Theme' à l'ancienne évoquent la romance qui est au coeur du film, entre Barry et Lena. Loin de vouloir se limiter à un simple cadre intimiste orchestral conventionnel, Jon Brion va plus loin et surprend en introduisant dans 'Tabla' tout un travail de sonorités électroniques et de samples divers assez étranges et décalés. A cela s'ajoute un travail autour des percussions (tambours, petites percussions en bois, percussions électroniques, samples, etc.) qui accentue le côté dérangé et imprévisible de Barry Egan. Brion poursuit son exploration d'univers sonores étranges dans 'Hands & Feet', sans aucun doute l'un des morceaux les plus bizarres et les plus insolites de tout le score. Brion base son morceau sur un sample répétitif d'un petit motif électronique un peu bizarre auquel il ajoute un impressionnant travail autour de percussions diverses (tambours, acoustiques/électroniques, piano préparé, shakers, timbales, grosse caisse, etc.). Le morceau adopte par moment le style répétitif d'un Philip Glass, et accompagne à merveille l'excellente séquence où Barry se fait harceler par une de ses soeurs et divers appels téléphoniques dans son bureau, vers le début du film. Les percussions, qui évoquent la frustration et la colère qui bout à l'intérieur de Barry, font même monter la tension jusqu'à la saturation, au moment où l'on croit que Barry va craquer et va définitivement péter un boulon. Le compositeur alterne habilement ce genre de pièces étranges avec les parties plus mélodiques et instrumentales comme 'Le petit château', qui reprend le thème de valse auquel Brion ajoute un accordéon 'à la française'. Dans 'Alleyway', le compositeur s'amuse même à pasticher le style thriller de Bernard Herrmann avec cuivres dissonants, cordes sinistres et agressives et percussions pour la scène où Barry se fait courser dans la rue par les bandits qui l'escroquent et cherchent à le démolir. A première vue, le score peut paraître un peu fourre-tout, mais c'est une nécessité qui permet ainsi au compositeur d'élaborer un univers musical à la fois riche et diversifié pour le film, adhérant ainsi à cette esthétique du décalage un peu particulière ici. Le second thème, repris du 'Popeye' d'Harry Nilsson, apparaît dans 'He Needs Me', où il est chanté par la voix un peu niaise de l'actrice Shelley Duvall, sur un accompagnement musical genre petite balade rétro. Le thème servira une fois encore d'illustration à la romance que nous montre Anderson dans son film, avec ce côté niais qui pourrait évoquer l'aspect timide du personnage de Barry, une timidité qui se cache derrière un côté plus déjanté. A partir de 'Moana Chimes', Jon Brion nous introduit dans la dernière partie du film avec une petite pièce pour guitare hawaïenne lorsque Barry s'en va à Hawaï rejoindre Lena (le morceau est emprunté à Johnny Noble et M.K. Moke). Si 'Hospital' démontre le côté plus tourmenté du personnage d'Adam Sandler avec des cordes sombres, 'Healthy Choice' démontre au contraire tout l'aspect sympathique du personnage avec un petit rythme brésilien qui évoque son envie de partir vers d'autres horizons. Mais c'est avec une inventivité constante que le compositeur s'amuse à changer systématiquement d'ambiance pour renforcer une fois encore tout le côté fantaisiste et imprévisible du film. A noter, pour finir, que le compositeur s'amuse à chanter sur un 'Here We Go' qu'il a lui-même écrit pour les besoins du film sur l'air de la valse initiale, avant que le film ne se conclut sur un 'He Really Needs Me' qui reprend l'air de 'He Needs Me' sous une série de variation instrumentale avec ce petit rythme très discret, flûte, piano honky-tonk désaccordé, etc. Vous l'aurez donc compris, 'Punch-Drunk Love' est le genre de petite partition fantaisiste et inventive qui aura tôt fait de fédérer tous les béophiles qui alimentent une obsession de l'originalité à tout prix, avec sa diversité d'ambiances, de genres musicaux, de fantaisies, etc. Parfaitement incorporé dans l'univers décalé et excentrique du film de Paul Thomas Anderson, la musique de Jon Brion s'impose par un charme particulier et une inventivité constante - avec quelques petites expérimentations inhabituelles - typique de ce genre de musique que certains compositeurs se plaisent à écrire pour des productions plus indépendantes et éloignées des conventions écrasantes des studios hollywoodiens. Mais cela ne suffit pas pour autant à en faire une oeuvre inoubliable ou un grand chef-d'oeuvre de la musique de film. Mais, s'il ne fait ainsi nul doute que le score de 'Punch-Drunk Love' restera anecdotique et ne marquera pas les annales, il serait tout à fait injuste de ne pas prêter attention à l'un des scores les plus surprenants et les plus inventifs écrits pour le cinéma américain durant l'année 2002, preuve qu'il existe encore aujourd'hui des compositeurs doués pour l'originalité et les audaces musicales! ---Quentin Billard |