Sympathique comédie signé de l'artisan Jonathan Lynn, 'Greedy' (les héritiers affamés) évoque l'agitation qui entoure un vieil homme milliardaire (Kirk Douglas) et ses nombreux héritiers qui n'attendent qu'une seule chose: que le vieil oncle Joe McTeague meurt pour qu'ils puissent enfin récupérer l'argent de l'héritage. Mais le vieux McTeague semble être en pleine forme, assis dans son fauteuil roulant en compagnie de sa jeune compagne sexy, Molly Richardson (Olivia d'Abo), qui pourrait avoir l'âge de sa fille. C'est alors que ses héritiers cupides décident de faire appel à Daniel McTeague (Michael J. Fox), celui qui a toujours été le neveu préféré de l'oncle Joe. Daniel est un joueur de bowling sur le déclin, qui vit modestement avec sa compagne Robin (Nancy Travis). En retrouvant son vieil oncle Joe qu'il n'avait pas revu depuis une dispute les ayant séparé il y a de nombreuses années, Daniel va se retrouver mêlé malgré lui à cette histoire de cupidité et d'héritage fructueux. Daniel est le seul de la famille à pouvoir envisager une relation avec son oncle qui ne soit pas uniquement basé sur l'intérêt financier. Pourtant, Daniel ne peut s'empêcher de demander de l'argent à son vieil oncle pour monter sa propre affaire. Très vite, l'oncle Joe commence à envisager de céder toute sa fortune à Daniel, mais songe aussi à Molly, qu'il semble de plus en plus apprécier même si elle ne fait pas partie de la famille. Commence alors un affrontement entre Molly et Daniel pour savoir qui touchera l'argent de l'héritage. Mais l'oncle Joe, soucieux de savoir sur qui il pourra réellement compter pour qu'on s'occupe de lui durant les années à venir, monte une grosse mise en scène qui servira de test ultime pour Daniel.

'Greedy' part ainsi de l'intrigue intéressante d'héritiers cupides qui tournent autour d'un vieil oncle fortuné tels des vautours affamés et sans scrupules. Dans ce contexte de cupidité, Michael J. Fox interprète le rôle d'un neveu tout en demi-teinte, entre tentation et culpabilité. C'est le grand Kirk Douglas qui mène la partie, l'acteur étant toujours en pleine forme malgré un certain âge (78 ans), parfait dans la peau de ce vieil homme millionnaire qui possède décidément plus d'un tour dans son sac. Si le film de Jonathan Lynn débute comme une véritable comédie, avec une scène très drôle durant le premier repas de famille qui tourne très vite au pugilat général, la seconde partie s'oriente vers un contexte plus dramatique, avec l'intervention du personnage de Michael J. Fox s'opposant à celui de la sexy Olivia d'Abo dans une compétition à l'héritage assez décapante, où se multiplient les coups bas et les mises en scène à un rythme infernal. Voilà donc une comédie assez divertissante sur l'idée d'héritiers qui se battent pour récupérer la fortune d'un vieil oncle qui pète la forme!

Randy Edelman a déjà collaboré sur deux comédies précédentes de Jonathan Lynn, 'My Cousin Vinny' (1992) et 'The Distinguished Gentleman' (1992). Sur 'Greedy', la participation du compositeur a été très limitée puisqu'il n'a à peine écrit qu'une demi-heure de musique sur les quelques 113 minutes de film. Effectivement, le réalisateur a considéré qu'il n'était pas nécessaire de mettre beaucoup de musique dans ce film, comme le veut pourtant la convention à Hollywood. Le score d'Edelman reste typique de son style comédie habituel, confié à l'orchestre traditionnel incluant un piano. Si l'arrivée des héritiers dans la demeure luxueuse de l'oncle Joe au début du film est illustrée par un morceau orchestral ample avec des cordes majestueuses, la suite part très vite dans un style plus intimiste, Edelman confiant au personnage de Daniel McTeague alias Michael J. Fox un petit thème de piano et cordes tout à fait typique du compositeur, et qui évoque maints thèmes mélodiques écrits par le compositeur pour d'autres comédies de ce genre. Le thème possède aussi un côté nostalgique que l'on retrouve souvent chez Randy Edelman dans ses 'Love Theme', bien qu'ici, la fonction du thème de Daniel ne soit pas vraiment sentimentale à proprement parler. Disons qu'elle évoque le personnage dans son côté sympathique et tourmenté à la fois. Edelman illustre de manière plus triomphante la scène de la victoire au bowling avec une brève envolée orchestrale, avant de repartir dans ce style intimiste qui rappelle à quel point le compositeur a toujours été particulièrement à l'aise dans le domaine de la comédie.

C'est la dernière partie du film qui permettra au compositeur de développer ces pièces intimistes, utilisant piano, cordes et vents tout en développant quelques petits motifs qui seront associés vers la fin du film à l'oncle Joe et sa relation avec Daniel. On retrouvera d'ailleurs une très jolie pièce pour piano et cordes lorsque l'oncle Joe aménage chez Daniel après que ce dernier ait appris qu'il était ruiné (on retrouve aussi les tournures harmoniques habituelles du compositeur aux cordes et aux vents). Au final, le score manque d'attirer l'attention du spectateur/auditeur à cause de son côté très modeste et du peu de musique écrit par le compositeur dans le film. Un peu moins de 30 minutes, c'est peu, d'autant que l'ensemble n'a rien de follement original et donne un peu l'impression d'entendre d'autres scores comédie précédents de Randy Edelman. Néanmoins, on ne pourra qu'apprécier le côté sympathique de cette petite composition fonctionnelle qui aurait pu être mieux développée dans le film. Restée encore inédite jusqu'à ce jour, la partition orchestrale de Randy Edelman pour 'Greedy' est hélas déjà tombé dans l'oubli, comme d'autres partitions inédites du compositeur.


---Quentin Billard