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1-Anne's Theme 2.30
2-Blood Red Danube 1.42 3-Federal Building 3.19 4-Departure From Court 0.56 5-Ann Studies Documents 2.09 6-Journey To Budapest 4.27 7-The Scar 1.11 8-Ann & Georgina In Talbot's Library 2.27 9-The Mirror 1.43 10-Cemetery 2.19 11-Candor (The Gendarmes) 3.45 12-The Remembering of Anne's Mother 3.11 13-Music Box 3.41 14-The Newspaper 0.55 15-Finale 1.02 Musique composée par: Philippe Sarde Editeur: Varèse Sarabande VSD-5248 Album produit par: Philippe Sarde Producteur exécutif: Robert Townson Artwork and pictures (c) 1989 Carolco Pictures Inc. All rights reserved. Note: *** |
MUSIC BOX
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Philippe Sarde
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Costa-Gavras a toujours été attiré par les sujets sensibles qui mettent le doigt là où cela fait mal. Son sombre 'Music Box' ne déroge pas à la règle. En s'inspirant d'un script du provocant Joe Eszterhas, Costa-Gavras nous dépeint la tragique histoire d'Ann Talbot (Jessica Lange), une avocate chargée de défendre son père d'origine hongroise, Mike Laszlo (Armin Mueller-Stahl), accusé de crime contre l'humanité et à qui l'on veut retirer la nationalité américaine. Laszlo, qui se défend avec énergie et nie les graves accusations portées contre lui, encourage sa fille à le défendre, et ce malgré un procès qui s'annonce particulièrement difficile, étant donné que le juge Silver (J.S. Block) est d'origine juive et que la majeure partie du jury sera constitué de juifs. Ann Talbot va devoir lutter pour l'impartialité et l'objectivité du jugement de son père, qui continue de nier en bloc le fait qu'il ait participé à l'holocauste durant la seconde guerre mondiale et qui clame son innocence, prétextant que ce sont les communistes qui lui ont tendus au piège pour le faire accuser à tort. Le procès semble alors lentement tourner en la faveur d'Ann, mais pourtant, au fil des témoignages accablants d'anciennes victimes ayant échappées aux massacres des juifs par les nazis, le doute subsiste toujours dans l'esprit de l'avocate au sujet de son père. Comment celui qui l'a dignement élevé durant toutes ces années pourrait être le monstre surnommé 'Mishka' par ses anciennes victimes qui aurait commis toutes ces atrocités? La question restera en suspend jusqu'à la fin du film. Reposant sur une mise en scène statique et lente, 'Music Box' nous plonge au coeur d'un procès mouvementé et dérangeant où les témoignages sur les atrocités de l'holocauste s'avèrent être de plus en plus éprouvantes pour tous. Il semblerait même que la réalité ait fini par rejoindre la fiction puisque, peu de temps après la sortie du film de Costa-Gavras, le père du scénariste Joe Eszterhas (lui aussi d'origine hongroise) s'est vu accusé de crime contre l'humanité par la Hongrie et de propos antisémites. Reste que, malgré ses longueurs et son manque de rythme, 'Music Box' est une énième réflexion particulièrement dramatique sur l'holocauste juif, traitée ici sous la forme d'un procès éprouvant où règne suspicion et doute et où l'horreur de l'holocauste est habilement suggérée par des témoignages de plus en plus horrifiants.
Philippe Sarde succède à de nombreux grands compositeurs ayant oeuvré sur des films de Costa-Gavras tels que Gabriel Yared ('Hanna K.'), Eric Demarsan ('Section spéciale'), Bill Conti ('Betrayed'), Vangelis ('Missing') ou bien encore Georges Delerue ('Conseil de famille'). Pour 'Music Box', Sarde a écrit une partition orchestrale dramatique et intimiste évoquant la musique hongroise traditionnelle. Pour se faire, le compositeur utilise l'orchestre traditionnel auquel il ajoute le cymbalum (sorte de cithare typique de la musique folklorique traditionnelle hongroise), un violon soliste et la performance vocale de la chanteuse Marta Sebastyan, du groupe hongrois Muzsikas. Sarde axe sa partition autour du très beau 'Ann's Theme', qu'il confie à la chanteuse soliste avec les cordes du Hungarian State Symphony Orchestra, un piano et un cymbalum. Doucement mélancolique et nostalgique, le thème d'Ann donne une dimension émotionnelle intimiste et nostalgique à la protagoniste principale interprétée par l'excellente Jessica Lange, tandis que les touches folkloriques évoquent les origines hongroises de l'avocate et de son père. Dès lors, Sarde installe une ambiance mélancolique et lente dans ce film, jouant la carte de l'intimité et d'un ton doucement mélancolique allié aux touches hongroises que le compositeur commence à développer dès 'Blood Red Danube', où il utilise le cymbalum, un violoncelle soliste et quelques rythmes discrets afin d'évoquer le procès de Mike Laszlo. Dans 'Federal Building', Sarde utilise un ostinato de percussions martiales avec rythmes de claquements de mains et pizzicati, le tout évoquant avec inventivité le passé policier/militaire un peu flou de Laszlo qui semble resurgir dans la scène où ce dernier se rend au bureau fédéral pour discuter de l'accusation de crime contre l'humanité lancé contre lui. Sarde continue de développer les touches hongroises traditionnelles comme c'est le cas dans 'Departure from Court' où le violon mène la danse dans un style folklorique populaire, ou dans 'Ann Studies Documents', le violoncelle continuant de développer le thème d'Ann couplé à un piano et une petite formation de cordes. On notera ici l'ostinato rythmique interprété par des pizzicati de contrebasses, le tout écrit dans un style de musique de chambre tout à fait typique du classicisme d'écriture traditionnel de Philippe Sarde, apportant une certaine intimité à la scène où Ann étudie des documents pour le procès de son père. Dans 'Journey To Budapest', Sarde utilise ici le violon soliste dans un style concertant très classique et raffiné, auquel il ajoute l'orchestre symphonique et le cymbalum pour la séquence où Ann se rend à Budapest pour mener son enquête sur son père, la musique conservant ce ton à la fois classique et folklorique, un mélange entre un style hongrois et un style plus classique d'esprit. 'Scar' se veut même plus sombre avec un violon inquiétant et un cymbalum plus grave lorsque Ann découvre le tableau de l'ancien nazi hongrois à la balafre. 'Cemetery' développe le mélange classicisme/folklore hongrois avec sa petite formation de cordes incluant une contrebasse et le cymbalum pour la scène du cimetière, où règne alors une certaine mélancolie toujours douce et intimiste, mais jamais tragique. La musique se veut plus recueillie, souvent méditative mais jamais lugubre ou plaintive. C'est cette retenue qui apporte au film une certaine dimension émotionnelle importante, étant donné la gravité du sujet qui n'aurait certainement pas nécessité une approche musicale trop sentimentaliste ou larmoyante. 'Candor (The Gendarmes)' se détache un peu du lot avec un violon aux sonorités orientales douces tandis que 'The Remembering of Ann's Mother' se veut plus triste et recueillie avec ses cordes mélancoliques lors de la scène où Ann se souvient de sa mère. 'Music Box' nous permet même de retrouver le thème hongrois/oriental de 'Candor' interprété ici par le cymbalum imitant le son d'une boîte à musique (ce qui paraît évident étant donné l'importance de la boîte à musique que découvre Ann à la fin du film et qui lui faire découvrir enfin toute la vérité), tandis que 'The Newspaper' développe une dernière fois le style hongrois (on a parfois l'impression d'entendre les 'danses hongroises' de Brahms, mais dans un style un peu plus authentique) pour la scène de l'article dans le journal révélant toute la vérité à la fin du film, aboutissant au 'Finale' qui conclut le film sur une dernière touche hongroise folklorique. Si vous appréciez les travaux orchestraux de Philippe Sarde et la musique folklorique hongroise, il ne fait nul doute que le score de 'Music Box' est fait pour vous. Fidèle à son traditionnel classicisme d'écriture, Philippe Sarde signe ici une partition intimiste et doucement mélancolique qui convient parfaitement au film de Costa-Gavras, sans jamais en faire de trop. La musique est bien intégré au film et n'a rien d'un élément secondaire puisqu'il elle participe à son tour à l'ambiance sombre du film en installant une atmosphère hongroise traditionnelle qui évoque les origines d'Ann et de Mike Laszlo et le passé de ce dernier, d'où un certain côté nostalgique et mélancolique. Ainsi, Sarde suggère plus qu'il n'assène, à l'instar du réalisateur. Tout en faisant partie des Sarde mineurs des années 80, 'Music Box' témoigne néanmoins de la facilité avec laquelle le compositeur français toujours à s'exprimer sur différents genres et différentes histoires avec une aisance toujours exemplaire et qui fait de lui l'un des meilleurs compositeurs français de musique de film de l'ancienne génération auprès du regretté Georges Delerue ou de Michel Legrand. ---Quentin Billard |