1-Opening/Abduction 3.09
2-Going Shopping 3.35
3-Making a Connection 2.20
4-The Bait 3.08
5-Mooney's Curious 1.22
6-Freeing Ricky 4.05
7-School's Out 4.23
8-We're Going to Die 2.11
9-LAX 4.21
10-Epiphany/The Bank 4.04
11-The Pier 4.10
12-Lost Connection/
Dirty Cops 4.44
13-Hot Porsche/
Simply Biology 3.37
14-Police Station 4.01
15-Fake Out 2.12
16-Shoot Out 5.42

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

La-La Land Records
LLLCD 1025

Produit par:
John Ottman
Montage de la musique:
Amanda Goodpaster
Préparation de la musique:
Robert Puff

Artwork and pictures (c) 2004 New Line Cinema. All rights reserved.

Note: ***
CELLULAR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
Le concept de 'Cellular', nouveau thriller signé David R. Ellis, remonte en fait à plusieurs années auparavant. En achetant les droits du script de Larry Cohen, la productrice Lauren Lloyd s'associa quelques années plus tard avec son ami et producteur Dean Devlin (plus connu pour avoir produit certaines grosses machines de Roland Emmerich comme 'Independence Day' ou 'Stargate') afin de produire un film basé sur un concept assez original: Jessica Martin (Kim Basinger) une femme séquestrée se retrouve obligée de demander de l'aide à un inconnu (Chris Evans) sur son téléphone portable en faisant le maximum afin de ne jamais perdre la communication avec lui. Le seul problème, c'est que Ryan n'a rien d'un héros mais qu'il va devoir malgré tout se lancer dans une éprouvante course contre la montre à travers tout Los Angeles pour sauver Jessica et sa famille menacée par ses mystérieux ravisseurs dont elle ignore tout à leur sujet. En se mettant en contact avec un sympathique policier intègre nommé Mooney (William H. Macy), Ryan espère bien obtenir de l'aide de la police afin de sauver Jessica et sa famille. Le concept d'un téléphone portable qui unit le protagoniste principal avec une femme en détresse est intéressant et riche en suspense. Le réalisateur Davis R. Ellis explore ces différentes sources de tension avec une certaine habileté même s'il n'évite pas quelques stéréotypes et quelques touches d'humour un peu maladroites. Le script de Larry Cohen rappelle beaucoup celui que le scénariste avait écrit pour le 'Phone Game' de Joel Schumacher, ce qui n'a rien d'étonnant étant donné que Larry Cohen a travaillé au script de 'Cellular' en même temps qu'il rédigea celui de 'Phone Game'. Ainsi donc, on se retrouve avec deux films reposant sur l'intrigue vaguement similaire d'un téléphone comme source de suspense, sauf que dans 'Cellular', le héros n'est pas coincé et peut se déplacer librement où il le souhaite. Ainsi donc, le film de David R. Ellis s'apparente à une bonne série-B mélangeant action et suspense sur un rythme trépidant, le film permettant de remettre Kim Basinger sur le devant de la scène après que l'actrice se soit faite discrète pendant quelques années sur une série de films plus mineurs. Certes, 'Cellular' ne marquera pas les annales mais reste malgré un sympathique thriller hollywoodien sans grande prétention et très divertissant.

Pour John Ottman, 'Cellular' marque le retour du compositeur dans un genre qu'il affectionne particulièrement, la musique de thriller. En ce sens, sa nouvelle partition orchestrale pour 'Cellular' n'est guère éloigné de ses précédents travaux sur 'Trapped', 'Usual Suspects' ou bien encore 'Incognito'. Ottman utilise ici l'orchestre traditionnel agrémenté des touches électroniques habituelles afin de donner un côté à la fois traditionnel et moderne à la musique de 'Cellular'. La bonne trouvaille du compositeur vient ici de l'utilisation de samplers de sons de téléphone cellulaire, incorporés dès l'ouverture du film et dans plusieurs autres passages du score. La partition s'articule autour de deux thèmes, l'un constitué d'une petite cellule de 4 notes pleines de mystère évoquant le kidnapping, l'autre, plus intimiste et chaleureux, associé à la fois à Jessica et à Ryan. 'Opening/Abduction' pose d'emblée le ton thriller du score avec l'envoûtant motif de 4 notes qui dégage un parfum de mystère qui évoque indubitablement Bernard Herrmann (une référence incontournable dans le domaine de la musique de thriller), avec ses cordes sombres (avec des glissendi mystérieux à la 'Usual Suspects'), son piano tournoyant, ses accords de vibraphone/harpe et ses sons de téléphone. Très vite, Ottman dévoile le second thème plus intimiste aux cordes, vents et piano, associé dans un premier temps à Jessica avant que les choses commencent à mal tourner pour la scène du kidnapping (qui permet aussi à Ottman de nous dévoiler un premier sursaut orchestral à la 'Trapped' - autre film de kidnapping mis en musique par John Ottman). Après une ouverture intéressante et mystérieuse, Ottman prolonge son travail dans 'Going Shopping' et nous propose un premier morceau d'action entraînant où il fait intervenir une rythmique de batterie électronique tendance pop avec guitares électriques et orchestre (dominé par l'impressionnant pupitre des cors). Ottman utilise quelques rythmiques électroniques pour renforcer l'action du film et apporter un certain sentiment de frénésie à cette implacable course contre la montre. Force est de constater qu'Ottman lorgne ici vers un style de musique d'action plus moderne, entre l'orchestre traditionnel et les rythmiques modernes qui sont légions aujourd'hui dans la musique de film hollywoodienne (on pense aux récents 'Swordfish' de Christopher Young ou 'Paycheck' de John Powell, qui semblent avoir servi de modèles pour le temp-track du film).

Le motif mystérieux revient dans 'Making a Connection', lorsque Jessica tente de téléphoner à quelqu'un pour demander de l'aide, au début du film. On retrouve ici les sons de téléphone numérique, toujours parfaitement intégrés dans les textures orchestrales du compositeur. Dès lors, Ottman installe une ambiance de course poursuite et de suspense et oscille ainsi entre les deux tout au long du film, que ce soit la tension menaçante de 'The Bait' et 'Mooney's Curious' (scène où Mooney se rend chez Jessica) ou l'intense et frénétique 'Freeing Ricky' lorsque Jessica s'évade et cherche à libérer son fils. Comme toujours, Ottman reste sous influence, et l'on ne peut s'empêcher de penser ici à Christopher Young pour les effets orchestraux macabres des passages à suspense (glissendi de cordes, nuages de sons, effets sur les cordes des violons, etc.), à Goldsmith ou à James Newton Howard pour certains passages d'action et les rythmiques électroniques. Malgré tout, on retrouve ici la densité orchestrale chère au compositeur, une densité mise au service du récit de 'Cellular', entre action tonitruante et suspense glauque. Les morceaux sont généralement assez longs (plus de 4 minutes pour la plupart), ce qui permet au compositeur de développer aisément ses différentes ambiances sur les grandes scènes d'action et de suspense du film, tout en conservant une unité thématique efficace à défaut d'être grandement mémorable.

La tension ne cesse de monter tout au long du film, et malgré tout, ce sont les morceaux d'action tonitruants qui attirent ici notre attention. On regrettera le côté fonctionnel et parfois ennuyeux de passages tels que 'We're Going to Die' ou 'Pier' mais on appréciera le punch de 'Going Shopping' ou la puissance orchestrale d'un 'Hot Porsche/Simple Biology' ou d'un 'Freeing Ricky'. A noter une reprise majestueuse du thème de Jessica/Ryan dans 'Lost Connection/Dirty Cops', lorsque Ryan arrive à échapper à ses poursuivants. Ottman rend ainsi son motif assez malléable, lui conférant un côté presque fragile associé à Jessica, tout en donnant à Ryan une stature plus héroïque dans certains morceaux de bravoure vers la dernière partie du film. Le sombre et violent 'Fake Out' évoque l'affrontement final sous la jetée, se concluant sur le macabre et impressionnant 'Shoot Out', sans aucun doute l'un des meilleurs passages de suspense du score avec ses effets orchestraux et son travail de cordes glauques héritées de 'Gothika' ou 'Urban Legends: Final Cut'.

Reste que, au final, 'Cellular' s'impose avant tout par la qualité de ses nombreux morceaux d'action orchestraux, que John Ottman développe à loisir tout au long du film avec une intensité toujours constante, offrant un certain punch au thriller de David R. Ellis. On pourra néanmoins reprocher le côté trop fonctionnel du score qui peut parfois s'avérer ennuyeux et quelconque à l'écoute isolée ou dans le film (la musique est parfois à la limite du remplissage). On regrettera aussi que la bonne idée de l'inclusion de sons de téléphone numérique dans la musique ne soit pas plus présente et mieux développé durant le film, le score manquant finalement d'originalité et de relief (on ressent trop ici l'influence de Goldsmith, Howard, Young, etc.). Malgré tout, 'Cellular' confirme que John Ottman fait toujours partie des valeurs sures de la musique de film hollywoodienne d'aujourd'hui, un compositeur talentueux mais qui a encore du chemin à faire s'il veut enfin réussir à s'imposer parmi les grands noms de la musique de film actuelle.


---Quentin Billard