1-Main Title, "Earthquake" 2.52
2-Miles on Wheels 2.36
3-City Theme 2.53
4-Something for Rosa 2.30
5-Love Scene 2.26
6-The City Sleeps 2.24
7-Love Theme 2.26
8-Cory in Jeopardy 2.23
9-Medley 3.40
(a) Watching & Waiting
(b) Miles' Pool Hall
(c) Sam's Rescue
10-Something for Remy 3.47*
11-Finale, End Title 1.47
12-Earthquake:
Special Effects 2.42
13-Aftershock 0.24

*Musique additionnelle
pour cette édition CD.

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5262

Album produit par:
Sonny Burke
Préparé pour l'édition à
Varèse Sarabande par:
Tom Null, Robert Townson

Artwork and pictures (c) 1974 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
EARTHQUAKE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
A une époque où Hollywood s'était entiché du genre du film catastrophe, le 'Earthquake' (Tremblements de terre) de Mark Robson faisait office de porte-vitrine d'un cinéma hollywoodien fier de ses effets spéciaux et de ses spectacles toujours plus massifs et toujours plus puissants. En 1974, ce qui nous apparaît aujourd'hui comme une petite série-B catastrophe pleine de charme était à l'époque le sommet du genre. Fort du succès des productions Irwin Allen, et après les naufrages, les incendies et les inondations, Hollywood s'intéressa à un autre type de catastrophe: les tremblements de terre. Cette fois-ci, le concept du film de Mark Robson était légèrement différent. Certes, la catastrophe naturelle reste au coeur du sujet, mais ce sont les différentes intrigues autour des divers protagonistes du film qui servent ici de support au récit dramatique du film. A Los Angeles, l'ingénieur Stewart Graff (Charlton Heston) vient tout juste de se séparer de sa femme, Remy (Ava Gardner), avec qui il n'arrive plus à s'entendre. Il entretient alors une relation avec Denise Marshall (Geneviève Bujold), la veuve de l'un de ses collègues. Remy demande alors de l'aide à son père, Sam Royce (Lorne Greene) de mettre fin à leur relation, Royce étant l'employeur de Graff. On assiste au même moment dans la même ville à l'histoire du sergent de police Lew Slade (George Kennedy), flic suspendu après avoir frappé un autre policier. Pour finir, on nous montre l'histoire de Jody (Marjoe Gortner), un tenant d'épicier un peu bizarre qui n'a qu'une idée en tête, séduire la soeur de Sal (Gabriel Dell), assistant d'un casse-cou spécialisé dans les cascades à moto nommé Miles Quade (Richard Roundtree). Le jour où un terrible tremblement de terre détruit toute la ville de Los Angeles et un fait céder un barrage à Hollywood, le pays entier est sous le choc. Toutes les vies de ces différents personnages vont être bouleversées à jamais à la suite de cette terrible catastrophe.

Le principal problème de 'Earthquake', c'est que le réalisateur a donné une certaine lenteur à son film, et que les bla-bla et les intrigues intimistes entre les différents personnages finissent par devenir lourdingues et ennuyeuses. Au bout d'une demi heure, on commence déjà à réclamer un spectacle qui tarde à venir (car, soyons honnête, quel est l'intérêt d'un film catastrophe si ce n'est d'en mettre plein la vue?). Du coup, on a parfois l'impression que les concepteurs du film se sont fichus de nous, et lorsque le terrible tremblement de terre apparaît enfin au bout d'une heure de métrage, on se dit qu'il est un peu tard pour cela et que l'ennui et la routine se sont déjà installés. Rajoutons à cela quelques dialogues bidons et quelques touches d'humour inutiles (cf. Walter Matthau en ivrogne insensible aux catastrophes dans un bar - un petit rôle totalement sans intérêt que le célèbre acteur a néanmoins tenu à faire et ce malgré les protestations du réalisateur), et l'on obtient 'Earthquake', un film qui ne vaut finalement que par la qualité de ses séquences de tremblement de terre (la destruction de l'immense immeuble en verre est hallucinante pour l'époque!), révélant quelques effets spéciaux légèrement vieillots mais toujours aussi pertinents pour l'époque. A noter que le film est sorti en salle en 1974 avec un système nouveau nommé le 'sensurround'. Il s'agissait d'un système sonore spécial constitué de quatre hauts-parleurs à basse fréquence censés retranscrire les sensations chaotiques des séismes vers le milieu du film. Le système était tellement puissant (1600 watts environ) qu'il faillit détruire le plâtre sur les murs de certaines salles de cinéma.

Il n'est guère étonnant que John Williams se soit vu confier la musique de 'Earthquake', lui qui avait déjà précédemment mis en musique un autre grand film catastrophe, 'The Poseidon Aventure' (1972). La même année que 'Earthquake', Williams composait aussi la musique de 'The Towering Inferno', autre grand classique du film catastrophe des années 70. Fidèle à son style mélodique habituel, le compositeur nous propose ici une partition articulée autour de quelques thèmes majeurs incluant ainsi le 'City Theme' (thème associé à la ville de Los Angeles) et le traditionnel 'Love Theme'. Le 'Main Title' du score nous introduit cette sombre aventure avec énergie. C'est l'impressionnant pupitre de cuivres qui ouvrent le film, annonçant le côté catastrophe spectaculaire du film, avant d'être suivi très rapidement par des cors qui développent le thème principal (le 'City Theme'), sur fond de contrepoint de cordes aiguës, d'un accompagnement de piano très soutenu et d'une batterie évoquant l'univers urbain du film. A noter que l'on retrouve dans cette excellente ouverture un côté 'seventies' cher au John Williams de 1974. La partition paraît même plus datée à l'écoute de certains passages groovy de 'Miles on Wheels' (scène pour les cascades de Miles au début du film), morceau que l'on retiendra pour son excellent dialogue de cuivres. Comme souvent sur ses albums, John Williams nous propose une version inédite de concert pour son thème principal, exposé au piano solo dans 'City Theme' avec un côté jazzy qui n'est pas sans rappeler les premières oeuvres 'sixties' de 'Johnny' Williams. A noter que le maestro s'autorise même un petit détour du côté de la lounge/jazzy kitsch dans 'Something for Rosa' qui fait office de 'source music' pour une scène dans un supermarché vers le début du film. Pour finir, on pourra relever un sympathique 'Love Theme' exposé par un cor avec cordes et piano dans le tendre 'Love Scene' et accompagné par une batterie dans 'Love Theme', illustrant la romance entre Stewart Graff et Denise Marshall (Geneviève Bujold).

Après une série de pièces intimistes et quelques passages sombres et brefs absent de l'album, la séquence du tremblement de terre est suivi de quelques pièces sombres où règne un certain climat de menace et de danger, comme c'est le cas dans 'Cory in Jeopardy' où Williams dévoile ici son traditionnel goût pour l'atonalité dissonante, avec cordes stridentes et dissonantes, piano (utilisation du registre grave pour évoquer le sempiternel côté thriller/suspense), harpe, timbales, etc. La musique illustre la séquence où le jeune Cory gît inconscient dans un canal vide où se trouvent des câbles électriques sectionnés qui risquent de l'électrocuter à n'importe quel moment. Williams crée ici la parfaite sensation de danger et de suspense, une tension que l'on va retrouver tout au long du film (et qui rompt avec le style plus intimiste des premières pièces de l'album, plus centrées autour des intrigues entre les différents personnages du film de Mark Robson). Le 'Medley' prolonge cette ambiance de suspense pour la séquence où Sam part secourir des survivants dans l'immeuble éventré. A noter que Williams retourne à de la source music dans 'Something for Remy' avec un arrangement jazz/lounge très 'seventies' du thème associé à Remy (Ava Gardner) pour une scène de restaurant avec son père. Le 'Finale, End Title' conclut le film sur une touche plus optimiste et paisible avec des orchestrations plus douces (cordes, piano, vents, cors, etc.) comme dans 'City Sleeps', qui fait office de conclusion plus légère et apaisante. On regrettera le fait que l'album publié par Varèse Sarabande ait mit de côté une bonne partie de la musique orchestrale de John Williams pour se concentrer sur les pièces pop/jazzy qu'il a écrit en tant que 'source music' et que l'on n'entend que très brièvement au détour de 3 ou 4 scènes totalement mineures. Evidemment, on ressent bien ici l'intérêt commercial apporté à la sélection des morceaux, mais il est dommage que certains morceaux de suspense comme 'Cory in Jeopardy' ou le passage où l'armée arrive en ville ne soient pas présents sur le CD, qui semble faire office ici de fourre-tout sans grande cohérence.

Hélas, même si la musique paraît plus cohérente dans le film, elle n'en demeure pas moins très éloignée des réelles possibilités du compositeur, qui se contente d'écrire 2 thèmes qu'il ne développe pratiquement jamais dans le film, se contenant d'accompagner l'histoire avec quelques pièces de suspense plus atmosphériques que réellement spectaculaires. Pire encore, la lenteur monotone du film semble avoir influé sur la composition de John Williams. Du coup, au manque de rythme et d'énergie de 'Earthquake', le compositeur répond par une musique lente qui oscille entre le suspense et l'intimité sans jamais réussir à marquer l'esprit du spectateur/auditeur. Il est ainsi particulièrement dommage que l'album n'ait pas au moins réussi à sauver les meubles en proposant une écoute plus structurée et moins morcelée du score de Williams. Du coup, 'Earthquake' fait irrémédiablement partie des partitions mineures du John Williams des années 70!


---Quentin Billard