1-In The Name of
The Father 5.43*
2-Voodoo Child
(Slight Return) 5.09**
3-Billy Boola 3.46***
4-Dedicated Follower
of Fashion 3.02+
5-Interrogation 7.12
6-Is This Love 3.51++
7-Walking the Circle 4.44
8-Whiskey in the Jar 5.46+++
9-Passage of Time 5.52
10-You Made Me The
Thief of your Heart 6.21#

*Ecrit par Bono, Gavin Friday
et Maurice Seezer
Interprété par Bono
et Gavin Friday
**Ecrit par Jimi Hendrix
Interprété par
The Jimi Hendrix Experience
***Ecrit par Bono, Gavin Friday
et Maurice Seezer
Interprété par Gavin Friday
et Bono.
+Ecrit par Ray Davies
Interprété par The Kinks
++Ecrit par Bob Marley
Interprété par Bob Marley
et The Wailers
+++Ecrit par Phil Lynott,
Eric Bell et Brian Downey
Interprété par Thin Lizzy
#Ecrit par Bono, Gavin Friday
et Maurice Seezer
Interprété par Sinéad O'Connor.

Musique  composée par:

Trevor Jones

Editeur:

Island Records 18377-2

Score produit par:
Trevor Jones
Montage de la musique:
Roger King

Artwork and pictures (c) 1993 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***
IN THE NAME OF THE FATHER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Jones
Le réalisateur irlandais Jim Sheridan nous livre avec 'In The Name of the Father' (Au nom du père) un drame carcéral dur et poignant, inspiré de l'histoire vrai de Gerry Conlon, extraite de son autobiographie 'Proved Innocent'. En 1975, le jeune délinquant Gerry Conlon (Daniel Day-Lewis) quitte sa ville natale de Belfast pour partir changer de vie à Londres, en compagnie de son ami Paul Hill (John Lynch). Il y fait alors la rencontre d'une bande de jeunes hippies anglais avec lesquels il se lie vite d'amitié. Un soir, une bombe de l'IRA explose dans un restaurant de Guidford, faisant de nombreux morts. Arrêté par la police londonienne, Gerry Conlon est accusé d'être l'instigateur des attentats terroristes de Guidford. Sous la pression des policiers, convaincus que Conlon est coupable, le jeune irlandais signe des aveux sous la contrainte. Gerry est alors condamné à la prison à perpétuité, et il entraîne dans sa chute son ami Paul Hill ainsi que ses amis hippies et plusieurs membres de la famille Conlon dont Guiseppe (Pete Postlethwaite), son propre père. 14 ans s'écoulent alors lentement. En prison, chacun se bat pour assurer sa survie, mais à force de détermination, Guiseppe arrive à convaincre une avocate anglaise du nom de Gareth Peirce (Emma Thompson) de leur innocence. Gareth mène alors son enquête et finit par accéder (difficilement) à des dossiers qui prouvent que les aveux de Gerry ont été fait sous la contrainte. Une longue bataille pour la justice commence alors pour Gerry Conlon et ses proches.

Film poignant, 'In The Name of The Father' évoque avec brio la terrible affaire des 'quatre de Guilford', déclenché dans les années 80 lorsque l'on découvrit que des preuves avaient été cachées par la police lors de l'inculpation des quatre jeunes accusés d'avoir appartenu à l'IRA et d'avoir commis l'attentat du restaurant anglais dans les années 70. 'In The Name of The Father' raconte donc l'histoire d'une terrible erreur judiciaire qui envoya des innocents en prison pendant 14 ans, là où mourut le père de Gerry bien avant que ce dernier soit enfin innocenté au bout d'une décennie et libéré héroïquement. Pour Daniel Day-Lewis, c'est un nouveau rôle de composition que Jim Sheridan offrit au fameux acteur anglais qui n'hésite jamais à s'investir totalement dans les rôles de ce genre, souvent psychologiquement difficiles et complexes. Quant au réalisateur, l'histoire de Gerry Conlon trouva un écho favorable auprès de Jim Sheridan qui se trouve être lui-même irlandais d'origine et très attiré par tout ce qui touche à son pays natal (cf. ses anciens films tels que 'The Field' ou 'My Left Foot'). A noter pour finir que le titre du film, 'In The Name of The Father', peut s'interpréter de deux façons: 'au nom du père' peut ainsi renvoyer à la fameuse prière chrétienne adressée à Dieu, mais le 'père' peut aussi s'interpréter comme une référence à Giuseppe Conlon, brillamment interprété dans le film par Pete Postlethwaite. Du coup, le combat pour faire éclater la vérité a une double signification: il s'agit d'un combat que mènera Gerry au nom de son père, sous le regard de Dieu. Film poignant récompensé par sept nominations aux Oscars 1994 et l'Ours d'or au festival de Berlin 1994, 'In The Name of The Father' est sans aucun doute l'un des plus beaux drames réalisés à ce jour sur l'histoire d'un scandale judiciaire majeur dans les années 80.

Afin de retranscrire le côté irlandais de son film, Jim Sheridan fit appel au chanteur irlandais Bono du groupe U2 et à Gavin Friday pour la chanson principale portant le même titre que le film, 'In The Name of The Father' (entendu au début du film), ainsi que pour les chansons 'Billy Boola' et 'You Made me the Thief of Your Heart', interprété par Sinead O'Connor (pour le générique de fin du film). Pour le reste, quelques chansons de Bob Marley ou de Jimi Hendrix permirent de recréer le son des années 70. Afin de compléter l'émotion dramatique du film, Sheridan fit alors appel au compositeur Trevor Jones qui écrivit le score original du film. Le score de 'In The Name of The Father' est loin d'être ce que Trevor Jones a fait de mieux pour le cinéma. Mais en dépit de son côté relativement modeste, la musique n'en demeure pas moins parfaitement intégrée dans le film, prolongeant l'émotion et la noirceur de ce dernier. Jones utilise alors l'orchestre auquel il associe quelques synthétiseurs plus atmosphériques (incluant la traditionnelle participation de Phil Todd à l'EWI - Electronic Wind Instrument). La scène de l'interrogatoire brutal au début du film est ainsi brillamment mise en musique par Trevor Jones dans le sinistre 'Interrogation', que l'on pourra apprécier pour son atonalité brumeuse et particulièrement menaçante. Jones est toujours très fort lorsqu'il s'agit de créer ce genre d'atmosphère pesante et macabre, où le compositeur utilise des nappes de synthé dissonantes avec quelques cordes et des éléments électroniques glauques. Le résultat à l'écran ne tarde pas à se faire ressentir: on ressent très vite toute la gravité et la tension de cette longue et éprouvante séquence de torture psychologique où Gerry et ses amis semblent déjà condamnés à l'avance à un futur bien noir. Il est même amusant de constater à quel point le compositeur semble avoir voulu illustrer certaines scènes du film de Jim Sheridan à la manière d'un thriller, avec son lot de musique atonale, de suspense et de tension.

Trevor Jones poursuit son travail de musique atmosphérique en passant par 'Walking the Circle' où il réutilise les cordes avec le synthé et une pulsation électronique créant une tension toujours aussi forte à l'écran, pour une séquence tragique du procès (la pulsation crée une gravité très forte au cours de cette scène clé du film). Le compositeur tempère aussi le ton menaçant et grave de sa musique dans 'Passage of Time' où il utilise les synthés avec un son de flûte de pan et des cordes pour évoquer avec une certaine mélancolie nostalgique le temps qui passe lentement en prison et la relation entre Gerry et son père, Guiseppe. Jones prolonge son travail autour des cordes et des nappes de synthé dans les scènes en prison, comme la séquence où Joe McAndrew (Don Baker) brûle un des policiers ou lorsque Gerry se met à tout casser dans sa cellule, à bout de nerf. On ressent donc tout au long du film un certain climat de tension psychologie fort mélangé à une mélancolie plus intimiste illustrant les rapports entre Gerry et Guiseppe. On notera au passage une excellente utilisation des percussions dans la scène où Gerry et ses proches arrivent au tribunal vers le début du film. A noter, pour finir, une très belle reprise instrumentale au piano de la chanson 'You Made me the Thief of Your Heart' lors de la scène où les prisonniers rendent hommage à Guiseppe en balançant des papiers enflammés dans la cours de la prison, sans oublier une reprise finale plus majestueuse à la cornemuse lors de la victoire au procès final.

'In The Name of The Father' reste donc un effort mineur de la part de Trevor Jones, un score qui se fait relativement discret durant le film tout en étant présent dans la plupart des séquences majeures de l'histoire. Il est dommage que la musique conserve toujours ce côté fonctionnel et manque d'unité thématique (seule la chanson interprétée par Sinead O'Connor dans le générique de fin fait office de thème principal). Malgré tout, le score complète parfaitement l'émotion du film et apporte une certaine tension psychologique et dramatique au récit. Trevor Jones prend donc le sujet très au sérieux et nous propose une musique oscillant entre l'atonalité lugubre et l'intimité mélancolique et dramatique. La modestie des moyens employés (un orchestre restreint, beaucoup d'éléments électroniques atmosphériques, etc.) paraît néanmoins fort juste sur les images d'un film qui aurait perdu beaucoup d'intérêt si le compositeur et le réalisateur avaient optés pour une approche plus lyrique et sentimentale. Du coup, la musique accentue plus subtilement le drame du film en l'accompagnant d'une manière plus distancée, plus froide, et donc, plus sombre. Voilà donc un score réussi mais totalement mineur signé Trevor Jones, à réserver essentiellement aux fans du compositeur!


---Quentin Billard