1-The Town (In The Theatre) 3.30
The Statue in The Square/
The Land of Cheese/What Will
Become of the Baron?/
Beautiful Ladies
2-The Sultan 4.29
The Torturer's Apprentice*/
A Eunuch's Life is Hard*/
Play Up & Win The Game*
3-The War Begins 5.56
The Gang Gest The Treasure/
The Baron Stars The War/
Sally Runs
4-Wednesday 2.37
Cannonball Ride/
Twinkling of an Eye
5-The Balloon 7.35
Escape in the Balloon/
Tattletale/Ascending on Bloomers/
On The Way to The Moon/Storm
6-On The Moon 7.33
The Sea of Tranquility/
Moon King Chase/
Leaving the Moon
7-Vulcan and Venus 7.58
A Little Folder?/Venus Rising/
The Munchausen Waltz
8-In The Belly of The Whale
(The Gang Going
Together Again) 3.39
What Will Become of the Baron?/
Death & Bucephalus
9-The Final Battle 4.26
To The Sultan's Tent/
The Battle Begins/
Gustavus Blows/
The Rt. Ordinary Horatio
Jackson Takes Tail/
Berthold Chases The Bullet/
Albrecht & The Boats/Elephants
10-The Baron Dies and
Lives Again 3.16
The Baron Shot/Requiem+
11-Victory 2.55
Forward The Players/
Open The Gates/
Baron Rides Off Into the Sunset

*Ecrit par Michael Kamen
et Eric Iddle
+Transcription latine par
Sasha Kamen.

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

Warner Bros Records 9 25826-2

Produit par:
Michael Kamen
pour K-Man Corporation avec
Stephen P. McLaughlin
Musique supervisée par:
Ray Cooper
Montage de la musique:
Chris Brooks, Segue Music
Préparation de la musique:
Vic Fraser
Assistant de production:
Ed Shearmur

Artwork and pictures (c) 1988 Columbia Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ***
THE ADVENTURES OF
BARON MUNCHAUSEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
Lorsque Terry Gilliam se lance dans une grosse production totalement démesurée, cela donne le massif 'The Adventures of Baron Munchausen'. Après 'Time Bandits' (1981) et 'Brazil' (1985), Gilliam conclut sa trilogie sur l'imaginaire et nous propose une dernière excursion dans une aventure où l'imagination débridée côtoie l'épique sur fond d'excentricités multiples et de délires en tout genre, armé d'un budget assez conséquent pour l'époque (près de 46 millions de dollars). L'histoire se déroule durant le siècle des Lumières, au 17ème siècle. Une ville côtière d'Europe centrale est assiégée par des turcs, qui affament la population et transforment la ville en ruine. Pourtant, au même moment, une modeste troupe de théâtre interprète une pièce de divertissement illustrant les aventures imaginaires du populaire baron de Munchausen. C'est alors qu'intervient subitement un vieillard qui interrompt la pièce de théâtre et prétend être le vrai baron de Munchausen. Ce dernier se lance alors dans le récit de ses propres aventures avec sa propre version des faits. Mais devant la réaction hilare et moqueuse du public, le baron ne voit qu'une solution pour convaincre son auditoire: libérer la ville de la menace des turcs et prouver, par ses exploits, qu'il est le vrai baron. Munchausen est alors accompagné par Sally (Sarah Polley), la petite fille de la troupe, qui va le suivre dans ses aventures, à la recherche de ses quatre anciens compagnons d'aventure doués de pouvoirs magiques: Albrecht et sa force colossale, Berthold et sa vitesse surhumaine, Gustavus et son souffle extraordinaire et Adolphus et son oeil magique. Hélas, chacun de ses quatre compagnons se trouvent éparpillés ou bloqués à divers endroits du monde, et l'aventure s'avèrera être longue et périlleuse pour pouvoir réunir toute l'équipe et repartir sauver la ville des turcs.

Fidèle à l'humour lourdingue et absurde des Monty Python, Terry Gilliam signe un film énorme dont le tournage fut particulièrement difficile et tortueux pour le réalisateur et son équipe. Avec son équipe italienne fixée à Rome, Gilliam doit affronter des problèmes dès le premier jour du tournage (construction de décor non prévu, changements de tournage, qui commence avec une semaine de retard, etc.). S'ensuit alors une désorganisation quasi totale dans la production du film, un début de tournage chaotique suivi de quelques dépassements de budget assez inquiétants. Devant l'incompétence de son équipe et son incapacité à travailler en harmonie avec le réalisateur, Gilliam décide d'arrêter pendant un temps le tournage, étant sur le point d'être remercié du projet avant que les producteurs de la Columbia viennent épauler le réalisateur, l'assurant qu'ils veulent voir le film fini par ses propres soins. Mais Gilliam est loin d'être arrivé au terme de ses ennuis puisqu'il doit maintenant apporter des modifications au scénario afin d'économiser le plus possible sur le budget, et plus particulièrement pour la séquence sur la lune, réécrite et réorganisée avec une grande économie de moyens par rapport aux idées originales du réalisateur. Le film est fini mais échoue lamentablement durant les 'screen-tests'. A cela s'ajoute un changement d'équipe et des rivalités au sein de la Columbia qui influent alors dangereusement sur la sortie du film de Terry Gilliam. Boudé par le public à sa sortie en 1988, le film a connu un succès très mitigé aux USA, Columbia n'ayant offert au film qu'une sortie confidentielle et modeste. Mais tous les problèmes liés au tournage et à la sortie du film n'ont pas empêché 'The Adventures of Baron Munchausen' de devenir l'un des films fétiches des aficionados de l'humour excentrique et lourdingue made in Terry Gilliam. Il est clair que si vous êtes allergiques aux scènes grotesques et totalement irréalistes (genre la fameuse scène où le baron traverse le champ de bataille en chevauchant un boulet de canon) et à l'humour excentrique et absurde, 'The Adventures of Baron Munchausen' risque fort de s'avérer particulièrement indigeste (le film dure tout de même 120 minutes!). Avec sa tonne d'effets spéciaux excessifs, ses moments de bravoure fous (scène sur la lune, scène avec la déesse Vénus, scènes avec la mort, scène où le baron s'échappe du harem, etc.) et son imagination débridée et enfantine, le massif 'The Adventures of Baron Munchausen' a tout pour séduire les fans de Gilliam et faire fuire en même temps ceux qui sont allergiques à ses délires cinématographiques récurrents.

Après avoir participé à 'Brazil', Michael Kamen collaborait à nouveau à un film de Terry Gilliam en signant la musique de 'The Adventures of Baron Munchausen'. Pour ce film, Michael Kamen a sorti l'artillerie lourde en appliquant la recette habituelle: à film massif, partition massive. Ainsi, le compositeur a choisi d'avoir recours à un très large orchestre incluant un impressionnant pupitre de cuivres, un clavecin (associé à l'époque à laquelle se déroule l'histoire), un hautbois soliste (interprété par Kamen lui-même), des synthétiseurs, etc. Accompagnant quasiment en non-stop le film, la musique de Kamen retranscrit tout le côté délirant et spectaculaire des aventures du célèbre baron, aventures évoquées à travers un thème principal héroïque à souhait. Dès l'ouverture du film, Kamen dévoile le thème principal associé aux exploits du baron Munchausen, introduit par une brève envolée héroïque des cuivres. Puis, très vite, le compositeur étoffe ses orchestrations, ajoute le clavecin qui apporte une touche baroque et fantaisiste dans le score. La séquence du théâtre permet ainsi au compositeur de développer ses touches baroques en développant de manière quasi humoristique le thème de Munchausen avec une combinaison violon/basson/clavecin/flûte du plus bel effet. On ressent ainsi dès le début tout le caractère fantaisiste et excentrique de la partition de Kamen. A noter l'utilisation du synthétiseur qui imite l'orchestre, une autre touche de fantaisie humoristique dans cette partition toute à l'image du film de Gilliam. Michael Kamen confère donc au personnage principal un côté aventureux et fantaisiste qui convient parfaitement au célèbre baron.

Le compositeur poursuit ses délires dans 'The Sultan', qui démarre avec un chant débile (écrit par l'acteur Eric Iddle, l'un des membres des Monty Python) pour la séquence où le sultan interprète sa chanson de la torture. Les délires s'amplifient pour le chant 'A Eunuch's life is Hard', véritable pastiche totalement déjanté - typique de l'univers musical des Monty Python - des récitatifs de Passion de J.S. Bach, sauf qu'ici, l'instrumentation oscille entre le grotesque et le démesuré (choeur tutti chaotique, voix de tête, sons électroniques tordus et sales, etc.). Idem pour la dernière chanson du sultan dans 'Play Up & Win The Game' avec ces étranges onomatopées vulgaires qui servent d'accompagnement. Evidemment, on est ici en plein numéro musical grotesque typique de l'humour absurde des Monty Python, Michael Kamen s'étant complètement prêté au jeu à l'occasion pour l'une des scènes les plus débiles du film (et niveau débilité, on est loin d'être au bout du compte!). La dernière partie de la suite consacré à la longue séquence chez le sultan se termine avec un mélange entre instruments samplés sur synthé et vrais instruments imitant les sonorités orientales traditionnelles. Avec deux morceaux agités et totalement déjantés, la partition de 'The Adventures of Baron Munchausen' s'annonce décidément particulièrement délirante et mouvementée. Kamen évoque le début de la guerre contre le sultan dans 'The War Begins' où il développe les sonorités orientales de 'The Sultan' et les amplifie avec un orchestre déchaîné, dominé par les percussions et les cuivres massifs (à noter que Kamen accorde aussi beaucoup d'importance aux vents, et plus particulièrement aux bassons et aux hautbois). Le sérieux de 'The Baron Stars The War' nous renvoie ici plus clairement au Kamen atmosphérique de 'Die Hard', annonçant que le baron s'est mis dans les ennuis jusqu'au cou avec ses compagnons et qu'il aura fort à faire pour échapper au sultan et à ses sbires.

La célèbre séquence de la chevauchée du boulet de canon dans 'Cannonball Ride' permet à Kamen de développer le motif héroïque de Munchausen sur fond d'orchestrations disproportionnées et massives, où les cuivres dialoguent incessamment avec les vents, les cordes et les percussions, une idée reprise dans l'agité 'Escape in the Balloon' où les cuivres s'imposent une fois de plus par leur côté massif, mélangés à des sonorités électroniques bizarres (Kamen imite ici le son d'un clavecin avec le synthé), lorsque Munchausen et ses amis s'échappent de la ville à l'aide d'une gigantesque montgolfière construite avec des culottes des femmes du théâtre. Mais cette brève envolée épique (donnant du fil à retordre à l'orchestre, surtout aux cuivres) n'empêche pas Kamen d'apporter des ruptures incessantes dans sa musique, passant de passages enjoués et fantaisistes à de gros morceaux orchestraux épiques et massifs, et ce avec une inventivité toujours constante (bien qu'un peu fatigante à la longue à force d'être aussi appuyée lourdement). L'arrivée sur la lune est une nouvelle occasion pour le compositeur d'utiliser ses synthétiseurs d'une façon plus étrange et grotesque, assombrissant considérablement l'ambiance de sa musique pour un 'On The Moon' totalement déjanté. L'arrivée dans la ville en carton pâte du roi de la lune (Robin Williams) est un nouveau passage grotesque ressemblant à une marche interprété par des cuivres en sourdine de synthé kitsch. Kamen fait même référence au célèbre 'L'apprenti sorcier' de Paul Dukas, sur fond de sons de synthé volontairement kitsch et fous (aussi fou et exaspérant que la scène avec Robin Williams), de sons saugrenus et étranges, de délires sonores en tout genre avec un petit ostinato de sons d'horloge - Kamen décrit ici la scène de la poursuite avec le roi de la lune. Si vous n'êtes pas réceptif à l'absurde déjanté en musique, il est fort à parier que 'On The Moon' risque fort de vous paraître particulièrement déjanté. Nous sommes en tout cas ici en présence d'un compositeur qui semble s'être totalement lâché et particulièrement amusé sur le film de Terry Gilliam, à des années lumières des conventions hollywoodiennes habituelles (qui n'auraient jamais acceptés qu'un compositeur puisse écrire une musique pareille pour un gros film d'aventure de ce genre). A noter pour finir une brève allusion ironique à la fin du morceau à la célèbre 'sonate au clair de lune' de Beethoven - après tout, cette scène de folie totale se déroule sur la lune, donc, quoi de plus naturel que de faire une petite touche d'humour en utilisant la 'sonate au clair de lune'?

Loin de vouloir calmer son inventivité fantaisiste et débridée, Michael Kamen poursuit ses délires dans 'Vulcan & Venus' pour la scène de la danse avec Venus (Uma Thurman). Kamen se lance alors dans une valse fantaisiste pour la scène de la danse avec Venus et le baron, Kamen pastichant ici les valses viennoises à la Strauss avec un orchestre particulièrement éclatant et un tempo très soutenu, jusqu'à l'étourdissement final. On passe finalement à l'épisode dans le ventre de la baleine géante, qui débute par une superbe pièce vocale pour choeur mixte a cappella imitant le style des Requiem 19èmiste lorsque les compagnons du baron croient que leur mentor a disparut et se lamentent de sa prétendue mort ('What Will Become of The Baron?'), l'envolée héroïque massive de la fin du morceau annonçant le retour en grande pompe du baron, débouchant sur un 'The Final Battle' particulièrement agité, illustrant la bataille finale contre les troupes turques. Kamen déploie alors son orchestre dans toute sa puissance, cuivres et percussions en avant avec clavecin omniprésent, vents et cordes agitées. La virtuosité parfois extrême de ces parties orchestrales est telle que l'on s'imagine aisément à quel point les séances d'enregistrement durent être particulièrement difficiles et mouvementés. 'The Baron Dies' évoque alors la mort de Munchausen à la fin du film, Kamen s'amusant ici à écrire une sorte de marche funèbre débouchant sur le superbe 'Requiem' écrit à la manière de celui de Mozart (avec clavecin et choeur mixte en latin). La victoire finale éclate alors au cours de 2 minutes 55 particulièrement agitées dans 'Victory', reprenant une dernière fois le thème héroïque du baron de Munchausen au sein d'une véritable coda déjanté à un opus massif et totalement excessif.

'The Adventures of Baron Munchausen' est l'accompagnement musical parfait pour le film de Terry Gilliam. Il ne fait nul doute que Michael Kamen a écrit ici l'un de ses scores les plus déjantés et les plus massifs qu'il ne lui ait jamais été donné d'écrire pour le cinéma. Mais cela n'en fait pas pour autant l'un de ses plus grands chefs-d'oeuvre, notamment à cause du fait qu'au bout d'une heure, on finit par se lasser des pitreries grotesques de la partition du compositeur, d'autant que le but semble avoir été ici d'en faire des tonnes et des tonnes jusqu'à la saturation totale. Il faut aussi remarquer que la musique fonctionne quasiment en non-stop durant tout le film. En clair, on pourra résumer la situation de la façon suivante: à film lourd, musique lourde! Mais il serait néanmoins dommage de s'arrêter à la lourdeur d'une partition où la folie côtoie l'inventivité extrême avec une intensité rarement égalée au cinéma. Michael Kamen nous dévoile ici son côté humoristique qu'il avait déjà très timidement suggéré dans 'Brazil', mais qu'il laisse ici éclater au grand jour dans une partition aussi excessive que délirante qui oscille entre la démesure symphonique totale et le n'importe quoi, parfaitement imprégné de l'ambiance et de l'humour absurde du film. Il est donc parfaitement évident de considérer que la partition de 'The Adventures of Baron Munchausen' est faite avant tout pour séduire les inconditionnels de l'univers des Monty Python, qui retrouveront ici toute l'essence et l'âme de la célèbre troupe anglaise. Pour ce qui est des autres, ils pourront toujours apprécier l'impact humoristique de la musique sur le film, à défaut de s'enthousiasmer pour une partition lourdingue et fatigante à la longue. A réserver donc en priorité à des oreilles averties!


---Quentin Billard