1-Swept from the Sea 3.17
2-To America 3.04
3-The Storm Came 1.43
4-Sea of Death 4.13
5-Search for Yanko
and Night Meeting 5.45
6-Yanko Asks Amy Out 2.11
7-The Sea, The Memorial,
The Cave 6.56
8-Try To Kill Yanko
and Kennedy Speaks
of Things 2.45
9-Yanko's Dance 1.54
10-Love In The Pool 2.36
11-He's Your Half Brother 3.36
12-Jump on Board
To The Cottage 2.00
13-The Wedding 3.54
14-Yanko and Son Dance 1.39
15-Yanko's Delirium 2.52
16-Yanko About To Die
(I Would Change Nothing/
Did Your Own Love
Blind You To Hers) 4.22
17-You Came from the Sea 4.53
18-To Love and be Loved 4.21*

*Interprété par Corina Brouder
Ecrit par John Barry
Paroles de Tim Rice
Produit par John Barry.

Musique  composée par:

John Barry

Editeur:

Decca Records
London 458 793-2

Album produit par:
John Barry
Montage de la musique:
Clif Kohlweck
Producteur exécutif pour
PolyGram Classics & Jazz:
Nancy Zannini

Artwork and pictures (c) 1997 Decca Records/TriStar Pictures. All rights reserved.

Note: ***
SWEPT FROM THE SEA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Barry
Enième drame romantique hollywoodien inspiré d'une histoire de Joseph Conrad, 'Amy Foster', 'Swept from the Sea' (Au coeur de la tourmente) raconte l'histoire d'un amour difficile entre deux êtres étrangers dans un petit village anglais au bord de la mer des Cornouailles, en 1888. Amy Foster (Rachel Weisz) est une modeste employée de maison qui vit seule, renfermée dans son petit monde, à l'écart du village et de sa communauté locale. Elle rêve d'une vie meilleure en observant la mer et ses objets qu'elle rejette parfois et qu'elle ramène sur le récif. Un jour, la mer lui amène le seul trésor auquel elle n'aurait jamais pu rêver: l'amour. Yanko Gooral (Vincent Perez) est un modeste ukrainien qui a quitté son pays natal pour partir découvrir le Nouveau Monde. Un jour, son bateau fut prit dans une terrible tempête et le fit échouer au bord d'une plage, inconscient. Unique survivant du naufrage, Yanko est recueilli et soigné par la famille pour laquelle travaille Amy Foster. Son aspect sauvage et son incapacité à parler un seul mot d'anglais font de lui un marginal rejeté par les villageois, sauf par Amy, qui prend soin de lui et lui vient en aide. Peu de temps après, il est recueilli par le docteur James Kennedy (Ian McKellen) qui découvre en lui un talent sur pour les échecs. Très vite, le docteur adopte Yanko et lui enseigne l'anglais et les usages de la vie en société. Yanko et Amy entretiennent alors une liaison amoureuse, et ce malgré le fait que les villageois ne voient pas d'un très bon oeil leur relation. Malgré la mise en garde de ses parents, Amy épouse Yanko et fonde une famille avec lui. Mais leur romance les obligera à fuir un village où l'on ne veut visiblement plus d'eux.

'Swept from the Sea' n'a rien d'un drame particulièrement original, et la réalisatrice Beeban Kidron se contente d'appliquer les recettes de la façon la plus banale qu'il soit. Néanmoins, le film vaut par la poignante histoire d'amour des deux protagonistes principaux et par le jeu des excellents Rachel Weisz et Vincent Perez qui forment un couple tout à fait crédible à l'écran. Le film évoque le thème de la tolérance, du droit à la différence, à travers une histoire d'amour contrarié par la bêtise humaine et l'hostilité des villageois. A noter quelques seconds rôles intéressants incluant Ian McKellen et Kathy Bates. L'histoire poursuit ainsi son petit bonhomme de chemin, racontée par le docteur Kennedy lui-même, qui se souvient de chaque détail sur Amy et Yanko, peu de temps avant que ce dernier meurt, laissant seule Amy avec son petit enfant. Finalement, c'est le personnage interprété par Rachel Weisz qui se retrouve au coeur de l'histoire, la réalisatrice jouant sur la psychologie et les démons intérieurs qui hantent l'héroïne et son passé trouble. Au final, 'Swept from the Sea' apparaît comme un sympathique drame romantique qui, malgré son côté conventionnel et quelconque, n'en demeure pas moins très réussi et très émouvant.

John Barry est plus que jamais associé aux drames et aux films sombres, lui qui a toujours manifesté son penchant pour les sujets tristes et les ambiances musicales moroses. Avec 'Swept from the Sea', le compositeur de 'Out of Africa' et 'Dances with Wolves' s'en est encore donné à coeur joie. Avec son style romantique habituel et ses traditionnelles cordes lyriques, le compositeur a crée l'accompagnement musical parfait pour cette histoire d'amour contrariée. Dès le générique de début du film, Barry expose son thème principal par des cordes mélancoliques avec, comme souvent chez John Barry, les harmonies soutenus par les cors en arrière-fond sonore (un tic d'orchestration du compositeur). Le thème principal est donc associé à la romance entre Amy et Yanko. 'To America' évoque de manière plus sombre le destin de Yanko lorsqu'il quitte l'Ukraine en direction de l'Amérique, où l'on retrouve comme toujours ces cordes lyriques chères au compositeur. Le drame du naufrage est évoqué dans 'Sea of Death' avec un nouveau thème plus mélancolique et résigné, typique du compositeur. On ne pourra pas passer ici à côté de la très belle utilisation d'une voix féminine élégiaque qui évoque de manière poignante la tragédie du naufrage qui a tué tous les membres de l'équipage hormis Yanko, véritable miraculé. Barry rompt avec la morosité du début de sa partition en étoffant ses orchestrations dans 'Yanko Asks Amy Out' où il utilise les vents et une trompette avec les cordes pour apporter une touche positive lorsque Yanko commence à fréquenter Amy, nous faisant clairement comprendre que l'étranger prend ici un nouveau départ dans sa vie en compagnie de la femme qu'il aime.

Le seul morceau qui se distingue du reste du score est 'Yanko's Dance', une pièce de 'source music' original composé par Barry et que l'on entend pour une scène où Yanko danse sur un air de gigue avec un instrument s'apparentant à un cymbalum rythmé par un tambourin et un accordéon. Mais c'est bien évidemment le romantisme et la mélancolie qui priment ici dans cette partition, avec une superbe reprise du thème principal dans 'Love in the Pool' pour la scène d'amour entre Amy et Yanko dans la caverne. Fidèle à son style romantique qui a fait sa réputation, John Barry met en avant les cordes et tient à répéter plusieurs fois ses cellules mélodiques (souvent reprises au moins deux fois), un autre tic d'écriture du compositeur qui peut parfois agacer ceux qui ne sont pas trop habitué à son style personnel ('Dances with Wolves' était par exemple très représentatif de ce style). Oscillant entre romantisme raffiné et mélancolie résignée, la partition évoque ainsi cette romance difficile, comme le suggère le dramatique 'He's Your Half Brother' lorsque Amy apprend une révélation terrible au sujet de son père. Plus enjoué, 'Jump on Board to the Cottage' reprend le thème plus positif de 'Yanko Asks Amy Out' lorsque le couple découvre son nouveau cottage, suivi du paisible 'Wedding' pour la scène du mariage. Le drame lié à l'agonie de Yanko débute avec le tourmenté 'Yanko's Delirium' lorsque le mari d'Amy tombe malade et souffre de delirium tremens. On notera ici le caractère plus sombre et agité des cordes, qui suggère toute la gravité de la scène tout en y apportant une certaine intensité dramatique, la partition se concluant sur 'You Came from the Sea', apportant une dernière touche lyrique à la partition de John Barry. A noter, pour finir, une très belle reprise du thème principal dans 'To Love and Be Loved', chanson finale interprété par Corina Brouder qui apporte une ultime touche d'émotion à la musique du film de Beeban Kidron.

'Swept from the Sea' est une énième partition romantique/dramatique signé John Barry, composé à une époque où le compositeur a déjà fait largement ses preuves dans le domaine ('Dances with Wolves', 'The Scarlet Letter', 'Cry, The Beloved Country', etc.). Evidemment, Barry n'invente plus rien et se contente d'appliquer ses recettes orchestrales habituelles, mais la mayonnaise prend immédiatement et la musique apporte une émotion certaine au film, accompagnant ses images avec un lyrisme typique du compositeur anglais. Reste que le score est assez peu original et quelque peu répétitif, et qu'il ne fait certainement pas partie des chefs-d'oeuvre du compositeur. Il est certain que cette partition symphonique intimiste est à réserver en priorité aux fans du compositeur et à ceux qui apprécient ses travaux pour les drames romantiques.


---Quentin Billard