1-Main Title 3.13
2-Peace in the Valley 2.54*
3-Frailty 1.00
4-Brothers 1.09
5-Fenton 0.53
6-The List 0.51
7-The Abduction of
Edward March 0.57
8-Laying of Hands 3.18
9-Thurman, 1979 1.23
10-Chosen 2.47
11-The Rose Garden 4.13
12-The Barn 5.45
13-Destiny Fulfilled 4.53
14-A Call to Arms 6.23
15-Ball and Chain 4.09**
16-A Real Country Song 3.25***
17-End Titles 4.44

*Interprété par Johnny Cash
Traditionnel arrangé par
Johnny Cash
Ecrit par Johnny Cash
**Interprété par Dale Watson
Ecrit par Dale Watson
***Interprété par Dale Watson
Ecrit par Dale Watson.

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

OCF Entertainment
OCF 004

Album produit par:
Brian Tyler
Montage de la musique:
Gary Krause

Artwork and pictures (c) 2002 Cinerenta/OCF Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
FRAILTY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Le moins que l'on puisse dire, c'est que pour son premier passage derrière la caméra, l'acteur Bill Paxton n'a pas choisi la facilité. Nourri de son expérience sur le 'A Simple Plan' de Sam Raimi, Bill Paxton - qui a eu tout le temps d'observer les techniques de mise en scène du réalisateur de 'Evil Dead' et de 'Spiderman - signe avec 'Frailty' (Emprise) un premier film fort, un film coup de poing qui a suscité une certaine polémique du à une fin dérangeante à la morale jugée douteuse par la plupart des critiques. 'Frailty' nous plonge dans un Texas secoué par les crimes d'un mystérieux tueur en série qui se fait appeler 'la main de Dieu'. Un soir, un certain Fenton Meiks (Matthew McConaughey) se présente au QG du FBI pour parler à l'agent Wesley Doyle (Powers Boothe), qui est chargé de cette enquête. Il prétend connaître l'identité du fameux serial killer, qui n'est autre que son frère Adam, qui vient de se suicider récemment. Fenton se lance alors dans le récit d'une terrible histoire qui a commencé 20 ans plus tôt, en 1979. Il n'avait alors que 12 ans et Adam n'en avait que 9. Ils vivaient seuls avec leur père (Bill Paxton), leur mère étant décédée après la naissance d'Adam. Tout allait pour le mieux jusqu'au jour où papa Meiks leur annonça qu'il venait d'avoir une vision divine dans laquelle un ange venait l'avertir que lui et sa famille avaient été choisi par Dieu pour détruire des démons avant qu'arrive l'Apocalypse sur terre. Selon les propos du père, les démons ont forme humaine et il est de leur devoir des les éliminer. Le jeune Adam accepte sans broncher, mais Fenton, choqué, crois que son père est devenu fou et songe à s'enfuir avec son jeune frère. Commence alors une longue et douloureuse descente aux enfers pour le jeune garçon.

'Frailty' est plus qu'un simple thriller horrifique, c'est avant tout un film dérangeant sur le fanatisme religieux, un sujet sensible qui, plus que jamais, est toujours d'actualité en ces temps troublés. Le personnage qu'incarne Bill Paxton est l'archétype même du fanatique: un type en apparence normal qui croit que ce qu'il fait 'au nom de Dieu' est bon pour lui et le reste de l'humanité. Ce simple postulat suffit à faire frémir d'horreur et de dégoût, mais le réalisateur/acteur va plus loin et nous montre deux jeunes enfants pris dans un engrenage horrifique, obligé d'assister leur père dans ses meurtres de plus en plus sanglants, armé de sa fidèle hache. Paxton nous montre ici l'innocence des deux enfants bafouée par l'horreur d'une situation choquante dont ils ne ressortiront pas indemne. Il faut dire qu'à l'origine, Bill Paxton avait simplement été contacté par les producteurs de 'Frailty' pour interpréter le rôle du père, mais devant la nature et l'intensité du sujet, l'acteur saisi la chance de tourner son premier long-métrage, un projet difficile et ambitieux pour un premier passage derrière la caméra. Il ne fait donc nul doute que 'Frailty' est un thriller peu conventionnel, qui ne laisse pas indifférent, refusant tout effet sanguinolent habituel et autres artifices hollywoodiens - ici, les meurtres sont toujours suggérés sans effusion de sang. Pourtant, l'horreur est bien présente et le réalisateur entretient une atmosphère lourde et angoissante quasi parfaite dans le film. On sent malgré tout que la mise en scène manque un peu de personnalité. Si le film a été largement médiatisé grâce aux efforts conjugués de Stephen King, James Cameron ou bien encore Sam Raimi, 'Frailty' doit aussi sa réputation de film dérangeant à cause d'une fin ambiguë dont le message a été très négativement interprété par l'ensemble des critiques, à commencer par la presse bien pensante qui a eu vite fait de traîner le film dans la boue sans même prendre le temps de comprendre si oui ou non Bill Paxton défendait la cause du fanatique à la fin du film (ce qui serait alors en totale contradiction avec l'objectif du film). A vrai dire, cette fin ambiguë est certainement à prendre au second degré, car après tout, rien ne nous dit que les flash-backs sur les pêchés des victimes soient la réalité, après tout, il peut très bien s'agir d'une invention née dans la tête du fanatique fou qui croit que ce qu'il fait est juste et bon. Après, le réalisateur n'a fait que montrer cette horrifiante conviction avec des images plus concrètes que de simples discours. Il semblerait pourtant que le public n'ait pas compris cela dans ce sens là. Même Bill Paxton n'a jamais été très clair à ce sujet. Libre donc à chacun d'interpréter la fin comme il l'entend, mais il n'empêche que pour son premier long-métrage, Bill Paxton fait preuve d'un certain savoir-faire et signe un thriller dur et dérangeant qui glace le sang et nous invite à méditer au passage sur la gravité des conséquences du fanatisme religieux.

Brian Tyler est décidément un habitué des sujets sombres, lui qui a réussi à s'imposer en l'espace de quelques années avec des partitions de thriller/horreur comme 'The 4th Floor', 'Terror Tract', 'The Hunted' ou bien encore 'Darkness Falls'. Pour sa première collaboration à un film de Bill Paxton, Brian Tyler a décidé de suivre les traces de Bernard Herrmann en signant une partition orchestrale où règnerait une certaine mélancolique dramatique mélangée à une atmosphère plus macabre et psychologique. 'Frailty' est donc une énième partition horrifique signée Brian Tyler, qui remplit parfaitement ses fonctions dans le film de Bill Paxton, prolongeant musicalement l'expérience horrifique et malsaine de ce long-métrage lugubre. A travers le 'Main Title' qui sert d'ouverture au film et à la musique, Tyler annonce son thème principal qui résume parfaitement l'esprit du film, avec des cordes sombres et quelques éléments électroniques atmosphériques. On ressent ici une certaine gravité mélangée à une forte ambiance de mystère envoûtant et pesant, accentuée par les quelques notes de célesta. Aucun doute possible, Tyler nous délivre ici le thème principal parfait pour résumer cette intense histoire de fanatisme et de meurtres sanguinaires. Dès lors, le compositeur installe une atmosphère sombre et sinistre dans le film et ne cessera de l'amplifier tout au long de cette terrible histoire. Le thème, qui trouve écho dans 'Frailty', évoque de manière sombre le climat de tourment psychologique du film. Plus intime, 'Brothers' évoque la relation paisible initiale entre les deux jeunes frères avant que leurs existences ne basculent dans l'enfer. Pour cela, Tyler utilise le plus simplement du monde un piano avec quelques cordes plus harmonieuses et chaleureuses, laissant deviner une certaine mélancolie qui évoque le caractère plus tragique de cette histoire, celui de l'innocence confrontée à l'horreur (d'où peut-être ici le côté fragile du piano, associé aux jeunes Fenton et Adam).

'The List' assombrit considérablement l'atmosphère pour la scène où le père Meiks obtient sa première liste de 'démons' à détruire. Menaçante et pesante, la musique s'articule pour cette scène autour des cordes sombres, des vents et du célesta qui ajoute une couleur envoûtante à l'orchestre. La seconde victime de cette 'justice divine' est illustrée dans le sombre 'The Abduction of Edward March' où l'horreur de la scène du meurtre est retranscrite à travers des cordes sombres et chaotiques. Tyler accentue alors l'aspect lugubre de la scène, déjà amplifiée par l'éclairage et la mise en scène (sous-bassement, lumière faible, plan fixe, etc.). Le compositeur nous gratifie de quelques sursauts orchestraux chaotiques comme on les affectionne tant, comme c'est le cas dans le sombre 'Chosen' qui évoque les visions 'divines' hallucinées du père Meiks et sa conviction d'oeuvrer pour Dieu. Tyler poursuit son travail dans 'The Rose Garden', qui oscille entre le thème de piano mélancolique de 'Brothers' et l'aspect sombre du reste du score lié à l'horreur de la situation. 'The Barn' nous permet aussi de replonger dans un style plus chaotique et atonal où les cordes stridentes donnent la réplique à des dissonances de vents/cordes, quelques effets électroniques sombres et un bref rappel du thème principal (qui reste omniprésent tout au long du score) dans le pupitre des violoncelles/contrebasses, un thème toujours lié à cette terrifiante intrigue de fanatisme religieux. 'Destiny Fulfilled' paraît refléter une certaine amertume tragique mélangé à une atmosphère sombre et pesante, deux aspects qui résument à merveille l'ensemble de la partition de Brian Tyler pour 'Frailty'. 'A Call to Arms' est d'ailleurs la conclusion parfaite de ce sinistre opus, une pièce atonale où semble régner un certain chaos orchestral tout à fait typique du style horrifique de Brian Tyler.

Au final, la musique de Brian Tyler pour 'Frailty' retranscrit à merveille toute l'intensité et la noirceur de ce récit dérangeant. Certes, on pourra toujours reprocher à la partition de manquer cruellement de personnalité, mais il n'empêche que le compositeur nous prouve qu'il est réellement à l'aise dans le registre de l'horreur. Tyler en profite aussi pour apporter une certaine mélancolie tragique à sa partition, illustrant au final cette tragédie de deux jeunes enfants innocents dont l'existence bascule dans l'horreur à cause d'un père apparemment devenu fou. Pour finir, le compositeur semble aussi être à l'aise pour trouver des thèmes envoûtants qui résument parfaitement tout l'esprit du film. Entre horreur, suspense, tension psychologique et mélancolie, le score de 'Frailty' est un bon résumé du style orchestral du compositeur, un score qui, bien qu'il ne marquera pas les annales du genre, confirme au moins que Brian Tyler est une valeur sure de la nouvelle génération de musiciens hollywoodiens!


---Quentin Billard