1-Legends of the Fall 4.17
2-The Ludlow 5.40
3-Off to War 5.55
4-To the Boys... 2.49
5-Samuel's Death 8.24
6-Alfred Moves
to Helena 3.01
7-Farewell/
Descent into Madness 8.13
8-The Changing Seasons,
Wild Horses,
Tristan's Return 5.11
9-The Wedding 3.06
10-Isabel's Murder,
Recollections of Samuel 3.58
11-Revenge 6.20
12-Goodbyes 3.12
13-Alfred, Tristan,
The Colonel, the Legend... 15.09

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Epic Soundtrax
478511 2

Monteur de la musique:
Jim Henrikson
Assistant montage:
Joe E.Rand

Artwork and pictures (c) 1994 Tristar Pictures inc. All rights reserved

Note: ****
LEGENDS OF THE FALL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Le réalisateur Edward Zwick restera probablement connu dans sa carrière pour ce magnifique film poignant et déchirant qu’il nous offrit en 1994. « Legends of the Fall » (Légendes d’Automne) s’apparente aux grandes sagas familiales hollywoodiennes d’antan, avec un casting de rêve (Brad Pitt, Anthony Hopkins, Aidan Quinn, Julia Ormond, Henry Thomas), une mise en scène académique mais inspirée, et des images grandioses et uniques des terres sauvages du Montana. L’histoire se déroule donc dans cette région des Etats-Unis au début du 20e siècle. On y suit ainsi le destin mouvementé de trois frères et de leur père, les Ludlows, au moment où la première guerre mondiale de 14-18 est sur le point d’éclater. Le colonel William Ludlow (Anthony Hopkins) a toujours pris soin de ses trois fils, qu’il a élevé dans le bonheur et l’amour familial. Samuel (Henry Thomas), Tristan (Brad Pitt) et Alfred (Aidan Quinn) grandirent ensemble en compagnie de la belle Susannah (Julia Ormond) et partagèrent de bons moments jusqu’à ce que la guerre éclate et que les trois frères décident de s’engager dans l’armée britannique. Samuel sera finalement tué au combat, quand à Alfred, il sera blessé à la jambe mais survira. Il décidera finalement de revenir au Montana et proposera à Susannah de l’épouser. Mais cette dernière préfèrera finalement Tristan. Résigné, Alfred décide alors de quitter la maison familiale et de s’installer dans la ville d’Helena où il commencera à faire carrière dans la politique. « Legends of the Fall » s’inspire donc du roman éponyme de Jim Harrison et nous propose une histoire poignante, bouleversante, une grande saga épique et romantique sur le destin d’une famille dans laquelle chaque membre affrontera les épreuves du temps à sa façon : le bonheur, le malheur, l’amour, la mort, la vengeance, etc. Film complexe qui mélange ces différents concepts réunis dans une histoire passionnante, « Legends of the Fall » est un pur chef-d’oeuvre qui nécessita pour le réalisateur Edward Zwick pas moins de 17 ans avant de pouvoir concrétiser ce film. Autant dire que l’attente n’aura pas été vaine pour le réalisateur, car le film s’avère être une réussite incontestable, un long-métrage épique qui n’évite pas quelques effusions mélodramatiques mais parvient néanmoins à nous conquérir par la puissance de son histoire et l’interprétation exceptionnelle de ses acteurs (Brad Pitt au sommet de son art !). Une grande réussite, en somme !

La musique de James Horner pour « Legends of the Fall » fait partie de ses plus grandes réussites, une musique dans laquelle le compositeur démontre aisément toute l’étendue de ses talents et de sa sensibilité. La partition repose sur une thématique très importante, un thème pour la « légende », mélodie épique et magnifique entendue dès « Legends of the Fall » et le début du film, introduit par une trompette soliste. On retrouve ensuite ce thème magnifique dans « The Ludlow » et bien sûr dans le superbe final du film, « Alfred, Tristan, the Colonel, the Legend », thème d'une grandeur épique qui suggère aussi les sentiments des différents personnages du film. Quoiqu’il en soit, James Horner a écrit le thème parfait pour évoquer ce concept d’une grande saga familiale épique. A noter que l’un des trois frères interprète une chanson vers le début du film, chanson entendue uniquement dans sa version instrumentale sur le CD, joué par le piano au début de « The Ludlow », et que l'on retrouve aussi au fiddle (violon américain) dans la dernière partie de « Alfred, Tristan, The Colonel, The Legend » pour le magnifique générique de fin du film. Il s’agit d’un second thème majeur du score de Horner, illustrant la beauté des décors du Montana, une mélodie aux allures d’air populaire américain qui reflète dans le film la nostalgie du Montana, d’une innocence perdue pour les trois frères qui vont devoir, chacun à leur tour, traverser des drames et des situations difficiles dans leur vie.

Tristan, l’un des trois frères Ludlow, possède quand à lui son propre thème, une mélodie épique représentant sa nature sauvage et le conflit qui l'habite, entre son amour déchirant pour une femme mariée avec l’un de ses frères, puis sa profonde mélancolie suite à la mort de son autre frère, Samuel pendant la première Guerre Mondiale, sans oublier la mort tragique de sa femme, abattue accidentellement par un policier. James Horner a donc trouvé un thème mémorable et grandiose pour illustrer le côté à la fois tragique de l’existence de Tristan mais aussi sa nature sauvage, un grand thème épique entendu notamment dans le superbe « Samuel's Death » et dans « The Changing Seasons », « The Wild Horses », « Tristan's Return », et qui illustre parfaitement les scènes mettant en valeur le personnage, et notamment lors de sa tentative désespérée de sauver son frère durant la guerre, puis lors de son retour parmi les chevaux sauvages après avoir quitté le pays pendant des mois, superbe séquence dont la grandeur est largement amplifiée par l’apparition progressive du thème épique et chevaleresque de Tristan exposé alors dans un puissant tutti orchestral pour lequel le compositeur fait d'ailleurs intervenir sa sempiternelle shakuhachi, flûte japonaise en bambou déjà utilisée par le compositeur dans des partitions telles que « Willow » (1988), « Commando » (1985) ou bien encore « Thunderheart » (1992), et qui sert ici à illustrer le caractère purement sauvage de sa musique - et les associations avec les sonorités des amis indiens de la famille Ludlow dans le film. On pourra ensuite entendre un quatrième thème, plus romantique et extrêmement émouvant, dans les scènes plus heureuses du film, celle du mariage de Tristan dans « The Wedding » ou celle de l'arrivée d'Alfred à la ville d'Helena où il installera son commerce dans « Alfred Moves to Helena ». C'est dans ces passages là qu'Horner nous rappelle son talent et sa sensibilité, nourrissant une véritable compréhension et une réappropriation très claire des sentiments humains qu’il sait toujours retranscrire en musique avec une justesse rare.

Finalement, Horner nous fera entendre un cinquième thème à deux reprises dans le film, dans le déchirant « Goodbyes » et dans le générique de fin du film, un thème qui illustre la déchirure de la séparation et la douleur des adieux, et plus particulièrement dans la très belle scène de la prison entre Tristan et Susannah, son ancien amour, pour qui il ressent encore des sentiments malgré le fait qu'elle soit mariée et qu'il l'ait été lui aussi, avant que sa femme Isabel ne meurt. Ce thème poignant permet aussi à James Horner de nous offrir un nouveau thème au lyrisme pur et élégant, un lyrisme poignant, qui nous va droit au coeur. Finalement, la dernière partie du film illustrera principalement la vengeance de Tristan contre les auteurs du meurtre de sa femme Isabel. « Revenge » décrit ainsi la haine de Tristan et son envie acharnée de se venger à tout prix, le caractère sauvage de la scène étant représenté par l'utilisation de la shakuhachi et du synthétiseur, le morceau étant construit sous la forme d’un long crescendo de plus en plus intense et violent. Le thème de Tristan est rappelé brièvement ici par l'utilisation de voix féminines, tandis que la shakuhachi rythme le morceau en même temps que les percussions. Il est cependant regrettable de constater qu’Horner semble bien moins inspiré ici lorsqu'il s'agit d’évoquer la violence. Cependant, le morceau parfaitement à la scène du film, et l'emploi du synthétiseur - typique de Horner - apporte une froideur idéale à cette scène violente.

Evidemment, le final du final reste un moment incontournable dans lequel James Horner rappelle ses différents thèmes avec brio. Avec l'ensemble du film, c'est le déroulement d'une vie entière qui s'est développée et déroulée sous nos yeux. C’est pourquoi il fallait bien évidemment rendre ce moment final particulièrement émouvant, lorsque la plupart des proches de Tristan sont pratiquement tous morts et qu’il devient un vieil homme à son tour, la morale du film se concluant sur la métaphore de l'ours, qui suggère que l’on ne peut échapper à son destin, à ce que l'on est. Et pour le générique de fin du film, c'est une véritable pièce de pure émotion que le compositeur nous offre ici ! Pendant plusieurs minutes, Horner rappelle le magnifique thème de la légende, représentation de la vie et de la saga des Ludlows, puis le thème des jours heureux, romantique et émouvant. Horner rappelle bien évidemment la très nostalgique pièce de la chanson américaine au fiddle solo, puis le déchirant thème des adieux de « Goodbyes », qui conclut la suite avant la reprise du thème de la chanson du Montana.

Avec « Legends of the Fall », James Horner a écrit indiscutablement l’une de ses plus belles partitions, dans laquelle on reconnaît toujours bien sûr toutes les influences personnelles et classiques du compositeur. En tout cas, « Legends of the Fall » est une grande partition romantique et épique d’un lyrisme incomparable, une musique qui, hélas, est un peu trop présente dans le film et ne peut pas prendre toujours suffisamment de temps pour respirer - d’autant que certains thèmes du score sont répétés un peu trop systématiquement à certains moments, et finissent parfois par lasser. Mais ne boudons pas notre plaisir ! « Legends of the Fall » apporte une réelle émotion au film d’Edward Zwick et a très largement contribué au succès du film. Il s’agit bel et bien de l’archétype même de la musique du romantisme épique et flamboyant à la James Horner, intelligemment construite et inspirée, l’une des trois grandes partitions lyriques du Horner 90s avec « Braveheart » et « Titanic ». Inoubliable, tout simplement !



---Quentin Billard