1-Main Titles 3.36
2-Claire Returns The Baby 1.11
3-My Sister Lives Around Here/
Those Rocks 1.59
4-Bloodstain 2.05
5-The Baby 2.48
6-Don't Work Late 0.52
7-Mack's Flashback 1.22
8-Don't Want Out 6.44
9-Searching For A Heart 4.16*
10-Mack and Claire's Dream 5.23
11-Dee In Brentwood 0.48
12-Otis Runs 3.53
13-You White? 1.27
14-Keep The Baby 1.34
15-Doesn't Matter 0.45
16-Grand Canyon Fanfare/
End Titles 4.10

*Ecrit et interprété par
Warren Zevon
Produit par Waddy Wachtel.

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

RCA/BMG/Milan
07863 61115-2

Score produit par:
James Newton Howard
Co-produit par:
Michael Mason
Musique supervisée pour
20th Century Fox par:
Elliot Lurie
Album supervisé pour Milan par:
David Franco
Design de l'album:
Jacqueline Murphy

Artwork and pictures (c) 1991 Twentieth Century Fox. All rights reserved.

Note: ***1/2
GRAND CANYON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Excellent drame signé Lawrence Kasdan, 'Grand Canyon' évoque le destin de six personnages à travers le Los Angeles actuel, six destins entremêlés par une série de coups du sort, d'amitiés, de chance, de coïncidences, de miracles, de souffrances, etc. On y découvre ainsi Mack (Kevin Kline), patron relativement aisé qui se lie d'amitié avec Simon (Danny Glover), un noir qui exerce le métier de dépanneur pour un garage et qui le sauve un soir alors qu'il est sur le point d'être attaqué par une bande de jeunes voyous du quartier. Pour lui, avoir été ainsi sauvé par Simon relève du miracle pur et dur, et c'est ainsi qu'il se sent redevable envers son nouvel ami et propose de venir en aide à sa soeur, qui vit dans un quartier où règne le crime et la violence des bandits en tout genre, en lui proposant d'habiter dans un appartement dans un quartier plus tranquille. Mack va même jusqu'à caser Simon avec une connaissance de son travail. Pendant ce temps, Claire (Mary McDonnell), la femme de Mack, découvre un bébé abandonné dans un parc et décide de le recueillir et de l'adopter officiellement, et ce malgré les réticences initiales de Mack. Leur couple semble alors battre de l'aile, d'autant que Mack doit supporter les avances de sa jeune secrétaire Dee (Mary-Louise Parker). En parallèle de cette histoire, on découvre Davis (Steve Martin), réalisateur de films d'action particulièrement violents qui fait un jour lui-même l'expérience de la violence en se faisant agresser dans la rue et tirer dans la jambe, l'handicapant pour un bon laps de temps (le personnage de Steve Martin étant une caricature quasi avouée du célèbre producteur hollywoodien Joel Silver). Pour chacun de ces différents personnages, le destin leur donne l'occasion de s'interroger sur le sens de la vie en général et le chaos qui règne dans la société américaine actuelle et dans l'existence humaine en général. Le réalisateur Lawrence Kasdan surprend ici en affirmant un ton plus personnel et méditatif dans son film, épaulé par un casting assez impressionnant (Danny Glover, Kevin Kline, Steve Martin, Mary McDonnell, Mary-Louise Parker, Alfre Woodard, Jeremy Sisto, etc.). De par la lenteur et le ton à la fois sombre et paisible de son film, Lawrence Kasdan nous offre une vision assez pessimiste de la société américaine dans les grandes villes actuelles et propose au chaos de cette existence urbaine une seule solution: l'amour, l'amitié, la tolérance, le respect, de grandes valeurs simples et universelles sublimées à travers la relation des différents protagonistes principaux du film. Kasdan reprend ici le principe de l'analyse de plusieurs personnages aux destins liés, sujet déjà traité dans son précédent film, 'The Big Chill' (Les copains d'abord) et signe ici un drame intimiste dur, émouvant et personnel, qui annonce très clairement le futur 'Short Cuts' que tournera deux ans plus tard Robert Altman. Voilà en tout cas un excellent film justement récompensé par l'Ours d'or du meilleur film à Berlin en 1992!

'Grand Canyon' marque le début de la collaboration entre Lawrence Kasdan et James Newton Howard, qui signe pour 'Grand Canyon' une partition électronique et orchestrale, à mi chemin entre son style pop de la fin des années 80 et son style orchestral plus traditionnel des années 90, une sorte de véritable résumé de l'oeuvre musicale du compositeur en ce début des 'nineties'. Howard dévoile son excellent thème principal dans le traditionnel 'Main Titles' introductif, un thème constitué d'un motif harmonique développé par des synthétiseurs, une basse de synthé et les traditionnelles rythmique pop électroniques chères au compositeur à la fin des années 80. Le thème possède un côté légèrement mélancolique qui annonce très clairement par moment le style de 'Intersection' (1994), un thème parfaitement ancré dans cette histoire de violence, de destins, d'amitié, etc. A noter que l'utilisation des synthétiseurs et des rythmiques pop s'associent à merveille dans le film à l'univers urbain de l'histoire (la ville de Los Angeles). Le thème principal semble alors grandir et prendre une plus grande ampleur tout au long du 'Main Titles' avec l'excellente utilisation des choeurs, annonçant ici le style plus dramatique de l'histoire. L'atout majeur du score de 'Grand Canyon', c'est de réussir à évoquer les différents sentiments et émotions du film avec une variété d'ambiance assez étonnante. Ainsi, passé le 'Main Titles' aux rythmiques synthé pop, 'Claire Returns The Baby' dévoile le style plus intimiste et orchestral du score, à l'aide d'un saxophone soliste accompagné par les cordes et les vents, ici associés à Claire et son nouveau bébé adopté. C'est cette ambiance intimiste orchestrale que l'on retrouvera tout au long du film, alternant régulièrement avec les pièces de style plus synthé/pop.

'My Sister Lives Around Here/Those Rocks' nous permet de retrouver le JNH des années 80 avec guitare électrique/basse/synthé/rythmes pop toujours associé à l'univers urbain du film mais qui évoque ici la relation d'amitié entre Mack et Simon, tout en conférant au quartier où habite la soeur de Simon un côté dur à travers les touches rock/pop du morceau. C'est aussi l'occasion pour le compositeur de dévoiler ici l'utilisation d'un choeur qui souligne à la fois l'humanité des différents personnages et les moments émotionnellement plus fort du film, une excellent idée que le compositeur assume pleinement dans sa partition. Plus sombre, 'Bloodstain' réutilise la guitare électrique avec les synthés et les rythmes sympas qui évoquent une fois encore la ville et ses habitants, bien qu'ici il y ait un certain caractère paisible plus intimiste. JNH fait même un tour du côté de la musique de suspense dans 'The Baby' qui semble avoir été écrit pour un thriller, avec nappes de synthé dissonantes, cordes et basse de synthé créant une certaine tension, accompagnant la scène où Claire découvre le bébé abandonné dans le parc (la tension de la musique dans cette scène semble annoncer que quelque chose d'imprévisible est sur le point d'arriver). JNH fait office référence à ce genre de musique dans suspense dans une partie de 'Otis Runs' lorsque le fils de la soeur de Simon se retrouve dans un quartier blanc, harcelé par les nouveaux caïds du coin Mais plus l'histoire avance, plus ce sont les touches plus romantiques/intimistes qui dominent, à commencer par 'Don't Work Late' et son saxophone soliste associé à Dee et son amour impossible pour Mack, comme dans le jazzy et sensuel 'Dee In Brentwood'. De son côté, Mack est illustré avec une plus grande mélancolie dramatique dans l'émouvant 'Mack's Flashback' avec cordes, vents, cuivres et choeur dans une approche orchestrale plus poignante et nostalgique.

Plus étrange, 'Mack and Claire's Dream' accompagne la séquence du rêve de Mack et Claire alternant entre synthés bizarres et discontinus et orchestre et choeur dans un style plus onirique, apportant une certaine émotion à l'une des scènes majeures du film qui résume toutes ces idées de frustration, de désir, d'évasion, etc. A travers les guitares et les synthés de 'You White?', les cordes et le piano nostalgique de 'Keep The Baby' ou les touches jazzy solitaires de 'Doesn't Matter' , James Newton Howard résume parfaitement les différentes émotions et états d'esprit des personnages principaux et apporte au film de Lawrence Kasdan une émotion particulière couplée à une variété d'ambiance intéressante bien qu'un peu trop décousue au fil de l'écoute. Enfin, last but not least, JNH s'est fait un petit plaisir en écrivant la 'Grand Canyon Fanfare' qui conclut le film en beauté, une grande fanfare cuivré à l'ancienne auquel le compositeur ajoute un choeur quasi épique. C'est l'occasion pour James Newton Howard de faire ici référence à son style symphonique plus massif et épique, que l'on retrouvera quelques années plus tard dans des scores tels que 'Waterworld' ou 'The Postman'. La fanfare triomphante accompagne avec brio le plan final du générique de fin dans le Grand Canyon, une petite surprise inattendue qui prouve à quel point James Newton Howard tenait à varier le plus possible les différentes ambiances musicales de sa partition afin de restituer les différentes ambiances et émotions des protagonistes principaux.

Pour sa première collaboration avec Lawrence Kasdan, James Newton Howard marque un point même s'il ne signe pas là un très grand chef-d'oeuvre. Le compositeur apporte au film une certaine sensibilité tout en faisant un compromis entre son style synthé/pop de la fin des années 80 et son style orchestral déjà largement mis en place en 1991, et vers lequel James Newton Howard va essentiellement s'orienter dans les années à venir. On ressent à l'écoute de 'Grand Canyon' toute la personnalité et l'inspiration d'un compositeur qui maîtrise pleinement son sujet malgré le caractère décousu et fourre-tout de sa partition. On sent ainsi que le compositeur est particulièrement à l'aise dans le registre des drames et des comédies intimistes, un genre qu'il exploitera plus tard à travers des films tels que 'Intersection' ou 'The Saint of Fort Washington'. Voilà en tout cas un score de qualité signé par l'un des meilleurs compositeurs hollywoodiens du moment, toujours en pleine inspiration avec déjà près de 20 ans de carrière pour la musique de film américaine!


---Quentin Billard