Ethiopia

1-i 2.14
2-ii 6.15*
3-iii 2.13
4-iv 4.13

Cambodia

5-i 2.41
6-ii 9.56
7-iii 3.26
8-iv 4.51

Chechnya

9-i 6.16
10-ii 4.41
11-iii 2.22**
12-iv 6.15

*Inclu 'Tirut Tebatin Lig',
Interprété par
Ejigayehu "Gigi" Shibabaw
**"Traumerai" de
Robert Schumann
Interprété par Randy Kerber.

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6529

Album produit par:
Simon Rhodes, James Horner
Producteurs exécutifs album:
Budd Carr, Robert Townson
Superviseur de la musique:
Julyce Monbleaux
Coordinateur de la musique:
Christina Kline
Superviseur du montage:
Jim Henrikson
Montages de la musique:
Joe E. Rand, Dick Bernstein
Assistants montage:
Nancy Fogarty,
Barbara McDermott

Programmation synthétiseur:
Ian Underwood, Randy Kerber
Préparation de la musique:
Bob Bornstein

American Federation of Musicians

Artwork and pictures (c) 2003 Paramount Pictures and MP Films Management UNLS Productions GmbH & Co. KG. All rights reserved.

Note: ***
BEYOND BORDERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Dans 'Beyond Borders' (Sans frontière), le réalisateur Martin Campbell évoque le combat pour les causes humanitaires sur fond de guerre et de romances tourmentées. Sarah Bauford (Angelina Jolie) est l'épouse d'un homme riche, Henry Bauford (Linus Roache). Un soir, à Londres en 1984 au cours d'une réception mondaine en faveur d'une association à but humanitaire, le docteur Nick Callahan (Clive Owen) fait brusquement irruption avec un jeune enfant noir qu'il a ramené d'Ethiopie, où il poursuit une mission humanitaire difficile. Nick s'adresse alors à toute la salle et entame un speech vibrant où il dénonce devant tout le monde le manque de financement et de ressources dans les pays ravagés par la famine et la misère. Bouleversée par sa conviction et sa passion pour les causes humanitaires, Sarah décide de se rendre en Ethiopie pour rejoindre le camp où travaille Nick. Ce dernier se montre particulièrement rude envers elle, persuadée qu'elle perd son temps ici, mais Sarah insiste et veut réellement partager le quotidien des médecins sur le terrain. Cette expérience la changera à tout jamais. De retour chez elle à Londres, Sarah décide de rejoindre l'Oxfam et travaille pour les Nations Unies, tout en gardant le contact avec Nick et son équipe. Quelques années plus tard, Sarah retrouve à Londres Elliott Hauser (Noah Emmerich), l'un des membres de l'équipe de Nick qui demande à Sarah d'user de son influence aux Nations Unies pour les aider à transporter des vivres et des médicaments pour une nouvelle mission humanitaire au Cambodge. Elle accepte et décide ensuite de se rendre au Cambodge où elle retrouvera Nick. La misère et la souffrance qu'ils côtoient tous les jours les aideront à se rapprocher l'un de l'autre et à s'aimer.

Avec un sujet pareil (le combat des médecins pour les causes humanitaires, la dénonciation des manques de financements des missions humanitaires, la situation précaire extrêmement grave dans certains pays, etc.), on attendait Martin Campbell au tournant. Hélas, si 'Beyond Borders' tient des allures de promesse durant sa première heure, la seconde partie du film s'essouffle vite. On y découvre alors la trame romantique entre Sarah et Nick, et ce qui était au départ un drame dur et poignant sur les causes humanitaires dans le monde se transforme vite en vulgaire mélo hollywoodien et sentimental filmé sans aucune imagination par un artisan hollywoodien qui connaît bien son alphabet mais filme sans génie, sans personnalité. Néanmoins, on ne peut rester insensible à la misère que nous montre (trop) brièvement 'Beyond Borders', un film qui appelle aussi à réfléchir sur l'importance des hommes et des femmes qui se dévouent bénévolement chaque jour pour tenter d'apaiser un peu la souffrance dans divers pays du monde (c'est aussi un nouveau constat attristant de la connerie humaine sous toutes ses formes). A noter qu'Angelina Jolie s'est totalement prêté au jeu puisqu'avant de débuter le tournage du film, l'actrice a tenu à participer elle-même à une mission humanitaire de l'Oxfam. Hélas, tous les efforts déployés par les concepteurs de 'Beyond Borders' semblent avoir été vain puisque le film a connu un échec cuisant à sa sortie en salle aux Etats-Unis, à tel point qu'il n'a même pas été diffusé au cinéma en France, où il est directement sorti en vidéo (sujet pas assez vendeur peut-être...), un destin bien triste pour un film qui aurait peut-être méritait un accueil plus favorable, et ce malgré ses défauts.

James Horner est décidément un habitué des drames, lui qui a passé plus de la moitié de sa carrière à écrire pour ce type de films. Concernant sa nouvelle partition pour 'Beyond Borders', c'est la seconde collaboration entre James Horner et Martin Campbell, pour lequel le compositeur avait déjà écrit auparavant la musique de 'The Mask of Zorro'. Changement de registre radical sur 'Beyond Borders', où le compositeur retrouve son style lyrique/dramatique habituel mais reposant cette fois-ci essentiellement sur l'électronique avec les solistes habituels et quelques passages orchestraux traditionnels. A la première écoute du score dans le film, on est surpris par le côté froid et électronique de la partition. Plus l'histoire avance, et plus la musique tend à se rapprocher de l'orchestre symphonique habituel, mais durant toute la première partie du film, le score repose essentiellement sur un mélange constant synthétiseurs/solistes. Le film se déroulant dans trois pays différents, en Ethiopie, au Cambodge et en Tchétchènie, Horner a décidé de diviser à son tour sa partition en trois parties, unies par un même thème principal dont l'aspect mélodique gracieux vient apporter un peu d'émotion et une certaine poésie intimiste à la musique. La première partie, 'Ethiopia', permet d'accompagner l'arrivée de Sarah dans la mission humanitaire de Nick en Ethiopie. L'arrivée de l'héroïne interprétée par Angelina Jolie se fait justement au son du thème principal exposé ici par un choeur d'enfants (une marque de fabrique du compositeur - cf. 'Braveheart', 'Glory' ou 'Deep Impact' entre autre), des flûtes exotiques et des percussions africaines avec un peu de synthé. On appréciera ici la qualité de ce très simple et joli thème principal qui évoque la détermination et la grandeur d'âme de tous ces gens qui luttent contre la misère, le chaos et la famine.

La seconde partie de 'Ethiopia' fait intervenir la voix de la soliste éthiopienne Ejigayehu Shibabaw avec le chant populaire éthiopien 'Tirut Tebatin Lig' que le compositeur a récupéré ici de l'album 'Ethiopie, chant d'amour' et réadapté pour les besoins du film (pour information, Ejigayehu 'Gigi' Shibabaw est l'auteur d'un album sur la musique soul éthiopienne devenu best-seller et intitulé 'Abyssinia Infinite'). Accompagné par des synthés plus froids, la soliste éthiopienne évoque à travers son chant envoûtant la beauté d'un pays malheureusement ravagé par la misère, la famine et la loi des milices qui règnent en maître sur l'ensemble du pays. L'électronique est donc utilisé ici afin de rendre un côté froid et dur aux images, le mélange opérant d'ailleurs parfaitement à l'écran. La partie 3 nous permet alors de découvrir un Horner plus traditionnel avec une nouvelle reprise orchestrale du thème principal aux cordes, aux vents et au choeur d'enfants (les voix d'enfants évoqueraient-elles les enfants mourrant de fin en Ethiopie?). Le synthé est toujours présent dans la 4ème partie de 'Ethiopia' où Horner continue de développer le thème principal par un hautbois du synthé auquel il ajoute ici un piano plus intimiste évoquant l'amour naissant entre Nick et Sarah.

La seconde partie du score, 'Cambodia', marque une certaine progression par rapport au début avec une accentuation des solistes et du synthétiseur et l'apparition d'un nouveau thème plus mélancolique et dont le contour mélodique simple ressemble vaguement à un air populaire traditionnel. Pour la partie du film se déroulant au Cambodge, Horner décide d'utiliser ici les flûtes ethniques solistes qui développent le thème mélancolique dans la première partie, thème qui illustre à l'écran l'amour quasi impossible entre Sarah et Nick. La seconde partie rompt radicalement avec le style plus dramatique et intimiste du reste du score puisque Horner dévoile ici son matériau électronique de manière inattendue, avec nappes de synthé froides et rythmiques électroniques modernes que l'on a rarement l'habitude d'entendre chez Horner, une petite surprise qui bien qu'assez anecdotique, nous rappelle néanmoins à quel point le style musical de James Horner semble avoir sensiblement changé durant ces 3 dernières années. A noter que le morceau fait ici monter la tension lors d'une scène où Nick doit faire face à la colère soudaine de militaires Cambodgiens (on est alors à l'époque des Khmers rouges). La quatrième et dernière partie consacrée au Cambodge se conclut de manière plus sombre avec synthé et flûte exotique aux sonorités mélancoliques et solitaires.

Finalement, c'est 'Chechnya' qui servira de partie finale à la partition de 'Beyond Borders' avec une première partie qui surprend par la froideur de ses textures électroniques (à notion l'utilisation d'un son s'apparentant à la mandoline pour évoquer les décors Tchétchène) imposant ici une certaine gravité alors que Sarah se rend en Tchétchènie durant le milieu des années 90 pour rechercher Nick qui a été fait prisonnier. On retrouve le Horner typique des grandes musiques orchestrales dramatiques/tragiques dans le crescendo de cordes plaintives de la seconde partie de 'Chechnya', pour la scène où Nick et Sarah s'enfuient, poursuivis par des militaires Tchétchènes. Cette dernière partie se conclut sur une dernière reprise du thème mélancolique joué ici par les flûtes ethniques (qui s'apparentent ici à des flûtes péruviennes, ce qui n'a pas vraiment de rapport avec la Tchétchénie d'ailleurs!) et qui semblent conclure la partition sur une touche d'amertume assez émouvante, même si au final, le score de 'Beyond Borders' n'est pas aussi lyrique et poignant qu'on aurait pu le souhaiter, surtout étant donné le sujet (le don de soi, le sacrifice, l'amour plus fort que tout, etc.). Voilà donc un nouveau score de Horner sympa sans plus, qui surprend malgré tout par la froideur de ses synthétiseurs et un caractère relativement retenu qui semble parfois nuire un peu au relief de la partition. Tout à fait quelconque, cette nouvelle composition de James Horner a au moins le mérite de prouver que le compositeur de 'Aliens' et de 'Titanic' est toujours sur le devant de la scène après s'être fait discret à Hollywood pendant quelques temps. Certes, 'Beyond Borders' ne laissera certainement pas un souvenir impérissable dans notre esprit, et ce même si par rapport au film de Martin Campbell, le cahier des charges est parfaitement rempli. Néanmoins, on pourrait toujours critiquer la froideur de la musique dans le film alors que l'on se serait attendu à une partition moins distancée et peut-être encore plus lyrique, et ce même si l'on retrouve ici une certaine émotion parfaitement ancrée dans les images du film. Un score à réserver donc en priorité aux inconditionnels du compositeur!


---Quentin Billard