1-The Makings of
A Fine Soldier 3.28
2-The Dance 2.22
3-Harry's Resignation 10.09
4-Sniper! 1.27
5-To Abou Clea 3.08
6-The Martyrs 2.40
7-The Mahdi 10.47
8-The Letters 6.52
9-Poison From A Friend 6.56
10-Escape 6.45
11-Ethne's Feather 4.21
12-Ghost of Serenity 6.30
13-A Coward No Longer 13.49

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Sony Classical/Music Soundtrax
SK 89744

Album produit par:
Simon Rhodes, James Horner,
Tony Hinnigan

Coordinateur des musiciens ethniques:
Tony Hinnigan
Programmation synthétiseur:
Ian Underwood, Randy Kerber
Superviseur de la musique:
Julyce Monbleaux
Superviseur montage:
Joe E. Rand
Assistants montage:
Barbara McDermott,
Nancy Fogarty

Monteur du temp-track:
Gerard McCann
Préparation de la musique:
Vic Fraser

Artwork and pictures (c) 2002 Paramount Pictures and Miramax Film Corp. Package (c) 2002 Sony Music Entertainment, Inc. All rights reserved.

Note: ***
THE FOUR FEATHERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Remake d'un film homonyme de 1939, 'The Four Feathers' (Frères du désert) est l'adaptation d'un ouvrage de l'écrivain britannique A.E.W. Mason qui, après avoir été adapté la première fois au cinéma par Zoltan Korda en 1939, fut de nouveau porté à l'écran en 1955 par Terence Young et par Don Sharp dans le téléfilm de 1977. L'histoire de 'The Four Feathers' se déroule dans l'Angleterre de 1898, à une époque où l'empire britannique a déjà conquis une bonne partie de la planète. Harry Feversham (Heath Ledger) est un jeune officier de l'Empire britannique qui est fiancé à Ethne Eustace (Kate Hudson). Un jour, son régiment reçoit l'ordre de partir à la guerre pour défendre une forteresse coloniale au Soudan à Khartoum, assiégée par les combattants du chef religieux musulman Muhammed Ahmed dit 'le Mahdi'. Mais Harry prend peur et quitte son régiment après avoir donné sa démission. Son attitude soudaine et inattendue est très mal vécue par son entourage, à commencer par son père, un général de l'armée britannique qui le désavoue. Son meilleur ami Jack Durrance (Wes Bentley) ainsi que deux de ses amis et sa fiancée lui envoient quatre plumes blanches qui, selon la tradition de l'époque, symbolisent la lâcheté. Harry disparaît dans l'ignorance la plus totale et vit alors seul, rejeté et tourmenté par ses propres amis et sa fiancé qui ne peut lui pardonner sa lâcheté. Il décide de s'installer à Londres où il veut seul, jusqu'au jour où il apprend que son ancien régiment est tombé aux mains des rebelles du Mahdi. Décidé à regagner son honneur, Harry participe à la bataille, déguisé en bédouin, avec l'aide d'Abou Fatma (Djimon Hounson), son ange gardien qui l'a sauvé alors qu'il agonisait dans le désert du Soudan et qui l'épaulera durant toute son aventure.

'The Four Feathers' évoque à la manière des fresques épiques d'antan les notions de courage, de patriotisme, de loyauté, d'amitié, etc. Le réalisateur Shekhar Kapur ('Elizabeth') nous propose sa vision du roman de A.E.W. Mason, une vision où le classicisme côtoie une certaine modernité dans la manière dont l'histoire est traitée. A ce sujet, on pourra même se demander si le film ne tenterait pas par moment de donner une fois encore le mauvais rôle aux arabes, associés ici au fanatisme du Mahdi. On sait que les films sur le patriotisme et les menaces extérieures se sont nettement multipliés après les attentats du 11 septembre 2001, et il ne serait certainement pas trop injuste de considérer qu'à sa manière, 'The Four Feathers' porte les traces d'évènements traumatisants que l'Amérique ne peut oublier. Néanmoins, il serait en revanche particulièrement injuste de ne retenir du film de Shekhar Kapur que ce seul élément qui reste malgré tout très mineur. Effectivement, le film est porté par l'interprétation de Heath Ledger, jeune acteur hollywoodien 'in' qui s'impose ici dans un rôle complexe et ambigu qui lui va à merveille. Face à lui, on pourra même regretter la fadeur de Kate Hudson, que l'on préfèrera dans des rôles plus sombres et moins classiques. Le film part d'un évènement historique capital dans l'histoire du colonialisme britannique (la chute de la forteresse de Khartoum) et le relie à une intrigue plus intimiste et personnelle sur le questionnement de soi et la quête d'un honneur perdu, sur fond de batailles et de flambée patriotique, sujet d'actualité pour un film qui n'évite hélas pas les stéréotypes habituels comme dit précédemment. 'The Four Feathers', c'est un peu une version modernisée de 'Lawrence of Arabia' (les grands paysages désertiques de l'Orient, etc.) mais sans le brio et le talent de David Lean. Ajoutons à cela un triangle amoureux évoquant le 'Pearl Harbor' de Michael Bay, et l'on obtient un film d'aventure dramatique hollywoodien sympathique mais sans grande envergure.

Décidément, James Horner est un habitué des films parlant de bataille et de romances dramatiques. Après ses décevantes partitions pour 'Enemy of The Gates' et 'Windtalkers' , Horner nous revient en meilleure forme sur 'The Four Feathers' où, pour une fois, il délaisse ses emprunts musicaux habituels en signant une partition symphonique honnête et réfléchie. La musique de 'The Four Feathers' évoque cette histoire de quête d'honneur et de romance perdue avec le style orchestral lyrique typique du compositeur. Pour se faire, Horner a choisi d'axer sa partition autour d'un très beau thème principal tout à fait typique de sa veine mélodique, une sorte de 'Love Theme' évoquant la romance perdue entre Harry et Ethne. Afin de retranscrire les décors du désert du Soudan, Horner a décidé de s'adjoindre les services du soliste Rahat Nusrat Fateh Ali Khan, chanteur spécialisé dans la world music et dans la musique traditionnelle Qawwali, un concept musical musulman soufi propre à l'Inde et au Pakistan, à mi-chemin entre l'Islam, le Soufisme et l'Hindouisme. Horner s'inspire ici des techniques vocales du Qawwali fidèlement représenté ici par Rahat Nusrat Fateh Ali Khan et évoquant le désert du Soudan. Horner ajoute à l'orchestre et au soliste vocal quelques instruments ethniques incluant des flûtes orientales, les percussions exotiques traditionnelles et le sârangî, un petit instrument à cordes en boyau taillé d'un seul tenant dans un morceau de bois rectangulaire, dépourvu de frettes avec un chevalet reposant sur une peau tendue sur la caisse, et que l'on trouve beaucoup dans le chant traditionnel Khyal, genre principal de la musique classique indienne. Avec son groupe de solistes, quelques synthés et un orchestre, Horner illustre le film sur un ton à la fois dramatique et lyrique, sans grande surprise particulière. Avec 'The Makings of a Fine Soldier', Horner impose d'emblée le côté martial de sa partition (percussions et cuivres prédominants, etc.) avec la participation du chanteur oriental dont la voix envoûtante finit par devenir hélas trop envahissante, une critique que l'on formule régulièrement à l'égard du score de 'The Four Feathers'. On trouvera une première version du thème principal dans le touchant 'Dance' pour la scène où Harry et Ethne dansent ensemble au début du film, le thème étant simplement exposé ici par un piano intimiste et romantique.

L'action débute réellement avec 'Sniper!' pour la séquence où les troupes anglaises affrontent un sniper au Soudan. Horner accentue ici les sonorités arabisantes avec une voix soliste plus frénétique et des percussions orientales déchaînées, évoquant l'omniprésence des fidèles du Mahdi. Dans 'To Abou Clea', Horner évoque une scène de traversée du désert à l'aide d'instruments à vents arabisants aux sonorités nasillardes. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'après avoir fait plusieurs détours du côté de la musique irlandaise/celtique ('Braveheart', 'Titanic', 'The Devil's Own', etc.) et de la musique espagnole ('The Mask of Zorro'), James Horner semble être aussi très à l'aise dans la musique arabe/orientale. C'est en tout cas avec un certain souci d'authenticité que le compositeur développe ici ses sonorités arabisantes, même si le compromis avec l'orchestre symphonique traditionnel fait irrémédiablement pencher sa musique vers un style de world-music plus occidental d'esprit (Hollywood oblige!). On notera l'importance du chanteur soliste et des percussions dans 'Martyrs', tandis que 'Mahdi' nous plonge à son tour dans le coeur de la bataille avec 10 minutes sombres et mouvementés où Horner développe ses rythmiques martiales tout en accentuant le pupitre des cuivres et l'utilisation de ses traditionnelles nappes aiguës de synthétiseur que l'on retrouve régulièrement dans ses oeuvres de ces 5 dernières années (un tic musical du compositeur). Entre deux morceaux d'action, c'est avec un certain plaisir que l'on retrouve le très beau thème romantique dans 'The Letters' où l'amertume semble côtoyer une certaine douceur mélancolique alors qu'il est question du souvenir d'Ethne à travers les lettres que l'ancienne fiancée d'Harry a écrite à Jack.

'Poison from a Friend' nous amène dans la dernière partie du film lors de l'évasion de la prison crasseuse des rebelles du Mahdi. Le chanteur entame ici un chant sombre avec l'utilisation du sârangî que l'on retrouve tout au long du film et qui renforce le côté envoûtant de certains passages orientaux du score. C'est alors que l'action culmine avec 'Escape' pour la séquence où Jack et Harry s'évadent de la prison avec l'aide d'Abou Fatma. 'Escape' s'impose ici par la puissance de l'orchestre où dominent percussions martiales, cuivres massifs et cordes frénétiques avec une intervention des percussions ethniques et du chanteur soliste dont la voix devient alors intense et frénétique pour évoquer l'intensité de la poursuite à travers le désert, 'Escape' étant sans aucun doute l'un des meilleurs morceaux d'action du score. Finalement, c'est les retrouvailles entre Harry et Ethne qu'évoque le mélancolique 'Ethen's Feather' avec une reprise plus douce du thème romantique aux vents, aboutissant à une coda plus grandiose, 'A Coward No Longer', où Horner reprend une dernière fois son matériau thématique dans sa version orchestrale la plus imposante pour le générique de fin du film.

'The Four Feathers' ravira sans aucun doute les fans de James Horner qui attendaient une nouvelle grande oeuvre symphonique de la part du compositeur, mais les autres risqueront fort d'être déçu devant le côté tout à fait quelconque de cette nouvelle partition orchestrale dont le seul mérite est d'apporter au film encore plus d'émotion et d'action. Néanmoins, force est de reconnaître que le compositeur a fait ici un véritable effort pour délaisser ses incessants repiquages routiniers en nous proposant un matériau musical/thématique plutôt neuf et intéressant. Hélas, le score ne tient pas complètement ses promesses et déçoit un peu par le côté très répétitif et quasiment abrutissant de la voix du chanteur soliste, qui a tendance à surcharger inutilement la musique, une sorte de redondance intrinsèquement musicale qui, si elle fonctionne bien à l'écran, demeure nettement moins intéressante en terme d'écoute pure. 'The Four Feathers' nous permet cependant d'oublier les faux-pas de 'Enemy at The Gates' et de 'Windtalkers', James Horner nous offrant ici une partition dramatique teintée de touches arabisantes et de romantisme mélancolique comme seul le compositeur en possède le secret. Ainsi, si 'The Four Feathers' est très loin de pouvoir prétendre se hisser au rang des chef-d'oeuvres du compositeur, il n'en demeure pas moins un score réussi que l'on conseillera essentiellement aux inconditionnels du compositeur et à ceux qui pensent qu'Horner n'est pas capable d'écrire une seule partition sans repiquer des éléments préexistants!


---Quentin Billard