1-Godsend Main Titles 3.33
2-Adam 1.14
3-Zachary 3.46
4-Birth 1.46
5-Regression 1.53
6-Face Down 1.33
7-Contemplation 2.52
8-Near Miss 2.17
9-Not to Me 1.43
10-Damp Woods 3.59
11-To Godsend 2.26
12-Did I Die? 1.04
13-New Home 2.21
14-Transfigurations 2.56
15-Second Opinion 1.34
16-Epiphany 0.54
17-Shack in the Woods 2.22
18-Photo Discovery 2.21
19-First Disturbance 2.10
20-Loathing 1.42
21-Funeral 1.34
22-Crash 2.17
23-Draw the Burning Building 3.56
24-Curtains 2.07
25-Illusion Confusion 2.04
26-Comatose 1.30
27-Darkroom 1.31
28-No Return 1.42
29-Completion 1.02
30-Godsend End Titles 4.20

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 563 2

Album produit par:
Brian Tyler
Producteur exécutif:
Robert Townson
Superviseur de la musique:
Joel C. High
Lions Gate Music
Business Affairs:
Oji Nwankwo
Coordinateurs de la musique:
Tiffany Ryan,
Stephanie Lynn Urcheck

Monteur de la musique:
Gary L. Krause
Assistant score:
Dante Dauz

Artwork and pictures (c) 2004 Lions Gate Films, Inc. & 2929 Entertainment, LP. All rights reserved.

Note: **1/2
GODSEND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
A une époque où la génétique a fait d'énormes progrès et où les débats sur le clonage vont bon train et ne cessent d'alimenter polémiques sur polémiques, on serait tenté de dire que 'Godsend' tombe à point nommé. Le thriller de Nick Hamm évoque le pouvoir de la science génétique d'aujourd'hui et des dangers que pourrait entraîner une telle science, placée entre de mauvaises mains. Paul Duncan (Greg Kinnear) et sa femme Jessie (Rebecca Romijn-Stamos) vivent un quotidien tranquille et paisible avec leur fils Adam (Cameron Bright), qui vient tout juste de fêter son 8ème anniversaire. Mais un tragique accident vient mettre fin à ce bonheur, privant Paul et Jessie de leur fils adoré. Pour les Duncan, il semble impossible de se remettre du traumatisme lié au décès prématuré d'Adam. C'est alors qu'intervient Richard Wells (Robert De Niro), un mystérieux médecin/scientifique qui travaille en secret sur la recherche génétique au centre médical de 'Godsend Institute', et qui propose à Paul et Jessie de tenter l'impossible: ramener Adam à partir de prélèvements génétiques afin d'obtenir un clone de leur fils. Après moult hésitations, le couple se laisse convaincre et l'expérience interdite commence dans le secret le plus absolu et l'illégalité la plus totale. Mais pour Paul et Jessie, c'est l'heure des réjouissances alors que l'expérience a parfaitement fonctionné et qu'ils ont retrouvés le 'nouvel' Adam, qui grandit paisiblement et atteint enfin à son tour son 8ème anniversaire. Mais dès l'instant où le nouvel Adam atteint la frontière de l'âge qu'avait l'ancien Adam au moment de sa mort, il commence à être assailli par de terrifiants rêves de plus en plus oppressants et angoissants. Incapables de comprendre le sens de ces entêtants et horribles flash-backs, les Duncan se tournent vers Richard, qui semble considérer normal cette difficile épreuve qu'Adam devait obligatoirement traverser à partir de l'âge de la mort de l'ancien Adam (une conséquence lié aux anciens gênes du premier Adam). Pourtant, la situation ne cesse d'empirer, alors que l'enfant commencer à développer une toute autre personnalité, plus violente, plus dangereuse. C'est le début du cauchemar pour Jessie et Paul.

Porté par l'excellente interprétation du duo Greg Kinnear/Rebecca Romjin-Stamos avec un Robert De Niro plus nuancé et un Cameron Bright épatant pour son jeune âge (le nouveau Haley Joel Osment?), 'Godsend' est évidemment un film pessimiste reposant sur une situation irrémédiablement malsaine, qui montre très explicitement le danger des expériences génétiques. Ce n'est pas la première fois que le cinéma hollywoodien s'intéresse au thème du clonage humain puisque Roger Spottiswoode avait déjà tenté de 'frôler' le sujet dans son risible 'The 6th Day'. Mais ici, point d'effets spéciaux, de Schwarzy pétaradant ou d'artifices visuels à répétition. 'Godsend' est avant tout un drame intimiste vu à travers quatre personnages clés, le couple Duncan, Adam et le mystérieux Richard Wells. Partant de ce postulat fort simple, Nick Hamm tisse un suspense psychologique inquiétant où il montre très clairement les dangers des manipulations génétiques et l'orgueil de certains scientifiques qui tentent de se prendre à leur tour pour Dieu (à ce sujet, les implications religieuses du récit sont évidentes, ce n'est d'ailleurs pas pour rien que le jeune enfant s'appelle 'Adam'). Evidemment, le thème du film est au centre du sempiternel débat moral sur le clonage humain, débat effleuré dans le film (Paul se demande au bout d'un moment si ce qu'ils ont fait est bien ou mauvais, et il ne tardera pas à avoir la réponse) et injustement délaissé par la suite pour une série de stéréotypes de film à suspense archi conventionnels (le petit garçon qui devient démoniaque semble tout droit sorti de 'The Omen' de Richard Donner, le coup des visions fantomatiques à répétition du 'Sixth Sense' de Shyamalan). Malgré ces quelques défauts, Nick Hamm tente néanmoins avec 'Godsend' de sensibiliser le public sur les risques et l'immoralité du clonage humain qui, rappelons-le, est aujourd'hui sur le point d'être interdit par l'ONU, surtout depuis que Jacques Chirac a relancé il y a de nombreux mois un appel à l'urgence de l'élaboration d'un code universel de bioéthique. Libre à chacun d'avoir son avis sur le sujet, mais pour peu que vous vous laissiez tenter par 'Godsend', le film risquera fort de provoquer quelques frissons tout en permettant de sérieusement méditer sur un sujet suffisamment grave pour que l'opinion public se sente concernée. Un film dérangeant en somme.

Brian Tyler poursuit sur sa lancée et continue d'explorer le domaine des musiques de thriller avec 'Godsend', pour lequel il a écrit une partition orchestrale/électronique particulièrement banale, dans la lignée de ses travaux sur 'Frailty' ou 'The 4th Floor'. A la fois sombre, mélancolique, intime et menaçante, la musique de 'Godsend' évoque avec un premier degré très hollywoodien la tension psychologique instauré par le réalisateur tout au long de son film. Dès le 'Main Titles', Tyler impose un climat mystérieux à l'aide d'un mélange orchestre et sonorités électroniques avec rythmiques discrètes, le synthé étant ici associé à l'expérience interdite, le côté froid des sons électroniques nous renvoyant habilement au côté froid d'un clone humain. Mais si le 'Main Titles' annonce un climat plutôt mystérieux et sombre que l'on retrouvera dans 'To Godsend', 'Adam' s'impose par son aspect plus intime et mélancolique à l'aide d'un joli thème de piano associé au décès et au souvenir d'Adam. 'Birth' évoque un nouvel espoir avec un thème de cordes/vents et piano plus apaisé entendu au début du film, lorsque le couple Duncan recommence une nouvelle vie avec leur second Adam. Mais la sérénité orchestrale de 'Birth' ou de l'intimiste 'New Home' ne tarde pas à laisser la place à l'inquiétant 'Regression' qui se distingue par l'utilisation d'une mystérieuse voix de garçon soprano éthérée qui évoque le jeune Adam avec un côté vaguement religieux (cf. 'Funeral') qui nous renvoie clairement aux connotations religieuses de l'histoire de 'Godsend' (le fait même que Dieu -'God'- soit mentionné dans le titre n'est pas non plus anodin). On notera le chaos orchestral/électronique de 'Regression' qui évoque les incessants cauchemars hallucinés du jeune Adam, Tyler nous rappelant une fois de plus son goût pour les atmosphères macabres et lugubres.

On notera l'utilisation d'un piano associé à des sonorités métalliques plutôt étranges dans 'Face Down' qui contribuent à renforcer l'ambiance de tension et de suspense du film, tandis qu'un morceau comme 'Near Miss' joue efficacement sur un suspense glauque avec cordes dissonantes et sursauts orchestraux typiques du compositeur. A noter que 'Zachary' se distingue du reste du score avec son ostinato mélodique de cordes qui évoque la détermination de Paul à découvrir la vérité au sujet du mystérieux Zachary. Le côté horrifique du score lié aux hallucinations d'Adam est développé dans 'Not To Me' avec sa ligne conductrice de piano à la James Newton Howard (on imagine très bien les modèles qu'a eu Brian Tyler dans le temp-track de ce film) tandis que 'Damp Woods' met l'accent sur un orchestre plus agressif et dissonant lors de la scène où Adam s'échappe dans les bois pour se réfugier dans la cabane. Le mystère devient plus inquiétant et angoissant avec l'atmosphérique 'Transfigurations' où l'on retrouve les mélanges orchestre/synthé que le compositeur affectionne tant (on est proche par moment de l'ambiance lugubre de 'Frailty'), comme dans 'Photo Discovery' (Adam a découvert les photos de son 'ancienne' existence) où les sonorités électroniques deviennent ici à la fois cristallines et sombres. Le score développe donc ce côté atmosphérique extrêmement répétitif dans le film, entrecoupé de temps à autre par quelques sursauts orchestraux de terreur comme l'excellent 'First Disturbance' où Brian Tyler installe de nouveau un vrai climat d'horreur à l'aide de clusters d'orchestre, de voix d'enfant et de sonorités électroniques étranges et inquiétantes, accompagnant les tourments angoissants du jeune Adam. Répétitif, le score évolue lentement jusqu'à la fin, sans aucun incident de parcours. Ce sont finalement les morceaux liés aux hallucinations d'Adam qui s'imposent ici, comme le macabre et angoissant 'Curtains', l'inquiétant 'Completion' et son terrifiant sursaut orchestral (scène de l'armoire à la fin du film) ou le mystérieux 'Illusion Confusion' et la voix du jeune garçon lié au trouble de la personnalité d'Adam.

Aucun doute possible, Brian Tyler sait parfaitement appliquer les recettes des musiques de thriller à la lettre, un style qu'il maîtrise sans faille mais aussi sans génie. On reproche très souvent à Tyler de n'être qu'un bon faiseur sans talent à la John Debney qui imite le style des autres sans jamais briller de par sa propre personnalité musicale. Il est vrai qu'il y a un peu de cela dans 'Godsend', où le compositeur signe un score thriller sombre et atmosphérique traversé par quelques rares moments d'intimité lié à l'aspect plus dramatique du film de Nick Hamm. Evidemment, la musique colle parfaitement à l'ambiance sombre et malsaine du film, sans pour autant réussir à dépasser le cadre fonctionnel habituel de ce genre de musique atmosphérique. Répétitive, la musique finit par s'avérer être quelque peu monotone, une monotonie que l'on ressentira d'ailleurs parfaitement à travers les 67 minutes de score publié sur l'album de Varèse Sarabande (le score a été enregistré hors AFM). Heureusement, on pourra se rattraper sur quelques excellents sursauts orchestraux et quelques passages plus chaotiques et excitants à la 'Darkness Falls', où l'on ressent une certaine aisance de la part du compositeur. Bilan final mitigé donc, pour un score thriller assez réussi mais qui s'avère être très mineur dans la jeune carrière d'un Brian Tyler qui doit encore faire ses preuves!


---Quentin Billard