1-Prologue 0.57
2-Preparing For Space 2.31
3-The Launch 6.22
4-Robot Attack 3.21
5-Into The Sun 6.21
6-Spiders 10.22
7-A New World 1.25
8-Guiding Stars 1.37
9-The Time Bubbles 2.21
10-Smith's Plan 1.21
11-Will & Smith Explore 2.00
12-Will's Time Machine 4.24
13-Spider Smith 2.39
14-Facing The Monster 8.46
15-Attempted Escape 1.26
16-The Time Portal 2.42
17-Through The Planet 2.31
18-Back To Hyperspace 1.38
19-Fanfare For Will 0.27
20-Lost In Space 3.24

Musique  composée par:

Bruce Broughton

Editeur:

Intrada MAF 7086

Produit par:
Bruce Brougthon
Producteur exécutif:
Douglass Fake
Album monté et masterisé par:
Joe Tarantino

Artwork and pictures (c) 1998 New Line Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ****
LOST IN SPACE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruce Broughton
Enième remake d'une série TV américaine des années 60, 'Lost In Space' (Perdus dans l'espace) nous plonge dans le futur, alors que la terre vient à manquer de ressources naturelles. Afin d'envisager de coloniser la planète Alpha Prime, le gouvernement décide de préparer une mission spéciale afin d'assurer la survie de la planète, l'opération s'intitulant 'Jupiter'. C'est la famille Robinson qui a été choisie pour prendre place à bord du vaisseau Jupiter 2, conduit par le major Don West (Matt LeBlanc). Mais le sinistre docteur Smith (Gary Oldman) complote dans l'ombre pour faire échouer la mission et provoquer la mort de la famille Robinson. Pour cela, il trafique le robot du petit Will (Jack Johnson) et le programme pour tuer les Robinson après le décollage. Mais un imprévu l'empêche de quitter le vaisseau qui décolle après que les Robinson se soient mis en cryogénisation pour accomplir leur voyage qui durera une dizaine d'années. Le robot se déclenche alors et commence à tout détruire. Smith n'a plus d'autre choix que de réveiller les Robinson de leur sommeil cryogénique et d'empêcher que le robot détruise tout. Malgré le fait que Smith a trahit sa famille, John (William Hurt), le chef de famille, décide de lui laisser la vie sauve. Jupiter 2 se retrouve alors dangereusement happé par l'attraction du soleil, dérivant de sa trajectoire initiale. Leur seule solution pour s'en sortir: utiliser la propulsion dans l'hyperespace, qui risque de les faire se perdre pour de bon dans l'espace. Après avoir dérivé quelques temps, les Robinson aperçoive un mystérieux vaisseau à la dérive flottant dans l'espace. Ils décident de partir l'explorer. C'est le début d'une série d'aventures mouvementées pour la famille Robinson!

'Lost In Space' est le nouveau blockbuster de Stephen Hopkins ('Predator 2') qui, après 'The Ghost & The Darkness', nous invite à une grande aventure de science-fiction sur fond d'espace, de robots et de voyages dans le temps. Hélas, 'Lost In Space' tombe très vite dans les invraisemblances en tout genre, accumulant poncifs sur poncifs avec une aisance rare. Par exemple, le méchant interprété par Gary Oldman est excessivement caricatural, alignant des répliques bidons à une vitesse alarmante. La relation entre Judy (Heather Graham) et Don (Matt LeBlanc) vire au gnangnan le temps d'une scène où Don explique comment les navigateurs se repéraient en suivant les constellations d'étoiles dans le ciel (ce qui nous vaut la traditionnelle touche romantique gratuite et mal amenée par le script), sans oublier l'apparition d'une sorte de petit singe extra-terrestre entièrement réalisé en images numériques, et qui ne semble pas avoir grand intérêt si ce n'est celui de montrer que les spécialistes des effets spéciaux savent faire des personnages entièrement animés sur ordinateur. De plus, on regrettera le fait que le film bascule à ce moment là dans une mauvaise production Disney pour jeune public, alors que le film tenait pourtant des allures de promesse avec ses décors grandioses, etc. Reste que 'Lost In Space', ce n'est rien de plus qu'une suite ininterrompue d'effets spéciaux lourdingues, de péripéties spatiales vues maintes et maintes fois, où les quelques rares bonnes idées (le coup de la bulle temporelle sur la planète à la fin du film était intéressant mais reste très mal exploité dans le film) sont très vite avortées au cours d'une seconde partie qui part dans tous les sens (cf. la scène où John retrouve Will plus âgé). Bref, voilà une énième grosse production d'aventure infantile saturée d'effets spéciaux, idéale pour ne pas réfléchir pendant près de 130 minutes!

La musique de 'Lost In Space' devait être composée à l'origine par Jerry Goldsmith (avec qui Stephen Hopkins avait déjà collaboré auparavant sur 'The Ghost & The Darkness'). Hélas, le compositeur dut quitter la production pour écrire la musique du 'Mulan' de Disney. La production fit alors appel pendant un certain temps à Mark Isham avant de songer en définitive à engager Bruce Broughton, qui n'eut finalement qu'un peu moins de trois semaines pour écrire un peu plus de 70 minutes de musique originale. Broughton eut aussi à faire à de nombreux problèmes de remontage qui l'obligèrent à retravailler et à changer constamment sa musique, et ce jusqu'à la fin de l'enregistrement du score. Autant dire que le compositeur n'a pas travaillé dans des conditions faciles. Pourtant, le résultat final s'avère être très correct et bien au-delà de nos espérances. Pour le film de Stephen Hopkins, Broughton nous livre une solide partition symphonique mêlant aventure et action dans la plus pure tradition du genre. Refusant de céder aux sempiternels synthétiseurs aujourd'hui indissociables de ce genre de production futuriste, Broughton conserve une approche orchestrale classique qui apporte un petit 'plus' au film et tente de rehausser un peu la qualité quelconque d'un film que l'on oubliera aussi tôt après l'avoir visionné. 'Lost In Space' s'articule ainsi autour de deux thèmes majeurs, le thème principal, mélodie ample et majestueuse qui se partage entre cuivres et cordes et qui évoque le voyage de la famille Robinson dans l'espace. Comme toujours, Broughton reste fidèle à son style mélodique et nous livre un thème inspiré et parfaitement indissociable des images du film. Le second thème, plus sombre, est associé au docteur Smith, une mélodie plus malicieuse et espiègle que menaçante, confiée à des cordes et des vents et que l'on entend dans 'Preparing For Space', juxtaposé habilement au thème principal qui fait ici une entrée remarquable et quasi solennelle. A l'aide de ces deux thèmes, Bruce Broughton élaborera une partition mouvementée parfaite pour accompagner les péripéties spatiales des héros.

'Preparing For Space' permet ainsi de développer les thèmes majeurs de la partition tandis que 'The Launch' évoque les préparatifs du décollage de Jupiter 2, développant le thème de Smith lorsque ce dernier sabote le robot de Will que Broughton s'amuse à varier en le faisant passer d'un instruments à l'autre. La séquence du décollage nous permet quand à elle d'apprécier une superbe reprise entraînante et diablement énergique du thème principal dans toute sa splendeur, annonçant le début d'une grande aventure. On notera ici la façon dont Broughton s'amuse à développer son thème à travers toute une série de variantes qui nous rappelle à quel point le compositeur possède un savoir-faire musical/orchestral indéniable (à noter une interprétation sans faille comme d'habitude du Sinfonia of London). L'action débute enfin avec l'excitant et frénétique 'Robot Attack' pour la scène où le robot fou s'enclenche et commence à attaquer les Robinson. Superbe morceau d'action tonitruant, 'Robot Attack' nous rappelle une fois encore à quel point Bruce Broughton sait manier l'orchestre avec une aisance remarquable, pour un premier déchaînement orchestral dont une partie de cordes virtuoses rappelle 'McKendrick Attack' du score de 'Silverado', lui-même déjà manifestement inspiré d'un mouvement de la 'Suite Scythe' de Prokofiev. Si 'Robot Attack' annonce une aventure particulièrement mouvementée, la scène de la traversée du soleil dans 'Into The Sun' renforce le côté sombre des péripéties des Robinson tandis que 'Spiders' vient rompre cette ambiance d'aventure et d'action en imposant une atmosphère soudainement plus mystérieuse alors que le compositeur utilise des sonorités plus mystérieuses lorsque les Robinson aperçoivent le 'Proteus' flottant seul dans l'espace (à noter ici l'utilisation d'un choeur samplé qui renforce le côté mystérieux de la séquence et de la musique). Broughton véhicule néanmoins un certain sentiment de grandeur durant cette scène, après un début qui n'est pas sans rappeler l'introduction du 'Saturne' des 'Planètes' de Gustav Holst. 'Spiders' développe une ambiance plus sombre alors que les Robinson partent explorer le vaisseau à la dérive, la musique évoquant à merveille ce climat intrigant et mystérieux. La seconde partie, plus menaçante, nous permet d'entendre quelques effets orchestraux plus dissonants et chaotiques alors que les araignées affamées attaquent les Robinson, donnant ainsi l'occasion à Broughton de nous livrer un nouveau morceau d'action excitant, dominé par des percussions et des cuivres massifs (on est guère loin par moment du style action de Jerry Goldsmith).

D'une façon similaire au début du frénétique 'Spiders', 'A New World' évoque la découverte d'un monde nouveau après le crash de Jupiter 2 sur une planète voisine. On retrouve aussi au début du morceau ce mystérieux choeur féminin samplé avec des harmonies plus sombres et mystérieuses. 'Guiding Stars' tente même d'apporter un peu d'intimité à un score d'action/aventure particulièrement agité, avec une très belle écriture de cordes/vents pour la scène où Don tente de draguer Judy. 'The Time Bubbles' développe lui aussi le côté mystérieux de 'A New World' alors qu'un thème de vents plus intimiste tente de percer, mais en vain. A noter que l'on retrouve régulièrement de brèves variantes du thème principal qui permettent à la partition de conserver sa cohérence de bout en bout, la bonne idée de 'The Time Bubbles' venant de l'utilisation d'un son électronique un peu kitsch qui apporte un petit 'plus' particulier à la scène de l'exploration de l'immense et mystérieuse bulle temporelle. On entre dans la dernière partie plus sombre du film avec 'Smith's Plan' qui développe de manière plus sombre le thème de Smith à la clarinette, évoquant les sinistres desseins du méchant de service. On regrettera simplement le fait que plus le film avance, plus la musique semble devenir extrêmement répétitive et uniforme, Broughton n'apportant finalement aucun relief particulier à la seconde partie plus sombre du film de Stephen Hopkins, même si l'efficacité de la musique à l'écran est parfaite. 'Spider Smith' s'avère être encore plus sombre, accompagnant la scène de l'introduction du monstrueux Smith transformé en gigantesque araignée mutante, où le thème de Smith semble s'être métamorphosé, à l'instar du personnage, en un motif plus menaçant et plus sinistre. La confrontation contre Spider Smith est décrite avec brio dans l'agité 'Facing The Monster'.

Le thème principal, qui marque un bref retour dans 'Attempted Escape', revient dans le superbe 'The Time Portal' qui débute au son d'une envolée orchestrale tragique à la Gustav Mahler (scène où le vaisseau échoue en quittant la planète et explose après avoir heurté une météorite) avant de se suivre sur une reprise plus majestueuse et grandiose du thème principal lorsque John traverse le couloir temporel de Will pour remonter le temps et rejoindre sa famille à bord du vaisseau au moment où ils quittent la planète. 'The Time Portal' est sans aucun doute l'un des morceaux incontournables de la partition de 'Lost In Space', nous proposant l'une des plus belles reprises du thème principal où le compositeur nous fait ressentir l'espoir d'une famille à nouveau réunie, Broughton nous gratifiant finalement d'un dernier morceau d'action particulièrement excitant pour l'aventureux 'Through The Planet' où l'on retrouve quelques mesures du massif 'Robot Attack' avant de se conclure sur le superbe 'Back To Hyperspace' qui reprend une dernière fois le majestueux thème principal en guise de coda.

Pour une musique écrite en moins de trois semaines, 'Lost In Space' s'avère être une bien belle surprise, qui confirme notre regret de ne pas entendre plus souvent Bruce Broughton travailler pour ce genre de grand film d'aventure, le compositeur étant décidément très sous-estimé à Hollywood, où on ne lui offre plus que des téléfilms ou des films sans grand intérêt. Sa partition pour 'Lost In Space' confirme pourtant le fait que Bruce Broughton est un compositeur talentueux qui écrit dans un style orchestral classique tendance 'Golden Age Hollywoodien', comme on en entend rarement aujourd'hui à Hollywood. 'Lost In Space' est une superbe partition d'action/aventure dans la plus pure tradition du genre, servi par des orchestrations de qualité, une écriture orchestrale claire et maîtrisée, des morceaux d'action trépidants et des thèmes mémorables. Etant donné le peu de temps qu'au le compositeur pour écrire sa musique, c'est un véritable exploit. Reste que l'on aurait probablement souhaité un peu plus de relief au sein d'une partition qui s'avère finalement être un brin répétitive et laborieuse à écouter de bout en bout, même si la musique apporte son lot d'action, d'aventure, d'émotion et d'énergie au film de Stephen Hopkins. Cela faisait bien longtemps que l'on avait pas entendu Bruce Broughton nous livrer une composition orchestrale aussi énergique et inspirée. Ne manquez donc pas l'occasion de découvrir un score qui, à défaut d'être le grand chef-d'oeuvre de l'année, n'en demeure pas moins l'une des nouvelles partitions majeures de Bruce Broughton!


---Quentin Billard