Martin Riggs (Mel Gibson) et Roger Murtaugh (Danny Glover), les deux flics les plus délirants d’Hollywood sont de retour dans le troisième volet de la tétralogie des ‘Lethal Weapon’ de Richard Donner. Cette fois-ci, Murtaugh est sur le point de prendre sa retraite après de nombreuses années de bons et loyaux services à la police de Los Angeles. Après avoir fait sauter un immeuble en tentant eux-mêmes de désamorcer une bombe avant l’intervention de la brigade anti-bombe, Riggs et Murtaugh se retrouvent rétrogradés au rang de simples flics. Mais voilà que les deux compères sont à peine descendus dans la rue qu’ils se retrouvent déjà sur une nouvelle mission: après avoir arrêté au cours d’une poursuite sur la route un criminel du nom de Billy Phelps (Mark Pellegrino), Riggs et Murtaugh découvrent un important trafic d’armes mené par un ex-flic ripou, le lieutenant Jack Travis (Stuart Wilson). Lorsque, pour ne pas laisser de preuve, ce dernier fait assassiner Billy Phelps dans la salle d’interrogatoire du commissariat, les deux héros se lancent à la poursuite de Travis, qui a été filmé à son insu par une caméra caché dans la salle d’interrogatoire. Travis utilise ainsi les armes stockées par la police pour destruction afin de mener son trafic pendant qu’il travaille sur une importante entreprise de construction non loin de la ville. C’est alors qu’intervient Lorna Cole (René Russo), une agent de l’IGS qui enquête à son tour sur cette affaire et ne va pas tarder à se heurter à Riggs, avant de finir par succomber à son charme. Lorna finit alors par rejoindre le duo Riggs/Murtaugh qui tentent toujours de semer leur nouvel ami casse-pied, l’agent immobilier Leo Getz (Joe Pesci). Au cours d’une fusillade, Murtaugh tue un jeune noir qui possédait une arme revendue par Travis. Déprimé, Murtaugh se réfugie dans l’alcool, incapable de se pardonner. Riggs aura alors beaucoup de mal à convaincre son équipier de reprendre l’enquête et de régler une bonne fois pour toute son compte à Travis et sa bande.

‘Lethal Weapon 3’ a tout d’une suite parfaitement commerciale: plus d’action, plus d’humour, plus d’émotion, rien n’y manque! Au trio Mel Gibson/Danny Glover/Joe Pesci vient maintenant s’ajouter René Russo alias Lorna Cole, une flic avec un caractère en acier trempé et qui utilise tous les rudiments d’arts martiaux pour rosser les méchants de tout poil. Evidemment, l’objectif premier de l’introduction de ce nouveau personnage est avant tout de renouveler la série des ‘Lethal Weapon’ et d’apporter un peu de romance au film. Comme d’habitude, Richard Donner a mit l’accent sur l’aspect comédie avec quelques blagues et autres gags délirants (cf. introduction anthologique avec l’explosion de l’immeuble ou scène où Riggs amadoue un pitbull en se prenant à son tour pour un chien tout en mangeant des croquettes, qui l’incitent à arrêter de fumer), Riggs et Murtaugh se tapant dans le film quelques bonnes tranches de rigolades – Donner fait régner un vrai climat de bonne humeur dans ce film – entre deux morceaux d’action et quelques passages plus dramatiques qui donnent alors l’occasion aux deux héros de se rappeler les solides liens d’amitié qui les unit depuis longtemps (cf. scène émouvante où Riggs va voir Murtaugh saoul sur son bateau). A noter aussi un excellent Stuart Wilson dans le rôle du gros méchant de service, dont la brutalité et l’inhumanité n’ont rien à envier aux brutes incarnés par Gary Busey dans le premier opus ou à celui incarné par Derrick O’Connor dans le second épisode. Evidemment, le film vaut aussi par la qualité de ses scènes d’action toujours aussi explosives et spectaculaires, que ce soit la poursuite en fourgon vers le début du film, la spectaculaire poursuite en métro ou l’explosif affrontement final dans le chantier de construction de maisons. Si ‘Lethal Weapon 3’ paraît plus orienté vers l’humour et moins violent que les deux premiers épisodes, il n’en demeure pas moins une suite solide avec un duo de flics toujours en pleine forme, un troisième opus très divertissant!

Michael Kamen et ses complices Eric Clapton (guitare) et David Sanborn (saxophone) rempilent pour une troisième partition qui ne diffère guère des deux musiques précédentes. Comme pour le second opus, on regrettera ici le manque de renouvellement musical, le manque d’idée neuve, d’originalité. Kamen a posé les bases musicales dans le premier ‘Lethal Weapon’ et n’a cessé de tourner autour de ses variantes tout au long de ces partitions sans jamais essayer d’apporter ne serait-ce qu’une once de sang neuf. On retrouve ainsi le thème de guitare mélancolique et solitaire associé à Riggs et le thème de saxophone jazzy cool associé à Murtaugh. Le score de ‘Lethal Weapon 3’ est essentiellement orienté vers l’action, peut-être même encore plus que dans le score de ‘Lethal Weapon 2’. C’est aussi le score qui se rapproche le plus du style de ‘Die Hard’, à tel point que, comme pour le second épisode, beaucoup d’auditeur ont remarqués la très forte ressemblance entre ces deux scores de Michael Kamen – ceci étant du à ce que l’on pourrait appeler le ‘son Silver’ (‘Die Hard’ et la série des ‘Lethal Weapon’ étant tout deux produit par Joel Silver) et le ‘style action’ orchestral de Kamen. Si la musique commence doucement pour la scène de l’explosion de l’immeuble (‘Grad The Cat’), avec saxophone cool, solo de guitare et cordes plus sombres maintenant une ambiance de suspense, la musique ne tarde pas à nous entraîner dans un excitant tempo d’action pour la scène de la poursuite en fourgon blindé, où l’on retrouve une certaine férocité orchestrale chère au compositeur : cuivres massifs, cordes frénétiques, percussions endiablées (xylophones, timbales, etc.), toutes les formules orchestrales habituelles qui ont largement contribuées à créer une identité sonore dans le style action des ‘Lethal Weapon’ et des ‘Die Hard’.

La séquence du match de hockey est illustré entre action et comédie dans ‘Leo Getz Goes To The Hockey Game’ où les pizzicati, les solos de saxophone jazzy et la trompette en sourdine rivalisent avec une plus grande tension orchestrale évoquant la poursuite avec Travis pendant le match de hockey sur glace. La mort du jeune Darryl (‘Darryl Dies’) permet à Kamen de développer la facette plus sombre de sa partition avec une écriture de cordes plus tourmentées avec cuivres dissonants et percussions plus agressives, retranscrivant la gravité de la scène (Murtaugh est obligé de tuer le jeune noir pour sauver sa peau). Comme d’habitude, Kamen et ses deux complices se font plaisir en nous offrant un ‘Riggs and Rog’ dont l’ambiance pop/jazz évoque à merveille les deux héros cool du film. Kamen fait même un détour du côté de la mélancolie dans ‘Roger’s Boat’ où la guitare et le saxophone paraissent plus amers, sur fond de cordes sombres évoquant la lamentation de Murtaugh après la mort de Darryl. On repart de plus belle dans l’action avec ‘Armour Piercing Bullets’ où Kamen développe percussions martiales, piano martelé, cordes et cuivres frénétiques pour l’un des meilleurs morceaux d’action du score de ‘Lethal Weapon 3’.

La conclusion s’impose donc d’elle-même: si vous appréciez les musiques des deux premiers épisodes, il ne fait aucun doute que le score de ‘Lethal Weapon 3’ vous ravira sans pour autant captiver totalement votre attention. On regrettera l’absence d’un thème ou d’un quelconque motif pour le méchant du film et l’on déplorera aussi le manque de renouvellement d’une musique qui, finalement, n’apporte rien de plus à la série des ‘Lethal Weapon’ et pourrait tout aussi bien faire partie du premier comme du second ou du quatrième épisode. Néanmoins, force est de constater que Michael Kamen et ses deux complices Eric Clapton et David Sanborn continuent de faire preuve d’une grande énergie sur un score d’action particulièrement rythmé avec quelques passages plus cool intimistes. Malgré le manque d’originalité et de renouveau de cette partition, ‘Lethal Weapon 3’ continue néanmoins de perpétrer la bonne ambiance et la force orchestrale chère à cette série de films d’action violents et drôles à la fois!


---Quentin Billard