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1-The Lost World 3.33
2-The Island Prologue 5.03 3-Malcolm's Journey 5.43 4-The Hunt 3.30 5-The Trek 5.23 6-Finding Camp Jurassic 3.03 7-Rescuing Sarah 4.00 8-Hammond's Plan 4.31 9-The Raptors Appear 3.42 10-The Compys Dine 5.07 11-The Stegosaurus 5.20 12-Ludlow's Demise 4.26 13-Visitor In San Diego 7.37 14-Finale and Jurassic Park Theme 7.54 Musique composée par: John Williams Editeur: MCA Records MCAD 11628 Produit par: John Williams Directeur en charge de la musique pour Universal Pictures: Harry Garfield Directeur en charge de la musique pour MCA Soundtracks: Deanna Cohen Montage de la musique: Ken Wannberg Artwork and pictures (c) 1997 Universal City Studios, Inc. and Amblin Entertainment Inc. All rights reserved. Note: *** |
THE LOST WORLD: JURASSIC PARK
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by John Williams
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Avec le succès mondial de 'Jurassic Park', il paraissait évident que Steven Spielberg se laisserait tenter pour une seconde aventure en compagnie des dinosaures et du parc jurassique. Ceci reste malgré tout assez surprenant lorsqu'on sait à quel point Spielberg n'a jamais été très tenté pour tourner une suite de ses plus grands succès (on se souvient par exemple qu'il avait préféré laisser sa place à un autre réalisateur sur 'Jaws 2'), et ce même s'il nous a livré une splendide trilogie sur les aventures palpitantes d'Indiana Jones. Avec 'The Lost World', Spielberg nous offre néanmoins une suite calibrée toujours adressée à un large public désireux de renouer l'expérience de la rencontre fracassante entre les hommes et les dinosaures d'une ère abolie. L'histoire se passe quatre ans après les incidents survenus sur le parc jurassique d'Isla Nubla. Le milliardaire John Hammond (Richard Attenborough) s'est mit en tête de convoquer une nouvelle équipe d'experts pour son nouveau projet: il s'agit d'aller sur le site B d'Isla Sorna afin d'étudier la centaine de dinosaures qui vivent en liberté sur cette île voisine d'Isla Nubla. Ces animaux sont en fait des descendants des dinosaures que l'équipe d'Hammond clona autrefois en laboratoire, et qu'il laissa vivre dans leur environnement naturel, sans barrière, sans enclos. La tache est périlleuse, et le docteur Ian Malcolm (Jeff Goldblum), qui avait survécu au fiasco du parc jurassique il y a quatre ans, fait partie de l'équipe envoyée sur Isla Sorna. D'abord hésitant, Malcolm se laissera convaincre lorsqu'il apprendra que sa fiancée Sarah Harding (Julianne Moore) se trouve déjà sur l'île. A son arrivée sur Isla Sorna, il découvre que les dinosaures sont bels et bien partout et que le danger les guette à nouveau. C'est là qu'interviennent un groupe de mercenaires d'InGen Bioengineering, la société responsable de la construction du site B qui vient chercher les dinosaures pour les capturer et les ramener aux Etats-Unis afin d'inaugurer un nouveau parc d'attraction à San Diego. Une fois encore, les dinosaures vont chasser les humains et semer la terreur, transformant l'île en véritable terrain de chasse dans lequel Malcolm, ses amis et les hommes d'InGen sont devenus des proies faciles, traqués par les tyrannosaures et les redoutables velociraptors.
'The Lost World' est donc une nouvelle tentative de renouer avec le succès monumental de 'Jurassic Park', avec toujours la même formule, celle des hommes pourchassés sur une île par des dinosaures en furie! Si le premier opus jouait la carte de l'émerveillement et de l'aventure, cette suite fonctionne plus sur le frisson et la tension avec une touche horrifique déjà présente dans le premier opus mais amplifié ici, faisant de 'The Lost World' un film plus sombre mais toujours aussi divertissant. Le seul problème vient du fait que les personnages sont particulièrement creux et que le scénario laisse quelque peu à désirer. Ici, tout est prétexte à multiplier les scènes d'action spectaculaires à un rythme effréné, sur fond de chasse, de poursuite et de lutte pour la survie. Les effets spéciaux sont toujours aussi colossaux ('Jurassic Park' avait véritablement innové à ce sujet en 1993), les scènes d'action sont toujours aussi énormes (cf. scène spectaculaire du camion suspendu au dessus d'une falaise) et les dinosaures sont toujours aussi impressionnants, massifs et menaçants. Mention spéciale aux raptors qui font de nouveau leur apparition en compagnie des gigantesques T-Rex. Malgré un casting de qualité (Jeff Goldblum, Julianne Moore, Pete Postlewaithe, Richard Attenborough, Vince Vaughn, Arliss Howard, Peter Stormare, etc.), 'The Lost World' s'avère être une solide déception. Spielberg filme de façon quelconque chaque scène, apportant un peu de tension et rien d'autre. Les personnages sont vides (qu'est donc allé faire l'excellente Julianne Moore dans un film aussi médiocre?), le scénario n'est qu'un prétexte qu'à une surenchère d'action et la mise en scène est totalement dénuée d'originalité, d'inspiration. Autant dire que l'on a connu Steven Spielberg en bien meilleur forme. Si le réalisateur n'est pas capable de faire mieux que cela, mieux vaut pour lui de ne jamais plus tourner de suite à l'avenir! Que serait un film de Steven Spielberg sans une musique de John Williams? 'The Lost World' marque ainsi les retrouvailles entre les deux fidèles complices quatre ans après 'Jurassic Park'. Si le compositeur avait une fois encore prouvé toute l'étendue de ses immenses talents avec son inoubliable partition symphonique pour 'Jurassic Park', 'The Lost World' nous montre un Williams en petite forme, livrant le minimum syndical pour le film de Spielberg avec ce qu'il faut d'action, d'aventure, de suspense et de tension, mais sans les petits 'plus' qui faisaient tout le charme du premier score. Pour 'The Lost World', John Williams a choisi de rompre radicalement avec la thématique de son premier épisode en livrant une partition bien plus sombre et agressive. Ici, exit tous sentiments d'émerveillement et d'émotion, 'The Lost World' est une partition où l'action et le suspense dominent la globalité de l'oeuvre et du film. Pour arriver à ses fins, le compositeur a décidé d'écrire deux nouveaux thèmes. Le thème principal est exposé dès la première piste de l'album dans une version 'concert' que l'on retrouvera dans le générique de fin du film. Plus sombre, ce thème d'aventure est accompagné par une mélodie ample et rythmique des cordes et des cuivres, soutenus par des percussions exotiques/tribales du plus bel effet et un second motif plus mélodique des vents. Ce sont d'ailleurs ici les percussions tribales qui attirent toute notre attention, accentuant à leur tour le caractère agressif et sauvage de la musique - lié aux décors sauvages d'Isla Sorna et à l'agressivité des dinosaures carnassiers. Si ce thème d'aventure s'avère être bien plus sombre et rythmé que ce que l'on aurait pu attendre de John Williams, il déçoit par son manque d'inspiration et le côté quelconque de sa mélodie, qui ne peut nullement prétendre rivaliser avec les grands thèmes inoubliables de 'Jurassic Park', qui ne font hélas ici qu'une très (trop) brève apparition au cours du film. Avec le sombre 'The Island Prologue', Williams pose le ton de sa partition: un second motif constitué de cinq notes ascendantes évoque la menace des dinosaures sur Isla Sorna. Williams nous plonge dans une atmosphère atonale plutôt inquiétante et lugubre avec un excellent travail de sonorités orchestrales entre glissendi de cordes, vents, cuivres, harpe et même nappes de synthé. Lorsque la petite fille se fait attaquer par les petits dinosaures carnivores au début du film, la musique plonge brutalement dans une ambiance horrifique à l'aide d'instruments qui semblent ramper de manière menaçante tels que la clarinette, les piccolos stridents, les trompettes en sourdine, etc. Les percussions évoquent à leur tour l'agressivité des bêtes. Williams nous donne ensuite à entendre un premier passage virtuose où le chaos des différentes sonorités instrumentales se répercute dans cette seconde partie proche du délire atonal avec un vrai sentiment de terreur pure. L'impression organique que suscite ici les différents instruments évoquent à merveille l'idée de petites bestioles rampantes et agressives. Moins sombre, 'Malcolm's Journey' évoque la traversée d'Isla Sorna avec un nouveau rappel du thème principal accompagné par ses percussions exotiques. L'un des premiers morceaux d'action incontournable du score apparaît dans l'excitant 'The Hunt', morceau honteusement absent du film pour d'obscures raisons. C'est bien l'une des premières fois que Spielberg n'utilise pas un morceau composé par Williams pour son film - on est loin de l'époque où le réalisateur osait modifier la structure d'une de ses scènes pour l'adapter à tout prix à la musique du maestro, comme ce fut le cas dans 'E.T.'! Toujours est il que 'The Hunt' est un superbe morceau d'action soutenu par des percussions tribales et des timbales sauvages avec un thème de cordes et de cuivres massifs qui traverse efficacement ce morceau au rythme trépidant. A l'origine, le morceau aurait du accompagner la scène où les mercenaires chassent les dinosaures vers la première demi heure du film. Un morceau comme 'The Trek' nous renvoie plus ici au côté atmosphérique et sombre de 'The Island Prologue' avec ses cordes lugubres, son climat atonal et ses percussions exotiques toujours présentes pour suggérer la présence des dinosaures avec une certaine atmosphère de tension et d'inquiétude. On retrouve une ambiance similaire dans le sombre 'Finding Camp Jurassic' où l'on découvre quelques brèves allusions déguisées au célèbre thème d'aventure de la première partition, suggéré ici timidement. Si ces morceaux atmosphériques paraissent souvent monotones et un peu plat, on se rattrape sans problème sur un morceau d'action excitant comme le massif 'Rescuing Sarah' qui accompagne avec fureur la scène où Eddie Carr (Richard Schiff) sauve Sarah, Malcolm et Nick bloqués à l'intérieur du camion suspendu au dessus du vide. Afin d'accentuer le côté spectaculaire et le danger de cette scène, Williams utilise un excitant ostinato de percussions tribales (on pense au 'Predator 2' d'Alan Silvestri par moment) avec un orchestre déchaîné dominé par des cordes et des cuivres agressifs sur des rythmes syncopés. Il ne fait nul doute que 'Rescuing Sarah' et son rythme excitant très soutenu ravira à merveille les amateurs de déchaînements orchestraux et ceux qui apprécient les traditionnels gros morceaux d'action de John Williams! Dans la continuité de l'excitant 'Rescuing Sarah', le superbe 'The Raptors Appear' fait monter la tension d'un cran pour la poursuite avec les raptors affamés. On appréciera la façon dont le morceau, qui débute sur des nappes lugubres et des flûtes exotiques s'emballent brutalement pour un nouveau déchaînement orchestral soutenu par les percussions tribales et des cuivres syncopés du plus bel effet. Impossible ici de ne pas ressentir la sauvagerie des raptors, la frénésie de la chasse et la lutte pour la survie. On notera aussi la façon dont Williams s'amuse à développer son sombre motif de cinq notes toujours associé à la menace des dinosaures - ici, les raptors. Le morceau rend la séquence particulièrement prenante et frénétique, surtout lorsque le morceau finit dans une pluie de piccolos stridents, de cuivres et de percussions tribales. De mémoire, cela faisait bien longtemps que l'on avait pas entendu John Williams écrire une partition aussi sombre et agressive. 'The Compys Dine' accompagne de son côté la scène où Dieter Stark (Peter Stormare) se fait attaquer par ces créatures vers le milieu du film. On retrouve ici les effets instrumentaux de la seconde partie de 'The Island Prologue' dans une atmosphère atonale toujours aussi chaotique, où les instruments évoquent à merveille l'agressivité des petites bestioles rampantes avec une certaine férocité orchestrale maîtrisée. 'The Stegosaurus' est l'un des rares moments calmes de la partition, accompagnant la scène où Malcolm et Sarah découvrent les immenses stégosaures. Le morceau possède une certaine grandeur avec des cordes et des cuivres amples qui évoquent l'immensité de ces animaux inoffensifs pour l'homme (ils sont végétariens). Avec 'Ludlow's Demise', Williams décrit avec fracas la dernière partie du film à San Diego, où le tyrannosaure sème la panique et détruit tout sur son passage (c'est aussi là où le film tombe dans le ridicule qui aurait du être évité absolument!). Cuivres massifs, percussions, cordes frénétiques, vents survoltés, tout est fait pour évoquer ici l'immensité et la férocité du T-Rex pour un nouveau déchaînement orchestral typique du compositeur, la partition atteignant son climax d'action dans le survolté 'Visitor In San Diego' où culmine une dernière fois le motif de cinq notes et les percussions tribales accompagnant un orchestre déchaîné. La coda de la partition ('Finale and Jurassic Park Theme') nous permet de retrouver enfin le magnifique thème principal de 'Jurassic Park' et le célèbre thème d'aventure cuivré pour une conclusion plus paisible qui permet de renouer avec l'esprit de la première partition du compositeur. Pour sa quatorzième collaboration à un film de Steven Spielberg, John Williams nous offre une partition orchestrale assez fonctionnelle, sans le génie de 'Jurassic Park' ou de ses précédentes partitions d'action/aventure. On regrettera le côté quelconque du nouveau thème, qui nous amène même à nous demander si le compositeur n'aurait pas prit un léger coup de vieux point de vue de l'inspiration. Ajoutons à cela le fait que l'album omet quelques bons morceaux d'action et qu'il se présente sous la forme agaçante d'un digipack sans les notes habituelles de Steven Spielberg à l'égard de son fidèle compositeur (c'est bien la première fois depuis très longtemps. Curieux...), et l'on comprendra pourquoi 'The Lost World' s'avère quand même être une petite déception tout en restant une partition symphonique de qualité, qui rompt brutalement avec l'ambiance du premier épisode en instaurant une atmosphère plus sombre, agressive et menaçante. A défaut de signer son nouveau chef-d'oeuvre pour un film de Spielberg, John Williams confirme quand même qu'il reste un maître de la musique de film et une valeur de référence à Hollywood depuis près de quatre décennies déjà! ---Quentin Billard |