1-The Eye of The Storm 2.31
2-Hogarth Hughes 0.21
3-Into The Forest 3.34
4-The Giant Wakes 1.25
5-Come and Get It 1.46
6-Cat and Mouse 0.56
7-Train Wreck 1.05
8-You Can Fix Yourself? 1.18
9-Hand Underfoot 2.00
10-Bedtime Stories 2.26
11-We Gotta Hide 0.50
12-His Name Is Dean 0.48
13-Eating Art 0.43
14-Space Car 0.59
15-Souls Don't Die 4.09
16-Contest of Wills 4.36
17-The Army Arrives 1.34
18-Annie and Dean 1.19
19-He's Weapon 2.43
20-The Giant Discovered 4.29
21-Trance-Former 4.25
22-No Following 4.02
23-The Last Giant Piece 1.46

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6062

Musique produite par:
Teese Gohl, Steve McLaughlin,
pour Gohl/McLaughlin Productions
avec: Michael Kamen,
Christopher Brooks

Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage de la musique:
Christopher Brooks
Assistants musicaux:
Michael Price, James Brett
Musique préparée par:
Vic Fraser

"Duck and Cover"
Ecrit par:
Teddy Newton
Arrangé par:
Preston Oliver
Interprété par:
Brad Bird,
Shannon Rowell,
Dean Wellins

Artwork and pictures (c) 1999 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***
THE IRON GIANT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
Adapté du roman ‘The Iron Man’ de Ted Hughes, ‘The Iron Giant’ (Le géant de fer) est de loin l’un des dessins animés américains les plus surprenants et les plus originaux de ces 10 dernières années. Réalisé par Brad Bird (spécialiste des films d’animation travaillant la plupart du temps pour le compte de Disney), ‘The Iron Giant’ nous transporte dans l’Amérique de la guerre froide des années 50. Un gigantesque robot de fer extra-terrestre s’écrase un jour sur la terre, à proximité de Rockwell, un petit village paisible du Maine. Caché dans une forêt, le géant de fer fait la rencontre inopiné d’un petit garçon de 9 ans nommé Hogarth Hughes, qui finit par sympathiser avec le gigantesque robot qui, malgré son immense taille et son aspect titanesque et menaçant, ressent des émotions et possède une naïveté touchante. Pour Hogarth, il est pour l’instant hors de question de montrer son nouvel ami à sa mère et à ses proches. Il décide de l’amener et de le cacher chez un ferrailleur nommé Dean McCoppin. Malheureusement, le secret d’Hogarth finit par être découvert par l’agent de la CIA Kent Mansley qui, croyant à l’attaque d’une nouvelle arme des communistes russes, décide de faire appel à l’armée pour détruire le géant de fer. Hogarth et Dean sont les seuls à savoir que le gigantesque robot ne veut de mal à personne. Hélas, ils savent aussi que s’il se sent attaqué ou menacé, le géant de fer peut répliquer massivement à tout moment avec un armement ultra-sophistiqué et terriblement destructeur. Le conflit atteint son paroxysme lorsque l’armée décide d’utiliser la bombe atomique pour venir à bout du géant de fer.

Petite réussite injustement passée inaperçue à sa sortie en salle, ‘The Iron Giant’ est un dessin animé qui, malgré le classicisme apparent de son graphisme et de l’animation (qui fait intervenir l’informatique), évoque avec habileté une période trouble de l’Amérique, celle de la guerre froide. Le film de Brad Bird peut ainsi s’apparenter à une sorte d’astucieuse parabole sur la paranoïa et les excès de l’idéologie anti-communiste de cette époque, à laquelle le réalisateur oppose une émouvante histoire d’amitié entre un petit garçon et un gigantesque robot de fer. Evidemment, le film critique ce sentiment de paranoïa et ses conséquences désastreuses (le tir d’un missile atomique sur la petite ville du Maine) tout en retranscrivant quelques détails sur la société américaine des années 50/60 (les comics de super-héros, les émissions télévisées en noir et blanc, le look des américaines des années 50, les villes de l’époque, etc.). La plus grande réussite de Brad Bird sur ‘The Iron Giant’ tient dans le simple fait d’avoir été capable d’allier une certaine émotion et une grande poésie avec un contexte plus critique articulé sur différents niveaux de compréhension (le film s’adresse tout autant aux jeunes qu’aux adultes, chacun pouvant y trouver son compte). Ne tombant jamais dans la naïveté, ‘The Iron Giant’ est un film d’animation d’une intelligence rare, un conte subtil avec de l’humour (les personnages qui semblent sortir tout droit d’un sitcom rétro), de l’émotion (la scène du sacrifice final du robot est absolument poignante) et une vraie réflexion sur la bêtise des hommes aveuglés par leurs idéologies et leurs convictions. Inattendu et attachant, ‘The Iron Giant’ mérite sans aucun doute le qualificatif de petite réussite à connaître absolument!

Michael Kamen signe une belle partition symphonique pour le film de Brad Bird, une chose exceptionnelle si l’on tient compte du fait que le compositeur n’avait encore jamais écrit auparavant la musique d’un dessin animé. A noter que pour une fois, la musique de cette production Disney délaisse les traditionnelles chansons/numéros musicaux pour se concentrer sur une partition orchestrale originale comme le fit autrefois Elmer Bernstein sur ‘The Black Cauldron’ (1985). A la première écoute, le score de ‘The Iron Giant’ déçoit par son manque d’un thème fédérateur fort, une chose surprenante de la part d’une musique écrite pour un film d’animation de ce genre. Malgré la présence de quelques brefs motifs, le score mise plus sur les différentes ambiances orchestrales que le compositeur utilise tout au long du film. Ainsi, dès ‘The Eye of The Storm’, Kamen introduit le film lors de la scène de la tempête (filmée de manière très hollywoodienne, un peu à l’ancienne) avec un orchestre déchaîné alliant cordes, vents, cuivres massifs, percussions, etc. On est d’entrée frappé par la richesse des orchestrations et de l’écriture symphonique du compositeur qui impose ici un certain classicisme orchestral hollywoodien plus surprenant pour un film d’animation de ce genre. Avec le très bref ‘Hogarth Hughes’, Kamen nous introduit au jeune héros du film au son d’une musique sautillante et légère avec une belle utilisation des instruments. Plus sombre, ‘Into The Forest’ évoque les premiers pas du géant de fer dans la forêt. L’orchestre s’assombrit ici considérablement, entre cordes, cuivres massifs, vents, percussions, etc. Kamen semble suggérer la présence imposante du robot lors de la scène de la centrale électrique, illustrée au son d’un bref déchaînement orchestral mené de main de maître.

‘Come and Get It’ évoque la rencontre entre Hogarth et le géant de fer, suggéré par un nouveau crescendo orchestral massif et le motif principal de sept notes lié au gigantesque robot, développé de manière plus sautillante et amusante dans ‘Cat and Mouse’ (qui scelle l’amitié entre le jeune garçon et le robot). A noter dans ‘Come and Get It’ l’utilisation très réussie d’un petit son électronique lié au géant de fer. On appréciera la façon dont la musique alterne constamment entre passages sombres/massifs et morceaux plus légers et sautillants. Ainsi, après un sombre ‘Train Weck’ (scène du train), ‘You Can Fix Yourself?’ met en avant un motif de 6 notes associé aux pouvoirs du robot, entouré de cordes et de vents légers pour la scène où le robot se reconstruit tout seul. On ressent ici une certaine innocence, une légèreté quasi enfantine (mais jamais puérile) avec une fluidité instrumentale particulièrement remarquable. ‘Hand Underfoot’ développe même quelques petites touches amusantes de mickey-mousing sautillant lors de la scène de la main dans la maison d’Hogarth, reposant essentiellement ici autour de l’écriture des instruments à vent. Si l’ambiance se veut même plus chaleureuse dans ‘Bedtime Stories’ au détour d’une très belle variation orchestrale du motif principal confié à des cordes majestueuses, Kamen s’amuse même à introduire une brève touche jazzy vers la fin de ‘We Gotta Hide’ associé au personnage de Dean McCoppin, tout en évoquant astucieusement l’univers musical des films américains des années 50, touches jazzy développées dans ‘His Name is Dean’ et ‘Eating Art’ avec la traditionnelle walking-bass et un rythme de batterie léger et jazzy.

La partition de ‘The Iron Giant’ entame une progression dramatique à partir du sombre ‘Souls Don’t Die’ qui développe le motif principal du robot (évoquant son innocence et son amitié avec Hogarth), le tout baignant dans un classicisme d’écriture particulièrement raffiné. ‘Contest of Wills’ et le martial ‘The Army Arrives’ confirment l’orientation dramatique de la seconde partie du score de Michael Kamen. Avec ses percussions martiales endiablées et ses cuivres tonitruants (superbe interprétation sans faille du Czech Philharmonic Orchestra!), ‘The Army Arrives’ illustre avec brio l’arrivée de l’armée (à noter que le film se montre très clairement anti-militariste), tandis que les touches jazzy reviennent avec une sympathique combinaison vibraphone/basse/batterie jazz + orchestre dans ‘Annie and Dean’, illustrant avec légèreté la romance entre Dean et la mère d’Hogarth. L’orchestre se déchaîne au cours du mouvementé ‘The Giant Discovered’ tandis que la progression dramatique atteint son climax dans le virtuose ‘Trance-Former’ où percussions (timbales, cymbales, cloches, xylophones, etc.), cordes dissonantes, cuivres agressifs et piano déchaîné s’en donnent à coeur joie en évoquant la transformation du robot en énorme machine de destruction massive. ‘No Following’ évoque de manière émouvante le sacrifice du robot pour contrer le missile nucléaire avec un bref élan orchestral particulièrement grandiose et héroïque où culminent toute la richesse des orchestrations et le savoir-faire du compositeur. ‘The Last Giant Piece’ conclut le score sur une dernière touche d’innocence et de légèreté avec une superbe coda orchestrale majestueuse basée sur le motif de six notes associé à la naïveté du géant de fer (à noter un petit ‘bonus’ surprise à la fin de la piste 23).

Partition orchestrale au classicisme d’écriture raffiné, ‘The Iron Giant’ n’a rien d’un grand chef-d’oeuvre impérissable mais confirme néanmoins le talent de Michael Kamen qui, pour sa première participation à un film d’animation, livre une partition symphonique particulièrement soignée et magnifiquement orchestrée à l’ancienne. Certes, la partition risque fort de passer relativement inaperçue lors de la première vision du film (malgré la présence de quelques motifs), mais c’est au bout de plusieurs écoutes qu’on finit par rentrer véritablement dans cette nouvelle oeuvre orchestrale du compositeur de ‘Die Hard’ et ‘Robin Hood’ pour en apprécier toutes les nuances et les subtilités. Du coup, on peut dire sans trop se tromper que Michael Kamen a écrit la musique parfaite pour le film de Brad Bird, épousant le ton à la fois léger, émouvant et dramatique de l’histoire de ce superbe dessin animé. Même si l’on était en droit d’attendre un score un peu plus mémorable de la part du compositeur, le score de ‘The Iron Giant’ s’avère être malgré tout très réussi sans être un Kamen totalement indispensable!


---Quentin Billard