1-Sheena's Theme
(Main Title) 2.50
2-Interlude 0.40
3-Introduction/
One Way Ticket 6.13
4-Climb!/Young Sheena 5.55
5-Marika and the Water Deer 2.12
6-African Ballet 1.51
7-The Encounter 3.43
8-Shaman Taught Me 1.56
9-The Circle 1.11
10-Come On Casey 2.18
11-May I? 1.41
12-End Title 2.59

Musique  composée par:

Richard Hartley

Editeur:

Varèse Sarabande CD Club
VCL 1104 1034

Produit par:
Richard Hartley
Producteur exécutif:
Robert Townson
Séquencé par:
Tom Null
Edition collector limitée
à 1000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1984/2004 Columbia Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: **1/2
SHEENA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Richard Hartley
Si vous aimez les gros navets des années 80, ‘Sheena’ devrait vous ravire au plus haut point. Le (modeste) film d’aventure de John Guillermin se veut comme une version féminisée de ‘Tarzan’, avec la sculpturale Tanya Roberts dans le rôle de Sheena, reine de la jungle. Après la mort accidentelle de ses parents lors d’un Safari en Afrique du sud, dans le royaume de Tigora, la jeune fillette blanche à la chevelure blonde dorée est recueille et élevée par Kali, la shaman de la tribu africaine Zambali qui détient le pouvoir de contrôler et de parler aux animaux par la force de la pensée. Les années passent alors que celle qui se fait désormais appeler Sheena règne sur la jungle où la jeune femme vit en parfaite harmonie sur son royaume animal. Un jour, un modeste journaliste sportif de la télévision américaine, Vic Casey (Ted Wass), débarque dans le pays avec son caméraman Fletcher (Donovan Scott) pour tourner un reportage sur le prince Otwani (Trevor Thomas), le frère du roi de Tigora. Otwani complote avec la comtesse Zanda (France Zobda) pour faire assassiner le roi et prendre sa place. Il exécute son plan lors d’un repas officiel, et ce malgré la présence de la caméra des deux journalistes, qui, dans la confusion, filment la preuve de la culpabilité d’Otwani. Ce dernier camoufle son crime en rendant responsable la shaman Zambali récemment venue rendre visite au roi et emprisonné à la demande du prince. Durant la nuit, Sheena intervient avec ses animaux pour faire libérer la shaman. De leur côté, les deux journalistes, possédant la vidéo compromettante, sont poursuivis par les mercenaires d’Otwani. Ils se réfugient dans la jungle, où ils tombent nez à nez avec Sheena. C’est le début de l’aventure pour Vic et Sheena, qui partent ensemble dans la jungle pour tenter de combattre les hommes d’Otwani et apprendre à s’aimer malgré leur différence de culture.

‘Sheena’ est adapté du comics américain de S.M. Eiger et Will Eisner crée en 1937 et publié pour la première dans le magazine américain Jimbo Comics en 1953. ‘Sheena’ est évidemment une version féminisée de ‘Tarzan’ et qui sera la source d’inspiration de futures héroïnes comme ‘Wonderwoman’. Tourné avec un budget ridicule pour l’époque, ‘Sheena’ n’est rien d’autre qu’une modeste série-B d’aventure mal rythmée, mal jouée et mal emballée. Si l’on peut douter de la pertinence de Tanya Roberts dans la peau de la célèbre héroïne de la jungle qui parle aux animaux (l’actrice ayant apparemment été choisie en fonction de ses courbes sexy plus que par son charisme inexistant), on pourra aussi douter du jeu des autres acteurs, la palme revenant à Ted Wass, médiocre dans le rôle de l’ami de l’héroïne qui, bien entendu, tombe amoureux de la jolie femme qui finira par lui tomber dans les bras (cette dernière osant quand même lui rétorquer durant leur première scène de baiser: ‘pourquoi as-tu touché mes lèvres? La bouche ne sert qu’à manger!’ Quelle sentimentale!). ‘Sheena’ n’est pas désagréable à regarder et vaut surtout pour le charme sexy de l’actrice (plus connue pour avoir été l’une des ‘drôles de dames’), accentué par deux trois scènes sensuelles comme la séquence où l’héroïne prend son bain nue en compagnie d’un Vic très intimidé (il fallait évidemment un peu de nudité pour rendre cela bien commercial). Pour le reste, le film manque cruellement de rythme et les quelques rares scènes d’action sont d’une mollesse ahurissante, le film étant aussi cassé par un humour stupide, des scènes ridicules (il faut voir Tanya Roberts courir sur le dos d’un cheval peint en zèbre!) et des personnages secondaires totalement sans intérêt. Voilà en tout cas toutes les recettes d’un bon navet hollywoodien des années 80, à réserver aux amateurs du genre!

La musique orchestrale/électronique de Richard Hartley apporte à son tour un charme rétro très ‘eighties’ au film de John Guillermin, car, en dehors des morceaux symphoniques traditionnels, le compositeur utilise des synthétiseurs kitsch daté comme dans l’entêtant et majestueux thème principal, le ‘Sheena’s Theme’ qui apparaît dès le générique de début du film. Le ‘Sheena’s Theme’ s’apparente à une sorte de variante musicale à peine camouflée du célèbre thème du ‘Chariots of Fire’ (1981) de Vangelis. A vrai dire, beaucoup de béophiles ont pu faire le rapprochement évident entre ces deux thèmes, à tel point qu’il ne sera guère exagéré de penser que les producteurs du film ont très certainement intimé l’ordre au compositeur anglais de s’inspirer du style du célèbre hymne composé par Vangelis pour le film de Hugh Hudson. On retrouve ici la même pulsation électronique avec ses sonorités kitsch, ses harmonies lumineuses et son thème solennel s’apparentant au son d’une guitare électronique. Sympathique, le ‘Sheena’s Theme’ apporte un côté étonnamment solennel à l’héroïne du film, un ton solennel qui a d’ailleurs tendance à parasiter le film alors que l’on se serait attendu à un thème plus héroïque et moins proche d’un hymne (on a presque du mal à ne pas penser à des exploits de sportifs de J.O. à l’écoute de ce thème dans le film). On peut donc très certainement parler ici d’une faute de goût qui fait un peu tâche dans certaines scènes du film, à commencer par la séquence – ridicule – où Sheena vient libérer la shaman de la prison avec ses animaux, ou lors de la confrontation finale dans le désert (pour information, la musique de Richard Hartley a été nominée aux ‘razzie awards’ en 1985 – prix qui récompense les mauvais films).

Heureusement, ‘Introduction/One Way Ticket’ rattrape le coup en imposant un ton symphonique plus élégant et plus approprié pour le film. Le morceau accompagne la séquence où la shaman élève Sheena et lui transmet son savoir. Richard Hartley fait intervenir ici un thème majestueux de cordes amples et lyriques qui évoque la beauté des paysages africains et l’harmonie qui unit Sheena avec les animaux. L’écriture orchestrale du morceau se partage entre vents, cuivres majestueux et cordes amples. Le thème est développé de manière paisible et sereine dans ‘Young Sheena’, où il se partage entre cors, hautbois et cordes pour évoquer la jeunesse de la reine de la jungle. La musique évolue ainsi en alternant pièces orchestrales lyriques et morceaux de synthé daté narrant les exploits de l’héroïne, comme dans ‘Marika and The Water Deer’ où le compositeur imite de nouveau le style de Vangelis pour évoquer Marika, le fidèle zèbre de Sheena. Quelques passages plus intimes font intervenir des orchestrations plus nuancées comme ‘Shaman Taught Me’ (scène après la mort de la shaman) et son caractère introspectif ou ‘Come On Vic Casey’ lors de la scène du baiser au bord de l’étang des flamands roses, avec cordes romantiques et vents à l’appui (à ce sujet, ne loupez pas l’attaque d’un hélicoptère par un vol de flamands roses, il faut le voir pour le croire!). A noter, pour finir, un 'African Ballet' qui se détache du reste du score avec ses percussions africaines tribales traditionnelles accompagnant la scène du rituel de la terre qui guérit les blessures.

Le score de ‘Sheena’ pêche en revanche par un manque d’action évident. Curieusement, le film, qui se veut comme un mélange d’aventure et d’action à l’ancienne, manque cruellement de rythme, quelque chose qui se fait aussi grandement ressentir dans le manque d’action de la musique de Richard Hartley. Même les quelques rares passages évoquant les attaques des mercenaires de Otwani comme ‘The Encounter’ ou lors de l’attaque de l’hélicoptère sont accompagnés avec quelques orchestrations cuivrés légèrement martiales, avec quelques rares ostinati de cordes mais très peu de rythme et des déchaînements orchestraux inexistants. Ceci est d’autant plus étrange que la tradition hollywoodienne veut que ce genre de scène soit accompagné de grosses musiques d’action orchestrale bien pétaradante, mais ici, il n’en est rien. Du coup, on ressent un certain ennui au fil de l’écoute, un ennui que le film lui-même n’arrive pas à atténuer. Que peut-on bien alors retenir d’un score modeste comme celui de ‘Sheena’, si ce n’est qu’il s’agit d’une partition orchestrale/électronique agréable mais totalement mineure et que l’on aura très vite fait d’oublier, à l’instar du film de John Guillermin, qui a sombré depuis longtemps dans les oubliettes de ces obscurs navets des années 80!


---Quentin Billard