1-White Mountains Arizona 4.14
2-Travis Walton 3.11
3-A Fire In The Sky 7.23
4-The Return 7.52
5-A Man On Display 1.50
6-Evil Spirits From The Sky 12.39
7-They Didn't Like Me
--A Case Unsolved 3.31

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5417

Album produit par:
Mark Isham
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Préparation de la musique:
Bob Bornstein
Montage de la musique:
Tom Carlson
Programmation synthétiseur:
Mark Isham, Jeff Rona

Artwork and pictures (c) 1993 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
FIRE IN THE SKY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
‘Fire In The Sky’ (Les visiteurs extra-terrestres) s’inspire de ‘The Walton Experience’, roman de Travis Walton, un bûcheron américain qui prétendit avoir été enlevé par des extra-terrestres dans l’Arizona, en 1975. Il s’agit sans aucun doute de la plus mystérieuse et énigmatique histoire d’enlèvement extra-terrestre que nous connaissions à ce jour. Il était donc évident qu’Hollywood finisse par s’intéresser à son tour au sujet et nous livre une adaptation du récit de Travis Walton. Le film de Robert Lieberman apparaît en 1993 à la même époque que le ‘X-Files’ de Chris Carter, qui relança à l’époque l’intérêt du public pour les histoires d’extra-terrestres et de conspiration, un intérêt qui ne semble toujours pas s’être amoindri aujourd’hui puisque Steven Spielberg a surenchérit en consacrant une série TV entière aux enlèvements extra-terrestres dans l’impressionnant ‘Taken’. Mais de tous les films traitant des méfaits extra-terrestres sur la terre, ‘Fire In The Sky’ est de loin l’un des plus impressionnants et des plus effrayants dans son genre, sentiment sans aucun doute renforcé par le fait que le scénario est inspiré d’une histoire vraie (ou du moins prétendument vraie). Le 5 Novembre 1975, alors qu’ils rentraient d’une dure journée de labeur, un groupe de six bûcherons de l’Arizona dirigés par Mike Rogers (Robert Patrick) sont à bord de leur voiture au moment où ils distinguent à travers les bois une étrange lumière rouge et surréaliste. Stupéfait par leur découverte, les six compagnons s’immobilisent sur la route, lorsque l’un d’entre eux, le jeune Travis Walton (D.B. Sweeney), piqué par la curiosité, décide de sortir de la voiture pour voir la lumière d’un peu plus près, produite par un gigantesque OVNI d’apparence quasi organique. Lorsqu’un rayon de lumière sort de l’OVNI et touche Travis qui s’effondre immédiatement sur le sol, inconscient, c’est la panique la plus totale. Dans la confusion, Mike et ses compères abandonnent Travis. Ce n’est qu’au bout de quelques mètres que Mike décide de revenir en arrière pour retourner chercher son ami. Mais lorsqu’il revient sur les lieux, il découvre que Travis a disparu. Terrorisés par ce qu’ils ont vu, les cinq compères décident de raconter tout ce qu’ils ont aperçu cette nuit là au shérif local (Noble Willingham). Dépassé par une affaire aussi peu ordinaire, le shérif décide de faire appel en renfort au lieutenant Frank Watters (James Garner) qui sera charger d’interroger les cinq compères et d’organiser une grande battue afin de retrouver Travis Walton, Watters étant convaincu que l’un des cinq hommes a tué Walton et a caché son corps dans la forêt. Au bout de quelques jours, alors que la battue semble ne donner aucun résultat et que la police rentre constamment bredouille, la situation finit par empirer pour Mike et ses amis alors que les commérages en ville vont bon train et que les gens commencent à croire que Mike et ses amis sont des assassins. Lorsque les médias viennent s’en mêler à leur tour, la situation dégénère rapidement pour Mike, qui décide alors de passer, lui et ses amis, le test du détecteur de mensonge, qui permettra de confirmer le fait que lui et ses compagnons ont dit toute la vérité. Au bout de cinq jours, le cauchemar prend fin lorsqu’une nuit, Mike reçoit un coup de téléphone de Travis, qui semble être de retour en ville, visiblement profondément traumatisé et maltraité. Après quelques jours de rétablissement, Travis revient à lui. Mais il n’est pas sorti indemne de cette expérience traumatisante, alors que sa mémoire commence à lui revenir par bribes et que des flash-backs cauchemardesques lui rappellent l’expérience vécue à bord du vaisseau extra-terrestre.

‘Fire In The Sky’ est de loin l’un des films les plus intéressants traitant sur le sujet des enlèvements extra-terrestres. Le réalisateur Robert Liebermann apporte une tension très forte tout au long du film, jouant plus véritablement sur la psychologie des personnages que sur les traditionnels effets spéciaux, car, il faut bien le dire, en dehors de deux ou trois scènes brèves, les extra-terrestres ne sont presque jamais montré dans le film. Le scénario s’attarde plus sur le destin de Mike Rogers et ses amis, face aux commérages et aux sentiments de suspicion de la part de son propre entourage au sujet de la disparition de son ami Travis Walton. Le film joue ainsi sur le sentiment de doute et de crainte dans une petite communauté de l’Arizona avec un certain réalisme. Robert Patrick est une fois de plus impeccable, face à un D.B. Sweeney traumatisé et d’autres bons seconds rôles incluant Craig Sheffer, Henry Thomas, Noble Willingham, James Garner, etc. Evidemment, le film s’adresse en particulier aux passionnés d’OVNI et d’histoires extra-terrestres, les autres risquant fort de trouver le film assez ennuyeux. Néanmoins, on appréciera le crescendo de tension du film aboutissant à dix minutes finales de cauchemar pur, avec quelques effets spéciaux signés ILM. En bref, voilà une vraie réussite dans le genre à ne pas manquer!

Si le film est assez impressionnant, il doit beaucoup à l’excellente musique de Mark Isham, visiblement inspiré par son sujet. Le compositeur a signé pour ‘Fire In The Sky’ l’une de ses plus sombres partitions orchestrales écrites pour un film. Pour retranscrire la tension dramatique et la noirceur du film, Isham utilise l’orchestre symphonique traditionnel agrémenté d’une bonne dose de synthétiseurs qui permettent au compositeur de retranscrire le mystère extra-terrestre de cette sombre intrigue. Le générique de début nous plonge ainsi d’emblée dans le mystère et le suspense avec ‘White Mountains Arizona’. On notera ici le côté répétitif et envoûtant des cordes qui suggèrent une certaine angoisse, doublée par des nappes de synthétiseur particulièrement inquiétantes. Isham cherche à plonger le spectateur/auditeur dans un certain malaise que l’on ressent ainsi dès les premières secondes du film. Son entreprise se confirme avec une seconde partie plus stressée et agitée, où le compositeur met en avant des percussions/rythmiques électroniques créant un certain sentiment de panique lorsque l’on voit à l’écran la voiture des bûcherons foncer à toute vitesse sur la route, suggérant que quelque chose de particulièrement grave vient d’arriver. A noter ici l’utilisation de glissendi de cordes dissonantes qui renforcent la noirceur extrême de la musique. Le motif principal ne tarde pas à se faire entendre, un bref motif rythmique de 4 notes jouées par un mélange trompettes/xylophone/clarinettes qui donne une couleur assez particulière (voire inquiétante) à ce thème, lié à l’enlèvement de Travis Walton.

Le protagoniste principal incarné par D.B. Sweeney a même droit à son propre thème dans ‘Travis Walton’, où Isham fait intervenir une très belle écriture lyrique et paisible de l’orchestre, dominé par une flûte et des cordes chaleureuses. Le thème intervient pour évoquer la vie de tous les jours de Travis et suggérer une certaine intimité ordinaire pour un personnage tout aussi ordinaire, qui va vivre une expérience extraordinaire (dans le sens négatif du terme). On notera la seconde partie du thème qui fait intervenir des synthétiseurs plus ‘cool’ afin d’apporter un peu de rythme à la scène. ‘A Fire In The Sky’ fait alors basculer l’histoire dans le cauchemar pour la scène de l’OVNI et du rayon qui frappe Travis. Si le début du morceau s’avère être paisible et rythmé, dans la continuité de ‘Travis Walton’, c’est pour mieux créer un contraste saisissant lorsque l’orchestre semble s’assombrir d’un seul coup lorsque les bûcherons aperçoivent au loin les étranges lumières rougeâtres éblouissant le ciel en pleine nuit. Isham installe alors un malaise soudain avec des nappes de synthétiseur obscures synonymes d’angoisse, renforcées par un excellent travail de cordes incluant clusters, nuages sonores, glissendi, jeux sur les quarts de ton, jeux sur l’archet, le tout dans une atmosphère atonale du plus bel effet. Les sonorités électroniques penchent très radicalement ici vers le macabre, Isham créant une vraie ambiance de peur pour la scène de l’OVNI vers le début du film. A noter ces martèlements agressifs de timbales/cuivres qui suggèrent à leur tour un fort sentiment de menace et de danger. Impressionnant, tel pourrait être le mot pour définir ‘A Fire In The Sky’. Ceux qui frissonnent aux histoires d’enlèvements extra-terrestres devraient en tout cas ressentir quelque chose à l’écoute d’une musique aussi noire et macabre.

Le retour de Travis dans ‘The Return’ est illustrée de manière à la fois sombre et dramatique avec des cordes sombres et pesantes, renforcées par des sonorités électroniques toutes aussi sombres. La musique se veut ici plus psychologique, évoquant le traumatisme et les horrifiants flash-backs de Travis, illustrés par des rythmiques électroniques plus speedées, des sonorités synthétiques macabres et des glissendi de cordes dissonantes toujours aussi impressionnants. Du coup, ‘A Man on Display’ paraît plus terne, avec son écriture de cordes/vents/harpe plus mélancolique et aussi plus quelconque. Mais c’est finalement le macabre ‘Evil Spirits From The Sky’ qui attirera ici toute notre attention, véritable point d’orgue de l’oeuvre dans lequel la partition atteint son climax pour la séquence de l’horrifiant flash-back final de Travis à l’intérieur du vaisseau extra-terrestre. Dès le début, Isham installe un malaise assez intense avec toute une série de travaux autour des sonorités électroniques judicieusement choisies pour la séquence-clé du film. 100% atonal, ‘Evil Spirits From The Sky’ nous donne très clairement l’impression d’être bloqué, prisonnier dans un autre monde. La longueur du morceau (plus de 12 minutes) et son côté sinistre, atmosphérique et répétitif nous donne très clairement l’impression de vivre un cauchemar non-stop sans fin. L’impact du morceau à l’écran est assez saisissant, et, à l’écoute de cette musique, on s’imagine sans mal l’angoisse que peut ressentir le personnage dans cette situation cauchemardesque. La fin du morceau devient d’une noirceur extrême, aboutissant à l’accélération d’une pulsation métallique particulièrement stressante, évoquant la terrifiante expérience que les aliens font subir à Travis.

Le calme revient avec ‘They Didn’t Like Me – A Case Unsolved’ qui conclut l’histoire sur une touche plus optimiste et paisible où Mark Isham reprend une dernière fois le thème de Travis Walton qui conclut le film de manière plus positive. De toutes les partitions écrites par Mark Isham au début des années 90, ‘Fire In The Sky’ est de loin l’une de ses plus intéressantes BO, où le compositeur reflète toute la noirceur et la tension du film avec une certaine habileté que l’on aimerait hélas plus souvent retrouver dans la plupart de ses musiques de film. Visiblement très inspiré par son sujet, Isham nous offre une partition d’une noirceur extrême parfois très intense, la pertinence de l’association image/musique atteignant ici un niveau rarement égalé par le compositeur lui-même. Ainsi, si vous n’êtes pas particulièrement fan des musiques de film de Mark Isham, vous devriez néanmoins vous attarder sur cette excellente partition qui, à défaut de laisser un souvenir impérissable, confirme le fait que le compositeur possède un certain potentiel qu’il devrait exploiter plus souvent sur des sujets qui l’inspirent vraiment!


---Quentin Billard