1-Main Titles 2.19
2-Aegis Flameout 1.44
3-Forrest Found 1.36
4-The Journey 7.57
5-Forrest Decides/
Horse Chase 3.54
6-Jennings Goes Down 4.46
7-The Warning/End Credits 7.18

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5468

Album produit par:
Basil Poledouris
Producteur exécutif:
Robert Townson
Supervision de la musique:
Budd Carr

Artwork and pictures (c) 1994 Warner Bros. All rights reserved.

Note: **1/2
ON DEADLY GROUND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
Fort du succès de ‘Under Siege’ en 1992, Steven Seagal décida qu’il était temps pour lui de se lancer de nouveaux défis comme par exemple celui de réaliser un film d’action dont il serait à la fois le réalisateur, le producteur et le principal interprète. A l’annonce du projet, on était en droit de se demander s’il ne s’agissait pas en réalité d’une mauvaise blague, mais au final, le film s’est réellement fait et s’intitule ‘On Deadly Ground’ (Terrain miné), énième série-B d’action pour le maître du cassage de bras et des dialogues en dessous de la ceinture. Mais, comme si cela ne suffisait pas, Seagal s’est aussi senti obligé d’en rajouter une couche en s’adonnant au plaisir du film à message, avec à la clé une grosse morale écologique simplette. Forrest Taft (Steven Seagal) travaille pour le compte de Michael Jennings (Michael Caine), président de Aegis Oil, une puissante compagnie pétrolière implantée en Alaska et qui ne se soucie guère de l’environnement. Jennings compte lancer d’ici quelques jours sa nouvelle station pétrolière, Aegis 1, qui lui permettra de récupérer tous les droits sur le pétrole du territoire Inuit. Mais un jour, Forrest Taft vient fouiner dans les affaires de son supérieur et découvre que Jennings utilise du matériel de sécurité défectueux afin d’accélérer la cadence et de rendre Aegis 1 opérationnel à temps. Avec la complicité de mercenaires, Jennings décide de supprimer Forrest et de le rendre publiquement responsable d’actes de sabotage. Recueilli et soigné par les Inuits, Forrest se remet vite sur pied et part affronter Jennings et ses mercenaires, à l’aide de toutes ses connaissances en explosif et armement (il était autrefois instructeur pour la CIA), afin de sauver la population Inuit et les territoires de l’Alaska de la catastrophe écologique qui se prépare avec le lancement d’Aegis 1.

Eh oui, Steven Seagal a interprété à plusieurs reprises des flics ou des ex-agents qui démolissent les méchants les uns après les autres avec un savoir-faire trop parfait pour être honnête. Aujourd’hui, le spécialiste de la méchante série-B d’action devient le protecteur du peuple Inuit et de mère nature, rien que ça! C’est pourquoi, par exemple, alors qu’il assiste dans un bar à un passage à tabac d’un pauvre indien sans défense, Forrest intervient et décide de mettre une bonne raclé à l’agresseur (en jouant au passage à la ‘main chaude’ - celui qui perd se fait cogner. Ca n’ajoute absolument rien à l’intrigue et la scène semble s’éterniser gratuitement, mais ça a visiblement l’air d’avoir beaucoup fait marrer notre cher Steven!) pour finir par lui faire stupidement la morale genre ‘d’après, que faut-il pour changer la nature d’un homme?’, et l’autre de répondre: ‘il faut du temps’. Et oui, vous ne le saviez peut-être pas, mais maintenant, Steven Seagal est aussi devenu un sage (dans le film, le chef Inuit le compare à un grand ours) et un grand philosophe! N’oublions pas non plus le message final où, après avoir entièrement saccagé la plate-forme pétrolière et tué tout le monde (soyons honnête, on s’en doutait un peu, non?) sans même être arrêté par les autorités (apparemment, Steven Seagal a l’air de penser qu’on a le droit de tuer des milliers de gens et de tout détruire sous prétexte que ce sont des méchants qui font des méchancetés!), Forrest participe à une conférence sur les méfaits des entreprises pétrolières qui polluent la terre et les océans, en essayant d’alerter au passage le spectateur sur les conséquences désastreuses de la pollution à l’échelle mondiale et le besoin urgent de réguler cette situation (en plus de se prendre pour un pseudo-philosophe, Seagal se prend maintenant pour Nicolas Hulot!). Evidemment, ce que dit Steven Seagal à la fin du film est tout à fait véridique, et chaque habitant de la planète devrait en prendre conscience, mais c’est la façon dont l’acteur/réalisateur l’amène qui prête ici à sourire, avec une naïveté simplette mais honnête malgré tout. Mais tout ceci n’est finalement qu’un prétexte à une série de combats, de fusillades et de dégommages de méchants en tout genre (un passe à travers les pales d’un hélicoptère, un autre explose dans une voiture, un autre se fait tirer dans le ventre à bout portant par son propre fusil, un autre finit dans une mare de pétrole, etc.) qui font de ‘On Deadly Ground’ un énième ersatz de ‘Under Siege’, ‘Marked for Death’ ou ‘Hard to Kill’. Rien de plus, rien de moins (comment un grand acteur comme Michael Caine a t’il pu se laisser convaincre de participer à une daube pareille?). De toute façon, on ne s’attendait pas à grand chose d’autre de la part de Steven Seagal!

Il est une fois de plus parfaitement regrettable de voir le grand Basil Poledouris perdre son temps sur pareille nullité, car, décidément, les années 90 auront été une source de déceptions de la part des fans du compositeur, qui continuent encore aujourd’hui de regretter le fait que le compositeur ne cesse de participer à des productions sans intérêt. Hélas, ‘On Deadly Ground’ confirme bien le fait que Poledouris est désormais habitué aux daubes hollywoodiennes pour lesquelles il tente malgré tout d’offrir le meilleur de lui-même en bon professionnel qu’il est. Son score pour ‘On Deadly Ground’ a beau tenter de relever le niveau pitoyable du film de Steven Seagal, il n’en demeure pas moins une énième composition archi fonctionnelle qui ne survira que très difficilement hors des images du film (et ce à l’inverse de grandes partitions telles que ‘Conan The Barbarian’ ou ‘Robocop’). Poledouris utilise l’orchestre symphonique habituel agrémenté de quelques touches d’électroniques et de quelques sonorités indiennes (flûtes, etc.) évoquant le peuple inuit. Le ‘Main Titles’ nous permet d’entendre le thème principal du score dès le générique de début du film, thème confié à des cuivres/cordes soutenu de quelques percussions électroniques, un thème d’action dont on regrettera le côté extrêmement peu inspiré et franchement guère mémorable, mais qui est quand même associé tout au long du film aux exploits de Forrest Taft. Avec ‘Aegis Flameout’, Poledouris confirme l’orientation clairement orchestrale de sa musique, où l’on retrouve ses traditionnelles harmonies et ses cuivres majestueux et massifs.

La partition oscille entre action, passages atmosphériques plus harmonieux et quelques passages à suspense. ‘Forrest Found’ est quand à lui plus représentatif de la partie ‘harmonique’ et apaisée du score, accompagnant la scène où Forrest est recueilli et soigné par les inuits. Poledouris utilise ici les cordes avec quelques percussions légères et une sonorité de flûte indienne (probablement samplée sur synthé). Le compositeur tente d’associer à la population inuit une certaine majestuosité musicale, sans jamais vraiment y arriver, la partition ne décollant véritablement jamais, preuve d’un manque d’inspiration flagrant du compositeur (il faut dire qu’écrire une bonne musique pour un film de Steven Seagal est loin d’être chose aisée!). ‘The Journey’ véhicule quand à lui un sentiment d’aventure et d’action alors que Forrest entame son périple dans la forêt pour partir rejoindre la plate-forme pétrolière de Jennings (à noter au passage un mélange flûte/voix indienne évoquant le mysticisme inuit). Poledouris utilise ici cuivres, cordes et percussions exotiques pour traduire à l’écran le sentiment d’aventure, avec au passage un petit thème majestueux basé sur un motif de 3 notes que l’on pourrait qualifier de ‘thème de la nature’ que l’on retrouvera surtout dans le final. L’action se prolonge dans ‘Forrest Decides/Horse Chase’ et explose dans le très efficace ‘Jennings Goes Down’ où l’on retrouve le Poledouris des grosses musiques d’action avec percussions, cordes frénétiques et cuivres massifs dans la scène où Forrest saccage la plate-forme pétrolière et tue tous les méchants, un morceau qui n’est pas sans rappeler certains passages d’action de ‘Hunt for The Red October’. L’aventure touche à sa fin avec ‘The Warning/End Credits’ où le climat se veut plus serein, méditatif et harmonieux, avec une très belle écriture de cordes lyriques sur fond d’harmonies de cuivres et d’un dernier rappel du thème de la nature, illustrant la scène où Forrest exprime son message écologique final, la musique accompagnant cette scène de façon plutôt méditative et quasi solennelle.

Vous l’aurez donc compris, ‘On Deadly Ground’ est un score d’action honnête et sans prétention, qui peine malgré tout à attirer l’attention du spectateur dans le film, survivant extrêmement difficilement hors des images du film. On regrettera ici le manque d’inspiration du compositeur qui nous livre un thème principal dont on ne retiendra finalement pas grand chose, à l’image du score lui-même, même si la musique donne un certain punch au film, grâce à la qualité de l’écriture orchestrale de Basil Poledouris et de son goût pour les musiques d’action de qualité – la musique restant malgré tout le seul élément positif du film. Il semblerait pourtant que la musique ait plu à Steven Seagal puisque ce dernier refera de nouveau appel à Poledouris pour la musique de son prochain film d’action, ‘Under Siege 2’ (1995). Voilà en tout cas un score d’action fonctionnel et pas franchement indispensable, à réserver en priorité aux inconditionnels de Basil Poledouris!


---Quentin Billard