Enième thriller hollywoodien qui sent la routine à plein nez, ‘The Rich Man’s Wife’ (Sombres soupçons) met en scène la ravissante Halle Berry dans une intrigue mélangeant meurtre, soupçons et magouille dangereuse. Josie (Halle Berry) est marié à un richissime homme d’affaire, Tony Potenza (Christopher McDonald), mais son couple bat de l’aile, chacun ayant de son côté des aventures extra-conjugales. Un soir, alors qu’elle prend un verre dans un bar, Josie rencontre un mystérieux et inquiétant individu nommé Cole Wilson (Peter Greene), à qui elle se confie et qui lui propose d’éliminer son mari afin qu’elle hérite de sa fortune. Terrifiée, Josie s’enfuit, mais Cole continue de la suivre et finit par passer à l’action. Un soir, il assassine Tony Potenza dans un parc de la ville et réclame une partie de sa richesse à Josie sous peine de quoi il la dénoncera à la police pour complicité de meurtre. Terrifiée, Josie, qui n’a jamais voulu une telle situation, se retrouve piégée par le traquenard que lui tend Cole. Mais elle n’est pas encore au bout de ses surprises car elle ignore encore que le mystérieux maître-chanteur a aussi un associé que Josie connaît bien. Voilà en tout cas un scénario plutôt banal et à peine digne d’une modeste série-B à suspense, exécuté par une Amy Holden Jones peu inspirée, amenant un peu de suspense et d’action sans grand talent, sans aucune personnalité. Reste la performance de la magnifique Halle Berry face à un Peter Greene extrêmement inquiétant et un Clive Owen jeunot encore peu connu à l’époque.

Le score de ‘The Rich Man’s Wife’ composé par John Frizzell reste sans aucun doute l’atout majeur du film d’Amy Holden Jones. Comme toujours dans les thriller, la musique occupe ici une place privilégiée puisqu’elle sert à amplifier et à développer toute la tension et le suspense du film avec une efficacité indiscutable. La partition orchestrale de Frizzell s’articule ici autour d’un thème principal composé par James Newton Howard, et qui servira de base à la partition de Frizzell. Le thème, associé dans le film à Josie, évoque la fragilité et la tristesse du personnage d’Halle Berry, qui devient brutalement veuve et pourchassée par un sinistre psychopathe du jour au lendemain. Le thème se distingue par la simplicité de sa ligne mélodique et son côté mélancolique et intime, confié au piano, aux cordes et aux vents. On appréciera d’ailleurs ici le soin apporté aux orchestrations, témoignant du savoir-faire d’un jeune compositeur américain prometteur. Frizzell installe donc dès le début du film une tension importante, relayée par les cordes sombres et le piano, instrument quasiment omniprésent tout au long du film.

Le suspense se fait largement ressentir à travers la musique, illustrant la menace de Cole et son caractère omniprésent. Le compositeur nous gratifie de quelques bons morceaux d’action où se mêlent frisson et terreur avec une efficacité redoutable, comme c’est le cas pour la scène où Cole entame un raid déjanté en voiture avec Josie, à grand renfort de percussions agressives et de clusters de cordes/cuivres. La scène de la course poursuite sur la route vers la fin du film nous permet aussi d’entendre un superbe morceau d’action aux rythmes frénétiques, comme pour l’affrontement final dans la maison, véritable jeu du chat et de la souris que Frizzell amplifie avec des orchestrations sombres, un amas de dissonances, des cuivres, des cordes graves, un piano ‘thriller’, des percussions, etc. On notera même une excellente utilisation des percussions dans la scène où Josie récupère son arme à feu et se prépare à contre-attaquer contre Cole, les percussions affirmant ici le caractère déterminée de l’héroïne. Vous l’aurez donc compris, ‘The Rich Man’s Wife’ est une sympathique partition thriller, aux orchestrations soignées, un score sinistre et oppressant bien que très conventionnel et sans grande surprise.


---Quentin Billard