1-Opening 1.44*
2-Kung Fu 3.49
3-Refrigerator 1.57
4-Making Buns 1.42
5-Dance 1.01
6-Pissing 3.55
7-Shoe Fixed 0.42
8-Roof 1.01
9-Bull's Eye 4.20
10-Battlefield 2.32
11-Underwear 4.55
12-Lane Crawford 0.42
13-Under The Tree 1.09
14-Double Dragon 1.48*
15-Final Match 4.53
16-1st Half 4.04
17-Cell Phone 5.17
18-Victory 4.12
19-The Cup 1.23
20-Ending 1.29*

*Composé par Raymond Wong
et Lowell To.

Musique  composée par:

Raymond Wong

Editeur:

Cutting Edge CTCR-14226

Album produit par:
Raymond Wong

Artwork and pictures (c) 2001 Star Overseas/Universe Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
SHAOLIN SOCCER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Raymond Wong
Célèbre acteur comique chinois, Stephen Chow est un adepte de l’humour absurde et du non-sens, humour baptisé à Hong-Kong ‘Mo Lei Tau’. Pour son sixième long-métrage, Chow nous propose un délire peu commun, celui de mélanger kung-fu/philosophie shaolin avec le football. Le résultat ne s’est pas laissé attendre, puisque ‘Shaolin Soccer’ est l’un des plus gros succès hong-kongais de tous les temps, à tel point qu’aux Etats-Unis, Miramax a racheté les droits du film pour le distribuer sur le sol américain (dans une version hélas remontée, comme souvent, les américains n’ayant que faire des concepts d’art et d’intégrité d’une oeuvre). Avec plus de 7,7 millions de dollars de recette et plusieurs récompenses, ‘Shaolin Soccer’ a tout pour être un must en son genre, un véritable délire cinématographique opéré par un réalisateur talentueux qui ne se prend jamais au sérieux. Manifestement inspiré ici par l’humour des Monty Python, Stephen Chow nous propose une aventure hors du commun, celle de Sing (Chow), un jeune moine Shaolin qui propose un jour à Fung (Man Tat Ng), ancienne star déchue du football, de reformer une nouvelle équipe en mélangeant football et kung-fu. Fung s’occupe aujourd’hui du matériel de la ‘Evil Team’, l’équipe de son ancien partenaire, Hung (Yin Tse). Mais un jour, Fung perd son travail et se retrouve au chômage. C’est là qu’il rencontre Sing, qui le convainc de monter une équipe de football hors du commun, avec l’aide de son exceptionnelle maîtrise du kung-fu qu’il a apprit chez les moines Shaolin. Il va finalement réussir à convaincre tous ses anciens frères Shaolin de venir le rejoindre dans sa nouvelle équipe, et avec l’aide de Fung, ils vont apprendre à jouer au football. De match en match, l’équipe de Shaolin Soccer multiplie les victoires grâce aux pouvoirs du kung-fu, jusqu’au jour où, arrivé à la coupe de la grande finale, l’équipe de Fung se retrouve confronté à la ‘Evil Team’ de Hung, qui a dopé tous ses joueurs afin de s’assurer de la victoire finale. Le combat s’avère déjà être épique, et aussi particulièrement drôle!

‘Shaolin Soccer’, c’est donc 1h30 de délire pur, où Stephen Chow nous propose tous les ingrédients habituels du film d’art martiaux avec chorégraphies surréalistes (à grand renfort de ‘wire-fu’, autrement dit de câbles pour soutenir les acteurs lors des acrobaties surréalistes) et effets spéciaux énormes (le film s’inspire de toutes les techniques numériques/optiques héritées de ‘The Matrix’, avec plus particulièrement l’utilisation de l’effet du ‘bullet time’, etc.), sans oublier la dimension humoristique indiscutablement inspirée ici des Monty Python. Situations loufoques (scène où Sing et Fung chantent comme des ringards les vertus du kung-fu au début du film, avant de se faire bastonner par des spectateurs fous furieux, visiblement exagérément mécontent de leurs pitoyables performances), gags en tout genre, effets spéciaux énormes (il faut voir les scènes où le ballon se transforme en énorme boule de feu qui balaie tout le terrain), personnages décalés, humour absurde (le gardien de but qui se prend pour Bruce Lee), tels sont les ingrédients de ‘Shaolin Soccer’, un astucieux cocktail d’art martiaux, de football et d’humour, qui n’est pas sans rappeler le célèbre dessin animé japonais ‘Olive et Tom’.

La musique de Raymond Wong apporte un côté aventureux et quasi épique au film de Stephen Chow. Si le réalisateur se n’est pas vraiment pris au sérieux en tournant cette énorme blague à gros budget, le compositeur a joué quand à lui la carte de l’aventure et de l’équipe avec une partition orchestrale interprété sur des synthétiseurs (budget oblige). Raymond Wong (fidèle collaborateur de Johnny To ayant aussi oeuvré sur certains films de Tsui Hark) retrouve Stephen Chow pour la seconde fois après avoir écrit la musique de ‘The King of Comedy’ (1999). Pour ‘Shaolin Soccer’, Wong nous propose une partition d’action/aventure particulièrement énergique, basée sur un superbe thème principal héroïque à souhait difficile à s’ôter de l’esprit même après une première écoute. Exposé dès le générique de début (‘Opening’) à grand renfort de percussions et d’un rythme quasi chevaleresque, le thème principal de ‘Shaolin Soccer’ évoque la détermination et la force de l’équipe de Sing et Fung ainsi que leur maîtrise quasi surnaturelle du kung-fu, d’où le côté épique et héroïque de ce thème (qui, curieusement, rappelle beaucoup d’airs du même genre avec sa montée harmonique tendance chevauchée de western à la Ennio Morricone). Dans ‘Kung Fu’, Wong confirme l’orientation aventureuse de sa partition avec une première partie dominé par un sifflet samplé et quelques sons de synthé à la Hans Zimmer. A vrai dire, l’ombre de Zimmer plane sur l’ensemble de la partition de Raymond Wong, une influence majeure du compositeur qui n’hésite pas à injecter à quelques reprises des clins d’oeils volontaires (ou pas) au compositeur allemand. Il suffit par exemple d’écouter le milieu de ‘Kung Fu’ pour commencer à déceler quelques vagues ressemblances avec des musiques de Hans Zimmer (ici, ‘Black Rain’). A noter l’utilisation des chœurs samplés à la fin du morceau, qui apportent une certaine force aux images tout en évoquant les pouvoirs de Sing.

‘Refrigerator’ dévoile la partie plus intimiste et mélancolique du score, avec un passage plus émouvant où pointe un certain sentiment de tristesse. A noter ici l’utilisation d’une guitare associé au personnage de Stephen Chow pour un nouveau passage inspiré du style de Hans Zimmer (surtout dans les rythmiques à la Media-Ventures et certaines sonorités électroniques). L’action pointe même le bout de son nez dans ‘Pissing’ pour la scène où Sing affronte une dizaine d’opposants dans le coin d’une rue en utilisant sa maîtrise du kung-fu et de l’enseignement Shaolin. On notera l’utilisation des tambours et autres percussions, instruments entendus dès les premières secondes de la partition et qui restent l’un des éléments fondamentaux du score de ‘Shaolin Soccer’. Wong nous offre même un bref passage plus apaisé et doux dans ‘Shoe Fixed’ lorsque Mui rend les chaussures rafistolés à un Sing très heureux de retrouver ses vieux escarpins pourris. Mais c’est à partir de ‘Roof’ que le compositeur nous promet une grande aventure, avec une reprise du thème principal héroïque et déterminé lorsque les frères Shaolin se retrouvent tous sur le toit d’un immeuble pour former l’équipe de football de Sing et Fung. Dès lors, la partition va essentiellement mettre l’accent sur l’action et les envolées héroïques.

‘Bull’s Eye’ évoque le côté plus humoristique du film avec des instruments (synthé) sautillants et des ruptures de ton à la limite du mickey-mousing. La seconde partie du morceau accompagne la scène d’entraînement de façon plus héroïque, vaguement inspiré ici d’un passage de ‘Backdraft’ de Hans Zimmer, et qui nous fait ressentir toute la détermination des joueurs de l’équipe de Fung. ‘Under The Tree’ se détache un peu du reste de la partition avec son côté triste et nostalgique où Raymond Wong nous propose de façon inattendue une reprise de la célèbre ‘chanson de Solveijg’ extraite du ‘Peer Gynth’ d’Edward Grieg, une allusion ‘classique’ plutôt inattendue dans le contexte du film et qui accompagne la scène où Mui pleure lorsque Sing lui dit qu’il n’y a pas d’amour entre eux, juste une forte amitié. Quel plaisir alors de retrouver le thème principal dans toute sa splendeur avec son ostinato de tambours entraînant dans ‘Double Dragon’ débouchant sur le superbe ‘Final Match’ où Wong nous dévoile l’excellent thème épique et grandiose associé au grand match final. On ressent ici toute l’émotion de l’accomplissement de soi et un certain sentiment de grandeur lorsque l’équipe arrive sur le terrain du match final. Seule ombre au tableau, ce thème est calqué sur un thème du ‘The Lion King’ de Hans Zimmer, une nouvelle référence à peine dissimulée qui ne semble d’ailleurs pas avoir échappé à bon nombre de béophiles. La scène de la première partie de la finale permet ainsi au compositeur de développer ses musiques d’action avec percussions, cuivres et traits de cordes frénétiques (le tout fait au synthé), ‘1st Half’ restant dans la continuité du précédent morceau. ‘Cell Phone’ s’avère être quand à lui bien plus dramatique avec ses choeurs et ses rythmes inspirés d’Ennio Morricone dans la scène où le remplaçant du gardien de but encaisse tous les coups des adversaires de la ‘Evil Team’ avant de succomber à son tour. Finalement, ‘Victory’ conclut l’aventure de façon grandiose sur la victoire finale de l’équipe de Sing et Fung avec une nouvelle reprise du magnifique thème inspiré du ‘Lion King’ de Hans Zimmer, repris de façon grandiose dans ‘The Cup’, le film se concluant sur une dernière reprise du thème principal dans ‘Ending’.

Partition d’aventure bourrée de références et de petits clins d’oeil, ‘Shaolin Soccer’ est une très bonne BO qui apporte un tonus et une énergie considérable au film de Stephen Chow. Difficile de résister à la puissance enthousiasmante de l’excellent thème principal de la musique de Raymond Wong qui évoque le courage, la noblesse et la détermination à travers le sport (et les arts martiaux). Beaucoup plus sérieuse que le film lui-même, la musique renforce les images en apportant parfois du sérieux à des scènes qui ne le sont pas forcément en soi. Du coup, le décalage fonctionne parfaitement et la magie du mélange image/musique opère à merveille. Malgré le côté parfois cheap de ses synthétiseurs (on sent ici les limites des sonorités MIDI), Raymond Wong a parfaitement su retranscrire toute la force et le tonus du film de Stephen Chow qui a récemment affirmé dans une interview avoir beaucoup aimé travailler avec Wong, et qu’il espérait le retrouver sur ses prochains films (le compositeur a écrit la musique du nouveau film de Stephen Chow, ‘Kung-Fu Hustle’). Voilà en tout cas une partition sympathique bien que pas franchement indispensable, idéal pour se replonger dans l’ambiance du film de Stephen Chow!


---Quentin Billard