1-Child's Spirit 1.50
2-Hostage 2.52
3-Canyon Inn 1.48
4-The Watchman 2.47
5-The Waterfall 1.52
6-Crawl Space 1.33
7-Talley's Theme 2.58
8-Drive 1.32
9-Breaking In 4.30
10-The House 2.20
11-Tommy's Theme 1.39
12-The Secret Place 4.08
13-House on Fire 4.54
14-The Negotiation 4.04
15-The Choice 1.21
16-Talley's Plan 2.01
17-Screens and Shades 1.06
18-FBI 1.29
19-Mars's Theme 2.41
20-The Trade 1.54
21-The Killer 1.59
22-Captain Wooba 4.59
23-Talley's Family 2.52
24-Child's Spirit (extended) 2.31

Musique  composée par:

Alexandre Desplat

Editeur:

Superb Records/Gut
GUTCD-44

Produit par:
Solrey Lemonnier
Montage de la musique:
Gerard McCann

Artwork and pictures (c) 2005 Miramax Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
HOSTAGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Desplat
A l’instar de ses camarades Kassovitz, Richet, Jeunet et compagnie, Florent Emilio-Siri s’est laissé tenté par une première escapade hollywoodienne en réalisant ‘Hostage’ (Otage), film d’action/thriller dans la plus pure tradition du genre. Remarqué par son efficace ‘Nid de guêpes’, qui devait beaucoup au ‘Assault’ de Carpenter, Siri renoue avec les formules hollywoodiennes du film d’action et articule son intrigue autour d’une double prise d’otage particulièrement dangereuse et intense. Hanté par une prise d’otage qui a mal tourné il y a quelques années, l’ex-policier/négociateur Jeff Talley (Bruce Willis) a décidé de quitter son bureau de Los Angeles pour aller travailler dans une plus petite unité d’une ville voisine. Un jour, trois jeunes voyous décident de s’en prendre à la famille du richissime comptable Walter Smith (Kevin Pollak) qui habite avec son petit garçon Tommy (Jimmy Bennett) et sa fille Jennifer (Michelle Horn) dans une luxueuse villa à l’extérieur de la ville. Alors qu’ils ne venaient que pour voler sa voiture, la confrontation dégénère et se transforme en violente prise d’otage. Face à cette situation de crise, Walter réussit à déclencher une alarme silencieuse qui permet à la police de rappliquer en quelques minutes seulement, mais les jeunes voyous sont bien armés et même s’ils n’avaient pas prévu une telle situation, ils arrivent à tenir tête aux policiers et à en abattre l’un d’entre eux. On fait alors de nouveau appel à Talley pour négocier avec les malfaiteurs, mais en vain, ce dernier refusant un travail qu’il ne voulait plus pour des raisons évidentes. C’est alors que surgissent de mystérieux individus qui kidnappent la famille de Talley et l’obligent à négocier avec les malfaiteurs afin de récupérer à l’occasion un DVD qui se trouve à l’intérieur de la maison de Walter Smith, et qui contient de précieuses informations qui semblent particulièrement intéresser les commanditaires du comptable, qui se trouvent être derrière le kidnapping de la famille de Jeff Talley. Ce dernier n’a plus le choix. S’il veut revoir sa femme et sa fille, il doit obéir aux ravisseurs et tenter de négocier avec les trois malfrats et de mettre un terme à cette double prise d’otage qui risque à tout moment de virer au cauchemar.

Voilà en tout cas une intrigue intéressante pour un film qui mélange action et suspense avec une certaine habileté, construit selon le traditionnel schéma du crescendo de tension qui abouti à un climax forcément massif et violent. Construit sous la forme d’un long compte à rebours au suspense redoutable et qui se déroule en temps réel, ‘Hostage’ renoue aussi avec le film de négociateur comme on avait déjà pu en voir avec le fameux ‘The Negotiator’ de F. Gary Gray. (1998). Comme d’habitude, Bruce Willis s’impose avec un jeu entre l’émotion et la rigueur, l’acteur brillant particulièrement dans les moments où on le sent profondément bouleversé et affecté à l’idée que sa famille soit aux mains de ravisseurs sans scrupules. Rappelons au passage que c’est Bruce Willis en personne qui, après avoir vu ‘Nid de guêpes’, tenait à ce que Siri réalise lui-même le film. Adapté du roman ‘Otages de la peur’ de Robert Crais, ‘Hostage’ est un film d’action mené tambour battant et sans temps mort par un réalisateur français qui, pour son premier film hollywoodien, arrive à conserver une certaine personnalité même si l’on ressent clairement ici l’engrenage hollywoodien fonctionner à plein régime. Le principe de la double prise d’otage permet au réalisateur de nous livrer quelques grands moments de suspense digne de son précédent ‘Nid de guêpes’, agrémenté de quelques sursauts de violence typiquement hollywoodiens. A noter pour finir un générique de début particulièrement intéressant, entièrement réalisé en images numériques sous la forme d’un film d’animation qui résume le côté négociateur/policier du film. Nul doute qu’avec ‘Hostage’, Florent Emilio-Siri s’est ouvert définitivement les portes d’Hollywood.

Alexandre Desplat continue sur son ascension après avoir déjà fait quelques détours du côté du cinéma américain dans ‘Girla with a Pearl Earring’, ‘Birth’ et ‘The Upside of Anger’. Après avoir signé une partition orchestrale remarquable pour ‘Nid de guêpes’, Desplat nous revient en pleine forme avec ‘Hostage’. Pour sa seconde collaboration à un film d’Emilio Siri, le compositeur français nous livre un score d’action tonitruant, d’une efficacité redoutable, alliant le style orchestral cher au compositeur avec une empreinte hollywoodienne plus qu’évidente. Plus fort, plus gros et encore plus massif que la BO de ‘Nid de guêpes’, le score de ‘Hostage’ met les bouchées doubles et renforcer l’action et la tension du film. Avec l’ouverture du film, Desplat nous introduit à son premier thème, ‘Hostage’, soutenu par un ostinato rythmique synonyme de tension et de danger. Les cordes introduisent le thème sur fond d’arpèges de piano mystérieux et d’une voix d’enfant envoûtante, qui sera associé plus tard au personnage du jeune Tommy. On apprécie ici la qualité de ce motif sombre et mystérieux que Desplat rend de plus en plus puissant par un travail de crescendo de qualité. La dernière partie du morceau se conclut sur un excitant martèlement rythmique qui annonce déjà le côté action/thriller du film. Avec une ouverture aussi riche, le compositeur ne peut que nous donner déjà envie d’en entendre plus. A noter un ‘Child’s Spirit’ intéressant, qui reprend le thème du jeune enfant soliste (entendu particulièrement durant le générique de fin du film) dont la courbe mélodique envoûtante et mystérieuse contraste habilement avec la pureté de la voix. ‘Canyon Inn’ et ‘The Watchman’ nous introduisent très rapidement dans l’action, l’orchestre étant agrémenté dans le sombre ‘The Watchman’ de quelques synthétiseurs accentuant le suspense lors du début de la prise d’otage chez Walter Smith. Atmosphérique, la musique occupe néanmoins une place majeure tout au long du film, preuve qu’Emilio Siri apprécie particulièrement le travail de son compositeur.

‘The Waterfall’ fait monter la tension par le biais de cordes tendues et de rythmiques électroniques toujours présentes en arrière-fond sonore. Mais c’est ici la qualité des orchestrations qui attire toute notre attention, Desplat privilégiant les différents pupitres de l’orchestre dans ses morceaux d’action/suspense sans jamais tomber dans la cacophonie ou les fouillis sonores. ‘Crawl Space’ confirme en tout cas l’orientation action de la partition du compositeur français à l’aide de cuivres massifs, de cordes survoltées et de percussions omniprésentes, le tout illustré à travers une certaine virtuosité rythmique qui pourrait presque faire penser à Jerry Goldsmith. Premier gros morceau d’action d’une efficacité redoutable à l’écran, évoquant les premiers déboires de Jeff Talley et des otages, ‘Crawl Space’ nous rappelle à quel point Alexandre Desplat a toujours été très attiré par les grosses partitions d’action hollywoodiennes, un genre auquel il faisait déjà ironiquement référence dans ‘Une chance sur deux’ de Patrice Leconte (1998). Ceci étant dit, Desplat en profite aussi pour nous offrir quelques beaux moments de répit comme le mélancolique ‘Talley’s Theme’ associé au personnage de Bruce Willis, et qui évoque avec une certaine tristesse le danger qui pèse sur sa famille prise à son tour en otage. Un piano, des cordes sombres et une voix d’enfant lointaine suffisent à illustrer l’émotion du protagoniste principal. La voix d’enfant serait d’ailleurs associé au souvenir du jeune garçon que Talley n’avait pas pu sauver au cours d’une ancienne prise d’otage qui avait tourné à la catastrophe – le petit Tommy serait donc pour lui une sorte de rédemption, de façon de se racheter de cette faute, comme nous le rappelle le retour du thème dans ‘FBI’.

‘Breaking In’ évoque la tension entourant la prise d’otage avec un suspense redoutable, tandis que le thème principal refait une brève apparition aux cordes dans ‘The House’ où l’on retrouve une fois encore la voix d’enfant lointaine qui semble hanter une bonne partie de la musique, et qui évoque la hantise de Talley de perdre à la fois sa famille et les enfants qu’il cherche à sauver de la prise d’otage. Puisqu’on parle d’enfant, on ne peut pas passer sous silence l’inattendu ‘Tommy’s Theme’ qui apporte un peu de légèreté inattendue dans ce score à l’aide d’une petite mélodie de flûte à bec sur fond de sonorités orchestrales sombres, thème naïf et innocent associé dans le film au jeune Tommy alors qu’il circule d’un endroit à un autre de la maison afin de venir en aide à Talley, à l’extérieur. Seul un compositeur avec une sensibilité européenne pouvait avoir l’idée d’inclure pareil thème au sein d’un gros score d’action de ce genre, une petite idée agréable qui apporte un peu de relief à un score finalement assez massif et redoutablement efficace dans le film. Pour finir, on pourra relever la présence d’un troisième thème, le ‘Mar’s Theme’, associé au jeune voyou qui a organisé la prise d’otage, brillamment incarné dans le film par Ben Foster, un thème évidemment sombre et menaçant confié à des cordes graves et quelques vagues effets électroniques inquiétants.

La scène où la maison brûle (‘House on Fire’) permet au compositeur de nous offrir un nouveau gros morceau d’action tonitruant, à l’aide de cuivres massifs, de percussions agressives, de rythmiques électroniques soutenues (curieusement, le motif d’action de piano n’est pas sans rappeler ici certains passages du ‘Dark City’ ou du ‘Desperate Measures’ de Trevor Jones) et de cordes déchaînées, avec au passage une très belle et brève reprise émouvante de la flûte à bec associée au jeune Tommy. Dès lors, les montées de tension deviennent systématiques, que ce soit dans le tendu ‘The Negotiation’ ou ‘Talley’s Plan’, qui reprend le motif d’action à la Trevor Jones lorsque Talley monte son plan visant à stopper les kidnappeurs et à récupérer le précieux DVD qui se trouve dans la maison de Walter Smith. Le motif d’action se déchaîne dans ‘The Trade’, l’histoire touchant à sa fin avec le sombre ‘Captain Wooba’ pour la confrontation finale. On respire enfin grâce au très beau ‘Talley’s Family’ qui reprend le thème de Talley avec un très beau mélange cordes/piano du plus bel effet lorsque le héros retrouve sa famille.

Vous l’aurez compris, avec ‘Hostage’, Alexandre Desplat nous prouve une fois encore l’immense étendue de son talent en signant une nouvelle partition symphonique où se mêle action, suspense et émotion avec une certaine richesse toute à son honneur. Dans la continuité directe de son précédent travail sur ‘Nid de guêpes’, Desplat nous offre un nouveau gros score d’action d’une efficacité redoutable, un score à la fois sombre, dramatique et massif qui apporte un plus indéniable au film de Florent Emilio-Siri et qui capture toute l’essence de l’histoire et du suspense lié à l’intrigue de la double prise d’otage. Même si l’on regrette parfois le côté impersonnel de cette composition finalement très calibrée sur le modèle hollywoodien, on ne pourra qu’apprécier la saveur des thèmes que nous offre ici le compositeur, avec quelques déchaînements orchestraux savamment dosés et amplement maîtrisés, Desplat en profitant pour nous rappeler à quel point il maîtrise plus que jamais l’écriture orchestrale et ses différentes subtilités, soignant systématiquement la qualité de ses orchestrations sans jamais délaisser un pupitre d’instrument plus qu’un autre. Donc, si vous avez aimé la musique de ‘Nid de guêpes’, ‘Hostage’ devrait vous satisfaire pleinement, et ce même si c’est loin d’être le chef-d’oeuvre de l’année!


---Quentin Billard