1-Rae's Arrival 5.06
2-First Morning 3.46
3-Campbell and The Children 1.57
4-The Trees 6.01
5-The Harvest 3.11
6-Mocara 3.36
7-Mountain High 2.41
8-Without a Net 4.19
9-Finger Painting 2.30
10-What's Wrong 1.52
11-The Injection 2.09
12-The Sugar 2.08
13-The Fire 2.10
14-A Meal & a Bath 8.03

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5350

Producteur:
Jerry Goldsmith
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Ken Hall
Assistant de Mr. Goldsmith:
Lois Carruth
Assistant de production:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1992 Cinergi Productions Inc. and Cinergi Productions N.V. All rights reserved.

Note: ****
MEDICINE MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Avec 'Medicine Man', le réalisateur de 'Predator', 'Die Hard' et 'Hunt for The Red October' délaissait l'action pour retourner une fois encore dans la jungle (après 'Predator' - d'ailleurs à ce propos, le réalisateur voulait revenir dans la même foret que 'Predator'...malheureusement, tout avait quasiment disparu, probablement détruit par l'homme, ce qui rejoint quelque part le sujet de 'Medicine Man') mais dans un registre cette fois-ci totalement différent. John McTiernan nous parle ici d'écologie, du respect de la nature, de la lutte contre les maladies grâce à l'étude des plantes et surtout, plus important, du grave problème de la destruction des forêts de l'Amazonie (et ce même si le script ne fait qu'effleurer ce sujet délicat et pourtant terriblement important pour l'avenir de notre planète). Sean Connery y interprète le Docteur Robert Campbell, un chercheur/scientifique qui est parti au coeur de l'Amazonie parmi le peuple indigène pour chercher un vaccin contre le cancer. Après avoir demandé qu'on lui envoie un assistant pour l'épauler dans ses importantes recherches, c'est le Docteur Rae Crane (Lorraine Bracco) qui arrive à son camp. Rae est en fait l'assistant envoyé par la compagnie mais Campbell refuse son aide prétextant qu'elle est une femme et qu'il avait demandé l'aide à un homme. Ne la connaissant pas du tout, Campbell va se montrer à la fois rustre et misogyne envers elle (il s'est retiré de la 'civilisation' depuis très longtemps pour faire ses recherches) mais Rae ne va pas se laisser faire et va lui prouver de quoi elle est réellement capable (c'est un peu ici la métaphore de l'éternelle guerre des sexes). Petit à petit, une certaine complicité amicale (voire amoureuse) va se lier entre Campbell et Rae au fur et à mesure que leur recherche va évoluer, tandis que de l'autre côté de la forêt, les bulldozers continuent d'avancer en rasant des hectares entiers de forêt. La situation est donc tendue, car Campbell n'a pas le pouvoir d'empêcher les bulldozers de continuer à avancer, jusqu'au jour où il découvre que des mystérieuses fourmis contiennent en fait un ingrédient susceptible de fabriquer le vaccin contre le cancer. Evidemment, le film est une sorte de message écologique en faveur du respect de la forêt Amazonienne (considérée à juste titre comme le 'poumon vert' de la terre), message qui aurait cependant gagné en profondeur si le script ne s'éternisait pas autant sur le côté intrigue scientifique du film. La bonne idée est d'éviter d'utiliser les clichés habituels entre les deux personnages amoureux secrètement l'un de l'autre. Ici, pas d'embrassade ni de sexe, juste une certaine communion d'esprit avec la nature (à tel point que Rae va s'impliquer à fond dans la recherche et va refuser de rejoindre son mari avec qui elle devait se marier) et quelque chose de beaucoup plus profond. Mais le film est assez court et McTiernan ne donne pas vraiment l'impression de réellement développer ces différents éléments. Ce petit film d'aventure gentillet stagne durant une bonne partie du film et accrocher difficilement même si le sujet est très intéressant (il doit aussi nous faire méditer sur le sujet). C'est d'ailleurs ce qui explique probablement les nombreuses mauvaises critiques que le film a reçu à sa sortie (le public ne s'attendait probablement pas à un film de ce genre de la part du réalisateur spécialiste de l'action). Notons pour finir le look 'queue de cheval' de Sean Connery, fameuse anecdote qui dit que l'acteur aurait rencontré le compositeur Jerry Goldsmith sur le tournage du film et aurait demandé à avoir la même coupe de cheveux que lui.

Jerry Goldsmith nous livre quand à lui un score de grande qualité sur ce film, une partition orchestrale dans lequel le compositeur réutilise - une fois encore - ses habituels synthétiseurs avec des sonorités plus tropicales ici et un style à la fois romantique et aventure. Autant dire tout de suite que le thème principal du score fait partie des grands thèmes du compositeur écrit durant les années 90, un magnifique thème exprimant à la fois la relation entre Campbell et Rae mais exprimant aussi la beauté incomparable de la nature et la communion de l'homme avec cette nature luxuriante et paisible. Le score est en fait composé de trois grands thèmes (avec un autre motif qui intervient dans les moments plus lents ou dramatiques du film), 'Rae's Arrival' (générique de début) nous livrant en fait les deux premiers thèmes. Le morceau intervient donc pour l'arrivée de Rae dans la forêt jusqu'au camp de Campbell. Goldsmith ouvre le film sur son premier thème (qui ne reviendra plus par la suite), un petit thème tropical frais et très enjoué soutenu par un rythme de guitares acoustiques et un synthé imitant des sonorités tropicales et claires. Fort sympathique et très mélodique, ce petit thème exprime un certain plaisir naïf du départ à l'aventure. Mais le morceau change de rythmique avec le deuxième thème lors du survol de la forêt, thème d'aventure plus sérieux qui exprimera plus tard le danger des bulldozers, avec les cors puis les cordes (toujours soutenu par cette rythmique insistante du synthé). Goldsmith prolonge son amusant thème tropical (dans un esprit très bon enfant) pour décrire la traversée de la jungle et l'arrivée jusqu'au camp de Campbell et des indiens. Avec cette petite touche de bonne humeur, Goldsmith pose les bases d'entrée sans évoquer encore le côté plus dramatique du film (la destruction de la forêt). Rae passe sa première matinée avec Campbell et les indiens dans 'First Morning' où Goldsmith continue de prolonger ses touches exotiques au synthé à l'aide de diverses sonorités (dont une imitant des flûtes exotiques et d'autres plus de style 'new-age'). Les cordes amènent ici un côté paisible à cette séquence tandis qu'un petit motif de harpe évoque la relation d'abord assez houleuse entre Rae et Campbell, ce motif se voulant plus sombre et lent de caractère. Mais Goldsmith profite encore du calme de cette première partie du film en décrivant une fois encore le côté paisible de cette vie parmi la nature en introduisant dans le très joli 'Campbell and The Children' une brève allusion au thème principal (surtout repris aux cordes à la fin du morceau) durant la scène où Campbell s'amuse avec les jeunes enfants. On retrouve une fois encore le motif de harpe assez intriguant de la fin de 'First Morning'.

Mais c'est le superbe 'The Trees' qui reste l'un des morceaux majeur de la partition, celui où le compositeur développe pour la première fois dans le film son thème principal. Campbell emmène Rae dans un petit voyage à travers les gigantesques arbres de la forêt avec un dispositif de câbles qu'il a lui même fait installer pour permettre la traversée. D'abord introduit aux violoncelles soutenus par une harpe, ce très beau thème d'un lyrisme poignant ne cesse de grandir dans la scène, exprimant ici aussi la beauté de la nature avec une certaine euphorie revitalisante soulignant les bienfaits de cette vie harmonieuse parmi la nature. Indiscutablement, ce thème reste l'une des plus belles mélodies composé par Goldsmith durant les années 90 (on pourra mettre à ses côtés le thème de 'Powder' dans un registre plus ou moins similaire). Les cordes ne cessent de grandir et de prendre une tournure de plus en plus lyrique (voire romantique) jusqu'au moment où Rae et Campbell arrivent au sommet des arbres et ont une vue magnifique de toute la vallée. Mais le ton du morceau change brutalement avec une masse sonore plus sombre (avec synthé) refaisant intervenir le motif plus sombre de la fin de 'First Morning', thème qui se retrouve cette fois ici sur des cordes sombres exprimant dans la séquence la menace qui pèse sur la forêt à la vue des bulldozers qui se rapprochent de plus en plus de leur camp et n'épargneront rien sur leur passage. On retrouve le thème tropical (ici à la flûte) soutenu par la guitare, le synthé et par une très discrète flûte de pan à la 'Under Fire' pour la scène de la moisson à laquelle Rae participe elle aussi. Le morceau se veut ici aussi encore plus enjoué et amusant que dans l'ouverture du film, permettant au compositeur de développer une dernière fois ce thème qui ne reviendra plus par la suite.

Avec 'Mocara', on trouve le côté plus sombre et tendu du score avec une rythmique de synthé avec des cordes qui sonnent ici beaucoup plus sombres et lentes, voire assez dramatiques. Avec 'Mountain High', Goldsmith évoque la traversée de la montagne avec des sonorités très diversifiées du synthé dans l'esprit de ce qu'il a fait sur 'Under Fire'. A noter l'étrange 'Without a Net' qui commence de manière atonale sur des cordes stridentes et un son de synthé bizarre pour un morceau assez sombre suivi ensuite d'un passage exprimant l'ébriété de Rae qui est saoule (notons l'emploi léger du synthé ici avec une flûte sautillante et quelques touches tropicales - un passage anecdotique dans le score mais qui permet néanmoins au compositeur d'apporter ici une petite touche d'humour sans se prendre vraiment au sérieux). Notons la reprise du thème principal avec une flûte soutenu par guitare et cordes à la fin du morceau. Le côté plus sombre du film déjà introduit dans 'Mocara' et au début de 'Mountain High' réapparaît avec cette rythmique exotique de synthé reprenant le thème d'aventure dans 'Finger Painting', scène dans laquelle Rae rêve qu'un indien se penche sur elle et lui peint le front. On réalise d'ailleurs à son réveil que ce n'était pas un rêve.

Dans 'What's Wrong', Rae et Campbell désespérant de ne pas pouvoir trouver la solution à leur remède tandis qu'un enfant du village est en train de mourir et qu'ils ne peuvent rien faire en attendant. On notera ici la reprise du thème d'aventure avec synthé dans un style qui renvoie très clairement ici à 'Under Fire' pour exprimer la détermination du duo pour trouver la solution au problème. Goldsmith prolonge cette ambiance dans 'The Injection' mais avec un côté plus résigné, lorsque Campbell décidé finalement d'injecter à l'enfant la dernière dose de remède de synthèse qu'il lui reste. Le travail autour des sonorités du synthé est toujours très intéressant comme à l'accoutumée, Goldsmith arrivant une fois de plus à trouver la texture électronique parfaite pour la musique dans le film. Les choses commencent à s'agiter dans 'Fire', lorsque Campbell a enfin trouvé ce qu'il manquait à leur problème, des fourmis qui se trouvaient à l'intérieur du sucre. Campbell comprend alors qu'ils ont enfin trouvés la solution et courre stopper les bulldozers. Très déterminé, le thème d'aventure revient aux cors soutenu par la même rythmique de synthé que dans 'Rae's Arrival'. Excellent morceau pour cette scène qui prépare le final du film, Goldsmith décrit l'affrontement de Campbell contre les ouvriers provoquant un gigantesque incendie qui va malheureusement ravager une partie de la forêt. (le compositeur évite cependant de tomber dans le cliché du morceau d'action ici, préférant rester sur un développement de son thème d'aventure) C'est finalement 'A Meal and A Bath' qui apporte la conclusion au score. Le compositeur réutilise le thème d'aventure à la flûte soutenu par le synthé avant qu'une très belle guitare reprenne le thème principal sous une forme plus résigné alors que le laboratoire et le camp de Campbell a été complètement ravagé par les flammes. Mais l'espoir est là et le duo sait désormais où chercher pour la suite. Cette conclusion permet à Goldsmith de pleinement développer une dernière fois son thème principal (notons la reprise d'un motif de 5 notes repris de 'The Trees'), qui après la guitare et la flûte revient sur des cordes poignantes comme dans 'The Trees'. Cette ultime reprise parfaite du thème principal aux cordes évoque quelque part l'exploit qu'ont accomplis ensemble Rae et Campbell, exploit qu'ils vont pouvoir désormais mettre à contribution en cherchant les fameuses fourmis qui les aideront à fabriquer le remède contre le cancer. On retrouve finalement l'ambiance à la fois lyrique et euphorique de 'The Trees' dans ce très beau final où le thème principal illumine le final dans toute sa beauté avant une ultime reprise avec rythmique de synthé du thème d'aventure pour le début du générique de fin.

Très belle partition d'aventure romantique, 'Medicine Man' contient un thème envoûtant qui grandit en nous après chaque écoute, le genre de thème qu'il est difficile de s'ôter de l'esprit après quelques écoutes. Illustration musicale parfaite de cette belle petite fable écologique, 'Medicine Man' fait partie des grandes BO de Goldsmith au début des années 90, une oeuvre inspirée dans laquelle le compositeur a probablement voulu se rapprocher lui aussi de la nature en créant une partition qui sent bon le lyrisme raffiné avec quelques moments plus sombres et tendus (pour souligner la destruction de la forêt par l'homme et les enjeux de cette recherche contre le cancer) et surtout, un côté à la fois paisible et envoûtant, sans oublier une certaine sensation de légèreté comme si les héros étaient liés harmonieusement corps et âme avec la forêt. Partition incontournable du Goldsmith des années 90, 'Medicine Man' est à découvrir si, évidemment, ce n'est pas déjà fait!


---Quentin Billard