1-Girl with a Pearl Earring 2.17
2-Griet's Theme 4.09
3-A New Life 3.06
4-The Master's House 3.18
5-Camera Obscura 1.29
6-The Birth Feast 2.46
7-Cornelia 1.44
8-Vermeer's Studio 3.09
9-Winter Nights 2.07
10-Van Ruijven 3.33
11-Home 1.14
12-Colours in the Clouds 3.29
13-The Master is Painting 2.06
14-By the Canal with Pieter 1.46
15-Catharina's Pearls 1.23
16-Colours in the Clouds
(Strings) 3.27
17-Girl with a Pearl Earring
(Reprise) 2.18
18-Silence and Light
(Reprise) 1.40
19-Griet's Theme (Reprise) 4.19
20-Griet Remembers 0.59

Musique  composée par:

Alexandre Desplat

Editeur:

Decca Records
475 537-2 DH

Producteurs exécutifs:
Andy Paterson, Anna Capeau
for Archer Street
Producteur exécutif pour Decca:
Costa Pilavachi
Production d'enregistrement:
Alexandre Desplat
Decca Music Business Affairs:
Mark Cavell, Michelle Brown

Artwork and Pictures (c) 2004 Pathé Features Limited. All rights reserved.

Note: ***
GIRL WITH A PEARL EARRING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Desplat
‘Girl with a Pearl Earring’ (La jeune fille à la perle) évoque la relation tourmentée entre le célèbre peintre hollandais du 17ème siècle Jan Vermeer (Colin Firth) et sa modeste domestique Griet (Scarlett Johansson) qui servit de modèle pour ses propres peintures et plus particulièrement pour son célèbre chef-d’oeuvre, ‘la jeune fille à la perle’. Le réalisateur Peter Webber a opté pour une approche 100% académique dans un film lent et intimiste qui évoque cette relation interdite entre le maître hollandais et sa jeune domestique, une relation faite d’une fascination quasi réciproque du peintre pour la jeune fille fraîchement engagée par la famille Vermeer, en qui il découvre une sensibilité et une compréhension insoupçonnée pour son art. Au fil du temps, l’artiste apprend à s’habituer à la jeune Griet et décide de la faire participer à ses activités en lui demandant régulièrement de l’assister dans la préparation de ses peintures. Hélas, sa famille ne l’entend pas de cette façon et les échos de la relation quasi intime entre les deux individus ne tarde pas à se répandre dans la ville, provoquant un scandale face auquel la modeste Griet se sent bien impuissante. Finalement, Vermeer accomplira son chef-d’oeuvre à la demande de son mécène, le richissime Van Ruijven (Tom Wilkinson), en demandant à Griet d’être son modèle. Jalouse, sa femme compte bien définitivement mettre un terme à cette situation difficile.

‘Girl with a Pearl Earring’ est l’adaptation cinématographique du roman homonyme de Tracy Chevalier, la romancière s’étant beaucoup documenté sur la vie et l’oeuvre de Vermeer pour pouvoir rédiger son livre. Effectivement, on ignore toujours l’identité de la jeune fille du tableau de Vermeer, mais aux dires des spécialistes, l’hypothèse d’une jeune domestique dont Vermeer se serait entiché paraît plus que probable, même si cela reste une hypothèse. Peter Webber a opté pour une adaptation fidèle du roman, en évitant fermement de tomber dans le mélodrame hollywoodien. Cette production anglo-luxembourgeoise porte indiscutablement la marque de son sujet: une photographie académique mais très soignée qui retranscrit, en jouant sur la lumière, les textures et les couleurs, toute la dimension et la profondeur des oeuvres de Vermeer. Tourné sur un rythme lent et très posé, le film en lui-même s’apparente à une sorte de grand tableau, le réalisateur allant même jusqu’à faire des allusions dans certains plans à des oeuvres célèbres du peintre hollandais. Pour le reste, c’est la relation entre les personnages de Colin Firth et Scarlett Johansson qui sont véritablement au centre du long-métrage de Peter Webber, Scarlett Johansson nous prouvant au passage qu’elle est décidément l’une des plus talentueuses jeunes actrices de sa génération à l’aise dans tous les registres, que ce soit pour les grosses machineries hollywoodiennes ou les productions plus indépendantes.

Alexandre Desplat confirme qu’il a décidément envie d’ouvrir ses horizons musicaux en quittant pendant un temps le cinéma français pour aller voir du côté de nos amis outre-atlantiques. Avec ‘Girl with a Pearl Earring’, Alexandre Desplat marque sa première collaboration à un film anglo-saxon, qui sera suivi par la suite par d’autres productions telles que ‘Birth’, ‘The Upside of Anger’ ou ‘Hostage’. A l’instar du film de Peter Webber, Desplat nous livre un travail très académique et conventionnel, qui possède néanmoins un certain charme et un lyrisme sous-jacent qui colle à merveille au film sans jamais alourdir les images et le rythme de l’histoire. La partition orchestrale de ‘Girl with a Pearl Earring’ se base sur un thème principal de qualité, ‘Griet’s Theme’ associé au personnage de Scarlett Johansson. Confié à une flûte, des cordes et un célesta sur un rythme à trois temps, ce thème possède un côté intimiste parfait dans le contexte du film, avec sa mélodie aisément mémorisable qui apporte une certaine personnalité à Griet, avec, comme toujours chez Desplat, un soin plus qu’évident apporté aux orchestrations. Avec l’introduction de ce thème intimiste et serein, le compositeur pose les bases de sa partition et s’attache à évoquer la nouvelle vie de la jeune servante chez la famille Vermeer dans le vif et très coloré ‘A New Life’ et ‘The Master’s House’, où les cordes dominent avec un certain classicisme d’écriture qui sied à merveille au côté académique du film - après tout, l’histoire se passe au 17ème siècle, même si la musique collerait plus à une ambiance ‘romantique’ du 19ème siècle, la musique permettant ainsi de prendre un certain recul par rapport à l’époque à laquelle se déroule l’histoire du film. A noter un ‘Camera Obscura’ intéressant pour la scène où Vermeer fait découvrir à Griet le principe de la chambre noir, Desplat évoquant le début de la passion du peintre pour sa servante pleine de curiosité d’une façon toujours très subtile et tout en retenue, avec ici des cordes discrètes et un piano intimiste, un peu comme dans ‘Vermeer’s Studio’ où l’on retrouve ce côté à la fois intimiste doublé d’un certain sentiment de fascination associé à la découverte de Griet de l’univers artistique de son maître, une ambiance que l’on retrouve dans ‘The Master is Painting’, avec ce piano intimiste toujours présent pour suggérer la relation entre Vermeer et Griet.

Le compositeur nous offre aussi quelques moments plus énergiques et enjoués comme ‘The Birth Feast’ pour la scène du banquet où Desplat nous prouve qu’il sait manier les différentes ‘couleurs’ de l’orchestre symphonique avec une grande dextérité. Mais un morceau comme ‘Cornelia’ évoque de son côté l’aspect plus dramatique de l’histoire avec des cordes plus graves et sombres, comme dans ‘Van Ruijven’. On appréciera au passage quelques bonnes reprises du thème de Griet dans ‘Winter Nights’ ou de façon plus intimiste pour évoquer la vie à la maison dans ‘Home’ à l’aise d’une flûte et de pizzicati de violons scandant le rythme à trois temps du ‘Griet’s Theme’, avec, comme toujours, ce souci de respecter une ambiance intime et sereine. A ce sujet, on ne pourra pas passer à côté du très beau ‘Colours in The Clouds’ pour la scène où Griet observe les couleurs dans les nuages, une séquence assez poétique portée par une musique d’une grande quiétude dominée par des cordes sereines et quelques notes de piano méditatif. A noter au passage le caractère quasi mystérieux de ‘By The Canal With Pieter’ avec ses harmonies sereines et le côté plus cristallin du célesta. Mais au final, la musique s’avère être dramatique et grave lorsque Griet est chassée de chez les Vermeer par Catharina, la femme du peintre (‘Catharina’s Pearls’). L’album du score nous propose en bonus des reprises du thème de Griet comme une très belle version pour piano solo dans ‘Silence and Light’ ou avec l’orchestre dans ‘Griet’s Theme’.

La musique d’Alexandre Desplat reflète avec une pudeur et une retenue exemplaire tous les sentiments et émotions du film, le compositeur jouant sur les couleurs de l’orchestre pour nous offrir une musique nuancée tour à tour intime, simple, sereine, grave et mystérieuse, sans jamais tomber dans le romantisme hollywoodien qu’il fallait de toute évidence éviter par tous les moyens vu la manière dont le réalisateur a traité son sujet. Ici, point de surprises, de complexité ou d’originalité en soi, la partition de ‘Girl with a Pearl Earring’ est une oeuvre conventionnelle, soignée et extrêmement épurée reflétant tout le talent d’un compositeur français décidément à l’aise dans tous les genres, qui, s’il ne livre pas pour le film de Peter Webber son plus grand chef-d’oeuvre, confirme néanmoins qu’il est l’un des musiciens les plus talentueux de sa génération, à qui on ne peut que souhaiter une grande réussite autant dans le cinéma français que le cinéma américain auquel Alexandre Desplat semble de plus en plus s’intéresser.


---Quentin Billard