1-We Don't Need
Another Hero
(Thunderdome) 6.07*
2-One of the Living 5.58**
3-We Don't Need
Another Hero
(Thunderdome)
Instrumental 6.30*
4-Bartertown 8.27
5-The Children 2.12
6-Coming Home 15.12

*Interprété par Tina Turner
Ecrit par T.Britten
et G.Lyle
Produit par Terry Britten
**Interprété par Tina Turner
Ecrit par Holly Knight
Produit par Mike Chapmari
et Humberto Gatica

Musique  composée par:

Maurice Jarre

Editeur:

EMI Records
538-0777 7 80575 2 9

Score produit par:
Maurice Jarre

Artwork and pictures (c) 1985 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
MAD MAX: BEYOND THUNDERDOME
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Maurice Jarre
Après le succès des deux précédents ‘Mad Max’, Georges Miller se laisser tenter pour une troisième aventure du plus célèbre héros australien de film d’action post-apocalyptique, toujours incarné à l’écran par Mel Gibson. Depuis que l’holocauste nucléaire a ravagé le monde, Mad Max erre seul sur les terres désertiques d’Australie, jusqu’à ce qu’ils finissent par échouer dans la cité du troc, dirigée par l’énigmatique et puissante Entity (Tina Turner) et son rival, Master Blaster, qui gouvernent tout deux la cité d’une main de fer en plein milieu du désert. Max vient en fait réclamer les affaires qu’un voleur lui a dérobé dans le désert, et comme prévu, Entity refuse de l’aider. Pire encore, elle a trouvé une solution pour se débarrasser de son rival, Master Blaster, qui règne dans les bas-fonds de la cité, utilisant les excréments de porcs comme unique et puissante source d’énergie dont les habitants de la cité ont besoin pour vivre. Elle lance alors un défi à Mad Max: affronter son rival devant un public en folie à l’intérieur du ‘dôme du tonnerre’. Si Max gagne et tue Master Blaster, il pourra récupérer ses affaires et partir, mais s’il échoue, il sera livré à Entity qui décidera de son sort. A l’issu du combat, Max s’avère être gagnant, mais lorsqu’il découvre que sous le casque du colossal Master Blaster se trouve un visage d’enfant trisomique, il refuse de tuer son adversaire et est condamné à l’exil dans le désert. Après avoir de nouveau erré pendant de nombreuses heures dans le désert, Max fait la connaissance d’un groupe d’enfants qui ont survécus il y a longtemps au crash d’un avion et ont formés une petite communauté dans un petit endroit isolé quelque part dans le désert. Après avoir découvert leur histoire, Max décide de leur venir en aide et de les aider à s’échapper du désert. Pour cela, ils doivent retourner à la cité du troc et récupérer le véhicule de Max, affrontant au passage les sbires de Entity.

Cette fois-ci, la production a décidé de réaliser un troisième volet nettement plus orienté vers le grand public, totalement édulcoré, épuré et sans la violence des deux précédents films, un choix curieux lorsque l’on sait que les deux autres opus sont pourtant réputés pour leur violence accrue et sans concession (surtout le premier épisode, datant de 1979). Succès oblige, Miller se lança dans la réalisation d’un troisième volet avec cette fois-ci un plus gros budget et, comme on aurait pu s’y attendre, le côté aseptisé des productions hollywoodiennes bien commerciales. Comment George Miller, auteur du dérangeant ‘Mad Max’ a t’il pu se laisser embarquer dans pareille galère? Le héros post-apocalyptique des deux précédents opus devient cette fois-ci le gentil personnage au grand coeur qui va tout faire pour aider des enfants innocents à quitter le désert et à préparer la renaissance de la civilisation. Le message est donc nunuche et infantilisant, une honte quand on sait de quoi Miller est pourtant capable. Pour beaucoup, ‘Mad Max 3’ tient de l’arnaque, comme si le réalisateur avait vendu son âme au diable (comprenez à Hollywood pour le coup), un film qui n’a pas le courage de réitérer la dénonciation des dérives de la société moderne exploitée dans le premier opus et déjà quelque peu délaissée dans un second volet pas très convaincant. Autre problème intrinsèque à ce long-métrage bordélique, le rythme du film qui se structure clairement en deux parties tellement bien distinctes que cela en devient ridicule, peu subtil et quasiment incohérent. Tout d’abord, Mad Max arrive en ville et affronte Entity et Master Blaster (à noter la participation sans intérêt de Tina Turner, juste là pour relancer sa carrière de chanteuse au milieu des années 80), et alors qu’on pourrait croire à un nouveau film d’action dans la veine du second épisode, notre héros erre dans le désert et découvre les enfants au cours de la seconde partie du film. Là, l’ambiance change radicalement (y compris la musique): du coup, on a clairement l’impression d’avoir à faire à une comédie Disney pour gamins de moins de 10 ans, une chose étonnante qui rappelle un film auquel on a souvent comparé ‘Mad Max 3’, ‘Star Wars Episode VI: The Return of the Jedi’. Curieusement, les deux films ont en commun ce côté édulcoré et infantilisant alors que leurs anciens épisodes sont bien plus sombres (dans le cas de ‘The Return of the Jedi’, on peut aisément opposer la noirceur de ‘The Empire Strikes Back’ et la puérilité débile de ‘The Return of the Jedi’). Il faut croire qu’à une époque où les studios hollywoodiens avaient encore un peu d’audace (les années 80 sont réputées pour une certaine liberté de ton cinématographique) certains persistaient encore à défendre la logique des esprits bien pensants et de l’édulcoration à l’hollywoodienne. On retiendra malgré tout une scène d’action finale plutôt bien fichue, dans la lignée des combats en voitures du second épisode. Hélas, cela ne suffit pas à sauver le film du ridicule absolu. Mieux vaut en rester sur le premier épisode, seule véritable réussite de la trilogie ‘Mad Max’.

Après avoir fait appel à deux reprises au compositeur australien Brian May, George Miller se tourne à la surprise générale vers un célèbre compositeur français pour son troisième film qui n’est autre que Maurice Jarre, tout à fait inattendu sur ‘Mad Max 3’. Jarre s’était déjà rendu à plusieurs reprises en Australie pour ses collaborations avec Peter Weir, et c’est lors d’un de ses voyages qu’il fut amené à rencontrer George Miller qui lui proposa d’écrire la musique de ‘Mad Max 3’. Le résultat est au final assez agréable bien que loin de faire partie des chef-d’oeuvres du compositeur. A l’image du film, la partition de Maurice Jarre se structure en deux parties bien distinctes, la première évoquant l’univers de la cité du troc et des ses habitants, la seconde illustrant les scènes avec la communauté des enfants perdus. Pour cette première partie, Jarre utilise l’orchestre symphonique traditionnel (il s’agit ici du Royal Philharmonic Orchestra) en mettant l’accent sur les sonorités graves (cordes trémolos, cuivres avec sourdines, etc.) et plus particulièrement les percussions métalliques et primitives, qui évoquent le côté froid à la fois rudimentaire et technologique de la cité du troc (‘Bartertown’). A ces percussions métalliques très présentes durant la première partie du score s’ajoute un saxophone jazzy assez particulier, évoquant avec une touche de fantaisie la vie dans les sous-sols de la cité (ces passages jazzy apportant un relief inattendu à la première partie du score, surtout dans la séquence où Max travaille comme esclave dans les sous-sol de la cité). Jarre développe ainsi une ambiance orchestrale assez particulière, entre des cordes sombres, des cuivres menaçants et des percussions métalliques agressives, qui évoquent au passage la menace de Entity. Le résultat est très efficace à l’écran bien que sans surprise, rappelant l’univers musical sombre et agressif des deux précédentes partitions de Brian May.

En revanche, la seconde partie (‘Children’) change radicalement d’atmosphère. Jarre utilise le traditionnel didjeridoo australien pour évoquer l’errance de Mad Max dans le désert et met l’accent sur un thème lyrique inattendu confié à un choeur d’enfants, des cordes et une touche de synthétiseur dans un style qui rappelle par moment certaines mesures du ‘Legend’ de Jerry Goldsmith. On retrouve quelques percussions exotiques qui évoquent le monde du désert, mais avec un ton nettement plus innocent et lyrique. Très chantant, le thème associé aux enfants possède un côté lyrique, pastoral et très majestueux qui nous permet pleinement de respirer après un ‘Bartertown’ résolument sombre et menaçant. On ressent dans ce thème l’espoir d’un monde meilleur, d’un avenir optimiste, idée que Maurice Jarre développe dans le très beau ‘Coming Home’ où les choeurs d’enfants associés aux synthés et à l’orchestre (vents, cordes, harpe, etc.) prennent une dimension quasi angélique. C’est la première fois que l’on entend dans un ‘Mad Max’ une musique aussi optimiste et lyrique, preuve que George Miller a bel et bien décidé de rendre cette troisième aventure de Mad Max plus positive et épurée. Jarre développe alors son magnifique thème des enfants durant toute la seconde partie du film, nous offrant pour l’affrontement final avec les sbires de Entity un solide et spectaculaire morceau d’action massif avec quelques passages vaguement héroïques où le compositeur exprime toute l’étendue de son talent. Il est d’ailleurs parfaitement regrettable que l’album de la musique du film n’inclut que 25 minutes du score qui mériterait certainement une édition intégrale. A noter pour finir que le film inclut aussi les inévitables chansons pop signées Tina Turner, et plus particulièrement la chanson-titre ‘We Don’t Need Another Hero’ typiquement années 80.

Sans être ce que Maurice Jarre a écrit de mieux au cours des années 80, ‘Mad Max Beyond the Thunderdome’ est une partition de qualité, à des années lumières de la médiocrité quasi indiscutable du film de George Miller. En bon professionnel qui se respecte, Maurice Jarre a sut passer au delà de la nullité de ce troisième ‘Mad Max’ en nous offrant une partition de qualité avec un thème inspiré et d’une grande beauté. On ne peut donc que déplorer l’absence d’une édition ‘expanded’ de ce score oublié de Maurice Jarre qui mériterait largement d’être redécouvert!


---Quentin Billard