1-Main Titles 2.37
2-Children's Hospital 1.26
3-Release the Judas 2.24
4-Press Conference 1.48
5-Bathtub 0.49
6-Priest Dies 3.18
7-Investigation Begins 0.45
8-Dark Angels 1.00
9-Problems in the Lab 5.17
10-Funny Shoes 1.11
11-Delancey St.Station 1.15
12-Locker Room 2.28
13-Susan Meets Chuy 1.08
14-Goodbye Boys 2.33
15-Susan & Dr. Gates 1.12
16-Chuy Steps Out 3.15
17-Pregnancy Test 2.52
18-Manny's Search 1.48
19-Manny's Underground 1.04
20-Susan Joins the Photos 0.51
21-Mimic Snatches Susan 1.22
22-Scaffolding Falls 1.24
23-Alone In Den 3.04
24-Chased By A Bug 1.17
25-Josh Bites It 4.19
26-Race To The Subway 2.56
27-Mimics 101 1.21
28-I'll Go 1.01
29-Fleeing Terror 4.48
30-Bug Killer 1.24
31-Reunited 2.50
32-End Credits 2.00
33-Slow Tango 2.17
34-Manny's Tango 2.01

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Varèse Sarabande CD Club
VCL 1011 1126

Produit par:
Marco Beltrami
Producteur exécutif:
Robert Townson
Préparation de la musique:
Julian Bratolyubov
Consultant son:
Ken Watson
Monteurs musique:
Stuart Goetz, Chris McGeary
Producteurs exécutifs pour
Miramax Films:
Bob Weinstein, Harvey Weinstein
Direction de la musique pour
Miramax Films:
Beth Rosenblatt

American Federation of Musicians
Edition limitée à 1000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1997/2011 Miramax Film Corp. All rights reserved.

Note: ****
MIMIC
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Grand amateur du cinéma d’épouvante fantastique, le réalisateur mexicain Guillermo Del Toro signait en 1997 son tout premier film hollywoodien, « Mimic », quatre ans après « Cronos », son tout premier long-métrage alors réalisé au Mexique avec un budget très modeste. Produit par Dimension Films et les frères Weinstein, « Mimic » permit alors au réalisateur mexicain de nous offrir un film d’épouvante hollywoodien plus spectaculaire et terrifiant, et ce même si, au final, le film s’avère être plutôt bancal et assez insipide – la faute à une production qui a complètement dénaturé le projet d’origine de Del Toro, aboutissant au final à une simple série-B horrifique avec son lot de poursuites, de fusillades et d’explosions. L’histoire débute lorsque le quartier de Manhattan à New York est ravagé par une terrible épidémie transmise par des cafards, épidémie qui touche alors des centaines d’enfants qui périront pour la plupart. Après avoir testé sur les cafards des attaques chimiques sans grand résultat, l’entomologiste Susan Tyler (Mira Sorvino) et son mari Peter Mann (Jeremy Northam) décident de créer une nouvelle race d’insecte génétiquement modifié, les Judas, qui leur permettront ainsi d’éradiquer les cafards porteurs de la maladie. Les résultats ne tarderont pas à se faire connaître : l’épidémie semble bel et bien avoir été éradiquée. Trois ans plus tard, quelque chose refait surface des égouts, quelque chose que personne n’aurait pu imaginer, même pas Susan et Peter. Malgré le fait qu’ils aient été programmés pour mourir rapidement après avoir accompli leur mission il y a trois ans, les Judas ont survécus dans les égouts new-yorkais et ont muté sous la forme de créatures plus intelligentes et évoluées. C’est alors qu’un Judas traîne mystérieusement dans les rues de la ville, avec la capacité d’imiter la forme et le visage d’un homme pour mieux piéger ses proies humaines. Lorsque des morts commencent à se multiplier un peu partout dans Manhattan, Susan comprend que sa création - qu’elle croyait enterrée pour de bon - lui a bel et bien échappée et que les Judas sont de retour et ont évolué en quelque chose de bien plus monstrueux. Désormais, elle va devoir se rendre dans les égouts jusqu’au métro new-yorkais afin d’éradiquer la menace des Judas, et ce avant qu’il ne soit trop tard.

« Mimic » permet donc au réalisateur Guillermo Del Toro de se plier à l’exercice périlleux du film d’épouvante hollywoodien, un exercice qu’il n’a qu’à moitié réussi puisque le réalisateur a confié à plusieurs reprises détester le résultat final, alors que le développement du film lui a complètement échappé, phagocyté par des producteurs omniprésents qui n’avaient qu’une seule idée en tête : faire de « Mimic » une simple série-B explosive. Il semblerait donc que le film ait été en grande partie gâché par les producteurs qui ont totalement saboté les idées du réalisateur, lui confiant un budget extrêmement modeste pour un film de ce genre (25 millions de dollars) tout en l’empêchant de faire le film tel qu’il l’avait initialement prévu. Toute la première partie du film paraît d’ailleurs effectivement bancale et peut intéressante : les traditionnels sursauts ultra stéréotypés plombent la plupart des séquences du début, et le rythme s’avère être étrangement lent, jusqu’à ce que le film décolle enfin lorsque l’héroïne se rend dans les égouts et les tunnels souterrains du métro. A noter que l’animation de la créature a été assurée par Rob Bottin, célèbre spécialiste des effets spéciaux manuels à Hollywood. Hélas, « Mimic » ne convainc pas vraiment. Guillermo Del Toro n’a pas réussi à imposer sa vision personnelle sur ce film de commande, et accouche d’une série-B d’épouvante agréable mais sans grande envergure. Une déception, surtout lorsqu’on sait de quoi le réalisateur est réellement capable sur des projets plus personnels et ambitieux !

La musique de « Mimic » a été confiée à Marco Beltrami, qui s’est fait remarquer du grand public en 1996 grâce à sa terrifiante partition pour « Scream » de Wes Craven. C’est d’ailleurs grâce au succès de « Scream » que Beltrami a pu atterrir sur « Mimic ». Rappelons d’ailleurs que le film de Wes Craven avait déjà été produit par Dimension Films et les frères Weinstein, ce qui explique donc pourquoi Marco Beltrami s’est vu confier les rennes de la partition de « Mimic ». Et c’est donc sans grande surprise que le nouvel opus orchestral du compositeur pour le film de Guillermo Del Toro s’inspire sans équivoque du style que Beltrami a déjà mis en place un an auparavant sur « Scream ». Ce sera d’ailleurs pour le compositeur le début d’une longue succession de partitions horrifiques qui s’enchaîneront ainsi jusqu’à « Joy Ride » en 2001. Après cela, Beltrami ira de moins en moins vers ce type de film et commencera à modifier quelque peu sa façon d’écrire pour ce type de film (et ce malgré quelques récurrences dans « Blade II » ou « Cursed »). Pour « Mimic », on retrouve donc les formules orchestrales de « Scream » que le compositeur amplifie ici pour les besoins du film. Beltrami, qui a eu pas mal de liberté sur la musique du film (et ce malgré le fait qu’il devait constamment faire valider sa musique par le réalisateur et par les producteurs – le double de travail, donc !), nous livre une composition 100% orchestrale, délaissant les éléments électroniques habituels pour se concentrer essentiellement autour d’une écriture alliant une importante formation orchestrale massive (le Hollywood Studio Symphony réunissant ainsi un peu plus de 90 musiciens) et une chorale féminine. Petite anecdote amusante : Marco Beltrami évoque dans une note du livret de l’album qu’il a eu la chance de pouvoir enregistrer sur « Mimic » l’orchestre dans son intégralité, chose devenue rare de nos jours, puisqu’il est fréquent aujourd’hui d’enregistrer en général chaque pupitre séparément pour pouvoir ensuite mixer plus efficacement les différents éléments lors de l’enregistrement final.

Dès le traditionnel « Main Titles », la musique instaure une ambiance étrange et mystérieuse à l’écran avec le thème principal confié ici à la voix d’un jeune garçon soprano, une voix éthérée qui évoque dès le début du film l’idée de la menace des Judas - la voix évoquerait aussi l’idée de la tromperie des Judas qui prennent une apparence humaine pour cacher leur véritable nature. A noter ici l’importance des orchestrations extrêmement soignées et savamment élaborées, comme toujours chez Beltrami, orchestrations assurées en grande partie par le compositeur lui-même, accompagné de Bill Boston et Pete Anthony. Les instruments du « Main Titles » apportent une couleur assez particulière au thème dès le générique de début du film : cordes vaporeuses, bois mystérieux, piano/harpe ondulants, cuivres plus amples, chorale féminine inquiétante et quelques percussions qui renforcent l’atmosphère mystérieuse de cette musique d’ouverture. Voilà en tout cas une ouverture très réussie et quasi opératique, avec un lyrisme sous-jacent qui contraste quelque peu avec la noirceur et l’agressivité du score de Beltrami, un lyrisme qui semble évoquer ici une fascination troublante pour le mal. Niveau thématique, la mélodie principale entendue pour la première fois par la voix soliste à 0:37 reviendra tout au long du film, associé aux méfaits des sinistres Judas (à noter que l’édition Deluxe du Varèse omet étrangement les 20 premières secondes qui incluaient à l’origine une série de vocalises solos). A noter ici qu’en plus de la mélodie principale, vient se greffer un second motif, qui se caractérise par sa descente et montée de gammes chromatiques aux violons. Ce motif associé aux mystères des créatures est entendu pour la première fois à 0:11 et reviendra lui aussi à quelques reprises dans le film. Comme dans la partition de « Scream », le compositeur a recours ici à des techniques instrumentales avant-gardistes et modernes qui ponctuent l’ensemble de sa partition pour « Mimic ».

Dans « Children’s Hospital », Marco Beltrami dévoile un autre thème de sa partition, une sorte de mélodie plus dramatique et lyrique confiée aux cordes, et qui évoque la tentative de Susan et Peter de sauver les enfants en utilisant le Judas. « Release the Judas » confirme d’ailleurs, par son ton massif et ses voix mystérieuses, l’inéluctabilité des actes des deux scientifiques : en ayant crée les Judas, ils ont aussi crée sans le savoir de véritables monstres.
Dès « Priest Dies », le ton est donné : le morceau illustre ici la scène de la mort du prêtre par l’un des Judas vers le début du film. Les formules orchestrales chères au compositeur sont ici de retour : cuivres hurleurs à la « Scream », percussions agressives (incluant des effets de col legno des cordes), effets instrumentaux aléatoires/chaotiques et, bien sûr, musique atonale résolument complexe et très avant-gardiste. Beltrami évoque régulièrement dans le film la présence des Judas en utilisant une série de petites percussions mélangeant ainsi shakers divers, raclements de guiro brésilien et effets de cordes – mélangeant techniques frottées et pincées dans le registre aigu des violons et derrière le pont de l’instrument – le mélange des sonorités ayant même été baptisé par Guillermo Del Toro lui-même le « butt willies » (ou son des cafards). Pour Beltrami, « Mimic » a représenté une superbe occasion d’expérimenter encore une fois sur la notion de timbres et de combinaisons instrumentales, créant une série de textures sonores à la fois élégantes, mystérieuses et terrifiantes. Pour le compositeur, le but était donc de trouver un juste milieu entre ces différents éléments, car la musique de « Mimic » ne pouvait pas se contenter uniquement d’aligner les pistes horrifiques à suspense mais devait aussi évoquer le mystère et les secrets inavoués et fascinants associés aux monstrueux Judas (d’où la présence d’une chorale féminine). Le suspense devient alors de mise dans « Problems in the Lab » avec ses notes vaporeuses de piano et ses cordes dissonantes et chaotiques, tandis que le motif chromatique des cordes du « Main Titles » revient dans l’inquiétant « Funny Shoes » suggérant la menace du Judas qui circule en pleine nuit dans les rues de la ville. A noter l’utilisation assez inattendue d’un accordéon en accompagnement des harmonies du thème dramatique de « Children’s Hospital », qui revient au piano et aux cordes dans « Delancey St. Station ».

Si vous avez adoré les parties à suspense/terreur de « Scream », vous apprécierez sans aucun doute la noirceur glauque d’un « Locker Room », avec ses clusters orchestraux avant-gardistes et angoissants, ou les sursauts inquiétants de « Goodbye Boys » et ses effets instrumentaux aléatoires et massifs. A noter que Beltrami utilise à quelques reprises un motif mystérieux sous forme d’une série de notes descendantes et ascendantes entendu pour la première fois dans « Release the Judas », et qui revient ainsi dans « Susan Meets Chuy » et « Chuy Steps Out », motif associé à Chuy (Alexander Goodwin), un jeune autiste qui aperçoit pour la première fois un Judas dans le film – on retrouvera le même motif dans « Josh Bites It ». A noter que la voix du jeune garçon soprano et les voix féminines reviennent dans le sombre « Chuy Steps Out », apportant un mystère pesant à cette scène dans le film. La musique conserve ici aussi ce côté atonal sombre et dissonant, laissant planer une atmosphère de suspense et de tension glauque pour les séquences dans les égouts et dans le métro. Beltrami s’autorise assez admirablement ici quelques allers retours agréables entre ambiances sombres et moments plus lyriques et tragiques, comme c’est par exemple le cas dans « Pregnancy Test » et ses phrases de cordes extrêmement poignantes, sans oublier l’apparition du Love Theme associé à Susan et Peter et entendu dans l’émouvant et mélancolique « I’ll Go ». Les amateurs de déchaînements orchestraux pourront se régaler avec des morceaux massifs et tonitruants à souhait comme l’excitant « Chased by a Bug » pour une scène où Susan est poursuivie par l’un des Judas dans les égouts. On remarquera ici la façon dont Beltrami fait monter progressivement la tension, développant une écriture orchestrale complexe, virtuose et très agitée. Le suspense n’est pas en reste avec un morceau extrêmement tendu comme le sinistre et violent « Scaffolding Falls » et ses effets instrumentaux aléatoires - glissandi de cordes, gargouillis aléatoire de notes aigues au piano et à la trompette et même un bref sample électronique repris de « Scream » et entendu vers 0:56.

« Race to the Subway » continue de faire monter la tension avec ses cordes staccatos stridentes typiques du compositeur et ses effets orchestraux/percussifs chaotiques complexes et dissonants – il s’agit sans aucun doute de l’un des meilleurs morceaux de terreur du score de Beltrami, accompagné d’un travail remarquable autour des effets orchestraux aléatoires et des redoutables toms ‘action’ d’une sauvagerie incroyable à l’écran. On notera aussi la façon dont le morceau « Fleeing Terror » se conclut à la manière d’un compte à rebours explosif dans la lignée du fameux « Bishop’s Countdown » de la musique de « Aliens » de James Horner, pour la scène où Peter fait sauter les créatures dans le tunnel souterrain, idée qui culmine d’ailleurs à la fin de « Bug Killer », lors de la destruction des monstres. « Reunited » conclut le film avec une envolée lyrique et poignante du Love Theme pour Susan et Peter (cf. « I’ll Go »), lors des retrouvailles finales des deux amants à la fin du film, un lyrisme plus dramatique qui contraste alors radicalement avec le style plus sombre et atonal du reste de la partition. Même chose pour le dramatique « End Credits » qui accompagne le générique de fin de façon quasi lyrique et élégiaque à l’aide d’un orchestre plus puissant et d’un choeur d’enfants qui rappelle le climat opératique fascinant de l’ouverture, reprenant pour la dernière fois le thème dramatique ample de « Children’s Hospital ». A noter pour finir que Beltrami s’est fait plaisir en écrivant deux morceaux spécifiquement pour l’album de Varèse Sarabande : « Slow Tango » et « Manny’s Tango », des morceaux bien évidemment non utilisés dans le film mais qui suggèrent ici le goût du compositeur italien pour les tangos. La partition de « Mimic » s’avère être au final tout à fait réussie et aussi assez inventive, complexe et riche. Marco Beltrami confirme l’excellence d’un style horrifique frais et moderne déjà mis en place dans « Scream », un style qu’il conforte aussi avec une aisance rare, maîtrisant aussi bien des orchestrations riches, savantes et complexes, des grands déchaînements orchestraux de terreur et d’angoisse intense dans le film ou des passages plus dramatiques au lyrisme poignant, pour la facette plus humaine de l’histoire. Voilà en tout cas un score incontournable dans la filmographie 90's de Marco Beltrami, qui apporte frisson et émotion au film de Guillermo Del Toro, à redécouvrir dans son intégralité grâce à l’excellente « Edition Deluxe » éditée par Varèse Sarabande.



---Quentin Billard