1-Hero: Overture 4.22
2-For The World -
Theme Music 4.19
3-Warriors 3.44
4-Gone With Leaves 3.28
5-Longing 4.20
6-At Emperor's Palace 3.58
7-In The Chess Court 4.02
8-Love In Distance 4.54
9-Spirit Fight 4.32
10-Swift Sword 3.36
11-Farewell, Hero 3.00
12-Sorrow In Desert 2.33
13-Home 1.16
14-Above Water 1.45
15-Snow 1.06
16-Yearning For The Peace 3.29

Musique  composée par:

Tan Dun

Editeur:

Sony Classical
SK 87726

Producteurs:
Tan Dun, Grace Row
Montage de la musique:
Yuanlin Chen
Manager de production:
Lulu Zhang
Consultant et
planificateur de production:
Jane Huang

Artwork and pictures (c) 2002 Elite Group Enterprises, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
HERO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tan Dun
Depuis le succès international de ‘Tigre et dragon’, le cinéma d’arts martiaux asiatique est revenu au goût du jour, favorisant de nouvelles productions made in Hong Kong dans la lignée du désormais incontournable film d’Ang Lee. Suivant cette logique commerciale, voici ‘Hero’ de Zhang Yimou, film d’action/arts martiaux qui nous permet de plonger dans la Chine médiévale d’il y a 2000 ans. Le pays était alors divisé en sept royaumes gouvernés par sept rois qui luttaient entre eux pour la suprématie, avec au milieu un peuple affamé et agonisant. Mais c’est le roi Qin qui était considéré comme le monarque le plus dur et le plus tenace, totalement obsédé par l’idée de devenir l’empereur suprême. Face à la menace de Qin, les six autres royaumes engagèrent des assassins qui seraient chargés de tuer le roi devenu un danger pour les autres royaumes. Parmi ces assassins se trouvaient trois mystérieux individus aux pseudonymes pour les moins énigmatiques: Ciel Etoilé, Flocon de Neige et Lance Brisée. Les tentatives d’assassinat se multiplièrent pendant près d’une dizaine d’années, mais en vain. De son côté, le roi Qin promettait la fortune à quiconque réussirait à le débarrasser de ces redoutables tueurs. C’est alors qu’un mystérieux individu sans nom (Jet Li) se présente un jour au palais du roi avec les armes des tueurs qu’il prétend avoir abattu lui-même. Assis à seulement dix pas du roi, le mystérieux guerrier entame son récit qui captive le monarque.

‘Hero’ s’inscrit donc dans la lignée des wuxia, romans d’arts martiaux pour lesquels le réalisateur Zhang Yimou voue une certaine passion, ce qui l'a sans aucun doute motivé à tourner ce film de sabre et d’arts martiaux typiquement chinois. Ici, place à l’imagination avec des cascades et des chorégraphies surréalistes dans la lignée de ‘Tigre et dragon’: les héros défient les lois de la gravité et s’affrontent lors de véritables combats de titan extrêmement virtuoses et démesurés, les flèches volent par milliers, les coups ont une porté infinie, les corps s’élèvent dans l’air et au dessus des arbres, etc. C’est Tony Ching Siu-Tung qui a eu la charge de régler les combats, le chorégraphe étant déjà responsable des combats dans ‘Shaolin Soccer’, ‘Histoire de fantômes’, etc. Le casting de 'Hero' réunit quelques stars chinoises telles que Jet Li (dont le rôle rappelle celui qu’il campait déjà dans ‘Once Upon a Time in China’ de Tsui Hark en 1991), Maggie Cheung, Tony Leung Chiu Wai (connu pour son rôle clé dans le désormais célèbre ‘In The Mood for Love’), Donnie Yen et Zhang Ziyi, une réunion de talents qui permet au film de s’élever, porté par une certaine poésie typiquement asiatique (au delà de cette histoire de guerriers assassins, il est aussi question d’amour, de trahison, de vengeance, de manipulation, etc.) et une esthétique d’une certaine beauté (on appréciera au passage la qualité de la photographie et du jeu sur les couleurs comme cette fameuse scène de combat parmi des centaines de feuilles mortes), le tout soutenu par une brillante intrigue sous forme de flash-back, jeu de dupe, coups de théâtre et autres rebondissements. C’est aussi l’occasion pour le réalisateur d’évoquer la naissance d’un empire chinois médiéval sur fond de ballet d’arts martiaux spectaculaire et d’une poésie toute en finesse avec au passage une réflexion émouvante sur le sacrifice et la quête du pouvoir. Un film visuellement magnifique à réserver en priorité aux initiés, les néophytes risquant fort d’être déçus par le côté surréaliste et poussif de ces énormes scènes de combat.

Auteur de la célèbre partition pour ‘Tigre et dragon’, le compositeur chinois Tan Dun nous livre une nouvelle oeuvre orchestrale d’une grande beauté pour ‘Hero’, renouant avec les recettes de son précédent opus sur un autre film d’arts martiaux du même genre. Dun utilise l’orchestre symphonique traditionnel agrémenté d’instruments chinois solistes (avec en particulier le fameux erhu, violon chinois à deux cordes, et le guqin, un très ancien luth lui aussi d’origine chinoise), d’une soprano, des percussions japonaises du groupe Kodo et du violon soliste du grand Itzhak Perlman. La partition de ‘Hero’ repose essentiellement sur un thème principal d’une grande beauté, exposé dès la traditionnelle ouverture, accompagné par le violon d’Itzhak Perlman, des percussions Kodo et des cuivres imposants, évoquant cet univers de guerriers et d’assassins. Le thème de ‘Hero’ possède une beauté intrinsèque qui ne peut laisser indifférente, une sorte de majestuosité, de grandeur d’âme qui évoque les valeurs du sacrifice, de l’héroïsme et de l’amour, des idées que Tan Dun résume à travers son thème, omniprésent tout au long du film. ‘For the World – Theme Music’ nous permet justement de retrouver ce thème interprété toute en finesse par le violon soliste sur fond de cordes et de harpe pour ce qui reste l’un des plus beaux morceaux de la partition, apportant une poésie incontestable au film de Zhang Yimou. ‘Warriors’ nous permet quand à lui de rentrer dans la partie plus guerrière du film à l’aide d’un choeur d’hommes, de percussions et d’un orchestre plus ample évoquant les guerriers de Qin en marche. ‘Gone with Leaves’ nous propose quand à lui une nouvelle variante du thème agrémenté ici de la voix éthérée de la soprano You Yan sur fond de violon et de percussions de Kodo pour la très belle scène du combat dans les feuilles mortes. En l’espace de quatre morceaux, Tan Dun pose les bases de sa partition et résume déjà en quelques minutes tout l’esprit de sa nouvelle composition inspirée et inspirante.

‘At Emperor’s Palace’ nous propose une nouvelle variation autour du matériau de ‘Warriors’ sous la forme d’une marche agrémenté de cordes, cuivres énergiques et choeurs d’hommes martelant un rythme posé lors de l’arrivée de sans nom au palais de Qin. Mais l’on retrouve très vite l’atmosphère plus méditative et intimiste du début de la musique dans ‘In The Chess Court’ avec son mélange erhu/violon/guqin qui représente l’atmosphère musicale de la Chine médiévale, de la même façon que les instruments solistes interprétant le thème dans ‘Love in Distance’ évoque l’idée des amants guerriers séparés, avec comme souvent chez Tan Dun une certaine forme de spiritualité qui se dégage aussi bien de sa musique que de son association aux images du film, car, justement, de spiritualité il est justement question dans le très beau ‘Spirit Fight’ pour une excellente variation du thème principal avec violon, orchestre et percussions Kodo, accompagnant une des nombreuses scènes de combat du film, comme dans ‘Swift Sword’, dominé quand à lui par des percussions guerrières quasi tribales. ‘Farewell Hero’ développe ce thème décidément très (trop) présent aux choeurs avec l’orchestre (cf. la très belle reprise du thème par des choeurs à bouche fermée dans ‘Above Water’ pour la scène du duel sur l’eau) et les percussions pour une nouvelle variante magistrale qui respire l’émotion, comme dans l’intimiste ‘Sorrow in Desert’ pour la scène de la réunion des amants guerriers dans le désert, sans oublier le touchant ‘Home’, la reprise chorale/orchestrale du thème dans ‘Snow’ ou le magnifique final ‘Yearning for the Peace’ lorsque la paix est finalement instauré, au détour d’une ultime reprise du très mémorable thème principal au violon et à l’orchestre.

Le seul véritable défaut de la partition de ‘Hero’, outre son manque d’originalité et de surprise, provient avant tout du fait que le thème principal est un peu trop présent pour ne pas dire envahissant. Tous les morceaux du score contiennent au moins une ou plusieurs variantes de ce thème principal, si bien qu’au bout de quelques minutes, l’écoute en devient vite lassante et très répétitive, un défaut qui nuit à la partition dans sa continuité et son déroulement dans le film. Certes, exposer et développer un thème de qualité est une bonne chose, mais savoir doser ses apparitions et ne pas en abuser est une bien meilleure chose. Malgré cela, on appréciera la qualité d’écriture de cette musique qui oscille entre orchestre, instruments chinois traditionnels, choeurs, percussions, voix et violon soliste avec une certaine aisance. La musique de Tan Dun apporte une poésie considérable au film de Zhang Yimou, si bien que l’on peut aisément s’interroger sur ce que serait le film sans cette musique de qualité. Après ‘Tigre et dragon’, Tan Dun nous prouve une fois encore qu’il est bel et bien l’un des nouveaux chefs de file de la nouvelle génération de compositeurs chinois oeuvrant à l’heure actuelle pour le cinéma asiatique aux côtés de Shigeru Umebayashi. Adoptant comme souvent dans ses musiques de film un certain classicisme d’écriture mélangé à quelques éléments modernes et traditionnels, Tan Dun nous livre une nouvelle partition de qualité pour ‘Hero’, un score qui devrait satisfaire tout ceux qui ont découvert le compositeur à l’époque de ‘Tigre et dragon’ et qui souhaiteraient approfondir les oeuvres de l’un des plus talentueux compositeur chinois de ce début du 21ème siècle.


---Quentin Billard