1-Going Home 4.56*
2-Gods and Generals 3.42**
3-You Must Not
Worry For Us 2.09**
4-Loved I Not Honor More 3.13**
5-Lexington Is My Home 1.23**
6-The School of the Soldier 3.58**
7-Go To Their Graves
Like Beds 2.24***
8-My Heart Shall
Not Fear 1.46***
9-These Brave Irishmen 2.51**
10-To The Stone Wall 3.41**
11-You'll Thank Me
In The Morning 3.20**
12-The First Crop of Corn 3.26**
13-My Home Is Virginia 4.24***
14-No Photographs 2.54+
15-VMI Will Be Heard
From Today 2.42**
16-Too Much Sugar 1.56**
17-Let Us Cross
Over The River 2.48**
18-The Soldier's Return 2.02**
19-'Cross the Green Mountain 8.12++

*Composé par Mary Fahl,
Glenn Patscha, Byron Isaacs
Interprété par Mary Fahl
Violon de Mark O'Connor
Produit par Jeffrey Lesser
Arrangé par John Lissauer
**Score de John Frizzell
***Score de Randy Edelman
+Score de John Frizzell
et Randy Edelman
++Paroles et musique de
Bob Dylan
Interprété par Bob Dylan
Produit par Jack Frost.

Musique  composée par:

John Frizzell/Randy Edelman

Editeur:

Sony Classical
SK 87891

Score produit par:
John Frizzell
Pistes 7, 8 et 14
Produites par:
John Frizzell,
Randy Edelman

Piste 13 produite par:
Randy Edelman
Montage de la musique:
Lisa Jaime
Coordination du score:
Jon McBride
Producteur exécutif album:
Paul Cremo

Artwork and pictures (c) 2002 Ted Turner Film Properties LLC. All rights reserved.

Note: ****
GODS AND GENERALS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Frizzell/Randy Edelman
10 ans après ‘Gettysburg’, le réalisateur Ronald F. Maxwell nous livre la suite de son célèbre film sur la guerre de sécession américaine. ‘Gods and Generals’ est en réalité un ‘prequel’ à ‘Gettysburg’, le film retraçant les premières années de la guerre tandis que ‘Gettysburg’ se concentre plutôt sur le milieu du conflit. Un troisième épisode portant le nom de ‘Last Full Measure’ a même été annoncé pour conclure ce qui sera une brillante trilogie sur la célèbre guerre de sécession. Dans ‘Gods and Generals’, on assiste au début du conflit avec l’entrée en guerre de l’état de Virginie après l’élection d’Abraham Lincoln en 1861 et ses mesures anti-esclavagistes, suivi des campagnes militaires qui se dérouleront entre 1861 et 1863 autour de Manassas, Fredericksburg et Chancellorsville. Comme dans ‘Gettysburg’, le récit se déroule selon le point de vue des officiers, plus particulièrement ici ceux des sudistes, avec comme protagonistes clés le général Thomas ‘Stonewall’ Jackson (Stephen Lang), brillant officier sudiste apprécié pour son charisme, sa foi et sa détermination sans pareille (d’où son surnom ‘Stonewall’ ou ‘la muraille’), le colonel nordiste Joshua Chamberlain (Jeff Daniels) et ses idéaux humanistes, sans oublier le fameux général sudiste Robert E. Lee (Robert Duvall), grand meneur d’hommes adoré par toutes ses troupes malgré un tempérament sec. Par rapport à ‘Gettysburg’, ‘Gods and Generals’ s’attarde nettement plus sur les conséquences de la guerre sur le plan humain, et plus particulièrement sur les familles des soldats qu’ils laissent derrière eux lorsqu’ils partent à la guerre. On observe ainsi la relation entre Chamberlain et sa femme Fanny (Mira Sorvino) et Jackson et son épouse Anna (Kali Rocha) à travers quelques scènes intimistes qui apportent une véritable chaleur humaine au film alors que ‘Gettysburg’ s’articulait nettement plus de son côté sur les batailles et le stratégies militaires des deux camps adverses. On y voit aussi des hommes défendant leurs idéaux et même une très belle scène où, à noël 1863, un soldat nordiste et sudiste s’échangent du tabac et de l’alcool le temps d’un bref moment paisible, nous rappelant finalement à quel point cette guerre fut terrible alors que des hommes appartenant au même pays se retrouvaient du jour au lendemain à s’entretuer.

Comme dans ‘Gettysburg’, le film montre aussi la mise en place des différentes stratégies militaires et l’avancée du sud jusqu’à la bataille de Chancellorsville en mai 1863 qui s’avérera être une cuisante défaite pour les nordistes, et qui motivera le général Lee à envahir le nord lors de la bataille de Gettysburg. Beaucoup plus émouvant et humain que le précédent opus, ‘Gods and Generals’ est un long-métrage captivant qui, malgré ses longueurs (près de 4 heures!), nous propose un regard poignant et humain sur la guerre civile américaine servi par des acteurs au sommet de leur forme, avec plus particulièrement un Stephen Lang bourré de charisme dans la peau du général Jackson - à noter que, curieusement, Lang interprétait un autre personnage dans ‘Gettysburg’, le général confédéré George Pickett. A ce sujet, on pourra regretter les quelques changements d’acteur qui nuisent à la continuité de ‘Gods and Generals’ vers ‘Gettysburg’ (et inversement bien entendu), un problème qui, fort heureusement, ne diminue en rien l’excellente qualité de ce long-métrage historique magistral.

Randy Edelman est de retour sur la musique de ‘Gods and Generals’, oeuvrant cette fois-ci aux côtés de John Frizzell qui assure finalement la majeure partie de la musique du film de Ronald Maxwell. A l’instar du film, la partition de ‘Gods and Generals’ adopte à son tour un ton nettement plus humain que la musique de ‘Gettysburg’. D’ailleurs, on pourra apprécier ici l’absence des synthétiseurs d’Edelman qui avaient tendance à plomber la partition du film de 1993. En revanche, on retrouve bien évidemment ici des grands thèmes mémorables qui assurent déjà à eux tout seuls tout l’intérêt de la musique dans le film. C’est d’ailleurs la profusion de thèmes mémorables qui fait toute la richesse de cette partition, autant à l’écoute sur l’album que dans le film. Le premier thème apparaît dans le puissant ‘Gods and Generals’ (piste 2) introduit par des cordes et des choeurs élégiaques. Il s’agit en fait d’un vibrant et poignant thème de bataille qui apparaît dans les moments plus dramatiques du film, et qui illustre de façon ample et grandiose l’affrontement entre deux clans d’une même nation, le genre de thème grandiose qui hante l’esprit bien après une première vision du film. Les choeurs renforcent ici la dimension épique et humaine du morceau avec un orchestre ample dominé par les cuivres, les cordes et les percussions martiales. Seule ombre au tableau, le thème principal de ‘Gods and Generals’ possède quelques liens mélodiques évidents avec un thème vaguement similaire au ‘K-19’ de Klaus Badelt (coïncidence ou influence volontaire?). Le second thème est associé quand à lui aux soldats et à la dimension plus intimiste du film, introduit par un cor et des cordes amples et chaleureuses. Ce second thème mémorable est très présent lui aussi tout au long du film, entendu dès le début du film alors que l’on voit de jeunes soldats partir à la guerre. Un troisième thème d’ambiance plus pastorale et nostalgique apparaît dans ‘Lexington Is My Home’, évoquant les liens des hommes avec leur terre (d’où le côté pastoral et nostalgique du morceau) et s’apparente à un air populaire introduit par un piano et des cordes et bientôt suivi par le violon soliste de Mark O’Connor qui nous offre quelques beaux passages de violon tout au long du score, renforçant la touche americana/celtique de la partition de Frizzell et Edelman. Un quatrième thème apparaît alors dans ‘Go To Their Graves Like Beds’, thème écrit par Randy Edelman et qui possède un côté nostalgique, intime et serein, confié de nouveau à un piano et des cordes avec un choeur très doux renforçant une fois encore la dimension humaine du récit, et que l’on retrouvera aussi dans certains passages plus dramatiques du film, thème généralement associé aux sentiments des divers protagonistes, sans oublier un thème plus intimiste signé Edelman et introduit dans ‘My Heart Shall Not Fear’ associé à Jackson et à sa foi inébranlable en Dieu.

On trouve un autre thème particulièrement émouvant dans ‘These Brave Irishmen’ illustrant le courage des soldats pour l’une des plus belles scènes du film, lorsqu’une brigade irlandaise du nord affronte des irlandais du sud qui savent, dépités, qu’ils doivent tirer sur des gens de leur propre peuple. L’émotion de cette scène magnifique est transcendé ici par ce très beau thème confié ici à l’incontournable cornemuse celtique dans un style qui rappelle inévitablement le ‘Braveheart’ de James Horner. Une fois encore, l’émotion semble avoir été le mot d’ordre des deux compositeurs sur ce film, Frizzell et Edelman nous révélant une sensibilité évidente au fur et à mesure que la musique et le film évoluent conjointement. Ici, point de rythmes martiaux ou d’élans orchestraux, la musique adopte un ton parfois introverti pour évoquer les sentiments et les tragédies de la guerre comme en témoigne l’émouvant ‘These Brave Irishmen’. On retrouve néanmoins quelques reprises poignantes des principaux thèmes comme le thème des soldats dans ‘To The Stone Wall’ dont la puissance émotionnelle est grandement accentuée par des choeurs élégiaques et solennels du plus bel effet, ou une reprise quasi funèbre du thème principal à la trompette et aux choeurs dans le poignant ‘You’ll Thank Me In The Morning’ évoquant la désolation sur les champs de bataille au lendemain d’un affrontement sanglant et meurtrier.

On retrouve un passage celtique poignant pour le thème ‘irlandais’ dans ‘The First Crop of Corn’ confié à un whistle sur fond de cordes chaleureuses, avec comme toujours cette dimension nostalgique/intimiste (et l’influence quasi incontestable de maints scores celtiques de James Horner). A noter que l’on trouve un dernier thème à la fin de ‘The First Crop of Corn’, qui possède lui aussi ce côté intimiste/nostalgique saisissant, mais dont la plupart des variations sont hélas absentes de l’album (qui omet bien évidemment une bonne partie de la partition composée par John Frizzell et Randy Edelman sur les quelques quatre heures de métrage). ‘No Photographs’ se distingue un peu du reste du score en apportant un bref moment de calme et de paix durant la scène de noël 1863 avec une reprise légère et fraîche du thème irlandais au violon et du thème de Jackson issu de ‘My Heart Shall Not Fear’. Autre morceau à part dans la partition, ‘VMI Will Be Heard From Today’, l’un des rares morceaux de bataille de la partition qui se caractérise sous la forme d’une accélération de tempo et de la montée de tension lors d’une scène de bataille aux environs de Fredericksburg. L’orchestre s’amplifie progressivement avec un rythme de plus en plus soutenu débouchant sur une puissante partie de choeurs épiques massifs intensifiant les affrontements (on regrettera la trop courte durée du morceau sur l’album, qui s’avère être bien plus long dans le film). Le violon celtique de Mark O’Connor nous propose une variation sereine du thème de la fin de ‘The First Crop of Corn’ associé aux sentiments de Jackson, débouchant sur l’émouvante reprise du thème principal par des choeurs religieux a cappella lors de la mort de Jackson dans ‘Let Us Cross Over The River’, accentuant ici la foi de Jackson lorsque ce dernier sait qu’il va bientôt retrouver Dieu, sans oublier le non moins émouvant ‘The Soldier’s Return’ pour le retour des soldats chez eux à la fin du film, avec le retour du thème irlandais joué ici par une clarinette et le violon. On pourra une fois encore regretter l’absence d’autres nombreux morceaux du score qui auraient permit d’étoffer un peu l’écoute sur l’album, même si force est de constater que l’essentiel de la partition est bel et bien présent sur le CD, en plus des deux chansons du film, ‘Going Home’ de Mary Fahl et ‘Cross The Green Mountain’ de Bob Dylan.

Avec une multitude assez impressionnante de thèmes et un mélange entre retenue intimiste et passages dramatiques et épiques, ‘Gods and Generals’ est une partition d’une qualité rare pour un excellent film sur la guerre de sécession américaine, une partition qui s’avère être bien plus riche que le ‘Gettysburg’ de Randy Edelman avec une dimension humaine et émotionnelle nettement plus accentuée ici, délaissant le côté martial/solennel de la première partition d’Edelman. C’est bel et bien John Frizzell qui s’impose ici par rapport à Randy Edelman (qui signe quelques thèmes sympathiques mais rien de majeur par rapport à son collègue), révélant une sensibilité qu’il n’avait pas encore vraiment eu l’occasion d’exprimer auparavant, lui qui s’est essentiellement cantonné aux films d’horreur/thriller à l’instar d’autres collègues de sa génération. En tout cas, le mariage de la musique des deux compositeurs s'opère à merveille dans le film, passant de l'un à l'autre sans aucun problème d'unité, d'identité. Force est de reconnaître que la musique de Frizzell prend une toute autre tournure lorsqu’on lui offre un sujet qui l’inspire réellement, la musique du compositeur nous transportant aisément dans cet univers d’hommes et de batailles tout en accentuant les tragédies de la guerre vue sous l’angle humain. A l’instar d’autres partitions sur des films du même sujet comme ‘Glory’ de James Horner, ‘Gods and Generals’ est une oeuvre vibrante, belle et inspirée qui nous donne véritablement envie d’en entendre plus et de souhaiter qu’une édition ‘expanded’ du score finisse par voir le jour (on se souvient qu’il y avait déjà eu une seconde édition pour la musique de ‘Gettysburg’). Un score riche et inspiré, qui apporte une émotion forte au film de Ronald Maxwell, une BO hautement recommandée!


---Quentin Billard