1-Main Title 1.56
2-Animal Farm 1.13
3-Vision 2.46
4-Tragedy 1.51
5-Memory 1.30
6-Psycho Suburbia 1.30
7-Psychiatrist 1.43
8-Revenge 2.12
9-Where Is He? 1.52
10-Affair 2.54
11-Searching 2.30
12-Husband Attacks 2.27
13-Suburbia 1.13
14-Creeping Bobo 0.40
15-Wrong Guy 2.00
16-Father and Daughter 0.48
17-Missing Keys 3.19
18-Bobo 1.23
19-Whirlwind of Chaos 0.56
20-The Lake 2.30
21-Marco Polo 1.23
22-Get Out of the House 1.28
23-Killer 2.59
24-Head Not Found 2.13
25-End Title 3.34

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

La-La Land Records
LLLCD 1021

Album produit par:
Brian Tyler,
Michael V. Gerhard

Artwork and pictures (c) 2000 La-La Land Records/Giant Leap Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
TERROR TRACT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Les films d’horreur/fantastique en plusieurs segments ont été particulièrement à la mode au cours des années 80 (les américains appellent ce genre de film des ‘anthology’). Dans la lignée de films tels que ‘Creepshow’, ‘Tales from the Darkside’, ‘Tales from the Crypt’ ou ‘Tales from the Hood’, ‘Terror Tract’ est un film d’épouvante en trois histoires se situant dans une série de petits pavillons de banlieues américaines tranquilles et aisées. A la manière des ‘légendes urbaines’, les histoires font surgir l’horreur dans le quotidien de gens normaux confrontés du jour au lendemain à un cauchemar sans fin. Bob Carter (John Ritter) est un agent immobilier qui tente de convaincre un couple d’acheter une maison dans une banlieue chic en apparence tranquille. Mais à chaque visite, l’agent immobilier terrifie ses clients en leur racontant les terribles histoires qui sont survenues dans ces maisons aujourd’hui hantées par la mort. ‘Nightmare’ évoque l’histoire de Sarah (Rachel York) et son amant Frank (Carmine Giovinazzo) qui, après avoir abattu Louis (Fredric Lehne), le mari de sa maîtresse devenu fou alors qu’il venait de les surprendre en flagrant délit, décident de faire disparaître le corps en allant le cacher au fond d’un lac. Mais les choses empirent alors que Sarah est terrorisée chaque nuit par des cauchemars macabres dans lesquels son mari ressuscité vient s’en prendre à elle. ‘Bobo’ narre quand à lui l’histoire d’un père de famille qui affronte le petit singe qu’a recueilli récemment sa petite fille, et qui commence à commettre des méfaits sanguinaires. Persuadé que Bobo est un être maléfique et dangereux, le pauvre homme plonge dans la folie et va tout faire pour se débarrasser de l’animal, quitte à devenir violent envers sa propre famille. ‘Come To Granny’ conclut finalement le film en évoquant l’histoire de Sean Goodwin (Will Estes), jeune adolescent qui débarque un soir chez une psychanalyste pour lui confier un terrible problème qui est en train de détruire sa vie. Le jeune ado se plaint d’être victime de terrifiantes visions prémonitoires dans lesquelles il voit le sinistre serial-killer surnommé Granny en train d’assassiner ses futures victimes. Après que Granny ait tué sa meilleure amie, Sean révèle finalement à la psy qu’elle est elle-même la prochaine victime du tueur.

Réalisé à la manière d’une petite série-B d’épouvante avec un casting d’abonnés aux seconds rôles et aux productions de faible envergure, ‘Terror Tract’ s’apprécie néanmoins pour l’ambiance horrifique qui se dégage de ses trois histoires et par l’humour noir qui caractérise le début et la fin du film, une vision déjantée quasi satirique des banlieues américaines à l’instar du ‘The Burbs’ de Joe Dante version horrifique. Surfant sur la vague des légendes urbaines, ‘Terror Tract’ a quand même était remarqué par la profession puisque le film de Lance W. Dreesen et Clint Hutchison a remporté trois prix en 2001 et 2002 dont le prix du meilleur film aux A.K.A. Shriekfest (festival international du film d’horreur/science-fiction qui a lieu tous les ans à Los Angeles). Voilà en tout cas une variante fort sympathique des traditionnels contes fantastico-horrifiques à la Edgar Poe avec une touche d’humour noir en plus.

La musique du jeune Brian Tyler apporte une force et une énergie considérable au film de Dreesen et Hutchison. En 2000, Tyler ne s’est pas encore fait remarquer du grand public lorsqu’il signe la musique de ‘Terror Tract’, partition horrifique qui sera même très vite oubliée jusqu’à ce que La-La Land Records décide enfin d’éditer le score du film. Pourtant, on remarque déjà ici le talent du compositeur pour manier les atmosphères sombres et macabres, comme nous le confirmeront par la suite une série de partitions d’horreur/thriller telles que ‘Frailty’, ‘Darkness Falls’, ‘The Hunted’, ‘Constantine’, etc. Respectant à fond les conventions du genre, Brian Tyler applique les recettes habituelles et nous livre une partition horrifique à faire froid dans le dos. Servie par un unique thème principal mémorable, exposé en ouverture (‘Main Title’) et en conclusion du film (‘End Title’), ce motif nous renvoie clairement à l’ère des bonnes vieilles partitions de film d’horreur où il n’était pas rare d’entendre une mélodie ample, gothique et pompeuse. On pense ici au thème de ‘The Fury’ de John Williams ou au ‘Batman’ de Danny Elfman, deux compositeurs qui ont probablement servi de source d’inspiration pour Brian Tyler - il faut dire que les deux réalisateurs du film sont des béophiles convaincus qui apprécient plus particulièrement John Williams, Jerry Goldsmith et John Barry. On appréciera en tout cas la puissance qui se dégage du sombre et massif ‘Main Title’ qui nous invite à une ténébreuse et frissonnante aventure! Confié à des cuivres puissants accompagnés par un orchestre agité avec percussions (remarquons au passage l’utilisation percussive et frénétique du piano), le thème sert de ciment musical aux trois histoires du film puisqu’il revient tout au long du récit à travers de multiples variantes. Les passages plus calmes évoquant le côté paisible de la banlieue bien avant que l’horreur n’arrive sont accompagnés par une variation majorisée du thème principal, qui devient alors, confié aux cordes avec vents et piano (‘Father and Daughter’), une mélodie sereine quasi naïve qui semble vouloir faussement nous conforter, une sorte de calme avant la tempête (un peu comme dans le léger et optimiste ‘Husband Attacks’). Tyler s’autorise même une petite pause romantique dans ‘Lake’ (scène intimiste entre Sarah et Frank dans la première histoire) à l’aide d’une guitare et d’un piano évoquant les deux amants.

Très vite, c’est la terreur et le suspense qui prennent le dessus, Tyler utilisant toutes les ressources habituelles de l’orchestre en soignant plus particulièrement ses orchestrations, comme en témoigne un morceau comme ‘Animal Farm’ (pour la seconde histoire avec le singe maléfique) où Tyler utilise tous les pupitres de l’orchestre de façon équitable, avec des vents inquiétants, des cordes dissonantes et des sursauts agressifs de cuivres et de percussions, symbolisant l’horreur. Idem pour ‘Psycho Suburbia’ et son atmosphère de terreur pure avec son martèlement agressif de timbales et ses effets orchestraux qui rappellent beaucoup le Danny Elfman de ‘Nightbreed’ ou ‘The Frighteners’ ou certaines partitions horreur/thriller de Christopher Young, autre compositeur qui a manifestement inspiré Tyler sur 'Terror Tract'. Le musicien joue donc à fond la carte du premier degré et provoque un malaise constant tout au long du film, suscitant l’horreur de façon viscérale à l’aide de toutes les ressources d’un orchestre qu’il maîtrise amplement. Le suspense, très présent, se taille la part du lion dans des pièces comme le macabre ‘Revenge’ avec ses multiples effets de dissonances rampantes, d’une efficacité redoutable dans le film (on sent le danger et la mort prêt à surgir à chaque instant) ou le sombre ‘Affair’ avec ses mystérieuses notes de piano qui semblent flotter par dessus un tapis de cordes graves et tendues, sans oublier le tutti orchestral massif à souhait dans ‘Creeping Bobo’, lorsque le père de famille découvre avec effroi les méfaits sanguinaires de l’animal. A noter que le compositeur nous propose même un nouveau petit motif faussement innocent dans ‘Bobo’ à l’aide d’une petite mélodie de piano dont l’apparente fragilité et la délicatesse cache en fait une certaine perversité (celle de l’animal) que le compositeur ne va pas tarder à exploiter durant toute la partie concernant le petit singe maléfique.

Tyler développe ainsi son climat horrifique tout au long des trois histoires sans jamais vraiment les différencier musicalement les unes des autres. En effet, Tyler conserve l’unité thématique et stylistique d’un bout à l’autre de sa partition en alternant simplement entre sursauts de terreur et passages à suspense glauques à souhait, que ce soit par le macabre ‘Wrong Guy’ et son atmosphère brumeuse et lugubre, le fantaisiste et très dissonant ‘Whirlwind of Chaos’ et son mélange percussions chaotiques/piccolos stridents, ‘Marco Polo’ et ses vents dissonants à la Bernard Herrmann, dans un langage atonal traditionnel hérité de la musique savante ‘contemporaine’ du 20 ème siècle, sans oublier le suspense macabre de ‘Get Out of the House’ et ‘Head not Found’ ou la terreur pure du chaotique ‘Killer’ (scène finale de la troisième histoire avec Granny) avec ses sinistres glissendi de cordes, ses effets sonores morbides et ses clusters orchestraux massifs symbolisant l’horreur. Avec son ‘End Title’, Brian Tyler conclut le film avec énergie en reprenant une dernière fois son puissant thème principal gothique à souhait avec un nouveau morceau qui rappelle maints thèmes de Danny Elfman (‘Batman’, ‘Nightbreed’, ‘Dick Tracy’, etc.), preuve incontestable des influences d’un jeune compositeur au talent certain mais à la personnalité musicale encore bien faible.

Si vous appréciez les partitions noires/horrifiques de Brian Tyler, vous devriez jeter une oreille sur ‘Terror Tract’. Malgré les moyens plus que modestes du film, Tyler a eu l’occasion – grâce à l’appui de la production et des deux réalisateurs du film – de pouvoir s’exprimer avec un matériel orchestral plus qu’honorable mis à sa disposition, le compositeur nous livrant finalement un score horrifique massif et glauque, écrit à l’ancienne, dans la lignée des scores horrifiques du ‘Golden Age’ hollywoodien à l’aide de gros cuivres massifs, de cordes tortueuses, de dissonances multiples et en tout genre, etc. On est pas loin par moment du ‘The Thing from Another World’ de Dimitri Tiomkin, du ‘It’s Alive 2’ de Bernard Herrmann ou du ‘The Haunted Palace’ de Ronald Stein, avec un soupçon de modernité en plus dans la façon dont Tyler joue sur les effets orchestraux chaotiques propres aux partitions horrifiques hollywoodiennes d’aujourd’hui. Si Tyler ne révolutionne pas le genre, il nous propose malgré tout un travail plus qu’honnête pour une sympathique série-B qui n’en demandait pas tant. Plus ambitieuse que le film lui-même, la musique de ‘Terror Tract’ évoque l’univers noir et macabre du film de Lance W. Dreesen et Clint Hutchison avec une énergie constante d’un bout à l’autre du long-métrage. Si vous vous demandez ce que vaut Brian Tyler dans le domaine des musiques d’horreur, vous devriez sérieusement vous intéresser à son sympathique score pour ‘Terror Tract’, qui, à défaut de laisser un souvenir impérissable, confirme le talent de ce jeune compositeur à l’avenir prometteur!


---Quentin Billard