1-Tiny And His Girl/Police 4.20
2-Ten Cars-Twenty Five Pigs 1.32
3-Shootout 1.32
4-Mama Pulls The Trigger 2.12
5-Ride The Horse 1.04
6-Driving To The Khaki Palms 0.22
7-Unwanted Guests 4.00
8-Official Clown Business 1.52
9-Dirty Kness 4.05
10-See You In Hell 4.09
11-Yellow Brick Road 3.30
12-Another Failed Escape 2.14
13-Adam's Face 1.41
14-The Rejects Were Here 1.09
15-Road Kill 2.33
16-Brother George/
I Found Your Guy 5.56
17-Holy Guacamole 0.49
18-Hand Sandwich 1.55
19-Joyride 2.45
20-Staples 2.27
21-You Feeling It, Brother? 2.33
22-Run Baby Girl 2.33
23-Tiny Snapes Wydell 2.04
24-We'll Come Back For You 1.49

Musique  composée par:

Tyler Bates

Editeur:

La-La Land Records
LLLCD 1035

Album produit par:
Tyler Bates, MV Gerhard
Producteur exécutif pour
La-La Land Records:
Matt Verboys
Directeur musical pour
Lions Gate Films:
Joel C. High
Score produit par:
Tyler Bates, Wolfgang Matthes
Coordination musicale:
Tiffany Ryan, Rebecca Reinks

Artwork and pictures (c) 2005 Lions Gate Films Inc. All rights reserved.

Note: ***
THE DEVIL'S REJECTS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tyler Bates
Fasciné depuis toujours par le cinéma d’épouvante américain, Rod Zombie tourna en 2003 son premier film d’horreur, le très remarqué ‘House of 1000 Corpses’, avec Sid Haig, Bill Moseley, Sheri Moon (l’épouse du rockeur) et Karen Black. Inspiré de l’incontournable ‘Texas Chainsaw Massacre’ de Tobe Hooper, le film évoquait les ravages sanglants des Firefly, une famille de serial killers américains totalement déjantés. Ce long-métrage de choc n’était qu’une suite de tueries, actes de cannibalisme et autres rituels sataniques qui ont fait de ‘House of 1000 Corpses’ un film d’horreur culte, acclamé par les fans du genre et détesté par tous les autres. Deux ans plus tard, Rod Zombie nous livre la suite des méfaits sanguinaires de la famille Firefly dans ‘The Devil’s Rejects’, road-movie extrêmement violent dans lequel les serial-killers se retrouvent cette fois-ci poursuivi par un shérif revanchard et tenace (William Forsythe). ‘The Devil’s Rejects’ rompt entièrement avec l’opus précédent et s’affirme comme une suite plus posée, mais aussi encore plus sadique, cruelle, outrancière, malsaine, dérangeante. Cette fois-ci, le réalisateur apporte une certaine consistance à ces personnages qui manquait cruellement dans ‘House of 1000 Corpses’. Rod Zombie va même jusqu’à se prendre d’affection pour l’horrible famille Firefly.

Là où Tobe Hooper montrait le dégoût et la barbarie inhumaine de la famille de psychopathes de ‘Texas Chainsaw Massacre’, Zombie évoque la cohérence familiale et les liens affectueux qui unissent les tueurs fous des Firefly. Du coup, le spectacle de torture et de massacre auquel on assiste pendant plus d’1h40 en devient encore plus dérangeant et déstabilisant – car au final, les Firefly nous paraissent insupportablement humain et nous renvoient à notre propre zone d’ombre. Ainsi donc, Zombie arrive à nous faire haïr ces personnages pour finalement nous les rendre presque pathétiques et attachants au cours d’un final inspiré de ‘Thelma & Louise’ de Ridley Scott. Le réalisateur s’est sensiblement calmé dans sa mise en scène, enlevant tous les artifices visuels qui plombaient par moment l’image de ‘House of 1000 Corpses’. Les acteurs restent en revanche épatants, avec un William Forsythe absolument terrible dans le rôle de ce shérif qui, sous prétexte de rendre la justice (et de venger la mort de son frère assassiné dans ‘House of 1000 Corpses’ par les Firely), perd complètement les pédales et finit par devenir encore plus barbare et sadique que ceux qu’il pourchasse. A noter aussi que le film contient quelques 'gueules' assez mémorables, dont l'inénarrable Danny Trejo et Michael Berryman, célèbre 'freak' du cinéma d'épouvante des "seventies" (révélé par Wes Craven dans 'The Hills Have Eyes' en 1977). Véritable tour de force du genre, ‘The Devil’s Rejects’ reste au final un film d’horreur particulièrement dérangeant et bien éloigné des pseudo productions horrifiques hollywoodiennes formatées d’aujourd’hui. Malgré quelques scènes maladroites (séquence avec le critique de cinéma par exemple), Rod Zombie assume complètement les sentiments de dégoût et de perversion de son film et nous offre un long-métrage déstabilisant et spectaculaire, confirmant le talent du réalisateur qui maîtrise complètement son sujet et repousse les limites du genre.

C’est le jeune compositeur Tyler Bates qui a été engagé par Rod Zombie pour mettre en musique ce second opus sanglant. Bates s’était fait remarquer en signant en 2004 la musique atonale et chaotique du ‘Dawn of the Dead’ de Zack Snyder. Spécialiste des superpositions musicales insolites et des expérimentations sonores étranges, Tyler Bates nous offre pour ‘The Devil’s Rejects’ un score macabre et sinistre où se mélangent bidouillages électroniques en tout genre (parfois à partir de samples enregistrés par le compositeur lui-même, incluant des bruits de machines, des sonorités industrielles, des voix déformées, etc.), des cors puissants et un ensemble de percussions assez impressionnant. Stylistiquement parlant, on est guère loin de ‘Dawn of the Dead’, sauf que cette fois-ci, l’accent est mis sur l’électronique au détriment de la formation orchestrale réduite ici à son plus strict minimum (uniquement quelques cors, qui, par leur timbre agressif, renforcent la tonalité sombre et macabre de la partition de Tyler Bates). Ceux qui apprécient les expérimentations électroniques devraient se régaler dès les premières minutes de la musique, avec l’atmosphérique et pesant ‘Tiny and his Girl/Police’ pour l’ouverture du film. Puis, la musique se déchaîne dans ‘Ten Cars – Twenty Five Pigs’ où les rythmiques électroniques frénétiques font littéralement décoller la musique, sur un tapis d’effets électroniques en tout genre, particulièrement stressants, idem pour ‘The Shootout’, qui accompagne de façon très intense la scène de fusillade avec les policiers au début du film. On appréciera la façon dont Tyler Bates relance le rythme de façon excitante à 0.55 après une montée de tension particulièrement brutale. En l’espace de trois morceaux, Bates annonce déjà la couleur et nous invite à voyager dans un univers suffocant et violent tout à fait représentatif de l’ambiance radicalement oppressante du film de Rod Zombie.

Les morceaux d’action se multiplient avec toujours cette même férocité musicale et ce mélange cuivres/expérimentations électroniques comme c’est le cas dans le violent ‘Mama Pulls The Trigger’. Bates manipule ses différentes sonorités industrielles et électroniques pour aboutir à un résultat sonore clairement expérimental, radicalement éloigné du style hollywoodien conventionnel. Tyler Bates s’amuse même à nous offrir un bref morceau de pop cool dans ‘Ride the Horse’ à la façon des musiques des vieux road-movies de la fin des ‘sixties’ style ‘Easy Rider’, avec, au passage, la formation traditionnelle batterie/basse/guitare électrique et synthétiseurs volontairement kitsch et datés. Les morceaux d’action oscillent entre les passages atmosphériques souvent plus lents comme l’étrange ‘Unwanted Guests’ (scène de la violente attaque des Firefly dans l’hôtel) où le mélange de diverses couches sonores et de loops électro en tout genre nous plonge dans une atmosphère de chaos absolu, un véritable magma sonore qui, au bout de quelques minutes, risque fort de lasser les novices ou tout ceux qui ne sont pas habitués à ce style de musique électronique abstraite et expérimentale. Idem pour le bizarre ‘Official Clown Business’, le suffocant ‘Dirty Knees’ ou l’angoissant ‘See You In Hell’, et ses sonorités industrielles étranges et déformées.

Bates a travaillé chacun de ses samples séparément, chaque couche sonore possédant son propre tempo, sa propre panoramique et ses propres harmoniques. C’est ce qui donne au final ce résultat sonore aussi étrange qu’incongru, bien loin de ce que l’on a l’habitude d’entendre sur les musiques de film hollywoodiennes, même si l’on pourra déplorer le côté parfois plus quelconques et conventionnels de certains passages d’action du score. A noter un ‘Another Failed Escape’ qui atteint un sommet de la bizarrerie sonore en incluant toute une série de sons industriels parfois à la limite de l’audible (sons d’alarme, sons métalliques, sons stridents, etc.). La musique évoque clairement dans le film cet univers de barbarie et d’inhumanité accompagnant les massacres perpétrés par les serial-killers, avec un univers sonore proche de la folie furieuse et de l’abstraction totale. L’horreur devient même clairement perceptible dans ‘The Rejects Where Here’ (découverte des corps atrocement mutilés dans l’hôtel), sans aucun doute l’un des morceaux les plus morbides, chaotiques et dérangeants de tout le score de Tyler Bates, avec son sursaut sonore massif et son utilisation totalement anarchique d’une batterie psychédélique et désynchronisée. Des morceaux comme ‘Road Kill’ ou ‘Brother George/I Found Your Guy’ ne sont d’ailleurs pas sans rappeler par moment le style de la musique du jeu vidéo ‘Silent Hill’ d’Akira Yamaoka, déjà très inspiré à l’origine des expérimentations électroniques abstraites du groupe Goblin dans les années 70. Si l’on passe l’irritant et farfelu ‘Holy Guacamole’ qui s’apparente à une musique de manège trafiquée et insupportablement bizarre, on repart avec un certain plaisir dans l’action pure et dure avec le sombre ‘Joyride’ et son atmosphère de course-poursuite frénétique avec son lot de percussions en tout genre, et ce jusqu’à la fin du film avec ‘We’ll Come Back For You’ qui ressemble à une sorte de ballade pop un peu bizarre, avec ses voix féminines lointaines susurrant des ‘here’s to come’ par dessus des sons de synthétiseur kitsch pour le grand final émouvant du film.

Avec ‘The Devil’s Rejects’, Rod Zombie a offert à Tyler Bates une certaine liberté afin de permettre au compositeur d’expérimenter et de composer tout ce qu’il souhaitait faire sur le nouveau film d’horreur/road movie déjanté du réalisateur de ‘House of 1000 Corpses’. Une fois encore, Tyler Bates nous prouve qu’il a un goût très sur pour l’expérimentation et la bizarrerie sonore, même si le résultat est, au final, plutôt lassant et assez indigeste (d’autant que, dans le film, on ne remarque quasiment pas la musique, qui fait plus office de bruitage sonore qu’autre chose). Seuls les auditeurs avertis auront la force de traverser l’ensemble de cet album déroutant d’un bout à l’autre sans jamais rechigner, mais les autres risquent fort de se lasser à l’écoute de cette musique déjantée, chaotique et anarchique d’une noirceur absolue. Reste que, à une époque où la musique de film hollywoodienne est de plus en plus formatée, il est bon d’entendre de temps à autre quelques bandes originales plus particulières et singulièrement atypiques, qui sortent radicalement du lot pour suivre une toute autre voie. Voilà en tout cas une musique expérimentale particulièrement noire, macabre et agressive, à découvrir avec le nouveau film d’horreur culte de Rod Zombie!


---Quentin Billard