Musique  composée par:

Howard Shore

Editeur:


Réalisateur:
James Dearden
Genre:
Thriller
Avec:
Sean Young, Matt Dillon,
Max Von Sydow

(c) 1991 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
A KISS BEFORE DYING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Howard Shore
Dans la veine des thrillers hollywoodiens fades et sans âme, voici ‘A Kiss Before Dying’ (Un baiser avant de mourir), série-B à suspense totalement conventionnelle dans laquelle une femme enquête sur le meurtre de sa soeur jumelle qui a été camouflé en suicide par l’assassin. Remake du film homonyme de 1956 réalisé par Gerd Oswald avec Jeffrey Hunter et Robert Wagner, ce thriller extrêmement routinier a au moins le mérite de posséder une intrigue assez captivante, mais plus le rythme avance, plus le film donne une impression grandissante de déjà-vu: le réalisateur James Dearden (qui est aussi scénariste du film) essaie ici d’imiter le style d’Alfred Hitchcock sans jamais vraiment y arriver. Il arrive néanmoins à glisser une grosse allusion au ‘Vertigo’ de Hitchcock dans la scène où Ellen (Sean Young) regarde le film à la télévision, qui lui rappelle la mort de sa soeur jumelle Dorothy, tuée par son fiancé Jonathan (Matt Dillon) qui la jeta du haut d’un immeuble alors qu’elle était enceinte. Jonathan réussit à camoufler le meurtre en suicide en postant une lette censé avoir été écrite par Dorothy et expliquant qu’elle voulait en finir avec la vie. Ellen n’a jamais cru une seule seconde à la thèse du suicide et va mener à son tour sa propre enquête, alors que la police semble incapable d’élucider le mystère. Pendant ce temps, son petit ami, qui n’est autre que Jonathan en personne, l’épouse et en profite pour rencontrer son père, le richissime homme d’affaire Thor Carlsson (Max von Sydow). Ce dernier, qui se prend d’affection pour son beau-fils, lui propose alors un poste dans sa prestigieuse entreprise. Jonathan (qui a changé d’identité lorsqu’il rencontra Ellen) a donc réussit son coup. De son côté, Ellen sait que Dorothy a été tuée par l’homme qu’elle fréquentait mais personne n’a jamais su de qui il s’agissait, à part une personne qui semblerait l’avoir aperçu il y a bien longtemps à l’université. Mais Jonathan prend les devant et élimine les témoins gênants les uns après les autres. Ellen ignore encore que l’assassin de sa soeur jumelle n’est autre que son propre ami qu’elle aime tant.

Quand on lit un synopsis de ce genre, on se dit qu’on a quand même l’impression d’avoir à faire à un mauvais sitcom du dimanche ou un polar bas de gamme pour accrocs à la télévision. L’intrigue autour des personnages de Sean Young et Matt Dillon (excellent dans ce rôle de tueur rusé et manipulateur) est excellente mais son développement est bien trop mou et conventionnel pour en faire un thriller digne d’intérêt. Si l’ombre d’Hitchcock plane sur l’ensemble du film, ce n’est que très faiblement alors que James Dearden accumule les clichés et les banalités en tout genre, en plus de nous offrir des séquences extrêmement téléphonées et très prévisibles. Dommage, d’autant que le message sur l’obsession de l’argent et de l’ambition aurait pu amener un développement bien plus passionnant que de se résumer à une simple énigme policière comme on en a déjà vu mille fois auparavant!

La partition symphonique d’Howard Shore pour ‘A Kiss Before Dying’ n’a à son tour rien de bien surprenant en soi. Le score de Shore, similaire à une autre partition thriller que le compositeur a écrit la même année, ‘The Silence of the Lambs’ (1991), annonce très clairement ses futures partition thriller telles que ‘Se7en’, ‘The Client’, ‘Before and After’ ou ‘eXistenZ’. L’ouverture permet de dévoiler l’unique thème principal nageant dans un flot de cordes sombres et pesantes avec une écriture orchestrale toujours très dense et typique du compositeur. Puis, le thème est alors suggéré par un piano, des cordes et une flûte, avec un côté vaguement mélancolique pour ce qui reste l’une des rares incursions d’une mélodie dans la partition d’Howard Shore. Très vite, le compositeur installe une atmosphère sombre et mystérieuse qui évoque l’énigme autour du meurtre de Deborah camouflé en suicide. La musique est lente, bien souvent confiée aux cordes lugubres et denses chères au compositeur. A noter la façon dont Shore utilise les cordes dans l’aigu avec les sourdines qui renforcent le côté ténu et mystérieux des sons des cordes, comme dans ‘The Silence of the Lambs’. Hélas, le score s’enfonce de plus en plus dans de l’atmosphérique mollasson au fur et à mesure que l’histoire avance.

Fort heureusement, la musique se réveille un peu au détour de deux grands morceaux de terreur pure, pour la scène où Jonathan balance Deborah du toit de l’immeuble au début du film ou pour la confrontation finale, accompagnée par des cordes stridentes à la Bernard Herrmann (coïncidence, il y a justement un extrait de ‘Vertigo’ à la télévision vers le milieu du film), des percussions agressives et des clusters chaotiques du plus bel effet, preuve évidente qu’Howard Shore a toujours été très doué pour les atmosphères morbides/horrifiques. Dommage cependant que le score s’avère être un peu ennuyeux et monotone tout au long du film, même s’il résume parfaitement l’ambiance de suspense et de tension du thriller de James Dearden, mais dans un style tout à fait quelconque. Il est clair que l’on a connu Howard Shore bien plus inspiré!


---Quentin Billard