1-Main Titles 1.36
2-The Trunk 1.38
3-The Plunger 1.06
4-Walter Runs Away 1.27
5-Fireside Chat 2.51
6-Foreign Legion 0.45
7-Secondhand Arrival 1.07*
8-I Must Meet This Man 0.27
9-Hub Meets Jasmine 1.59
10-Hub Rescues Jasmine 0.50
11-Lion Hunt 1.13
12-Cornfield Jungle 1.04*
13-The Assassins 2.40
14-Sheik Swordfight 2.40
15-Goodnight Kid 1.03
16-Waking Hub 0.57
17-Died in Childbirth 1.09
18-Be My Uncle 1.11
19-Finding the Money 2.41
20-Stan Lies to Walter 2.51
21-She Was a Real Lion 3.22**
22-Walter Leaves 1.58
23-Maybe You Don't 1.03
24-Walter Comes Home 3.42
25-Nice to Meet You 1.26
26-Piano Suite 2.54

*Interprété par Ola Onabule
**Interprété par Patrick Doyle Jr.

Musique  composée par:

Patrick Doyle

Editeur:

New Line Records NLR 39027

Produit par:
Maggie Rodford

Artwork and pictures (c) 2003 New Line Cinema. All rights reserved.

Note: ***1/2
SECONDHAND LIONS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Patrick Doyle
Très beau drame familial signé Tim McCanlies (scénariste de ‘The Iron Giant’ et de la série TV ‘Smallville’), ‘Secondhand Lions’ (Le secret des frères McCann) évoque l’histoire d’un jeune garçon de 13 ans, Walter (Haley Joel Osment) et de sa mère Mae (Kyra Sedgwick) qui, incapable de l’élever correctement, le confie à ses deux grands-oncles Garth (Michael Caine) et Hub (Robert Duvall), deux vieux frères qui vivent ensemble depuis plusieurs années dans une ferme retirée au fond du Texas et qui ont mystérieusement réapparus après 30 ans d’absence. Grincheux, solitaires et excentriques, Garth et Hub sont aussi richissimes mais refusent de dépenser leur fortune, cachant leur précieux trésor quelque part dans leur maison. Les deux vieux oncles qui n’ont jamais élevé un seul enfant ne voient pas d’un très bon oeil la présence du jeune Walter sous leur toit, ne l’autorisant uniquement à dormir chez eux qu’à la condition qu’il prenne le lit qui se situe au premier étage de la ferme, dans un recoin isolé et poussiéreux. Le jeune adolescent s’ennuie ferme avec ses deux grands-oncles qu’il ne connaît pas et qui ne lui adressent que très rarement la parole, jusqu’à ce qu’il découvre un jour dans sa chambre un coffre qui contient une vieille photo d’une femme magnifique. Un soir, Walter surprend Hub somnambule en train de mimer une scène de duel à l’épée au bord du lac derrière la ferme. Garth se décide alors à lui expliquer la fabuleuse histoire de Hub, comment, étant jeune, les deux frères furent enrôlés dans la légion étrangère durant la guerre de 14/18 avant de partir visiter différents pays du monde, de l’Asie en passant par l’Orient, où Hub, avec une force et la solidité de vingt hommes, mena combat sur combat avec une fougue rare. Le récit de ses exploits fut alors rapporté à Jasmine (Emmanuelle Vaugier), une très belle princesse d’Afrique du nord qui se décida un jour à rencontrer le jeune héros américain. Ce fut alors immédiatement le coup de foudre entre eux. Ils se marièrent et vécurent heureux un bon moment. Malheureusement, le cheik qui devait l’épouser à l’origine, jaloux, lança des tueurs à la poursuite de Hub, jusqu’au jour où ce dernier fut capturé par les hommes du cheik avant que n’intervienne Garth qui réussit à le délivrer en se faisant passer pour un chasseur de prime qui toucha la récompense pour l’arrestation de Hub. Cette ruse leur permit alors de s’échapper ensemble avec Jasmine et leur nouvelle fortune. Walter se passionne alors pour le récit de ses aventures extraordinaires et palpitantes qui lui permettent de rêver et de s’évader, alors qu’il apprend par une lettre de sa mère que cette dernière lui a menti au sujet de ses activités et qu’elle est parti mener la belle vie à Las Vegas après avoir demandé à son fils de trouver le trésor des frères McCann. C’est peut-être pour cette raison que Walter a tant besoin de croire aux histoires fantastiques de ses grands-oncles. Jour après jour, Hub et Garth finissent par s’attacher au gamin et commence à dépenser leur argent de différentes façons.

‘Secondhand Lions’ évoque à la façon du ‘Big Fish’ de Tim Burton le récit d’aventures extraordinaires que conte un vieil homme à son jeune neveu. Le film de Tim McCanlies se veut ainsi comme une sorte d’exaltation au rêve et à l’imagination avec cette émouvante histoire de deux vieux excentriques qui s’humanisent au contact de leur petit neveu qu’ils n’ont jamais connu auparavant, et avec qui ils finissent par former une vraie complicité, lui enseignant les valeurs de l’honneur, le courage et la loyauté. Michael Caine et Robert Duvall forment un excellent duo face au toujours très talentueux Haley Joel Osment révélé dans ‘The Sixth Sense’ de Shyamalan en 1999 (à noter que pour les besoins du film, le réalisateur a du faire appel à des spécialistes des animaux dressés avec plus particulièrement les chiens, le cochon et la lionne baptisée ‘Jasmine’ par Walter en souvenir de l’ancien amour de Hub). Tim McCanlies s’est inspiré pour ce film de son grand-père, avec qui il passa une bonne partie de son enfance et qui ressemble beaucoup aux deux vieux héros du film. La morale de l’histoire, c’est qu’il faut toujours écouter les vieilles personnes, car ils ont bien souvent des choses à nous enseigner ou des souvenirs d’expériences formidables à nous faire partager. A noter quelques scènes humoristiques plus proche de la comédie comme toute cette séquence où Hub et Garth, armés de leurs fusils, tirent systématiquement sur les vendeurs qui tentent obstinément de leur faire dépenser leur argent par tous les moyens, le tout rythmé sur fond de musique country divertissante. Ajoutons à cela une bonne dose d’émotion et quelques très belles scènes entre Walter et ses deux grands-oncles, et l’on obtient un petit film familial agréable et sans prétention, une très jolie comédie dramatique rythmé par des flash-back aventureux et un générique de fin original sous la forme d’un petit film d’animation où l’on aperçoit des planches de bande dessiné prendre progressivement forme - arrivé à l’âge adulte, Walter est devenu dessinateur de BD, s’inspirant du récit des fabuleuses aventures de ses deux grands-oncles. Voilà en tout cas un très joli divertissement familial, dans la veine du ‘Big Fish’ de Tim Burton.

La musique de Patrick Doyle contribue très nettement à accentuer l’atmosphère d’aventure et de rêve du film de Tim McCanlies, apportant une richesse et une variété d'émotion au film. Il faut dire que le réalisateur voulait engager Patrick Doyle depuis le début, étant un fan du compositeur écossais. A l’écoute du résultat final, on ne peut que féliciter McCanlies d’avoir fait le bon choix, Doyle nous livrant une partition symphonique inspirée, entre élans orchestraux héroïques tendance ‘swashbuckler’ à la Korngold, musiques d’ambiance africaines et pièces intimistes et poignantes dans la lignée de ‘Great Expectations’. Dès les premières secondes du ‘Main Titles’, la musique nous transporte dans le style des grandes partitions symphoniques épiques du ‘Golden Age’ hollywoodien tendance ‘The Sea Hawk’ avec une très belle envolée orchestrale majestueuse et cuivrée lorsque l’on aperçoit l’avion de Hub et Garth s’élever à toute vitesse dans les airs. Doyle en profite pour nous dévoiler ici son thème principal, thème majestueux qui possède une certaine noblesse d’esprit et qui sera associé au récit des aventures des deux oncles et de leur lien avec leur petit neveu. La musique se veut d’abord calme et légèrement mélancolique au premier abord, lorsque Walter arrive chez ses grands-oncles avec qui il n’entretient qu’un rapport froid et distant (‘The Trunk’, ‘Walter Runs Away’), Doyle en profitant pour dévoiler dans ce morceau quelques vagues sonorités orientales qui seront associées par la suite aux extraordinaires aventures de Hub et Garth en Afrique du nord. ‘The Plunger’ confirme cette orientation orientale/arabisante de la musique, avec ici, un nouvel élan orchestral plus massif pour la scène où Hub, somnambule, mime un combat à l’épée.

‘Fireside Chat’ paraît alors beaucoup plus apaisé avec sa harpe, ses cordes et ses flûtes arabisantes lorsque Garth entame le récit de ses anciennes aventures passées avec son frère. A noter que l’on sent de nouveau se profiler à l’horizon le thème principal, qui est ici très timidement suggéré mais bien présent. Si l’on ne comprend pas dans un premier temps le rapport entre les sonorités orientales et le début du film (qui est loin de se passer dans un contexte oriental!), ‘Foreign Legion’ justifie ces touches musicales ethniques dans la séquence flash-back où les deux frangins se font enrôler dans la légion étrangère durant la guerre, accompagné par des percussions arabes du plus bel effet. ‘Secondhand Arrival’ affirme quand à lui la facette plus ‘africaine’ du score avec la voix soliste d’Ola Onabule (comme dans ‘Cornfield Jungle’), ostinati de xylophones et percussions ethniques diverses, rappelant que Hub et Garth organisèrent autrefois des safaris en Afrique. Dans le même ordre d’idée, ‘Lion Hunt’ nous propose une superbe utilisation des xylophones et des percussions, mélangées à quelques éléments orchestraux pour la scène amusante où les deux oncles veulent chasser la vieille lionne qu’ils viennent récemment d’acheter, mais en vain. Le compositeur n’en oublie pas pour autant la facette plus traditionnelle de sa partition comme ‘Hub Meets Jasmine’ qui démarre fièrement sur un morceau d’aventure du plus bel effet, très cuivré et percussif, avant de se conclure de façon plus romantique/orientale lors de la rencontre entre Hub et la princesse Jasmine, au détour d’un nouveau rappel du très joli thème principal. Patrick Doyle accompagne les aventures des deux frères avec toujours ce même sentiment d’exaltation, d’envol, de rêverie. ‘Hub Rescues Jasmine’ confirme l’orientation héroïque/swashbuckling du score de ‘Secondhand Lions’ avec un nouveau morceau d’aventure très ‘Golden Age’, comme dans l’excitant ‘The Assassins’ et son thème d’aventure cuivré et héroïque dans la grande tradition du genre pour la scène de l’affrontement avec les assassins du cheik, sans oublier l’excellent ‘Sheik Swordfight’ pour le duel à l’épée entre Hub et le cheik, qui nous replonge à nouveau dans une pure ambiance swashbuckling comme au bon vieux temps de Korgnold, Steiner ou Newman. Cependant, plus la musique avance, plus un défaut majeur tend à s’imposer au fil de l’écoute, le fait que la plupart des morceaux ne durent finalement jamais très longtemps et nuisent finalement par leur courte durée au développement des thèmes et des ambiances. On aurait par exemple aimé entendre une version plus longue de morceaux tels que le ‘Main Titles’ ou ‘The Assassins’, qui auraient certainement gagné en intensité et en intérêt s’ils avaient été plus longuement développés. Mais la faute n’est pas à incomber au compositeur mais plus au réalisateur qui réclamait une musique morcelée donc inévitablement composée de pièces courtes mais diverses.

Le thème réapparaît dans l’émouvant ‘Goodnight Kid’, joué ici par une clarinette sur fond de cordes et harpe, alors que l’on sent Walter se rapprocher progressivement de ses deux grands-oncles. Mais c’est avec le très beau ‘Be My Uncle’ que le thème paraît pour la première fois dans sa version intégrale avec ses deux très belles phrases mélodiques, confié à un hautbois, une harpe, quelques vents et quelques cordes pour la scène poignante où Walter, qui veut croire aux histoires de ses grands-oncles, demande à Hub de rester à la maison et de devenir son oncle. Ce très beau morceau, plus romantique/intimiste d’esprit, nous introduit à la dernière partie du score et du film, car après le sombre ‘Finding the Money’ (découverte du trésor des grands-oncles), qui semble évoquer ici les doutes et les interrogations inquiètes du jeune Walter au sujet de la provenance de cette quantité incroyable d’argent (il pense bien évidemment à un vol dans un premier temps), ‘Stan Lies to Walter’ intensifie cette atmosphère sombre lorsque Stan, le nouveau compagnon de la mère de Walter, tente de mettre la main sur le trésor à son tour. Mention spéciale au magnifique ‘She Was a Real Lion’, véritable climax émotionnel de la partition de ‘Secondhand Lions’ entièrement porté par la voix légère du jeune Patrick Doyle Jr. (le fils du compositeur) pour l’un des plus beaux morceaux de toute la partition, un adagio triste, poignant et élégiaque illustrant la mort de la lionne de Walter, preuve que le compositeur a toujours été très à l’aise dans ce type d’ambiance mélancolique et lyrique. ‘Walter Leaves’ marque avec émotion la fin de l’aventure, aboutissant à une magnifique reprise du thème principal dans ‘Maybe You Don’t’ à la clarinette, au hautbois et aux cordes avec ses deux formules mélodiques très touchantes, apportant un soupçon de nostalgie à cette conclusion émouvante, qui se confirme dans l’exaltant et superbe ‘Walter Comes Home’, excellente reprise finale majestueuse et vibrante du thème principal dans toute sa splendeur lorsque le jeune Walter décide finalement de rester vivre chez ses deux grands-oncles, ‘Nice to Meet You’ concluant définitivement le film sur une touche majestueuse et noble. A noter que le compositeur nous offre en bonus une agréable reprise de son magnifique thème principal dans ‘Piano Suite’.

‘Secondhand Lions’ rappelle une fois encore à quel point Patrick Doyle est décidément un très grand musicien et un compositeur inspiré au style sincère et au classicisme d’écriture raffiné. Sa musique apporte son lot d’émotion, d’aventure et d’entrain au film de Tim McCanlies, illustrant avec beaucoup de fougue la très belle histoire d’un jeune adolescent qui apprend à découvrir ses deux grands-oncles farfelus et à rêver à l’écoute de leurs aventures passées. On ne pourra alors qu'apprécier la variété de styles et d'émotions qu'apporte le compositeur à sa musique et au film, le petit 'plus' indéniable de la partition de 'Secondhand Lions'. Il est cependant regrettable que la plupart des morceaux soient finalement aussi courts, alors que l’on aurait bien aimé entendre certains développements se prolonger tout au long de l’écoute. Même le très beau thème principal semble finalement peu présent tout au long de la partition, bien trop souvent morcelé et développé timidement. Malgré ce gros défaut un peu gênant à l’écoute (aussi bien dans le film que sur l’album), la musique de ‘Secondhand Lions’ s’avère être finalement une nouvelle grande partition de l’excellent Patrick Doyle qui, s’il ne signe pas là un grand classique, nous livre néanmoins une solide partition symphonique d’aventure à l’ancienne, navigant entre touches orientales et émotion avec un raffinement toujours présent dans les musiques du compositeur écossais. Recommandé!


---Quentin Billard