1-The Island Awaits You 2.22
2-Where Do These Tubes Go? 2.06
3-Sector B 2.49
4-Starkweather 4.12
5-Agnate Ukuleles 2.37
6-You Have a Special
Purpose in Life 4.34
7-Mass Vehicular Carnage 2.25
8-Renovatio 4.12
9-I'm Not Ready to Die 2.32
10-This Tongue Thing's Amazing 4.28
11-Mass Winnings 5.07
12-The Craziest Mess
I've Ever Seen 5.07
13-Send in the Clones 4.30
14-My Name is Lincoln 3.42
15-Blow 5.24*

*Ecrit et Interprété par
The Prom Kings.

Musique  composée par:

Steve Jablonsky

Editeur:

Milan Records 201 724-1

Musique additionnelle de:
Blake Neely, Trevor Morris,
Clay Duncan, Ramin Djawadi

Produit par:
Hans Zimmer

Artwork and pictures (c) 2005 DreamWorks LLC & Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
THE ISLAND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Jablonsky
‘The Island’ représente la premier long-métrage de Michael Bay réalisé sans le producteur Jerry Bruckheimer. Pour certain, c’est une bonne nouvelle qui ne pouvait qu’annoncer une réussite de la part du réalisateur de ‘Armageddon’ et ‘The Rock’. Pour d’autres, le film est avant tout une curiosité à voir pour savoir si Michael Bay possède oui ou non un certain talent lorsqu’il ne travaille pas avec Bruckheimer. Le résultat est au final assez décevant, laissant un constat généralement très mitigé. ‘The Island’ est la première incursion du réalisateur dans le domaine de la science-fiction et du film d’anticipation. L’histoire se déroule dans un futur lointain, à l’intérieur d’une immense colonie souterraine totalement aseptisée. Lincoln Six-Echo (Ewan McGregor) est un produit de cette immense colonie où la vie de chaque être est strictement surveillée et contrôlée. Chaque jour, un membre de la colonie est sélectionné afin de partir vers la mythique ‘île’, endroit légendaire et paradisiaque qui aurait selon les rumeurs échappé à la catastrophe écologique qui a ravagé notre planète en rendant l’atmosphère irrespirable. Lincoln Six-Echo ne cesse de s’interroger sur le système dans lequel il vit avec ses congénères, tourmenté par des cauchemars fréquents qui l’incitent à tout remettre en question. Un jour, piqué par la curiosité, il décide d’en savoir plus et découvre l’horrible vérité. Lui et ses congénères sont des clones de vrais êtres humains qui les ont achetés afin de s’en servir pour d’éventuels greffes d’organe, de peau, etc. Ils sont en réalité la ‘police d’assurance’ de clients richissimes qui n’hésitent pas à investir des fortunes dans ces ‘produits’ qui n’ont rien d’humain, le tout sous la direction d’un homme d’affaire cruel et cupide, Merrick (Sean Bean), qui propose ainsi à ses clients de vivre plus longtemps et de conserver leur santé indéfiniment. Evidemment, quand les produits surnommés ‘Agnate’ ne sont plus d’aucune utilité, ils sont automatiquement détruits. Lincoln comprend alors que l’île n’existe pas et que la loterie est un immense piège qui les conduira inévitablement tous à une mort certaine. Avec l’aide de son ami McCord (Steve Buscemi), un ouvrier de service qui travaille dans les souterrains de la colonie, Lincoln s’enfuit avec son amie Jordan Two Delta (Scarlett Johansson), qui vient d’être récemment sélectionnée par la loterie pour partir sur l’île. Ensemble, ils atteignent le monde extérieur et découvrent qu’on leur a menti depuis le début: il n’y a aucune contamination à l’extérieur et l’air est tout à fait respirable. Pour Merrick, cette fuite est une catastrophe. Si jamais la vérité venait à éclater au grand jour, il perdrait tous ses clients et ce serait la fin de son business. Merrick engage alors le mercenaire Albert Laurent (Djimon Hounsou) pour traquer les deux fugitifs et les stopper avant qu’il ne soit trop tard.

‘The Island’ mélange donc thriller, film d’action et film de science-fiction dans un cocktail détonnant. Hélas, même si l’on sent un réel effort de la part de Michael Bay pour approfondir ici un peu des thèmes de morale et d’éthique comme le clonage (le nouveau thème de prédilection à la mode dans le cinéma fantastique/science-fiction d’aujourd’hui), la nature humaine ou le droit à la vie, le film déçoit irrémédiablement, d’abord parce que finalement, on s’aperçoit que même sans Jerry Bruckheimer, ‘The Island’ (qui a été produit par Dreamworks, la boîte de Steven Spielberg) ressemble toujours autant à un gros clip de 136 minutes, avec ses scènes d’action hystériques et son montage ultra speedé tendance ‘The Rock’ ou ‘Bad Boys 2’. Si la première partie à l’intérieur de la colonie s’avère très réussie, avec son ambiance aseptisée un peu neo-kitsch et sa tension psychologique (on pense au THX1138 de Lucas ou au Fahrenheit 451 de Truffaut), la seconde partie part très vite dans de l’action pure et dure avec une overdose de cascades invraisemblables, d’énormes scènes explosives et de séquences d’action épileptiques, un véritable déferlement d’images tellement hystériques et frénétiques qu’elles finissent très vite par donner une bonne migraine. Bay dose très mal l’action, qui finit par prendre trop de place dans la seconde partie alors que l’intrigue du clonage s'estompe très vite, n'étant finalement qu’un prétexte à un énième blockbuster d’action pop-corn extrêmement peu inspiré. Pire encore, le scénario, gros point faible du film, a été la véritable bête noire de tous les détracteurs du film qui, en plus d’avoir fait un flop au box-office américain 2005, a provoqué une vive polémique alors qu’on a découvert que l’histoire et le concept du film de Michael Bay étaient entièrement repiqués d’une vieille série-B de science-fiction datant de 1979 et intitulé ‘Parts: The Clonus Horror’, réalisé par Robert S. Fiveson, dans laquelle il était déjà question de politiciens qui se clonaient eux-mêmes pour s’assurer l’immortalité, alors qu’un des clones tentait de s’enfuir, exactement comme dans ‘The Island’. La ressemblance est telle que le réalisateur Robert S. Fiveson a aussi envisagé de traîner les concepteurs de ‘The Island’ devant un tribunal en les accusant de plagiat, alors qu’à aucun moment le scénariste ou le nom du réalisateur de ‘Parts: The Clonus Horror’ ne sont crédités dans le film de Bay. Certains plaisantins verront là l’ironie de la situation, un film qui traite du clonage qui n’est autre que le clone d’un autre film traitant du clonage, mais la situation n’a rien de vraiment drôle et est finalement extrêmement pathétique. Il paraît inconcevable qu’à notre époque des gens malhonnêtes officient encore de cette façon là au cinéma, toute proportion gardée (‘The Island’ reste après tout un film de divertissement à prendre comme tel!). Ce n’est pas la première fois que cela arrive à Hollywood. On se souvient par exemple du procès qu’avait intenté le réalisateur Yves Boisset aux concepteurs du film ‘Running Man’ (1987) avec Arnold Schwarzenegger, qui n’était autre qu’un clone éhonté du ‘Prix du danger’ (1983) avec Gérard Lanvin et Michel Piccoli. Ajoutons à cela le fait que l’histoire s’inspire aussi massivement du film ‘Logan’s Run’ (L’âge de cristal) de Michael Anderson, avec un soupçon de ‘Coma’ (Morts suspectes) de Michael Crichton, et vous comprendrez pourquoi, au final, ‘The Island’ est un gros blockbuster estival malhonnête et totalement dénué de sincérité, jusque dans son propos qui n’est qu’un leurre pour faire croire au public qu’il va pouvoir s’interroger sur les problèmes d’éthique lié au clonage humain et qui n’est finalement qu’un énième gros film d’action massif, bourrin et sans âme, dont on retiendra uniquement la performance de ses deux principaux acteurs de talent, Ewan McGregor et l’immensément charmante Scarlett Johansson. Mais cela ne suffit hélas pas à rattraper la fadeur et la médiocrité de cette grosse production de science-fiction/action honteuse et abrutissante!

Même sans Jerry Bruckheimer, Michael Bay semble vouloir rester à tout prix en compagnie des musiciens de Media-Ventures puisque pour ‘The Island’, il s’est de nouveau offert les services d’un des membres de la boîte à Hans Zimmer, Steve Jablonsky, qui s’est fait remarquer l’an dernier un écrivant une sympathique partition symphonique pour le ‘Steamboy’ de Katsuhiro Otomo et qui a déjà écrit la musique de deux précédentes productions de Michael Bay, ‘The Texas Chainsaw Massacre’ et ‘The Amityville Horror’. Le compositeur, qui débuta autrefois en écrivant régulièrement de la musique additionnelle sur des partitions M-V se lance aujourd’hui en solo après ‘The Texas Chainsaw Massacre’ et ‘Steamboy’. Hélas, ce n’est pas encore avec ‘The Island’ que le compositeur réussira définitivement à s’imposer, et pour cause, on sent ici un manque de personnalité, une trop grosse tendance à user et abuser des sempiternels synthétiseurs et autres drums loops de pacotille. Le score s’articule autour d’un mélange orchestre/synthé/choeurs qui aurait pu mieux fonctionner si la musique ne se perdait pas en cours de route dans une surenchère sonore totalement dépourvue du moindre relief et de la moindre originalité. C’est la fadeur de la musique qui saute comme une évidence aux oreilles dès la première écoute. Pourtant, à l’instar du film, le score débutait bien avec ‘Island Awaits You’ qui accompagne le début du film en dévoilant le thème principal confié ici à des choeurs aux sonorités religieuses sur fond d’orchestre et de petite rythmique électronique. Le thème, qui se caractérise par un enchaînement d’harmonies claires et limpides, possède une certaine majestuosité, évoquant l’idée de l’humanité des clones et de leur quête pour la mythique île, d’où l’idée d’utiliser des choeurs quasi religieux pour évoquer l’île sous la forme d’un hypothétique paradis dont les individus de la colonie rêvent tant. Hélas, on retombe très vite dans un style plus artificiel et ennuyeux avec l’atmosphérique ‘Where Do These Tubes Go?’ qui verse clairement dans de l’électro/techno avec ses loops technoïdes et ses rythmiques électroniques très conventionnelles (sur fond d’orchestre) alors que Lincoln Six-Echo commence à s’interroger sur ses activités au sein de la colonie et sur le système en lui-même. On ressent déjà ici une certaine pulsation rythmique se mettre en place, le tout baignant dans un style électro moderne cher aux artisans de chez Media-Ventures, qui évoque ici cet univers de haute technologie futuriste (ou du moins prétendument futuriste, vu que l’univers dépeint par Michael Bay ressemble étrangement à celui du début du 21ème siècle!).

La tension monte dans ‘Sector 6’ où l’on retrouve ces touches électroniques un brin monotones, comme dans ‘Starkweather’ avec sa drum loop et son environnement électro sans surprise. A noter un morceau un peu particulier, ‘Agnate Ukuleles’ où Jablonsky utilise des samples d’ukulélés (petite guitare hawaïenne) qu’il transforme et bidouille pour créer une formule accompagnement dans son nouveau morceau électro/orchestral accompagnant les désirs d’évasion de Lincoln Six-Echo alors qu’il cherche à en savoir plus sur le fonctionnement de la colonie. Etant donné que l’ukulélé est associé généralement aux îles tropicales, on peut penser que l’instrument peut faire ici référence à l’île. Le thème réapparaît dans ‘You Have a Special Purpose in Life’ avec ses choeurs religieux symbolisant l’espoir d’un meilleur monde tandis que la musique bascule à nouveau très vite dans de l’électro peu inspiré, qui n’apporte finalement pas grand chose au film et s’avère parfois même être assez redondant avec les images du film. A noter un ‘Masse Vehicular Carnage’ (poursuite endiablé en voiture sur l’autoroute, particulièrement spectaculaire!) un peu particulier, puisque le morceau s’apparente à une chanson de type néo-métal entre Limp Bizkit et Linkin Park, une petite surprise inattendue qui apporte un bref relief même si l’effet paraît néanmoins un peu artificiel et agaçant à force de toujours vouloir viser un public de jeune en faisant le plus ‘in’ possible. Mais c’est la routine qui redémarre immédiatement avec ‘Renovatio’ et le sombre et agité ‘I’m Not Ready to Die’ avec son lot de percussions et de cordes martelées pour la scène où Lincoln rencontre le vrai Tom Lincoln et s’enfuit avec lui en voiture pour un nouveau morceau d’action bruyant et sans grand intérêt, aussi bien sur l’album que dans le film.

‘This Tongue Thing’s Amazing’ apporte temporairement un peu de douceur à ce score violent et sombre en illustrant la scène où Lincoln et Jordan découvrent l’amour et apprennent à s’aimer (on pourra critiquer au passage la ringardise du plan du baiser sur fond de soleil couchant). Jablonskky réutilise sans surprise le thème principal dans une variante plus intimiste et chaleureuse, apportant une brève touche d’espoir, une timide éclaircie dans cet univers technoïsant et artificiel, comme dans ‘Mass Winnings’ où l’on sent de nouveau l’espoir d’un meilleur avenir entre deux rythmiques électro. ‘Craziest Mess I’ve Ever Seen’ nous propose quand à lui une utilisation très efficace des percussions pour la scène où Lincoln et Jordan retournent ensemble à la colonie pour tenter de stopper les agissements de Merrick, avec ce qui reste l’un des morceaux d’action les plus massifs et les plus sombres du score de ‘The Island’. Idem pour ‘Send in the Clones’ qui ne cesse de faire monter la tension jusqu’à l’inévitable confrontation finale, particulièrement violente. Si l’écoute du reste de l’album vous a laissé sur votre faim, attendez alors d’écouter le grand final dans ‘My Name is Lincoln’, superbe conclusion parfaitement grandiose à la dimension quasi universelle, avec ses énormes choeurs religieux qui évoquent le triomphe de l’humanité et la libération de tous les individus de la colonie de façon purement grandiose avec un thème final particulièrement magnifique, aérien et enlevant, comme si le compositeur voulait évoquer le fait qu’ils ont enfin atteint le paradis qu’ils recherchaient tant. Seule ombre au tableau, le thème final de ‘My Name is Lincoln’ est très clairement calqué sur le ‘Now We Are Free’ de Hans Zimmer qui concluait le ‘Gladiator’ de Ridley Scott. L’influence de la pièce de Zimmer est ici incontestable et n’a semble t’il pas échappé à la vigilance de la plupart des béophiles qui pourront regretter ce manque d’inspiration flagrant. Malgré tout, ‘My Name is Lincoln’ s’avère être une très belle pièce chorale/orchestrale/percussive grandiose à souhait. Il est quand même dommage d’être obligé d’attendre la fin du film (et de la musique) pour enfin entendre un bon morceau de musique digne de ce nom, qui ait un réel intérêt sur les images (la conclusion du film paraît énorme et grandiose, uniquement à cause de l’impact de la musique sur cette scène de fin) et sur l’album.

Evidemment, cela ne suffit pas à rattraper la qualité quelconque et extrêmement passable de ce score somme toute très peu inspiré, bruyant et noyé dans des tonnes de synthétiseurs aux sons electro/techno et de drums loops qui finissent par devenir monotones, artificiels et agaçants à la longue, et ce même si la musique complète finalement bien à l’écran cette univers technologique et froid. On aurait peut-être souhaité entendre un style plus proche de l’esthétique synthético-orchestrale d’un ‘Crimson Tide’ ou d’un ‘Armageddon’ plutôt que d’entendre cette bouillie électronique avec quelques vagues touches orchestrales et chorales, et ce malgré la présence de quelques bons passages digne de mention. Quand est-ce que les artisans de chez Media-Ventures pourront un jour renouveler l’exploit de ‘The Rock’ ou de ‘Armageddon’, qui contenait une variété d’émotions et de thèmes qui en faisait une composition estampillé M-V épique, riche et captivante. Est-ce qu’une fois encore, avec la partition de Steve Jablonsky pour ‘The Island’, le style Media-Ventures n’aurait-il pas définitivement atteint ses limites? On pourrait certainement répondre par l’affirmative...une nouvelle déception de chez M-V, en somme!


---Quentin Billard