Pee Wee's Big Adventure

1-Overture/The Big Race 3.08
2-Breakfast Machine 2.36
3-Park Ride 1.14
4-Stolen Bike 1.44
5-Hitchhike 0.56
6-Dinosaur Dream 0.48
7-Simone's Theme 1.35
8-Clown Dream 1.58
9-Studio Chase 1.24
10-The Drive-In 2.02
11-Finale 3.12

Back to School

12-Overture 2.13
13-"Do Not Go Gently..." 1.08
14-The Brawl 0.52
15-Action Medley 1.29
16-Classroom Secretary 1.01
17-Triple Lady 2.03
18-Love Suite 2.28
19-Study Montage 2.00

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Varèse Sarabande
VCD 47281

Producteurs exécutifs:
Michael Bowler, Richard Kraft
Superviseur score:
Steve Bartek
Préparé à l'édition pour
Varèse Sarabande par:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1985 Warner Bros Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
PEE WEE'S BIG ADVENTURE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Pour son premier long-métrage, en 1985, le réalisateur Tim Burton porta à l’écran les aventures de Pee Wee (de son vrai nom Paul Rubens), célèbre comique américain des années 80 qui s’est inventé un personnage haut en couleur, mélangé d’enfant attardé et de clown déjanté et qui créa son propre show télévisé en 1981 intitulé ‘Pee-Wee Herman Show’. Suite au succès de son show qui le rendit célèbre tout au long des années 80, Paul Rubens se tourna vers son ami Tim Burton et lui demanda de réaliser ‘Pee-Wee’s Big Adventure’ adapté de son propre script. Le succès fut alors immédiat: réalisé avec un budget de 7 millions de dollars, le film en rapporta 45 millions, ce qui donna aussi l’occasion à Tim Burton de se lancer sur des projets bien plus ambitieux par la suite. Le succès du film permit aussi à la chaîne de télévision CBS de mettre en place la série ‘Pee-Wee’s Playhouse’ en 1986 avant de se conclure sur un dernier épisode réalisé par l’australien Randal Kleiser en 1988 et intitulé ‘Big Top Pee-Wee’. Le personnage disparut en 1991 lors de l’arrestation de Paul Rubens dans une salle de cinéma porno, où on le surprit en train de se masturber en public, cette arrestation ayant définitivement brisé le personnage enfantin que s’était pourtant évertué à faire vivre l’acteur pendant près d’une décennie. Malgré ça, les nostalgiques apprécient toujours autant l’humour déjanté de ce personnage particulier, qui rigole toute les cinq secondes, vit dans un univers d’enfant, porte son inséparable costume gris avec sa chemise blanche, son petit noeud de papillon rouge et ses baskets blanches. Le scénario ne vole pas très haut mais n’est qu’un prétexte à une série de gag et de situations loufoques. Pee-Wee Herman se réveille un matin particulièrement enjoué, prêt à passer une bonne journée dans la bonne humeur et la dérision, avec sa belle bicyclette rouge bourrée de gadgets qu’il chérit plus que tout au monde. Un jour, Francis (Mark Holton), le fils de son voisin, lui propose de lui racheter sa bicyclette afin de se l’offrir pour son anniversaire, mais en vain. Excédé, Francis jure de tout faire pour mettre la main sur son vélo. Peu de temps après, c’est la catastrophe: quelqu’un a volé la bicyclette de Pee-Wee. Ce dernier, catastrophé, décide de tout mettre en oeuvre pour la retrouver. Grâce aux indications bidons d’une fausse voyante, Pee-Wee décide d’entamer un long voyage pour se rendre à Alamo, au Texas, où il espère bien retrouver son vélo, que lui a dérobé Francis pour le revendre à un studio de cinéma (qui n’est autre dans le film que la Warner, elle-même productrice du film, d’où une jolie ‘private joke’).

Ainsi donc, ‘Pee Wee’s Big Adventure’ est une comédie délirante portée par un humour potache, un sens du burlesque à l’ancienne - on pense inévitablement ici à l’humour absurde des Monty Python et aux vieux cartoons américains des années 20/30, sans oublier les comédies façon Charlie Chaplin ou Buster Keaton. Dans la grande tradition des comiques américains, Pee Wee dispense son lot d’absurdité, de délires en tout genre et de gags farfelus, visant autant un public de jeune que d’adulte (à noter que l’intrigue du film est calquée sur un célèbre film italien de 1948 intitulé ‘Le voleur de bicyclette’ et réalisé par Vittorio De Sica. A l’origine, le réalisateur devait laisser une certaine liberté à Paul Rubens qui était le principal instigateur de ce projet, mais finalement, Tim Burton s’est très bien entendu avec son nouvel ami et a décidé de faire un compromis en livrant malgré tout un film personnel où l’on retrouve tous les thèmes chers au cinéaste: l’obsession de l’enfance, le goût pour les gadgets farfelus, les situations fantaisistes, les personnages et les univers excentriques et décalés, etc. Quand on observe Pee Wee au début du film, avec son air de gamin attardé quasi trisomique et excentrique à 100% (nul ne peut nier que le héros du film a un véritablement comportement de débile!), on se dit qu’on est guère loin par moment du Willy Wonka de ‘Charlie and the Chocolate Factory’. Le reste du film est une succession lourdingues de péripéties rocambolesques, que ce soit la poursuite avec le géant fiancé d’une française jaloux que cette dernière ait eu une conservation avec Pee Wee, la rencontre avec un évadé de prison, la bagarre avec des motards dans un bar qui se conclut sur une danse ridicule et endiablée sur une table, sans oublier la rencontre avec le fantôme d’une chauffeuse de camion qui se transforme en partie de frayeur pour Pee Wee, sans oublier la poursuite finale dans les studios de la Warner qui rejoint les multiples clin-d’oeils cinématographiques du film à des grands classiques tels que ‘Godzilla’, ‘Un chien andalou’, ‘Tarzan’, ‘E.T.’, ‘The Wizard of Oz’, ‘Psycho’, ‘Goldfinger’, etc. Nul ne peut nier que ‘Pee Wee’s Big Adventure’ porte indiscutablement la personnalité et le style de Tim Burton. Pourtant, malgré son succès aux USA, le film n’a jamais vraiment réussi à trouver son public en France, déjà parce que Pee Wee était loin d’autre aussi connu outre-atlantique, ensuite parce que les premières réactions du public en France furent particulièrement négatives et mitigés, beaucoup reprochant au personnage son côté agaçant, irritant et déstabilisant. Il faut dire que le fameux scandale de 1991 n’a rien arrangé à l’affaire. Aujourd’hui, ‘Pee Wee’s Big Adventure’ fait partie des classiques oubliés de Tim Burton alors que certains fans continuent de défendre le film en louant son humour déjanté et décalé tandis que d’autres préfèrent oublier ce premier essai pour vanter les mérites de films plus consistants tels que ‘Batman’, ‘Beetlejuice’ ou ‘Edward Scissorhands’.

‘Pee-Wee Big’s Adventure’ marque aussi la toute première collaboration entre Tim Burton et Danny Elfman, qui signait en 1985 une partition orchestrale délirante, enjouée et décalée, toute à l’image du film. Le seul véritable problème, c’est que la musique paraît assez impersonnelle, quelque part entre l’humour nostalgique d’un Nino Rota ou l’ironie macabre d’un Bernard Herrmann, deux grands musiciens du cinéma qui sont et restent encore les compositeurs de référence de Danny Elfman (influences avouées depuis longtemps par le compositeur lui-même!). On sent que le compositeur a voulu ici se livrer à un exercice de style bien périlleux, l’imitation. Impossible à l’écoute de ‘Overture/The Big Race’ ou ‘Breakfast Machine’ (prologue du film) de ne pas sentir l’influence de partitions de Nino Rota telles que ‘La Strada’ ou ‘Amarcord’. On y retrouve ce même goût pour les atmosphères enjouées et légères et ce style ‘musique de cirque/festive’ sautillante, à l’ambiance quasi foraine. Le thème principal, associé à Pee Wee, est lui-même très inspiré de certains passages de ‘La Strada’ de Nino Rota. Où est la personnalité de Danny Elfman là-dedans? Rassurez vous, on sent le compositeur derrière tout cela, même si cela ne paraît jamais vraiment très évident au premier abord, plus dans les passages sombres du score, vers le milieu du film. Elfman joue donc la carte de l'humour et de la dérision. Le compositeur accompagne donc les délires et autres gamineries farfelues du personnage avec ce style de musique de cirque enjouée, baignant dans une atmosphère enfantine décalée, accentuée par une utilisation un peu bizarre des synthétiseurs ‘eighties’, des cuivres et des rythmes d’accompagnement systématiquement marqués par un traditionnel balancement en quarte par un tuba ou un piano comme dans les musiques de cirque ou dans des parades. On retrouve ce thème partagé entre piano, xylophone et cuivres dans ‘Park Ride’, où Elfman accentue le côté gamin de la musique avec des effets de ‘gna-gna-gna-gna-gnaaaaa’ moqueurs et très puérils des trompettes, qui renvoie au côté enfant attardé de Pee Wee, surtout lorsqu’il passe avec son vélo devant les autres gamins dans la scène du parc au début du film. Dans le même genre, ‘Hitchhike’ amplifie ce côté ‘musique de cirque/parade foraine’ avec l’utilisation un peu bizarre d’un harmonica soliste sur fond d’orgue de barbarie évoquant la scène où Pee Wee fait du stop au bord de la route.

‘Stolen Bike’ paraît alors plus sombre pour la scène où Pee Wee se fait voler sa bicyclette. Elfman utilise ici des cordes pesantes avec une certaine fausse noirceur assez ironique, qui fait inévitablement penser ici à certaines oeuvres de Bernard Herrmann, qui a toujours profondément influencé Danny Elfman, surtout dans ses oeuvres de la fin des années 80 et du début des années 90. ‘Dinosaur Dream’ nous renvoie quand à lui au style du ‘Forbbiden Zone’ de Elfman (1980), pour lequel le compositeur avait même interprété le rôle de Satan dans le film déjanté de son frère Richard Elfman (en plus de faire penser, dans ses orchestrations massives, à du Bernard Herrmann). Une fois encore, le compositeur nage ici dans le domaine de la fantaisie et des excentricités musicales qui lui ont permis de se faire un nom à la fin des ‘eighties’. A noter un ‘Simone’s Theme’ un peu bizarre associé au personnage de l’amie française de Pee Wee incarnée par Diane Salinger. Le thème s’apparente ici à une petite valse un peu froide jouée par un clavier sur un synthétiseur. C’est incontestablement ‘Clown Dream’ qui paraît le plus proche du style de Danny Elfman avec ses orchestrations massives et décalé et ses rythmes de ‘parade’ toujours constant en accompagnement, illustrant ici la scène du rêve avec le méchant clown qui détruit le vélo de Pee Wee (un autre lien évident ici avec le monde du cirque).

Elfman poursuit dans ses délires avec l’entraînant ‘Studio Chase’ accompagnant la scène de la poursuite dans les studios de cinéma à la fin du film. On retrouve les rythmes de ‘parade’ avec un orchestre déchaîné dominé par les cuivres et les saxophones, le tout dans un style beaucoup plus traditionnel, mais qui apporte comme toujours un certain ‘tonus’ au film, même si on regrette une fois encore le côté assez impersonnel d’une musique beaucoup trop influencée par Rota et Herrmann. Idem pour ‘Drive-In’ et la scène finale au drive-in/cinéma où l’on retrouve le thème de Pee Wee joué par les claviers électriques un peu kitsch et les rythmes de ‘parade/cirque’ totalement indissociables de l’univers musical de ‘Pee Wee’s Big Adventure’, ‘Finale’ concluant la partition avec une nouvelle et dernière reprise du thème de Pee Wee par l’orchestre et le clavier électrique comme dans ‘Breakfast Machine’, idéal pour conclure la partition sur une dernière touche entraînante et naïvement enjouée, mais qui laisse une fois encore l’impression agaçante d’entendre du Nino Rota.

Exercice de style osé et périlleux que ce ‘Pee Wee’s Big Adventure’! Danny Elfman s’amuse donc à faire référence à ses deux compositeurs fétiches pour sa première collaboration à un film de Tim Burton qui est bien loin de posséder le brio et la maturité d’un ‘Beetlejuice’, d’un ‘Batman Returns’ ou d’un ‘Edward Scissorhands’! Certes, on retrouve ici ce petit grain de folie cher au Elfman de la fin des années 80, mais avec l’impression d’entendre une pâle copie du style de Rota et Herrmann sans grande inspiration, et ce malgré ses bonnes idées et le côté un peu gamin et déroutant de cette musique. Pour certains, ‘Pee Wee’s Big Adventure’ est un grand classique incontournable de Danny Elfman. Mais d’autres risquent fort de trouver cette partition assez agaçante avec ses rythmes tra-la-la-bim-boum et ses hommages un peu trop appuyé à Nino Rota, car, malgré ses qualités et son impact majeur sur les images du film de Tim Burton, ‘Pee Wee’s Big Adventure’ déçoit et supporte mal la comparaison avec les autres partitions de Danny Elfman pour le films de Tim Burton. Heureusement que par la suite, le compositeur réussira à trouver sa propre voie en se débarrassant de ses références et influences qui semblent l’avoir ici complètement dominé!


---Quentin Billard